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54. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Lettre. A un ancien Elève de l’Ecole Militaire de Paris. » pp. 375-399

Par-tout il pense et s’exprime avec force ; par-tout il sent et s’exprime avec chaleur. […] Il ne dit jamais rien de superflu ; et son style, toujours concis et serré, a toujours beaucoup de force, et, quand il le faut, de l’élévation. […] Jamais on ne le vit en braver avec autant d’audace les loix les plus sacrées, et réunir toutes ses forces avec autant d’adresse pour en sapper les fondemens. […] Le livre où l’on peut le mieux la puiser, est l’Art de se connoître soi-même, par Abbadie ; ouvrage écrit avec force, avec élévation, et plein d’idées profondes. […] Il y est peint avec toutes ses foiblesses et avec toutes ses forces morales, dans toute sa grandeur et dans toute sa bassesse.

55. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre II. Du Sublime dans les Choses. »

La source la plus féconde d’idées sublimes, dérive de l’action d’un grand pouvoir ou d’une force supérieure : de là, la grandeur des tremblements de terre, des volcans, des grandes conflagrations, de l’Océan soulevé par la tempête, d’un choc quelconque entre les éléments. […] Toutes les descriptions qui ont pour objet l’apparition des êtres surnaturels, ont quelque chose de majestueux, quoique nous n’en puissions avoir cependant qu’une idée très confuse ; mais leur sublimité résulte de l’idée d’un pouvoir, d’une force supérieure qui s’entoure d’une obscurité majestueuse. […] Il faut néanmoins convenir qu’une force ou un pouvoir quelconque, qu’il soit ou non accompagné de terreur, employé à nous défendre ou à nous épouvanter, a des titres mieux fondés au sublime que tous les objets que nous venons de passer en revue.

56. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voltaire, 1694-1778 » pp. 253-281

La Henriade, qui fut un tour de force et une méprise, a prouvé une fois de plus que les Français, surtout au dix-huitième siècle, n’avaient pas la tête épique. […] Il y a cinq jours, mon cher ami, que je suis dangereusement malade ; je n’ai la force ni de penser ni d’écrire. […] Que m’importe si l’enfant est étouffé à force de caresses, où à force d’être battu ? […] Il nous a donné assez de secours pour le remplir ; mais comme il n’est point du tout nécessaire que nous sachions ce que c’est que la force, et si elle est une propriété essentielle ou non à la matière, nous l’ignorons, et nous en parlons. […] Il avait le besoin de plaire encore plus que de dominer ; il trouvait plus de plaisir à mettre en jeu ses séductions que sa force.

57. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

C’est que sa vie et ses discours se confondent : l’une ajoute aux autres la force des exemples. […] De même qu’on voit un grand fleuve qui retient encore, coulant dans la plaine, cette force violente et impétueuse qu’il avait acquise aux montagnes d’où il tire son origine : ainsi cette vertu céleste qui est contenue dans les écrits de saint Paul, conserve sous la simplicité du style toute la vigueur qu’elle apporte du ciel, d’où elle descend. […] Cette force, cette vigueur, ce sang chaud et bouillant, semblable à un vin fumeux2, ne leur permet rien de rassis ni de modéré. […] C’est donc Votre Majesté qui, par la force invincible avec laquelle elle voudra ce soulagement, fera naître un désir semblable en ceux qu’elle emploie ; en ne se lassant point de chercher et de pénétrer, elle verra sortir ce qui sera utile effectivement. […] « A ménager les forces des peuples. » Corneille, dans le prologue de son Andromède, fait tenir à la France, qu’il personnifie, ce noble langage : À vaincre si longtemps mes forces s’affaiblissent, L’État est florissant, mais les peuples gémissent ; Leurs membres décharnés courbent sous mes hauts faits, Et la gloire du trône accable les sujets.

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