Ce n’est pas qu’il faille toujours choisir ses termes au point de paraître affecté et ridicule ; on sortirait par-là du naturel ; le mot propre vaut souvent mieux que les expressions détournées. […] On comprend que ces expressions ne doivent pas se prendre au pied de la lettre ; mais il faut user sobrement de l’hyperbole, dont l’abus touche au ridicule. […] La Fontaine, dans une de ses fables, a finement critiqué une hyperbole ridicule. […] Molière veut tourner en ridicule cet excès, quand il fait dire à Oronte dans son sonnet : Belle Philis, on désespère Alors qu’on espère toujours. […] Les romans de mademoiselle de Scudéry et le langage de l’hôtel de Rambouillet avaient un côté faux, que Molière a finement critiqué dans les Précieuses ridicules.
Définition du ridicule. Le ridicule est en général dans ce qui choque nos habitudes. […] Ridicule qui est dans la chose. La manière de traiter le ridicule par la chose, est celle qui consiste dans le récit, la peinture, le détail de l’objet risible ; elle étend le ridicule dans tout un morceau de discours. […] Ridicule qui est dans le mot.
Parfois, la gravité des circonstances, l’imminence des dangers, l’exaltation des idées communiquées ou admises sont telles qu’elles nécessitent ou du moins justifient ce qui, partout ailleurs, serait faux ou ridicule. […] à propos d’une ridicule motion du Palais-Royal, d’une risible insurrection, qui n’eut jamais d’importance que dans les imaginations faibles, ou dans les desseins pervers de quelques hommes de mauvaise foi, vous avez entendu naguère ces mots forcenés : Catilina est aux portes, et on délibère ! […] Je pourrais citer une foule d’exemples ; je me contenterai d’un passage de M. de Balzac, si habile pourtant dans certains portraits, mais qui, cette fois, dépasse le ridicule de l’Astrée et de Mlle de Scudéry.
C’est un tort, sans doute ; c’est même, si l’on veut, un petit ridicule dans un si grand homme. […] De là, cette impudence, qui n’est d’abord que ridicule, mais qui enfante bientôt le mépris de soi et des autres, etc. » De l’éducation domestique, Messala passe à celle que les jeunes gens recevaient à Rome des professeurs publics, et de nouveaux désordres, de nouveaux abus se présentent en foule à ses yeux.