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32. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — De Laprade Né en 1812 » pp. 576-582

Tandis qu’ils frappaient l’air d’une vaine riposte, Et s’alignaient, chacun incertain de son poste, Nos conscrits, bondissant à travers les halliers, Fiers louveteaux à qui ces bois sont familiers, Avaient refait, dans l’ombre, une halte invisible, Et répété trois fois la décharge terrible. […] Vers l’ombre, au bout du champ, chacun marche à grands pas.

33. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

L’Enfer personnifié excite et anime contre lui les ombres des rois et des princes : toutes se lèvent à la fois, et vont au-devant du roi de Babylone. […]         Quelques chênes encore vivants         Versent une ombre funéraire. […] Dans les combats ces astres ont brillé ;         Et maintenant, ombres légères,             De sa splendeur leur front est dépouillé, etc.

34. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fénelon 1651-1715 » pp. 118-132

La nuit, qui répand avec ses ombres une douce fraîcheur, ne pouvait tempérer la chaleur dévorante que le jour avait causée ; elle ne pouvait verser sur les hommes abattus et défaillants, ni la rosée qu’elle fait distiller quand Vesper3brille à la queue des autres étoiles, ni cette moisson de pavots qui font sentir les charmes du sommeil à toute la nature fatiguée. […] Étudiez-le bien ; puis dites-en tout ce qu’il vous plaira ; il4 ne sera plus vrai le moment d’après que vous l’aurez dit : ce je ne sais quoi5 veut et ne veut pas ; il menace, il tremble ; il mêle des hauteurs ridicules avec des bassesses indignes ; il pleure, il rit, il blandine, il est furieux ; dans sa fureur la plus bizarre et la plus insensée, il est plaisant et éloquent, subtil, plein de tours nouveaux, quoiqu’il ne lui reste pas seulement une ombre de raison. […] Si nous avons le front triste, c’est que nous la voyons. » « Vivez, jeunes élèves, avec la pensée de cette pente que vous descendrez comme nous Faites en sorte surtout de ne pas laisser s’éteindre dans votre âme cette espérance que la foi et la philosophie allument et qui rend visible, par delà les ombres du dernier rivage, l’aurore d’une vie immortelle. » 2.

35. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

Fausse est l’attitude d’Ulysse, qui affecte une modestie que ses actes démentent, puisqu’il ne revendiquerait pas les armes d’Achille s’il ne s’en jugeait le plus digne ; fausse, cette invocation prématurée à l’ombre du défunt ; fausses, ces larmes d’héritier qui coulent entre deux antithèses. […] Les arguments abstraits sont pour eux, comme les ombres de la caverne de Platon, de vains simulacres qui s’évanouissent aussitôt que s’éteint la lumière de l’éloquence. […] En général, quand vous aurez préparé vos preuves, mettez les plus fortes en lumière, et répandez sur les parties faibles de la cause une ombre savante : tâchez de dérober le défaut de votre armure à la pointe de l’antagoniste. […] Elle fait parler la honte, le remords, la nécessité, l’occasion, les ombres des ancêtres, le sang des guerriers morts, le souvenir des victoires remportées. […] Le geste suit tous ces mouvements, comme l’ombre suit le corps : non pas celui du comédien, qui accentue tous les mots, mais un geste qui rend l’impression générale, sans s’arrêter au détail, et qui fait comprendre les choses plutôt qu’il ne les montre.

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