Il en est de même de l’effet ou du résultat. […] Ces serpents, sur une mer orageuse, feraient bien moins d’effet. […] Cette figure, quand elle naît du sujet et qu’elle n’a rien de forcé, produit un bel effet. […] L’effet de cette figure est de donner plus de grâce au style, de clarté ou de force au raisonnement. […] De quel effet n’est-elle pas dans ce passage de la tragédie de Zaïre par Voltaire !
Mais si j’exprime la cause pour l’effet, le contenant pour le contenu, le signe pour la chose signifiée, il y a entre les deux idées correspondance positive, et qui existait préalablement à ma comparaison ; c’est une métonymie. Ainsi : Métonymies de la cause pour l’effet ou l’instrument : Bacchus, Cérès, pour vin et blé ; André Chénier a osé dire : Allez sonder les flancs du plus lointain Nérée… Une Cybèle neuve et cent mondes divers, Aux yeux de nos Jasons sortis du sein des mers ; Homère, pour la collection des œuvres de ce poëte ; Athalie, pour la tragédie dont cette reine est l’héroïne ; un Rubens, pour un tableau de Rubens ; Je l’ai vu cette nuit ce malheureux Sévère, La vengeance à la main… pour l’épée, instrument de vengeance. Métonymies de l’effet ou de l’instrument pour la cause : Cheveux blancs, pour vieillesse ; la pále mort, parce qu’elle rend pâle ; O mon fils, ô ma joie, ô l’honneur de mes jours ! […] Malherbe décrit les effets des larmes de saint Pierre : C’est alors que ses cris en tonnerres s’éclatent.
L’épisode est, en effet, un récit, une action partielle qu’on introduit dans un poème, où cela fait un bon effet, mais n’est pas absolument nécessaire. […] Les nœuds subordonnés sont les effets de cette colère ; c’est une tempête qui rejette Énée loin de l’Italie, c’est l’amour d’une reine qui veut le retenir à Carthage, c’est la valeur d’un prince qui s’oppose à son établissement. […] Il a fallu montrer les effets heureux, pour les Grecs, de cette réconciliation. […] Quelquefois, cependant, la description d’un caractère par le poète lui-même fait un très bel effet : c’est ce qu’on appelle un portrait. […] C’est à toi d’annoncer ce qu’ils doivent apprendre ; C’est à toi d’annoncer aux yeux des nations, Les coupables effets de leurs divisions.
Ce qui fatigue l’organe et par conséquent blesse l’oreille au Midi ne produira pas au Nord le même effet. […] Denys d’Halicarnasse, qui s’en est spécialement occupé, distingue dans l’harmonie oratoire, comme dans la musique, la mélodie, le nombre, la variété, la convenance ; il calcule la portée de la voix, les intervalles, les chutes, la mesure composée d’un certain nombre de pieds, formés eux-mêmes d’un certain nombre de syllabes longues ou brèves, et présentant chacun leur caractère spécial, si bien que tout l’effet est manqué, même en prose, si vous mettez un dactyle au lieu d’un spondée, et un trochée au lieu d’un ïambe, etc. […] Le vulgaire s’extasie quand il a essayé de détacher l’épingle ou d’attraper la mouche qui n’existe que sur la toile ; les habiles sont moins émerveillés, ils connaissent la recette qui produit les mêmes effets. […] Etudiez ces modèles, cherchez à substituer aux termes employés par l’orateur des synonymes qui n’aient pas la même cadence, à déranger l’ordre des mots, à multiplier, à retrancher ou à déplacer les repos, et ce travail pour ainsi dire anatomique vous fera pénétrer le secret, et vous donnera le moyen de produire à votre tour des effets semblables.