« Dans quel ordre les officiers doivent-ils sortir du vaisseau ? vint demander un des lieutenants. — Dans l’ordre que l’on observe aux funérailles, cela va sans dire1, répondit le capitaine. » Et c’est dans cet ordre, qui semblait un symbole du péril, que l’équipage sortit du vaisseau.
L’ordre et la correction, le respect de l’usage et des règles sont proprement du domaine des lettres. […] L’hyperbate ou inversion est une figure qui renverse l’ordre de la syntaxe. […] L’ordre consiste à placer chaque fait dans l’endroit qui lui convient. […] À l’exactitude il doit joindre l’ordre, la clarté, et surtout la concision qui donne au précepte un caractère vif et saisissant. […] Les rimes mêlées sont celles qui ne sont pas disposées dans un ordre uniforme.
Quelque matière que traite l’orateur, il faut d’abord qu’il trouve les choses qu’il doit dire, c’est l’invention ; qu’il les mette ensuite dans un ordre convenable, c’est la disposition ; qu’il les exprime enfin de la meilleure manière, c’est l’élocution. […] Il croit qu’un vaisseau ne peut être bien conduit sans l’attention et l’habileté d’un pilote ; et quand il voit ce vaisseau voguer en pleine mer, cette famille bien réglée, ce royaume dans l’ordre et dans la paix, il conclut, sans hésiter, qu’il y a un esprit, une intelligence qui y préside. Mais il prétend raisonner tout autrement à l’égard du monde entier ; et il vent que sans providence, sans prudence, sans intelligence, par un effet du hasard, ce grand et vaste univers se maintienne dans l’ordre merveilleux où nous le voyons. […] Tout s’est-il évanoui, jusque-là qu’un citoyen romain, dans une des provinces du peuple romain, dans une ville de ses alliés, ait été publiquement frappé de verges par l’ordre d’un homme, que ce même peuple romain avait gratuitement honoré des haches et des faisceaux ? […] Mais comme il est des circonstances, qui obligent un habile capitaine à former un autre plan dans l’arrangement de ses troupes ; il y a de même des occasions, où l’orateur doit suivre un autre ordre dans la disposition de ses preuves.
C’est par le coup d’œil observateur, qui découvre à tout moment dans ces objets des propriétés, des analogies, des différences, un nouvel ordre de choses, un nouveau monde que l’œil du vulgaire n’aperçoit jamais ; c’est pour le talent singulier, non de raisonner avec plus de méthode, mais de trouver les principes même sur lesquels on raisonne ; non de compasser ses idées, mais d’en faire de nouvelles et de les multiplier sans cesse par une réflexion féconde : talent unique et sublime, don précieux de la nature, que l’art peut aider quelquefois, mais qu’il ne saurait ni donner, ni suppléer par lui-même. […] Après avoir vivement fait sentir tout le danger d’une marche routinière dans la recherche de la vérité et dans l’ordre des connaissances philosophiques, le P. […] Nous le voyons, c’est un petit nombre de principes généraux et féconds qui a donné la clef de la nature, et qui, par une mécanique simple explique l’ordre de l’architecture divine. […] » Libre et hardi dans les choses naturelles, et pensant toujours d’après lui-même ; flatté depuis longtemps par le plaisir délicat de goûter les vérités claires et lumineuses qu’il voyait sortir, comme autant de rayons, de sa propre substance, ce roi des sciences humaines se révolte aisément contre cette autorité, qui veut captiver toute intelligence sous le joug de la foi, et qui ordonne aux philosophes mêmes, à bien des égards, de redevenir enfants : il voudrait porter dans un nouvel ordre d’objets sa manière de penser ordinaire : il voudrait encore ici marcher de principe en principe, et former de toute la religion une chaîne d’idées générales et précises que l’on pût saisir d’un coup d’œil ; il voudrait trouver, en réfléchissant, en creusant en lui-même, en interrogeant la nature, des vérités que la raison ne saurait révéler, et que Dieu avait cachées dans les abîmes de sa sagesse ; il voudrait même ôter, pour ainsi dire, aux événements leur propre nature, et que des choses dont l’histoire seule et la tradition peuvent être les garants, fussent revêtues d’une espèce d’évidence dont elles ne sont point susceptibles ; de cette évidence toute rayonnante de lumière qui brille à l’aspect d’une idée, pénètre tout d’un coup l’esprit, et l’enlève rapidement.