On verse quelques pleurs, suivis d’un prompt oubli : Le corps né de la fange y rentre enseveli ; Et l’esprit, remonté vers sa source divine, Va chercher son arrêt où fut son origine.
Ne voyons que le poëte, né au milieu des orages d’une révolution, rejeté par elle au delà des mers, y grandissant librement, en dehors de toute imitation, n’écoutant que la muse intérieure, et devenu, à l’école des malheurs publics et domestiques, l’éloquent interprète de tous les regrets et de toutes les espérances, l’instrument prédestiné d’une restauration littéraire, morale et religieuse.
Du sein qui les fit naître à peine ils sont lancés, Dans ce sein malheureux tout à coup renfoncés, Ils rongent, en hurlant, leur déplorable mère : Ce flanc est leur berceau, ce flanc est leur repaire, Et, de leur faim cruelle éternel aliment, Comme pour leur fureur, renaît pour mon tourment.
Il se souvient encore du faible germe qui est devenu un chêne immense ; et les bois qu’il a vus naître, il les a vus vieillir avec lui.