C’est, de toutes les puissances, elles dont on abuse le moins : c’est la plus sacrée de toutes les magistratures ; c’est la seule qui ne dépend pas les conventions, et qui les a mêmes précédées1 On remarque que, dans les pays où l’on met dans les mains paternelles plus de récompenses et de punitions, les familles sont mieux réglées ; les pères sont l’image du Créateur de l’univers2, qui, bien qu’il puisse conduire les hommes par son amour, ne laisse pas de se les attacher encore par les motifs de l’espérance et de la crainte.
Souvent, à un début imposant et qui promet de grandes choses, on rattache, pour nous éblouir à distance, un ou deux lambeaux de pourpre ; on décrit un bois sacré et l’autel de Diane, ou bien le ruisseau qui serpente en fuyant à travers de riantes prairies, ou le Rhin majestueux, ou les brillantes couleurs de l’arc-en-ciel : descriptions charmantes, oui, mais qui ne sont pas à leur place. […] On sait les premiers bienfaits de la sagesse antique : distinguer le bien public de l’intérêt privé, les choses sacrées des profanes, réprimer la licence effrénée des mœurs, tracer les devoirs de l’hymen, bâtir des villes, graver des lois sur le chêne : telle fut la cause de cette immortalité glorieuse, réservée aux poëtes et à leurs divins travaux. […] 1130 poëte sacré 1131et interprète des Dieux, 1132détourna des meurtres 1133et d’une nourriture affreuse 1134les hommes qui-vivaient-dans-les-bois : 1135 il est dit, à cause de cela, 1136 avoir amolli les tigres 1137et les lions cruels ; 1138et Amphion, 1139le fondateur de la citadelle de-Thèbes, 1140 est dit avoir fait-mouvoir les rochers, 1141par le son de sa lyre, 1142et les avoir conduits où il voulait 1143par ses prières mélodieuses. 1144La sagesse autrefois 1145fut telle (consista en ceci) : 1146distinguer les intérêts généraux 1147des intérêts particuliers, 1148les choses sacrées des choses profanes ; 1149détourner les hommes 1150de leurs unions vagabondes ; 1151tracer des droits-et-des-devoirs 1152aux gens-mariés ; 1153construire des villes ; 1154graver des lois sur le bois.
Surtout qu’en vos écrits la langue révérée, Dans vos plus grands excès, vous soit toujours sacrée.
Tout le monde connaît les vers de Boileau : Surtout qu’en vos écrits la langue révérée Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée… Mon esprit n’admet point un pompeux barbarisme, Ni d’un vers ampoulé l’orgueilleux solécisme : Sans la langue, en un mot, l’auteur le plus divin Est toujours, quoi qu’il fasse, un méchant écrivain.