/ 239
34. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Notions préliminaires. »

Aussi emploie-t-elle un langage extraordinaire, qu’on peut appeler le langage des Dieux. […] S’élevant et s’abaissant dans son style, il sait le varier selon les sujets : il prête un langage différent au monarque, au héros, au simple citoyen, au berger, en prenant, pour ainsi dire, leurs sentiments et leur âme. […] Tel est le mot fumier qui fait la pointe de cette épigramme, que Patrix a imitée des Visions de Quevedo, poète espagnol : Je songeais cette nuit que de mal consumé, Côte à côte d’un pauvre on m’avait inhumé, Et que n’en pouvant pas souffrir le voisinage, En mort de qualité je lui tins ce langage. […] Quand il emploie son langage brillant et figuré, pour établir ou développer une vérité, pour donner des règles et des préceptes, c’est la poésie didactique.

35. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre II. Du genre didactique. » pp. 161-205

Ainsi, au lien de dire au laboureur en langage ordinaire qu’il n’aura qu’une mauvaise récolte, s’il néglige certains soins de culture, il lui annonce ainsi le sort qui le menace : Heu ! […] Mais un excès opposé à la langueur et à la sécheresse serait d’y employer le ton et le langage de l’épopée, de l’ode et de la tragédie. […] Le style familier de l’apologue doit être un choix de ce qu’il y a de plus fin et de plus délicat dans le langage des conversations. […] Quel est le langage ordinaire de l’apologue ? Quoique la fable ne rejette pas absolument la prose, cependant, comme le prouve l’exemple de presque tous les fabulistes, son langage ordinaire est le langage poétique.

36. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PRÉAMBULE. » pp. -

Ce n’est pas assez que le langage soit vrai et qu’il exprime d’une manière précise nos pensées et nos sentiments ; ce n’est pas même assez qu’il soit correct et suive en tous points les règles de la grammaire. […] Il faut aussi que le langage soit beau, et que, par le choix des mots, la délicatesse des expressions, la structure de la phrase, il revête ces formes gracieuses, ces tournures élégantes qui donnent de la noblesse au style et caractérisent le véritable écrivain.

37. (1875) Poétique

Des éléments grammaticaux du langage. […] L’élocution poétique doit avoir deux qualités : être claire et être au-dessus du langage vulgaire. […] Elle sera relevée, et au-dessus du langage vulgaire, si l’on y emploie des mots extraordinaires, je veux dire, des mots étrangers, des métaphores, des mots allongés, en somme, tout ce qui n’est point du langage ordinaire. […] L’élocution poétique sera donc au-dessus du langage ordinaire par les métaphores, les mots étrangers, les épithètes d’ornement, et par les autres espèces que nous avons indiquées ; et elle sera claire par les mots propres. […] Il y a encore un certain Ariphradès qui a voulu railler les tragiques sur ces locutions dont personne n’use dans le langage commun, par exemple, lorsqu’ils écrivent δωμάτων ἄπο pour ἀπο δωμάτων, σέθεν, ἐγὼ δέ νιν, Ἀχιλλέως πέρι, et autres phrases semblables.

/ 239