Tout fut simple, tout fut solide, tout fut tranquille ; tout partit d’une âme soumise, et d’une source sanctifiée par le Saint-Esprit.
C’est une source pure ; en vain dans ses canaux Les vents contagieux en ont troublé les eaux ; En vain sur la surface une fange étrangère Apporte en bouillonnant un limon qui l’altère : L’homme le plus injuste et le moins policé S’y contemple aisément quand l’orage est passé1 Le passage de la vie Le bonheur est le port où tendent les humains ; Les écueils sont fréquents, les vents sont incertains ; Le ciel, pour aborder cette rive étrangère, Accorde à tout mortel une barque légère.
Du Bellay aux poètes, « illustré » en prose la langue nationale, en la trempant aux sources antiques, comme Jacques Amyot (1513-1593), l’immortel traducteur de Plutarque ; en la défendant à l’occasion contre les fanatiques indiscrets de la Rome antique ou de l’Italie moderne, comme Henri Estienne (1531-1598), que nous retrouvons ici avec son Traité de la conformité du françois avec le grec, sa Précellence de la langue françoise, ses Nouveaux dialogues du langage françois italianisé. […] Les peuples hantoient et trafiquoient les uns avec les autres sans crainte ne danger, et s’entrevisitoient en toute cordiale hospitalité, comme si la sapience de Numa eust esté une vifve source de toutes bonnes et honnestes choses, de laquelle plusieurs ruisseaux se fussent derivez pour arroser toute l’Italie, et que la tranquilité de sa prudence se fust de main en main communiquee à tout le monde : tellement que les excessives figures de parler, dont les poëtes ont accoustumé d’user, ne seroient pas encore assez amples pour suffisamment exprimer le repos de ce genre là. […] C’est la source de l’esprit de contradiction si ordinaire parmi les hommes, et qui les porte, quand ils entendent ou lisent quelque chose d’autrui, à considérer peu les raisons qui pourront les persuader, et à ne songer qu’à celles qu’ils croient pouvoir opposer.
Non, mille fois non ; je soutiens qu’avec du travail on peut être élégant, brillant, hardi, téméraire même, sans cesser d’être correct et sensé ; que tous les vrais poëtes de tous les âges, et entre autres M. de Lamartine lui-même, l’ont prouvé surabondamment, et que la source de ces non-sens n’est ni l’ignorance, ni l’impuissance, mais le dédain pour les règles, et surtout la précipitation paresseuse qui sacrifie parfois le bien faire au besoin de faire vite.