Virgile embellit des couleurs les plus agréables tous les préceptes qu’il donne dans ses Géorgiques. […] Boscovich, jésuite, en offre un bel exemple dans son poème intitulé les Éclipses, lorsqu’il décrit les couleurs qu’offrent à nos yeux les fils de la lumière séparés par la réfraction. […] Une autre manière plus poétique et plus propre à embellir ce genre, consiste à peindre les préceptes, c’est-à-dire à les présenter sous forme d’images, et à les revêtir des couleurs naturelles du sujet, ou bien à accompagner le précepte d’une description, d’un exemple que l’on place tantôt avant, tantôt après. […] Le poète peut aussi, appréciant les choses en vrai philosophe, prendre on ton grave et sérieux, lancer des traite vifs et piquants contre les défauts et les vices des hommes, et les tracer avec des couleurs mâles et vigoureuses. […] Pour atteindre cette naïveté du style, ainsi que celle des pensées, le poète n’a besoin, dans l’apologue, non plus que dans les autres genres, que de la magie de l’enthousiasme, qui lui peint vivement les objets, et lui fournit les couleurs pour les rendre.
La Convenance du style au sujet comprend une dernière qualité que nous nommerons la Couleur locale. […] Il se trouve naturellement empreint de la couleur de l’époque : le style et l’auteur sont contemporains. […] La couleur locale répand un grand charme sur la narration, que nous signalons ici, et que nous devons à M. de Lamartine. Tout nous rappelle que cet épisode se passe en Orient : les Arabes, la caravane, les noms qui figurent dans ce récit, l’amour de l’Arabe pour son coursier, le lait du chameau, le doura, les coutumes des Arabes, tout est en harmonie et empreint de la couleur locale la plus caractérisée. […] Je ne suis jamais entré dans une vieille église, avec sa vierge, ses saints, ses vitraux qui reflètent en mille couleurs l’enfance de Jésus, sa fuite en Égypte, ou son sublime sacrifice, sans que mon imagination ne m’ait reproduit l’immense mouvement qu’imprima au monde la prédication chrétienne.
L’imagination est aussi une faculté créatrice ; elle se représente les objets sous de vives couleurs, et les reproduit dans ses œuvres par des images frappantes. […] Dante n’a point vu Ugolin dans la tour de la Faim, il n’a pas ressenti les tortures de son âme paternelle en voyant ses enfants mourir d’inanition ; il imagine, et quelles couleurs naturelles ! […] L’architecture et la sculpture parlent aux yeux par la grandeur, la noblesse, la grâce des proportions et des formes ; la peinture, par la vérité de la composition, la richesse des couleurs et la perfection du dessin.
Ses descriptions ont de la couleur, de l’éclat et un charme pénétrant ; peintre ému, il mêle à ses tableaux un accent domestique et bourgeois qui est une importante nouveauté dans notre littérature. […] La verdure a pris, durant la nuit, une vigueur nouvelle : le jour naissant qui l’éclaire les premiers rayons qui la dorent, la montrent couverte d’un brillant de rosée qui réfléchit à l’œil la lumière et les couleurs. […] Il avait fait très-chaud ce jour-là, la soirée était charmante, la rosée humectait l’herbe flétrie ; point de vent, une nuit tranquille ; l’air était frais sans être froid ; le soleil, après son coucher, avait laissé dans le ciel des vapeurs rouges dont la réflexion4 rendait l’eau couleur de rose ; les arbres des terrasses étaient chargés de rossignols qui se répondaient l’un à l’autre.