Prends-en deux doigts, et bien chauds les applique Sur l’épiderme où la douleur te pique, Et tu boiras le reste promptement Pour te guérir.
La sensibilité est une disposition naturelle de l’âme à recevoir aisément et à communiquer aux autres les diverses impressions de joie et de tristesse, de douleur et de pitié. […] Votre éloquence, dit Balzac, rend voire douleur contagieuse ; et quelle glace ne fondrait à la chaleur de vos belles larmes ? […] Jérusalem, objet de ma douleur, Quelle main en un jour t’a ravi tous tes charmes ? […] Citons quelques phrases de ce dernier sur la mort de Turenne : Je me trouble, messieurs : Turenne meurt, tout se confond, la fortune chancelle, la victoire se lasse, la paix s’éloigne, les bonnes intentions des alliés se ralentissent, le courage des troupes est abattu par la douleur et ranimé par la vengeance, tout le camp demeure immobile.
Ainsi : La haine emploie l’ironie, le reproche, la menace ; L’admiration entasse les hyperboles ; L’envie cache la satire sous l’éloge ; L’orgueil provoque, défie, insulte ; La crainte tremble, invoque ; La reconnaissance sourit, remercie, adore ; La joie bondit, pétille, éclate ; La douleur se plaint, recourt aux exclamations ; L’espérance soupire, souhaite, prie ; Le désespoir se tait, ou lance des imprécations à toute la nature Ainsi du reste. […] Pleurer avec ceux qui pleurent, leur présenter les consolations de la religion, bannir du style toutes les fleurs du langage, le rendre, au contraire, simple et naturel, exempt de toute philosophie, tel est le secret de faire une bonne lettre de con doléance, quand les douleurs sont extrêmes ; mais s’il s’agit de pertes peu graves, on peut chercher des consolations dans le présent et dans l’avenir. […] Les réponses aux lettres de con doléance deviennent la plupart des lettres de remerciaient, où le cœur oppressé sait trouver un style digne de la douleur.
La familiarité et la simplicité de la conversation permettent souvent le pathétique ; on s’attendrit volontiers en parlant de ses intérêts ; une larme ou seulement l’expression vive de la douleur sur les traits du visage, est plus éloquente que toute une argumentation. […] Ils brillent dans la joie, ils s’agrandissent et font remonter les plis du front dans l’étonnement, l’indignation ; ils font les mouvements contraires, et les sourcils se resserrent quand les pensées sont sombres et concentrées ; ils se ferment à demi dans la compassion ; ils sont entourés d’eau dans la douleur et l’attendrissement, etc., etc.