C’est une créature qui renonce à son être pour n’exister que par la volonté d’un autre, qui sait même la prévenir ; qui, par la promptitude et la précision de ses mouvements, l’exprime et l’exécute ; qui sent autant qu’on le désire, et ne rend qu’autant qu’on veut ; qui, se livrant, sans réserve, ne se refuse à rien, sert de toutes ses forces, il s’excède, et même meurt pour mieux obéir.
Prête même à des sots une aimable surface, Donne au propos léger ce feu vif et brillant, Qui luit sans échauffer, et meurt en pétillant. […] Muses, qui, dans ce lien champêtre Avec soin me fîtes nourrir ; Beaux arbres, qui m’avez vu naître, Bientôt vous me verrez mourir, etc.
Ainsi, dans le premier acte de Cinna, on fait le portrait d’Auguste, qu’on n’a point encore vu, et on le peint comme un usurpateur qui a fait mourir le père d’Émilie ; on peint de même Livie comme une princesse qui a beaucoup d’empire sur Auguste, et enfin Maxime qui s’est chargé du second rôle de la conjuration. […] C’est Auguste qui pardonne à Cinna ; c’est Héraclius qui veut mourir pour sauver Martian, son ami ; c’est Pulchérie, qui dit à l’usurpateur Phocas avec une fierté digne de sa naissance : Tyran, descends du trône, et fais place à ton maître.
*** Jure-moi mon bonheur devant Dieu qui l’ordonne ; Je jure de mourir, moi, si tu, m’abandonne !