Du lit de cendres où saint Louis rendit le dernier soupir, on découvrait le rivage d’Utique : chacun pouvait faire la comparaison de la mort du philosophe stoïcien et du philosophe chrétien. […] On ne fait pas attention que l’âne serait par lui-même, et pour nous, le premier, le plus beau, le mieux fait, le plus distingué des animaux, si dans le monde il n’y avait point de cheval ; il est le second au lieu d’être le premier, et par cela seul il semble n’être plus rien : c’est la comparaison qui le dégrade ; on le regarde, on le juge, non pas en lui-même, mais relativement au cheval ; on oublie qu’il est âne, qu’il a toutes les qualités de sa nature, tous les dons attachés à son espèce ; et on ne pense qu’à la figure et aux qualités du cheval, qui lui manquent, et qu’il ne doit pas avoir. […] Toutes les machines sont simples ; le jeu en est si aisé et la structure si délicate, que toute autre machine est grossière en comparaison.
Abondant, nombreux, plein d’énergie et de dignité, il étonne, il ravit, il transporte par la magnificence et la pompe des expressions, la vivacité des tours, la hardiesse des figures, la beauté frappante des comparaisons, la force et la rapidité des mouvements.
La Bruyère disait : « Les comparaisons tirées d’un fleuve dont le cours, quoique rapide, est égal et uniforme, on d’un embrasement qui, poussé par les vents, s’épand au loin dans une forêt où il consume les chênes et les pins, ne leur fournissent aucune idée de l’éloquence : montrez-leur un feu grégeois qui les surprenne, ou un éclair qui les éblouisse, ils vous quittent du bon et du beau. » (Caractères, chap.
Les parois de la muraille sont percées de niches oblongues, horizontales, comme les rayons d’une bibliothèque, car je ne trouve pas de comparaison plus juste : chaque rayon forme une sépulture qui sert, suivant sa profondeur, pour un ou plusieurs corps. […] Ce qu’on appelle esprit est tantôt une comparaison nouvelle, tantôt une allusion fine : ici, l’abus d’un mot qu’on présente dans un sens, et qu’on laisse entendre dans un autre ; là, un rapport délicat entre deux idées peu communes : c’est une métaphore singulière, c’est une recherche de ce qu’un objet ne présente pas d’abord, mais de ce qui est en effet dans lui : c’est l’art, ou de réunir deux choses éloignées, ou de diviser deux choses qui paraissent se joindre, ou de les opposer Tune à l’autre ; c’est celui de ne dire qu’à moitié la pensée pour la laisser deviner ; enfin, je vous parlerais de toutes les différentes façons de montrer de l’esprit, si j’en avais davantage. […] Mais une pensée fine, ingénieuse, une comparaison juste et fleurie, est un défaut, quand la raison seule ou la passion doivent parler, ou bien quand on doit traiter de grands intérêts ; ce n’est pas alors du faux bel-esprit, mais c’est de l’esprit déplacé, et toute beauté hors de sa place cesse d’être beauté.