Tous ces monuments, destinés aux lettres et aux sciences, ont leurs portes ouvertes ; l’étranger y entre comme chez lui, parce que c’est l’asile de tous ceux qui le veulent. […] Il sait que l’homme, être infini par sa destinée, est semé passagèrement sur un sol borné, et, no pouvant agrandir la partie commune, il agrandit son cœur pour s’y contenter de peu.
Mirabeau, accusé de trahison par ses ennemis, se défend en ces termes : « — Celui qui a la conscience d’avoir bien mérité de son pays, et surtout de lui être encore utile ; celui que ne rassasie pas une vaine popularité, et qui dédaigne les succès d’un jour pour la véritable gloire ; celui qui veut dire la vérité, qui veut faire le bien public, indépendamment des mobiles mouvements de l’opinion populaire ; cet homme porte avec lui la récompense de ses services, le charme de ses peines et le prix de ses dangers ; il ne doit attendre sa moisson, sa destinée, la seule qui l’intéresse, la destinée de son nom, que du temps, ce juge incorruptible, qui fait justice à tous. » — (Du droit de paix et de guerre. 2e Discours.)
De même que dans la construction d’un édifice, nous voyons l’habile charpentier disposer d’abord les principales pièces de charpente destinées à former l’ensemble de l’habitation, puis pincer ensuite les pièces de bois secondaires destinées à la distribution intérieure des appartements de cet édifice ; de même l’écrivain, dans la construction du discours, doit établir d’abord les idées principales qui concourent à l’ensemble du sujet qu’il traite, puis les idées accessoires qui se rattachent à chaque idée principale. […] Si vous demandez des œuvres ; avec ces désirs, voilà des charités qu’il a faites, ou destinée pour le soulagement et le salut de ses frères ; voilà, des âmes égarées qu’il a ramenées à vous par ses assistances, par ses conseils, par son exemple ; voilà ce sang de votre peuple qu’il a tant de fois épargné, voilà ce sang qu’il a si généreusement répandu pour vous ; et pour dire encore plus, voilà ce sang que Jésus-Christ a versé pour lui.
L’esclavage domestique formait une première et grande uniformité ; le reste de la vie des citoyens, se passant sur la place publique, était trop ouvert à tous les yeux pour que l’on y pût supposer avec vraisemblance quelque aventure extraordinaire, quelque grande singularité de caractère ou de destinée, enfin, la condition inférieure des femmes, leur vie retirée, affaiblissaient la puissance de cette passion, qui joue un si grand rôle dans les romans modernes. » Pourtant la littérature grecque n’est pas absolument dépourvue de romans : la Cyropédie de Xénophon est un véritable roman philosophique, comme le remarque Cicéron ; c’est le Télémaque réduit aux formes de l’histoire. […] Enfin, Lesage, dans Gil-Blas, offrit le premier et le plus parfait modèle du roman de mœurs, genre fécond, par lequel le roman entrait dans des destinées nouvelles.