On a dit : Je chante, et on n’a point chanté ; on a parlé des accords de la lyre, et on n’avait point de lyre. […] Ils ne chantaient qu’une religion fausse, un héroïsme souvent mal entendu, des combats dont la gloire était quelquefois chimérique. […] Cette composition lyrique est l’expression d’un sentiment élevé de l’âme, et demande à être chantée. […] Ce sont les jeux et les plaisirs qu’il chante ; c’est le sentiment qu’il peint avec les couleurs les plus douces. […] Cela dépend de la manière dont on envisage son sujet, ainsi que du rang et des personnes dont on chante l’union.
Elle s’enferma dans son affliction comme en un sanctuaire où elle ne fit plus que chanter les litanies du souvenir. […] Si elle chanta pour égayer la branche où était son nid, ce fut comme involontairement et à son insu. […] Puis il m’a fait descendre ma guitare qui pend à la muraille pour voir ce que c’était ; il a mis sa petite main sur les cordes, et il a été transporté de les entendre chanter. […] Ce matin j’ai vu un beau ciel, le marronnier verdoyant, et entendu chanter les petits oiseaux. […] Qu’y a-t-il qui chante ainsi ?
Brizeux 1803-1858 [Notice] Originaire d’Irlande, né à Lorient, Brizeux pourrait être appelé un barde breton ; car sa muse a toujours chanté l’Armorique, soit dans des élégies familières, soit dans de rustiques épopées. […] ne quittez jamais, c’est moi qui vous le dis, Le devant de la porte où l’on jouait jadis, L’église, où tout enfant, et d’une voix légère, Vous chantiez à la messe auprès de votre mère, Et la petite école, où traînant chaque pas1, Vous alliez le matin ; oh ! […] Croyez qu’il sera doux de voir un jour peut-être Vos fils étudier sous votre bon vieux maître, Dans l’église avec vous chanter au même banc, Et jouer à la porte, où l’on jouait enfant. […] Que partout on entende et la scie et la lime, La voix du travailleur qui chante, et qui s’anime ! […] Un littérateur belge, Wenstenraad, dans un poéme intitulé Le haut-fourneau (1844), chantait ainsi l’Age de Fer : Que d’immenses travaux, que d’éclatants prodiges Notre âge n’a-t-il pas déjà vu s’accomplir !
Chez les latins, l’élégie prit encore un autre ton ; elle chanta dans les vers de Tibulle et de Properce, les peines et les plaisirs de l’amour. […] Il chante sa peine sur tous les tons, la peint sous toutes les couleurs ; il cherche à y intéresser tout ce qui l’entoure, le ciel, la terre, les êtres animés et inanimés ; mais tout sert à la nourrir, à l’envenimer. […] Là, ce n’est plus le langage humain, c’est Dieu lui-même qui parle par les prophètes ; c’est lui qui met dans la bouche de David l’expression la plus vraie et la plus touchante de la douleur de l’âme, tempérée par les élans de la foi et de l’espérance religieuse : telle est entre autres le psaume qui chante la captivité de Babylone (Super flumina Babylonis), et que Chateaubriand appelle le plus beau des cantiques sur l’amour de la patrie . […] Plusieurs avaient sans doute à exprimer des peines réelles ; plusieurs, comme Millevoye et Gilbert, ont chanté au bord de la tombe : aussi leurs vers portent-ils l’empreinte d’un sentiment vrai et profond ; mais d’autres n’ont chanté que des douleurs factices et caressé que des chimères ; ils mouraient par métaphore, et riaient sous cape de voir le public s’attendrir sur leurs infortunes.