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232. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Staël, 1766-1817 » pp. 399-408

L’enthousiasme et le malheur Si l’enthousiasme enivre l’âme de bonheur, par un prestige singulier il soutient encore dans l’infortune ; il laisse après lui je ne sais quelle trace lumineuse et profonde qui ne permet pas même à l’absence de nous effacer du cœur de nos amis. […] Pardon de vous peindre un éclat1 si maladif de l’âme, quand vous êtes vous-même dans une situation où tout votre courage vous est nécessaire ; mais il faut, avant tout, que vous sachiez ce qui se passe en moi. […] Son chef-d’œuvre est le Philosophe sans le savoir. […] Dès que l’homme se divise au dedans de lui-même, il ne sait plus la vie que comme un mal ; et si de tous les sentiments l’enthousiasme est celui qui rend le plus heureux, c’est qu’il unit plus qu’aucun autre toutes les forces de l’âme dans le même foyer. » 1.

233. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre premier. Objet du genre judiciaire. »

Malgré la différence que nous venons d’établir, et qui existe réellement entre notre barreau et celui des anciens, il ne faut pas croire cependant que l’éloquence y doive être constamment étrangère : il y a longtemps que les Patru, les Cochin et d’autres avocats célèbres, ont su prouver le contraire. […] Mais ce n’est ni le cas, ni la place de tout dire à ce sujet ; et nous nous bornerons à conclure, avec le poète Martial, que c’est quelque chose que de savoir se taire ; res est magna tacere, Matho . […] Il n’a pas un seul plaidoyer, peut-être, où la narration ne soit traitée avec une supériorité qu’on ne saurait trop admirer.

234. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre VI. D’Aguesseau et Séguier. »

Il sut allier à l’étendue du savoir une profonde sagesse ; aux charmes de l’éloquence, l’empire de la vertu ; à l’élévation des dignités, un amour aussi éclairé qu’intrépide pour le bien. […] La sublimité de son discours ne laissera pas à l’auditeur transporté hors de lui-même, le temps et la liberté de remarquer ses défauts : ils seront cachés dans l’éclat de ses vertus ; on sentira son impétuosité, mais on ne verra point ses démarches : on le suivra comme un aigle dans les airs, sans savoir comment il a quitté la terre ».

235. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — La Rochefoucauld. (1613-1680.) » pp. 15-19

Doué de beaucoup d’esprit naturel, de courage et d’ambition, il se mêla aux intrigues et aux combats de la Fronde, pendant la minorité de Louis XIV ; mais il sut se réconcilier à propos avec la cour et devint l’objet de plusieurs faveurs du prince. […] On peut certainement l’offrir comme un modèle du style concis. » Ajoutons que si l’on a dû critiquer, comme peu généreuses, plusieurs de ses réflexions2, il en est d’autres dont on ne saurait méconnaître la vérité. […] Tout charme en un enfant dont la langue sans fard, A peine du filet encor débarrassée, Sait d’un air innocent bégayer sa pensée.

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