Faire prévaloir tout ce qui est bon et honnête, le juste sur l’injuste ; assurer le triomphe de la vérité et de la vertu ; défendre la pureté et la sainteté de la morale et de la religion ; étendre l’empire des lettres, des sciences et des arts ; raffermir l’existence des sociétés ébranlées ; travailler à l’utilité ou au bien général : tel est le domaine de l’orateur, telle est la gravité de la mission qu’il est appelé à remplir parmi ses concitoyens.
Il aimait l’intrigue pour intriguer : esprit hardi, délié, vaste et un peu romanesque, sachant tirer parti de l’autorité que son état lui donnait sur le peuple, et faisant servir la religion à sa politique ; cherchant quelquefois à se faire un mérite de ce qu’il ne devait qu’au hasard, et ajustant souvent après coup les moyens aux événements.
Molière, sentant bien que l’abus de la religion poussé à l’excès où le porte son lâche et misérable Imposteur est moins du ressort de la comédie que de celui de la justice, emploie un art admirable à faire disparaître la noirceur du caractère de son héros, et à ne le montrer que du côté le plus risible : l’indignation qu’il excite n’étouffe jamais le comique. […] Secondement, il doit à Jérémie Aron, Usurier de métier, juif de religion… Géronte. […] L’éléphant les surpasse tous ; De la religion il a quelque teinture : Au lever du soleil il se jette à genoux, Et révère en cette posture Dans l’astre lumineux le dieu de la nature ; Il connaît des vertus l’usage précieux ; Il est reconnaissant, chaste, disciplinable, Assiste le plus jeune et respecte le vieux.
Jamais et chez aucun peuple, il faut l’avouer, les droits respectifs des peuples et des souverains ; jamais tout ce qui intéresse la religion, les mœurs et la politique n’avait été discuté, approfondi, avec cette éloquence des choses si supérieure à celle des mots ; avec cette logique des faits qui ne laisse lieu ni au doute, ni même à la réplique.