La situation est critique : la France, menacée d’une double invasion au nord, a besoin de tous ses soldats ; livrer bataille en Piémont, c’est jouer sur un coup de dé la fortune du royaume. […] — Émotion de novice, direz-vous encore, impression passagère, à laquelle on s’endurcit par la pratique, comme le soldat s’habitue au feu et le marin à la tempête ! […] Annibal et Napoléon montrent à leurs soldats, du haut des Alpes, les belles contrées du Piémont et de la Lombardie : « Je vais vous conduire dans les plus fertiles plaines du monde ; vous y trouverez de grandes villes, de riches provinces ; vous y trouverez honneur, gloire et richesses. » Les représentants de l’armée de Sambre-et-Meuse enflamment les soldats de 93 avec les mots de patrie et de liberté. […] Tel prouve à ses soldats que la victoire est certaine et qu’ils sont dix contre un ; tel autre leur dit que tout est perdu, et allume en eux la rage du désespoir. […] Un soldat qui dit que le canon gronde ou que les boulets pleuvent fait une métaphore ; un maire qui dit que sa commune compte soixante feux fait une synecdoche.
Pour ceux-là, je vois en eux bien moins des soldats intrépides que d’indolents fripons. […] Vous n’avez point demandé, pendant tout ce temps, un seul soldat. […] Enfin, combien de matelots et de soldats ils ont fourni pendant trois ans : ils répondront : Aucun. […] Il n’y avait qu’un petit nombre de soldats ; les autres avaient reçu leur congé. […] Il dit qu’il a pris des soldats fugitifs qui venaient d’Espagne, et qu’il les a condamnés à mort.
Si cl a passe ton pouvoir, si l’on veut à toute force me laisser ici, officier sans soldats, canonnier sans canons, s’il est écrit que je dois vieillir en Calabre, la volonté du ciel soit faite en toutes choses. […] Un des meurtriers s’avança et mit la main sur l’archevêque : « Suivez-nous, lui dit-il, vous êtes pris. » L’archevêque, arrachant son manteau des mains du soldat, répondit : « Vous exécuterez ici vos desseins ou vos ordres. » Puis il s’adressa à Réginald qu’il voyait arriver l’épée nue : « Qu’est-ce donc, Réginald ?
Louis faisait la guerre en roi, et Guillaume en soldat. […] Ceux qui estiment plus le mérite d’avoir défendu sa patrie, et l’avantage d’avoir acquis un royaume sans aucun droit de la nature, de s’y être maintenu sans être aimé, d’avoir gouverné souverainement la Hollande sans la subjuguer, d’avoir été l’âme et le chef de la moitié de l’Europe, d’avoir eu les ressources d’un général et la valeur d’un soldat, de n’avoir jamais persécuté personne pour la religion, d’avoir méprisé toutes les superstitions des hommes, d’avoir été simple et modeste dans ses mœurs ; ceux-là, sans doute, donneront le nom de grand à Guillaume plutôt qu’à Louis. […] Mais celui que les déserts, les fleuves et les montagnes n’étaient pas capables d’arrêter, fut contraint de céder à ses soldats rebutés qui lui demandaient du repos. […] Il avait aimé le faste dans les habits, il ne fut plus vêtu que comme un simple soldat. On l’avait soupçonné d’avoir eu une passion pour une femme de sa cour ; soit que cette intrigue fut vraie ou non, il est certain qu’il renonça aux femmes pour jamais, non seulement de peur d’en être gouverné, mais pour donner l’exemple à ses soldats, qu’il voulait contenir dans la discipline la plus rigoureuse ; peut-être encore par la vanité d’être le seul de tous les rois qui domptât un penchant si difficile à surmonter.