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18. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE I. De la propriété des mots. » pp. 2-8

Quand Virgile a dit : Pedibus timor addidit alas, la frayeur a donné des ailes à ses pieds, il a fait une figure ; car les pieds ne sauraient avoir des ailes. […] Ainsi, dans l’ordre physique, il y a quelque analogie entre le pied d’une montagne et le pied d’un animal, quoique ce soient deux choses bien différentes.

19. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Un râteau mal rangé pour ses dents paraissait, Où le chancre et la rouille en morceaux s’amassait… Sa barbe, sur sa joue éparse à l’aventure, Où l’art est en colère avecque la nature, En bosquets s’élevait, où certains animaux Qui des pieds, non des mains, lui faisaient mille maux. […] Cet effroyable colosse, Cazaux, l’appui des mutins40, A mis le pied dans la fosse Que lui cavaient41 les destins. […] dont les bontés, de nos larmes touchées, Ont aux vaines fureurs les armes arrachées Et rangé l’insolence aux pieds de la raison, Puisqu’à rien d’imparfait la louange n’aspire, Achève ton ouvrage au bien de cet empire, Et nous rends l’embonpoint comme la guérison. […] Je sais tous les chemins par où je dois passer, Et, si la mort bientôt ne me vient traverser, Sans reculer plus loin l’effet de ma parole, Je vous rends dans trois mois au pied du Capitole. […] Différez quelques jours : la faveur n’est pas grande… Je me jette à vos pieds, et je vous la demande.

20. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Maintenon, 1635-1719 » pp. 138-145

Abaissez-vous, pliez-vous, appetissez-vous pour vous proportionner à ces enfants ; ne regardez ni avec dégoût ni avec dédain leurs misères, leurs maladies, leur éducation basse et grossière : Jésus-Christ, souveraine sagesse, éternelle raison de Dieu, a choisi pour compagnie et amis en ce monde, des pêcheurs grossiers, ingrats, incrédules, lâches, infidèles ; il a passé sa vie avec eux pour les instruire patiemment : il a fini sa vie sans les redresser entièrement… Les maisons qui ont commencé par des personnes ferventes, simples, mortes à elles-mêmes, ont bien de la peine à subsister longtemps ; on voit encore trop souvent que de grands instituts formés par des patriarches pleins d’un esprit prophétique et apostolique, avec le don des miracles, sont bientôt ébranlés par des tentations ; tout se relâche, tout s’affaiblit, tout se dissipe : la lumière se change en ténèbres ; le sel de la terre s’affadit et est foulé aux pieds : que sera-ce donc d’une communauté qui n’est soutenue d’aucune congrégation, qui est à la porte de la cour, dépendante des rois et des hommes du siècle qui seront auprès d’eux en faveur, qui aura de grands biens pour flatter les passions et pour exciter celles des gens du monde, et qui a été élevée d’abord jusqu’aux nues, sans avoir posé les fondements profonds de la pénitence, de l’humilité et de l’entier renoncement à soi-même ? […] Je ne suis pas plus grande dame que je n’étais rue des Tournelles, où vous me disiez fort bien mes vérités1 ; et si la faveur où je suis met tout le monde à mes pieds, elle ne doit pas produire cet effet-là sur un homme chargé de ma conscience, et à qui je demande instamment de me conduire dans le chemin qu’il croit le plus sûr pour mon salut. […] J’ai vu mourir un autre bel esprit qui avait fait les plus rares ouvrages que l’on puisse imaginer, et qui n’avait pas voulu les faire imprimer, ne voulant pas être sur le pied d’auteur ; il brûla tout, et il n’en est resté que quelques fragments dans ma mémoire. […] L’abbé Gobelin lui disait un jour : « Vous n’avez que des étoffes communes ; mais je ne sais ce qu’il y a, ma très-honorée dame, quand vous venez vous confesser, je vois tomber à mes pieds une quantité d’étoffes qui a trop bonne grâce et sied trop bien. » 1.

21. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — A. Chénier. (1762-1794.) » pp. 304-312

Et tirant ce que pour leur journée Tient la peau d’une chèvre aux crins noirs et luisants3, Ils versent à l’envi, sur ses genoux pesants4, Le pain de pur froment, les olives huileuses, Le fromage et l’amande, et les figues mielleuses, Et du pain à son chien entre ses pieds gisant, Tout hors d’haleine encor, humide et languissant, Qui malgré les rameurs se lançant à la nage, L’avait loin du vaisseau rejoint sur le rivage. […] Ajoutez cet amas de fleuves tortueux : L’indomptable Garonne aux vagues insensées, Le Rhône impétueux, fils des Alpes glacées, La Seine au flot royal, la Loire dans son sein Incertaine2, et la Saône, et mille autres enfin Qui nourrissent partout, sur tes nobles rivages, Fleurs, moissons et vergers, et bois, et pâturages, Rampent au pied des murs d’opulentes cités, Sous les arches de pierre à grand bruit emportés3. […] Dirai-je ces canaux ces montagnes percées, De bassins en bassins ces ondes amassées Pour joindre au pied des monts l’une et l’autre Thétis4 ? […] Dans l’île de Délos s’élevait un palmier au pied duquel Latone mit au jour Apollon et Diane.

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