Il faut lire dans Horace le récit de la scène entre l’avocat Philippe et Vulteius Mœnas, ce crieur public, qu’il improvise propriétaire.
c’est un esprit souple et commode, qui vient servilement sourire à tous vos regards, se récrier à toutes vos paroles, applaudir à toutes vos actions ; c’est un esprit adroit et insinuant, qui étudie vos penchants pour les suivre, vos liaisons pour les cultiver, vos défauts même pour les encenser : c’est un esprit farouche et dissimulé, qui vous loue et qui vous trompe ; qui vous approuve en public et qui vous condamne en secret, et qui ne donne extérieurement dans votre faible, que pour vous attirer plus sûrement dans le sien ; c’est quelquefois un esprit jaloux et envieux qui paraît se faire un plaisir de votre élévation, et qui au fond se fait un tourment de votre prospérité ; c’est souvent un esprit aigri, un ennemi couvert, mais qui ne cache sa haine sous les plus grands éloges, que parce qu’il craint tout de votre autorité : c’est toujours un esprit vil et rampant, qui attend tout de sa propre dépendance, et qui, pour colorer encore la honte de sa servitude, appelle talent et habileté la malheureuse habitude qu’il a de faire des bassesses. […] c’est un corps animé d’une infinité de passions différentes, qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie ; c’est une troupe d’hommes armés qui suivent aveuglément les ordres d’un chef, dont ils ne savent pas les intentions, c’est une multitude d’âmes pour la plupart viles et mercenaires, qui, sans songera leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants ; c’est un assemblage confus de libertins, qu’il faut assujétir à l’obéissance ; de lâches, qu’il faut mener au combat ; de téméraires, qu’il faut retenir ; d’impatients, qu’il faut accoutumer à la confiance, quelle prudence ne faut-il pas pour conduire et réunir au seul intérêt public tant de vues et de volontés différentes ? […] C’est un théâtre, un spectacle nouveau, Où tous les morts, sortant de leur tombeau, Viennent encor sur une scène illustre, Se présenter à nous dans leur vrai lustre, Et du public, dépouillé d’intérêt, Humbles acteurs, attendre leur arrêt, Là, retraçant leurs faiblesses passées, Leurs actions, leurs discours, leurs pensées, A chaque état ils reviennent dicter Ce qu’il faut fuir, ce qu’il faut imiter ; Ce que chacun, suivant ce qu’il peut être, Doit pratiquer, voir, rechercher, connaître ; Et leur exemple, en diverses façons, Donnant à tous les plus nobles leçons, Rois, magistrats, législateurs suprêmes, Princes, guerriers, simples citoyens mêmes, Dans ce sincère et fidèle miroir, Peuvent apprendre à lire leur devoir. […] L’Hôtel-de-Ville est encore remarquable par un beau pont de vieilles planches qui passe industrieusement d’une fenêtre à l’autre pour joindre, par leur second étage, deux bâtiment que la rue sépare ; ce qui forme, dans un monument public, un ensemble admirable.
La forme ici peut faire illusion, mais on comprend bien vite que ce ne sont pas de vraies lettres : c’est un auteur qui parle au public.
Chantez, nous disaient ces tyrans, Les hymnes préparés pour vos fêtes publiques ; Chantez ; et que vos conquérants Admirent de Sion311 les sublimes cantiques Ah !