La Variété du style résulte de l’inégalité des phrases et des périodes, et d’un heureux mélange du style coupé et du style périodique. […] C’est, ainsi que le Rhin, indigné contre les Hollandais qui n’avaient pu empêcher l’armée française de traverser le fleuve, accuse leur faiblesse, et leur dit entre autres choses qu’ils ne sont bons qu’à faire des fromages : Allez, vils combattants, inutiles soldats, Laissez là ces mousquets trop pesants pour vos bras ; Et la faux à la main, parmi vos marécages, Allez couper vos joncs et presser vos laitages ; Ou, gardant les seuls bords qui vous peuvent couvrir.
Le style périodique a plus de noblesse, plus d’harmonie que le style coupé ; celui-ci est plus léger, plus vif, plus brillant. […] Cependant on peut dire en général que les sujets nobles et sérieux exigent le style périodique, les sujets agréables et légers, le style coupé ; mais il ne faut pas croire que le style coupé soit par lui-même impropre au genre sérieux : ce style exprime parfaitement la vivacité de la passion ; il convient aussi à l’histoire, et il est indispensable dans les résumés.
Suffoquer signifie couper la respiration.
Je n’entends donc parler ici ni de ce que les anciens appelaient anastrophe, qui consistait à transposer deux mots me cum pour cum me ; his accensa super ; ni de ce qu’ils nommaient tmèse, qui coupait un mot en deux : … hyperboreo septem subjecta trioni ; ni même de l’hypallage, figure par laquelle on attribue à certains mots d’una phrase des inflexions ou modifications qui appartiennent réellement à d’autres mots, sans cependant qu’il soit possible de se méprendre au sens : Ibant obscuri sola sub nocte per umbram, pour obscura soli ; Et caligantem nigra formidine lucum, pour et formidatum nigra caligine, etc.