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36. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IV. Genre dramatique. »

Le drame, imitation exacte de la vie, doit reproduire cette double physionomie de l’existence : tantôt il est sérieux, solennel, et cherche à émouvoir la sensibilité par le tableau de la douleur : c’est la tragédie ; tantôt il est plaisant, badin, et provoque la gaîté par la peinture du ridicule : c’est la comédie ; quelquefois enfin il met, comme la nature, le rire à côté des pleurs ; il mêle dans une même action le plaisant et le sérieux, le comique et le tragique : c’est alors le drame proprement dit. […] Le but de la tragédie est d’émouvoir par le tableau des passions et du malheur ; elle emploie pour cela deux moyens, la terreur et la pitié : ce sont les bases de l’intérêt tragique. […] D’un attrait naturel de l’homme pour les émotions fortes, et en même temps de la satisfaction intime qu’il éprouve de se sentir à l’abri des malheurs dont on lui représente le tableau. […] Ces sentiments impétueux qui poussent au crime les héros tragiques, ces amours qui font leur joie et leur tourment, nous émeuvent et nous attendrissent sans nous inquiéter. » Le tableau du malheur, dans la tragédie, a aussi un effet moral : il perfectionne la sensibilité, et attendrit l’âme aux souffrances de l’humanité. […] L’auteur ne se contente pas de quelques traits isolés ; il rassemble tous les traits épars, pour tracer un tableau complet, où il n’y ait plus rien à ajouter.

37. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre lII. »

L’épopée, qui est un tableau héroïque des sentiments humains, laisse dans l’âme du lecteur une impression vive ; c’est cette impression qui doit être morale et vertueuse : le poème qui n’atteindrait pas ce but pécherait par la base, Mais si l’épopée doit avoir un caractère moral, il ne faut pas pour cela que le poète s’érige en moraliste et en philosophe. […] Le poème épique est la plus vaste des compositions humaines : le génie seul peut parvenir à l’embrasser ; aussi toutes les richesses de l’imagination et du style doivent concourir à son ornement ; toutes les connaissances sur Dieu, sur l’homme, sur la nature, peuvent y entrer : c’est ainsi qu’Homère est universel, et que ses poèmes sont le tableau complet de son époque. […] Le poème doit être semé de descriptions éclatantes et variées, de tableaux et de portraits où se déploient la vivacité, la chaleur et la pompe du style.

38. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre II. Du Sublime dans les Choses. »

La grandeur se présente à nous sous la forme la plus simple, dans le vaste, dans l’immense tableau que nous offre la nature. […] Un fleuve qui promène tranquillement ses ondes entre ses rives, est, sans doute, un beau spectacle ; mais qu’il se précipite avec l’impétuosité et le fracas d’un torrent, le tableau deviendra sublime.

39. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

Ce que le récit historique met en réflexions, l’oraison funèbre le met en tableau. […] Son émotion qu’il ne peut contenir déborde en images saisissantes : son argumentation prend un corps et ses preuves deviennent des tableaux. […] A ces vibrations répondent des intonations différentes, que l’art peut varier à son gré, comme le peintre nuance les couleurs de ses tableaux. […] Voir le Tableau des arguments. […] Voir le Tableau des figures.

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