Que de tristes déceptions, que d’affreuses misères dues à une éducation qui ne tend qu’à former des hommes de lettres et des poètes ! […] Lire beaucoup un petit nombre d’excellents ouvrages, est le meilleur moyen de se former le goût et d’apprendre à développer sa pensée. […] Quintilien, longtemps après, a mis à la portée des jeunes esprits ce que Cicéron écrivait pour des hommes d’un goût déjà formé. […] Les preuves ou arguments, qui font la partie essentielle, formeront le corps du discours. […] Le lieu où tu t’es rendu, les hommes que tu as rassemblés, les projets que tu as formés, crois-tu qu’il y en ait parmi nous un seul qui n’en soit instruit ?
J’aimerais autant qu’on me dit que je me suis servi des mots anciens ; et comme si les mêmes pensées ne formaient pas un autre corps de discours par une disposition différente, aussi bien que les mêmes mots forment d’autres pensées par leur différente disposition. […] Tout ce qui est formé sur ce modèle nous agrée : soit maison, chanson, discours, vers, prose, femmes, oiseaux, rivières, arbres, chambres, habits, etc. […] La lecture des bons et des mauvais orateurs vous formera un goût plus sûr que toutes les règles. […] Quand il n’y a pas de société, l’esprit est rétréci, sa pointe s’émousse, il n’a pas de quoi se former le goût. […] Il ajoute ensuite : « Il ne nous sera jamais possible de nous en former des idées véritables. » Mais comment peut-on se former une idée, soit fausse, soit véritable, d’une chimère, d’une chose qui n’existe point ?
« Tout concourut à le former. […] « Ainsi commençait à se former le prince qui devait vous gouverner ; mais c’est l’éducation morale qui achève l’homme et constitue sa grandeur : c’est elle qui a fait Marc-Aurèle. […] comment dans Rome, où tous les vices se rassemblent des extrémités de l’univers, aurait pu se former une âme qui devait être austère et pure ? […] Dès ce moment il n’eut qu’une passion, celle de se former aux vertus les plus pénibles : tout ce qui pouvait l’aider dans ce dessein était pour lui un bienfait du ciel.
Nous ne doutons point que ce changement si considérable n’ait été l’ouvrage de l’éloquence, si nous nous formons une juste idée du pouvoir qu’elle a sur les esprits et sur les cœurs. […] Quoiqu’ils ne doivent pas être confondus avec les trois styles auxquels on donne le même nom, il est cependant vrai de dire que de justes notions de ceux-ci aident beaucoup à se former une idée nette de ces trois genres d’éloquence. […] Ce n’est pas la nature brute et sauvage qu’il demande : c’est la nature sans pompe, sans ornements affectés, sans dessein formé de plaire. […] si du moins il pouvait, par ses leçons et par ses exemples, le former dans le grand art de régner !