Plus pathétique que la sculpture, plus claire que la musique, la peinture s’élève, selon nous, au-dessus de toutes deux, parce qu’elle exprime davantage la beauté sous toutes ses formes, l’âme humaine dans toute la richesse et la variété de ses sentiments180. […] Elle lui donne le charme et la puissance de la mesure ; elle en fait quelque chose d’intermédiaire entre la voix ordinaire et la musique, quelque chose à la fois de matériel et d’immatériel, de fini, de clair et de précis, comme les contours et les formes les plus arrêtés, de vivant et d’animé comme la couleur, de pathétique et d’infini comme le son. […] Quoi de plus clair et tout ensemble de plus profond et de plus vaste ! […] Le côté supérieur de l’art est de traduire cette force d’une manière plus claire, plus complète et plus énergique. […] Rétablissez-la, tout devient clair dans l’univers et dans l’homme ; il y a une fin à tout et à chaque chose ; il y a un ordre sacré que toute créature raisonnable doit respecter et concourir à accomplir en elle et hors d’elle ; par conséquent des devoirs, par conséquent des droits, par conséquent une morale, une législation naturelle de la conduite humaine.
Dans notre recueil, rien de semblable : on peut, tout à son aise, sans que l’esprit s’énerve et s’épuise à chercher le sens, voir et juger comment des écrivains Grecs ou Latins, des auteurs modernes de bon aloi, ont tiré parti d’une situation donnée ; on n’a d’autre peine que celle de s’essayer à revêtir d’un latin aussi clair que possible, correct surtout, des idées coordonnées par des maîtres, et qui n’émanent pas d’une plume inexpérimentée. […] » « Tu demandes là, Cinéas, répliqua Pyrrhus, une chose qui est claire de soi-même.
Clarus, clair, qui répand de la lumière. […] Disertus (de diversim et serere, semer) est un homme qui sait et qui dit beaucoup de choses d’une manière facile, claire et élégante. — Eloquens (de ex et loqui) est un homme disert, qui a du nerf dans l’expression, de l’élévation dans la pensée et de la chaleur dans le sentiment ; un homme qui émeut, qui touche, qui persuade. — Facundus (de fari) est un homme qui s’énonce en beaux termes et avec agrément.
Les inversions, loin d’obscurcir le sens, doivent au contraire le rendre plus clair, en présentant les idées sous une forme plus sensible, plus animée, et en suivant, dans la disposition des mots, la marche que l’esprit lui-même a suivie dans la disposition des idées et des sentiments, dont les mots ne sont que les images.