A la fin de l’admirable harangue De suppliciis, l’orateur foudroie Verrès, en invoquant successivement contre lui tous les dieux et toutes les déesses, dont ce brigand avait pillé les temples, et en appelant le ciel même à son aide contre son sacrilége adversaire.
Dans le Temple de Gnide de Montesquieu, que vous devriez pouvoir rapprocher, comme style fleuri, des Lettres à Emilie sur la mythologie, vous reconnaîtrez le faire de l’Esprit des lois ; et la Pluralité des mondes de Fontenelle ressemble plus à Demoustier qu’à Laplace.
Il apporte, pour toute marque de vocation à un ministère d’humilité, des vues d’élévation et de gloire ; à un ministère de travail et de sollicitude, des espérances de repos et de mollesse ; à un ministère de désintéressement, de modestie et de charité, des projets de luxe, de profusion et d’abondance ; et, comme cet infidèle Héliodore, il ne vient dans le temple que parce qu’il a toujours ouï dire qu’il y trouverait des richesses immenses, et les dépouilles saintes des peuples.
On n’entre point dans ses temples, bien préparé, sans en sortir asservi.
Il devra aussi varier le ton, selon qu’il parlera dans un lieu public ou particulier, dans un camp ou au barreau, à la tribune ou dans un temple. […] C’est par là que Démosthènes a régné dans Athènes, Cicéron dans le Forum, et Bossuet dans nos temples. […] Platon avait dit que le monde était l’ouvrage des dieux ; Euripide, que Dieu était trop grand pour être renfermé dans des temples. […] que je pourrais adresser des reproches bien plus amers et plus accablants, non pas à vous, mes frères, mais à un grand nombre de ceux qui témoignent tant de mépris pour notre ministère, et qui fuient opiniâtrement nos temples ! […] Mais ce n’est pas assez de bien parler à l’esprit, ce n’est presque rien ; l’esprit n’est que le vestibule de rame, entrons jusque dans le sanctuaire du temple, c’est-à-dire jusqu’au cœur.
Philémon204 et Baucis nous en offrent l’exemple : Tous deux virent changer leur cabane en un temple. […] Voici comment Gresset, dans l’Épître à sa muse, feignant que le Parnasse223 était autrefois l’Olympe224 et le temple des sages, montre toute la honte attachée aux poésies licencieuses et à leurs auteurs. […] Dieu se lève : tombez, roi, temple, autel, idole.
Tout fuit ; et, sans s'armer d'un courage inutile, Dans le temple voisin chacun cherche un asile. […] Mon Dieu, j'ai combattu soixante ans pour ta gloire ; J'ai vu tomber ton temple et périr ta mémoire : Dans un cachot affreux abandonné vingt ans, Mes larmes t'imploraient pour mes tristes enfants ; Et, lorsque ma famille est par toi réunie, Quand je trouve une fille elle est ton ennemie. […] … Vois ces murs, vois ce temple envahi par tes maîtres : Tout annonce le Dieu qu'ont vengé tes ancêtres.
Bossuet a dit en parlant du règne de l’idolâtrie à la venue du Messie : Tout était Dieu, excepté Dieu même ; et le monde que Dieu avait fait pour manifester sa puissance, semblait être devenu un temple d’idoles. […] Bossuet présente une image sublime, lorsque à la suite de cette pensée citée plus haut : Tout était Dieu, excepté Dieu même , il ajoute : Et le monde, que Dieu avait fait pour manifester sa puissance, semblait être devenu un temple d’idoles.
Grâces à vos exemples Ils n’ont devant les yeux que des objets d’horreur, De mépris d’eux et de leurs temples, D’avarice qui va jusques à la fureur.
Il les déterminait uniquement par l’étendue de la voix humaine ; ce qui devait être ainsi, la prédication étant devenue la partie principale du culte, et presque tout le culte dans les temples qui ont vu cesser le sacrifice.
Rendez-moi le soleil de la Grèce, les jeux, les combats des héros, ces temples où l’homme vouait un culte à son image divinisée par le ciseau d’un Phidias ; rendez-moi les sages se complaisant dans leur sagesse, et s’étudiant à se mettre par la force de leur âme au-dessus des accidents de la fortune et de la colère du ciel ; un Platon pénétrant jusque dans le sanctuaire des idées éternelles ; un Aristote embrassant dans sa vaste science la morale, la politique, tous les secrets de l’art et de la nature ; un Caton disposant de sa vie pour échapper à l’oppression ; un Socrate buvant la ciguë d’une âme calme et sereine, bien sûr que s’il y a des dieux, ce sont des dieux bons ; rendez-moi toutes les illusions, toutes les chimères du monde antique, si vous n’avez rien à mettre à la place qu’une sèche et désespérante anatomie des petitesses du cœur !
L’inscription, qui n’est autre chose que l’épigramme des Grecs, consiste en quelques vers gravés sur un édifice, un monument, un temple, un arc de triomphe, une colonne, une fontaine, au bas d’une statue, d’un buste, d’un tableau, d’un portrait, etc. ; soit pour transmettre à la postérité la mémoire de quelque événement, soit pour faire connaître aux passants un fait, une personne ou une chose.
C’est le jugement que ce grand philosophe portait de l’un des plus illustres citoyens d’Athènes, qui avait longtemps gouverné la République avec une réputation extraordinaire, qui avait rempli la ville de temples, de théâtres, de statues, d’édifices publics ; qui l’avait ornée par les monuments les plus célèbres et rendue toute brillante d’or ; qui avait épuisé ce que la sculpture, la peinture et l’architecture ont de plus beau et de plus grand, et avait établi dans ses ouvrages le modèle et la règle du goût de toute la postérité.
Cet escalier lui seul semble un petit temple isolé ; comme nos églises, il est soutenu et protégé par les arcades de ses ailes minces, transparentes, et pour ainsi dire brodées à jour. […] Tu le vois tous les jours, devant toi prosterné, Humilier ce front de splendeur couronné, Et confondant l’orgueil par d’augustes exemples, Baiser avec respect le pavé de tes temples.
Il aime la paroisse, il fréquente les temples où se fait un grand concours ; on n’y manque point son coup, on y est vu. […] vous souffrirez que votre victoire soit ainsi flétrie dans tout l’univers, et qu’on dise qu’un peuple qui, le premier, a dans sa ville érigé un temple à la Miséricorde, en a point trouvé dans la vôtre ?
Grâces à vos exemples, Ils n’ont devant les yeux que des objets d’horreur3, De mépris d’eux et de leurs temples, D’avarice qui va jusques à la fureur. […] J’irais plus haut peut-être au temple de Mémoire, Si dans un genre seul j’avais usé mes jours ; Mais, quoi !
« Sans doute, dit-il, celui qui se borne à dire qu’une ville a été prise embrasse dans ce seul mot toutes les horreurs que comporte un pareil sort ; mais il ne remue pas les entrailles, et a l’air d’annoncer purement et simplement une nouvelle : mais développez tout ce qui est renfermé dans ce mot, alors on verra les flammes qui dévorent les maisons et les temples ; alors on entendra le fracas des toits qui s’abîment, et une immense clameur formée de mille clameurs ; on verra les uns fuir à l’aventure, les autres étreindre leurs parents dans un dernier embrassement ; d’un côté, des femmes et des enfants qui gémissent, et de l’autre, des vieillards qui maudissent le sort qui a prolongé leur vie jusqu’à ce jour ; puis, le pillage des choses profanes et sacrées, les soldats courant en tout sens pour emporter ou pour chercher leur proie, chacun des voleurs poussant devant soi des troupeaux de prisonniers chargés de chaînes, des mères s’efforçant de retenir leurs enfants, enfin les vainqueurs eux-mêmes se battant entre eux à la moindre apparence d’un plus riche butin.
« Il faut, dit encore Cicéron, que le début soit en rapport avec la matière, comme le vestibule ou le portail avec l’édifice ou le temple. » Sa forme même se réglera sur celle du reste de l’œuvre, car le meilleur style de début est celui qui est le plus en harmonie avec la couleur de l’écrit tout entier.
À ces cris, Jérusalem redoubla ses pleurs ; les voûtes du temple s’ébranlèrent ; le Jourdain se troubla, et tous ses rivages retentirent du son de ces lugubres paroles : comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël ?
Un soir d’automne qu’il faisait très obscur, il me donna la clé du temple, et me dit d’aller chercher dans la chaire la Bible qu’on y avait laissée. […] Enfin, j’aperçois la porte, je viens à bout de sortir du temple, et je m’en éloigne comme la première fois, bien résolu de n’y jamais rentrer seul qu’en plein jour.
Ces soldats placés devant tous les temples, quoique destinés à prévenir la violence, ne laissent pas d’effrayer l’orateur ; et quoique leur présence soit utile, nécessaire même à la sûreté commune, elle inspire je ne sais quelle terreur, dont il est impossible de se défendre entièrement ».
Le français en admet un très-grand nombre en poésie : … Sitôt que de ce jour La trompette sacrée annonçait le retour, Du temple, orné partout de festons magnifiques, Le peuple saint en foule inoudait les portiques… Mais lui-même étonné d’une fuite si prompte, Par combien de serments, dont je n’ai pu douter, Vient-il de me convaincre et de nous arrêter !
C’est toujours par la mort que Dieu s’unit aux rois ; Leur couronne dorée a pour faîte sa croix ; Son temple est pavé de leurs tombes.
« J’ai tiré ma nacelle au rivage, et suspendu, comme dit Horace, mes vêtements mouillés dans le temple du Dieu de la mer.
Le quatrième siècle comprend les règnes de Louis XIV et de la reine Anne, et vit paraître en France Corneille, Racine, de Retz, Molière, Boileau, La Fontaine, Jean-Baptiste Rousseau, Bossuet, Fénelon, Bourdaloue, Pascal, Malebranche, Massillon, La Bruyère, Bayle, Fontenelle, Vertot ; et en Angleterre, Dryden, Pope, Addison, Prior, Swift, Parnell, Congrève, Otway, Young, Rowe, Atterbury, Shaftsbury, Bolingbroke, Tillotson, Temple, Boyle, Locke, Newton et Clarke. […] Sir William Temple, que l’on doit regarder comme un excellent juge en cette matière, pense que les nombreux secours qui nous sont offerts dans tous les genres sont plus nuisibles que favorables aux productions du génie. […] Quels vœux fait le poète au temple d’Apollon ? […] Le psaume xxiii, entre autres, que l’on présume avoir été composé pour cette importante et solennelle occasion du transport de l’arche dans le temple du Saint des saints, devait produire un bien grand effet, lorsqu’il était chanté selon cette méthode ; c’est ce qu’a démontré le docteur Lowth. […] Comme dans ce livre le prophète pleure sur la destruction du temple et de la cité sainte, et sur la chute de l’empire, il a réuni toutes les images touchantes que pouvait inspirer un sujet aussi triste.
Va au temple ; échappe-toi1, s’il le faut, à ton père et à ta mère ; renonce à la chair et au sang, et dis avec Jésus : « Ne faut-il pas que nous travaillions à l’œuvre que Dieu notre père nous a confiée2 ?
La maison d’une épouse est un temple sacré, Où les yeux du soupçon n’ont jamais pénétré ; Et son époux absent est une loi plus forte3 Pour que toute rumeur se taise vers sa porte.
De tous les ouvrages de Pigalle, le plus connu et le plus digne de l’être est sans contredit le mausolée du maréchal de Saxe, placé dans le temple luthérien de Saint-Thomas à Strasbourg.
Ainsi, quand tu fonds sur mon âme, Enthousiasme, aigle vainqueur, Au bruit de tes ailes de flamme, Je frémis d’une sainte horreur ; Je me débats sous ta puissance, Je fuis, je crains que ta présence N’anéantisse un cœur mortel, Comme un feu que la foudre allume, Qui ne s’éteint plus, et consume Le bûcher, le temple et l’autel.
Tu le vois, dit-il, en parlant de Louis XIV, Baiser avec respect le pavé de tes temples.
Irène Irène se transporte à grands frais en Épidaure2, voit Esculape dans son temple, et le consulte sur tous ses maux.
Comment croire surtout à ces victoires sans nombre, à ces conquêtes sans terme, avec toutes les créations des arts, les routes ouvertes, les temples restaurés, les ponts construits, les musées fondés, avec Anvers creusé et les Alpes aplanies ?
Durant le regne de Numa le temple de Janus ne fut jamais ouvert une seule iournee, ains demoura fermé continuellement l’espace de quarante et trois ans entiers, tant estoient toutes occasions de guerres et par tout esteintes et amorties ; à cause que non seulement à Rome le peuple se trouva amolli et addoulci par l’exemple de la iustice, clemence et bonté du Roy, mais aussi es villes d’alenviron commencea une merveilleuse mutation de meurs, ne plus ne moins que si c’eust esté quelque doulce haleine d’un vent salubre et gracieux, qui leur eust soufflé du costé de Rome pour les rafreschir : et se coula tout doulcement es cueurs des hommes un desir de vivre en paix, de labourer la terre, d’elever des enfans en repos et en tranquillité, et de servir et honorer les dieux ; de maniere que par toute l’Italie n’y avoit que festes, ieux, sacrifice et banquets.
En grec et en latin, cependant, tous les noms d’objets inanimés ne sont pas ou masculins ou féminins, et un assez grand nombre rentre dans le genre neutre sous lequel ils devraient tous être placés : comme templum [un temple] ; sedile [un siège]. […] Peu d’écrivains anglais ont, par exemple, autant de clarté que l’archevêque Tillotson et sir William Temple, et cependant ni l’un ni l’autre ne sont remarquables par leur précision. […] Nous citerons pour exemple cette période extraite d’une lettre de sir William Temple à lady Essex : « Si vous regardiez autour de vous, et que vous jugiez de l’existence de vos semblables comme de la vôtre ; si vous songiez combien naissent obscurs, et combien meurent sans que rien atteste qu’ils ont vécu ; combien sont rares la vraie beauté et les véritables amis ; combien de maladies et de misères nous accablent ; vous tomberiez à genoux, et, loin de gémir de vos propres maux, vous remercieriez le Seigneur de toutes les bénédictions que sa main a répandues sur vous. » On trouve dans Cicéron beaucoup de périodes du même genre. […] Sir William Temple, dont le style est d’ailleurs si agréable, rend trop souvent ses phrases traînantes, parce qu’il y multiplie négligemment les particules copulatives. […] Voyez maintenant comme cette phrase de sir William Temple marche avec aisance, et comme un intervalle gracieux y sépare chaque pause.
Le discours oratoire est le vaste champ où l’éloquence peut étaler ses plus grandes richesses les distribuant, néanmoins, d’une manière proportionnée au sujet qu’elle traite, et. au lieu où elle se montre ; soit que, dans nos temples, elle annonce aux peuples les vérités augustes de la religion, et qu’elle loue les saints et les héros ; soit que, dans le sanctuaire de la justice, elle défende la fortune, la vie et l’honneur des citoyens ; soit que, dans les sociétés littéraires, elle embrasse des objets relatifs aux sciences et aux arts ; soit qu’enfin, dans les assemblées des nations, ou dans les cabinets des rois, elle discute les intérêts des peuples et des souverains. […] À ces cris Jérusalem58 redoubla ses pleurs ; les voûtes du Temple s’ébranlèrent ; le Jourdain59 se troubla, et tous ses rivages retentirent du son de ces lugubres paroles : Comment est mort cet homme puissant, qui sauvait le peuple d’Israël » ?
Nous citerons encore cette comparaison tirée de la méditation de M. de Lamartine, intitulée le Temple : Quelle nuit ! […] Madame de Sévigné dit plaisamment, à propos d’une réconciliation qu’elle a ménagée, qu’elle vient de fermer le temple de Janus. […] Sion, repaire affreux de reptiles impurs, Voit de son temple saint les pierres dispersées Et du Dieu d’Israël les fêtes sont cessées ! […] « Or, je vous le demande, et je vous le demande frappé de terreur, ne séparant pas en ce point mon sort du vôtre, et me mettant dans la même disposition où je souhaite que vous entriez ; je vous demande donc : si Jésus-Christ paraissait dans ce temple, pour nous juger, pour faire le terrible discernement des boucs et des brebis, croyez-vous que le plus grand nombre de tout ce que nous sommes ici fût placé à la droite ? […] On dit aussi Saint-Pierre de Rome, Saint-Paul de Londres, pour désigner les temples consacrés à ces saints.
Son berceau a été fatal aux temples et aux autels, a ébranlé les fondements de l’idolâtrie, a renversé le trône du prince du monde. […] Il a même prouvé qu’il était supérieur à l’emploi qu’il fit de son talent, et il a droit à un médaillon dans le temple de Mémoire85. […] Irène Irène se transporte à grands frais en Épidaure,779 voit Esculape dans son temple, et le consulte sur tous ses maux.
Soumis, agenouillés, ils priaient ; leur prière Franchissant d’un plein vol les champs de la lumière, Malgré les vents jaloux, sur des ailes de feu, Part, vole, monte, arrive aux portes du saint lieu ; Là, du temple divin le pontife suprême, Heureux médiateur, fils de Dieu, Dieu lui-même, Sur l’autel d’or où fume un encens éternel, La bénit et la porte aux pieds de l’Éternel.
« Comme une colonne, dont la masse solide paraît le plus ferme appui d’un temple ruineux, lorsque ce grand édifice qu’elle soutenait, fond sur elle sans l’abattre : ainsi la Reine se montre le ferme soutien de l’État, lorsqu’après en avoir longtemps porté le faix, elle n’est pas même courbée sous sa chute. » Le Télémaque de Fénelon est plein de comparaisons également riches et agréables.