Nous lisons aussi dans Molière : Je vous dis que mon fils n’a rien fait de plus sage Qu’en recueillant chez soi ce dévot personnage.
La Bruyère brille surtout dans ce genre de style, comme le prouve l’exemple suivant : « Cliton n’a jamais eu toute sa vie que deux affaires, qui sont de dîner le matin et de souper le soir ; il ne semble né que pour la digestion : il n’a même qu’un seul entretien : il dit les entrées qui ont été servies au dernier repas où il s’est trouvé, il dit combien il y a eu de potages, et quels potages ; il place ensuite le rôt et les entremets… C’est un personnage illustre dans son genre, et qui a poussé le talent de se bien nourrir jusqu’où il pouvait aller… Mais il n’est plus : il s’est du moins fait porter à table jusqu’au dernier soupir ; il donnait à manger le jour où il est mort.
Il se rendit à Rome, où il trouva plusieurs grands personnages, disposés en sa faveur, moins pour l’élever, que pour abaisser Antoine, qui était à la tête d’un parti considérable.
La vertu la plus digne de louanges est celle de ces illustres personnages qui se dévouent pour les autres, et sans aucun intérêt personnel, à toutes sortes de peines et de périls. […] Mais dans quelles causes, pour quels personnages, et sur quel théâtre avaient lieu ces scènes et ces éclats ? Dans des accusations capitales, contre les premiers personnages de la république, devant le peuple romain. […] J’ai ri, me voilà désarmé, dit au théâtre un personnage dont le ressentiment ne résiste pas au comique du trait qui le fait rire. […] « Nous avertissons l’orateur, dit-il, de ne point user de railleries trop fréquentes, pour ne point faire le personnage d’un bouffon ; ni tirant sur l’obscène, pour ne point imiter les bateleurs ; ni pétulantes, ce qui ressent l’effronterie ; ni contre les malheureux, ce qui est inhumain ; ni contre le crime, de peur que le ris ne prenne la place de l’indignation.