Le goût de cet art merveilleux s’empara de tous les esprits ; et les plus illustres citoyens de la république s’y distinguèrent.
De là partent les ordres qui font aller de concert les magistrats et les capitaines, les citoyens et les soldats, les provinces et les armées par mer et par terre.
Parmi les autres manières de mêler agréablement les rimes dans ces sortes de stances, celle-ci est la plus belle : Combien plus sage et plus habile Est un roi, qui, par ses faveurs, Songe à s’élever dans les cœurs Un trône durable et tranquille ; Qui ne connaît point d’autres biens, Que ceux que ses vrais citoyens De sa bonté peuvent attendre ; Et qui, prompt à les discerner, N’ouvre les mains que pour répandre, Et ne reçoit que pour donner. […] S’élevant et s’abaissant dans son style, il sait le varier selon les sujets : il prête un langage différent au monarque, au héros, au simple citoyen, au berger, en prenant, pour ainsi dire, leurs sentiments et leur âme.
Socrate, jugé par une cour dont l’histoire ne nous a pas appris le nom, eut contre lui deux cent quatre-vingts juges : dans la cause de Milon, Cicéron parlait à cinquante-un juges ; et le succès de ces causes ne dépendait point en général de quelques juges versés dans la connaissance des lois, mais d’une assemblée de citoyens romains.