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2. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

L’antonomase supposant une comparaison qui se fait dans l’esprit, est une espèce de métaphore par laquelle on se sert d’un nom commun ou d’une périphrase pour un nom propre, ou d’un nom propre pour un nom commun, ou enfin d’un nom propre déterminé par un adjectif ou par un nom commun au lieu d’un autre nom propre. […] Figures de pensée propres à instruire. […] Figures de pensée propres à plaire. […] Figures de pensée propres à émouvoir. […] Cette figure est un tour très propre à soutenir l’attention en donnant au sentiment de la force et de la chaleur.

3. (1875) Poétique

Car, de tous les vers, l’ïambique est le plus propre au dialogue. […] Ainsi le même mot peut être propre et étranger selon les pays : σίγυνον, épieu, est propre chez les Cypriens, étranger chez nous. […] Quelquefois même on met simplement le mot analogue au lieu du mot propre. […] Le mot forge est celui que le poète fabrique de sa propre autorité, et dont avant lui personne n’avait usé. […] Les neutres ont pour terminaisons propres ces deux dernières consonnes, et le ν et le ς.

4. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE I. De la propriété des mots. » pp. 2-8

Le sens propre d’un mot est celui qu’il a eu dès son origine, celui qui désigne la chose même pour laquelle il a été créé. Ainsi le mot feu est employé dans le sens propre, quand il désigne réellement du feu. […] Le mot fruit est pris dans le sens propre, quand il désigne le produit d’un arbre ou d’une plante. […] Le mot aile est pris dans le sens propre, quand il désigne cette partie du corps dont les oiseaux font usage pour voler. […] L'analogie (de ανα, par, entre, parmi, et λογοσ, raison, rapport) est le rapport, la ressemblance que deux ou plusieurs choses ont les unes avec les autres, quoiqu’elles différent par des qualités qui leur sont propres.

5. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

Or tout le monde conviendra que cette étude est le propre de l’art. […] Ce qui est propre à persuader est propre à persuader certain auditeur. […] Celle du bien propre ou non propre, c’est la faculté, pour le possesseur, d’aliéner ce qu’il possède ; or j’entends par aliénation la cession, par don ou par vente. […] Ce caractère est propre aux manifestations de la vertu et de ses actes. […] Car ce que l’on fait dans son propre intérêt s’adresse plutôt à une personne vivante.

6. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Résumé. » pp. 388-408

L’auteur doit ajouter à cette étude celle de ses propres rapports avec ses auditeurs ou ses lecteurs, ce qui constitue les bienséances. […] Le style, dans la véritable acception de ce mot, est le procédé propre à chaque écrivain pour exprimer sa pensée. […] Le trope consiste à transporter un mot ou une phrase de son sens propre dans un autre, pour donner plus de valeur au discours. […] On range parmi les allusions verbales la syllepse oratoire, qui consiste à prendre, dans la même phrase, un mot dans les deux sens, au propre et au figuré. […] La communication, où l’on paraît entrer dans l’opinion de l’adversaire, pour le ramener à ses propres idées.

7. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

L'expression est propre ou figurée ; et le style doit être, selon la pensée, simple, tempéré ou sublime. […] Qu'elle-même sur soi renverse ses murailles Et de ses propres mains déchire ses entrailles ! […] A la métonymie se rattache la métalepse, qui fait entendre autre chose que le sens propre. […] L'antonomase emploie un nom commun pour un nom propre, ou un nom propre pour un nom commun : Un Mécène est un protecteur des lettres, etc. […] Boileau a dit : Conservez à chacun son propre caractère.

8. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Pour que le style soit assorti aux idées, il faut qu’elles soient rendues par les seules expressions qui leur sont propres. […] Un terme propre rend l’idée tout entière : un terme peu propre ne la rend qu’à demi : un terme impropre la défigure. […] Ils sont dans le sens propre, lorsque ne perdant point leur signification primitive, ils signifient la chose, pour laquelle ils ont été établis. Ils sont employés dans le sens figuré, quand on les fait passer de leur signification propre ou naturelle, à une signification étrangère. […] Ainsi quand on dit, la chaleur du feu, les rayons du soleil, ces mots sont pris dans le sens propre.

9. (1839) Manuel pratique de rhétorique

4° Théodose trouve dans sa propre vie d’assez beaux exemples à suivre. […] Discours, en général, est une suite de raisonnements propres à prouver ce qui est énoncé dans la proposition. […] C’est comme si l’on demandait : L’orateur doit-il employer une préparation propre à se rendre l’auditeur favorable ? […] Il doit être propre au sujet, puisqu’il est fait pour y préparer. […] Qu’appelle-t-on figures au propre ?

10. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Lettre. A un ancien Elève de l’Ecole Militaire de Paris. » pp. 375-399

C’est un des plus propres que je connoisse pour former l’esprit et le cœur des jeunes gens. […] En montrant à l’homme ses propres perfections dans tout leur éclat, cette morale lui commande l’humilité la plus profonde. […] il doit être petit à ses propres yeux. […] il doit s’estimer grand par sa propre dignité. […] Tout ce qui peut l’humilier, tout ce qui peut l’élever à ses propres yeux, y est fidèlement exposé.

11. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre II. Des qualités essentielles du poète » pp. 16-21

Nous avons vu que le propre de la poésie est d’animer la nature. […] L’imagination est cette faculté de l’esprit qui rend présents à la pensée une foule d’objets propres à produire dans l’âme de vives émotions. […] D’après ce qui précède, il est facile de voir quels sont les sujets les plus poétiques ; ce sont ceux qui sont les plus propres à mettre en jeu l’imagination et la sensibilité, et à produire l’enthousiasme et l’inspiration. […] Quoi de plus propre à faire naître l’inspiration que l’aspect d’un vieux château à demi écroulé, dont les tours crénelées, les fortifications, les ponts-levis, les portes sombres, rappellent les scènes de la chevalerie, les tournois, les batailles, le courage des paladins, et les chansons des troubadours ? […] Si la nature, si les monuments du passé, tels que les tombeaux, les ruines, sont des sujets très propres à faire naître l’inspiration, que sera-ce quand le poète prendra pour sujet de ses chants Dieu lui-même, ses perfections, sa grandeur, sa majesté, ses bienfaits ?

12. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Rochefoucauld, 1613-1680 » pp. 32-37

Il ne se repose jamais hors de soi, et ne s’arrête dans les sujets étrangers que comme les abeilles sur les fleurs1, pour en tirer ce qui lui est propre. […] Il est inconstant, et, outre les changements qui viennent des causes étrangères, il y en a une infinité qui naissent de lui et de son propre fond. […] Quand on pense qu’il quitte son plaisir, il ne fait que le suspendre ou le changer ; et, lors même qu’il est vaincu et qu’on croit en être défait, on le retrouve qui triomphe dans sa propre défaite. […] Alors on doit faire valoir toutes les raisons qu’il a dites, ajoutant modestement nos propres pensées aux siennes, et lui faisant croire, autant qu’il est possible, que c’est de lui qu’on les prend. […] Toute sorte de conversation, quelque spirituelle qu’elle soit, n’est pas également propre à toutes sortes de gens d’esprit.

13. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

Je prétends vous traiter comme mon propre fils. […] Chaque idée a dans chaque langue un mot qui lui est propre, et ce mot est unique. Un terme propre rend l’idée tout entière ; un terme peu propre ne la rend qu’à demi ; un terme impropre la défigure. […] L’antonomase (ἀντὶ, pour, ὄνομα, nom) consiste à employer un nom propre pour un nom commun, ou un nom commun pour un nom propre. […] Il est propre aux sujets simples ou badins.

14. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

Il n’y a que nos bons écrivains à qui l’usage du mot propre soit familier. […] Il est plus facile de le sentir dans les autres que de le découvrir pour son propre compte. […] La langue ne lui fournissait pas un mot propre aux émanations de la gloire divine. […] 2° Ou bien elle fait un nom propre d’un nom commun. […] C’est même le mot propre pour désigner le remplissage des canevas qu’on donne aux élèves.

15. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Chapitre premier. Première espèce de mots.  » p. 6

. — Il y a deux sortes de noms, le nom commun et le nom propre. […] Le nom propre est celui qui ne convient qu’à une seule personne ou à une seule chose, comme Adam, Ève, Paris, la Seine, etc. […] Le nom propre convient à une ou à plusieurs personnes, à une ou à plusieurs choses semblables, mais non à toutes : par exemple plusieurs personnes s’appellent Jacques, Antoine, etc. Il n’est donc pas exact de dire que le nom propre ne convient qu’à une seule personne.

16. (1873) Principes de rhétorique française

Disposer ses idées dans l’ordre le plus propre à persuader. […] La fonction propre de la sensibilité est d’aimer ou de haïr. […] Maison de notre propre juge. […] Caractère propre de la narration oratoire. — 3. […] Caractères propres à la narration oratoire.

17. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXIII. des figures. — tropes d’invention et tropes d’usage  » pp. 323-338

La métonymie est une métaphore dans laquelle les expressions substituées au mot propre supposent non-seulement une similitude quelconque, mais une correspondance bien marquée entre les deux objets comparés. […] Tout ce que j’ai dit de la synecdoque prouve qu’il y faut comprendre la figure qu’on a souvent appelée antonomase, qui substitue un nom commun à un nom propre, et réciproquement, ou encore un nom propre ou commun à un autre qui présenterait la même idée, mais d’une manière moins pittoresque, moins métaphorique. […] Enfin, lorsque, en raison de sa nouveauté, de l’usage ou de toute autre cause, une idée n’a point ou n’a plus de signe propre et exclusif dans la langue, on est forcé, pour l’exprimer, d’employer un signe déjà affecté à une autre idée. […] Il y a plus : tel est le despotisme de l’usage, que le trope est devenu avec le temps plus intelligible presque que le mot propre ; vous serez mieux compris en disant un bon violon, dix mille chevaux, que si vous disiez un bon violoniste, dix mille cavaliers. […] Le mot hébreu se prend dans les deux sens, au propre ou par antiphrase, je ne sais ; ce qui est certain, c’est qu’aucune des traductions en langue vulgaire que j’ai consultées ne conserve cette antiphrase.

18. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Sainte-Beuve. Né en 1804. » pp. 566-577

Son talent, son génie propre consistent à dégager la substance morale des livres où il cherche les éléments d’un caractère. […] Faisons notre choix dans nos propres instincts. […] La médiocrité, non plus, n’est guère propre à faire naître en nous un sentiment d’espèce si délicate ; l’impression qu’elle cause n’a rien que de stérile, et ressemble à de la fatigue ou à de la pitié. […] C’est le propre des plus grandes œuvres du génie en tout genre qu’à la première vue on est généralement désappointé. […] En attendant, la méthode est des plus utiles en elle-même : il est bon de douter de sa propre sagesse, il est bon de croire, il est bon d’admirer.

19. (1827) Résumé de rhétorique et d’art oratoire

Il n’a donc pas une prosodie propre à former un chant. […] S’il parle ou écrit de la manière la plus propre à atteindre ce but, il est vraiment éloquent. […] Par l’in fluence du goût dominant, leur propre génie devient beaucoup plus timide et plus sobre. […] La chaire a certainement plusieurs avantages qui lui sont propres. […] Il ne doit jamais oublier que s’il montre trop d’art il nuit à son propre dessein, en répandant le doute sur sa sincérité.

20. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

Du Style sublime et des Figures qui lui sont propres. […] Cette figure est bien propre à exprimer les mouvements d’une âme, qui, agitée d’une passion violente, est dans une irrésolution continuelle sur le parti qu’elle doit prendre. […] Car quelle créature fut jamais plus propre à être l’idole du monde ? […] Qu’elle-même sur soi renverse ses murailles, Et de ses propres mains déchire ses entrailles ! […] Quoique cette figure soit particulièrement propre au style sublime, il ne faut pas croire qu’elle ne puisse, ainsi que bien d’autres, convenir au style simple.

21. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

N’est-ce pas aller contre ses propres lumières, et contredire sa raison » ? […] Chacune a les siens propres, que j’indiquerai en parcourant ces différentes espèces. […] Si l’écrivain imite une suite de pensées, il les tourne de manière qu’il paraît les avoir tirées de son propre génie. […] Le fond de ces pensées ne lui appartient point ; mais il s’en est rendu le maître, il en a fait son propre bien, par les tours et les expressions qui sont à lui. […] Un pareil ton dans un Orateur, et dans un Orateur surtout qui plaide sa propre cause, ne peut qu’indigner le Juge, et même le simple auditeur.

22. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-10

La vraie et la fausse éloquence Il y a une faiseuse de bouquets et une tourneuse de périodes, je ne l’ose nommer éloquence, qui est toute peinte et toute dorée1 ; qui semble toujours sortir d’une boîte2 ; qui n’a soin que de s’ajuster, et ne songe qu’à faire la belle : qui, par conséquent, est plus propre pour les fêtes que pour les combats, et plaît davantage qu’elle ne sert, quoique néanmoins il y ait des fêtes dont elle déshonorerait la solennité, et des personnes à qui elle ne donnerait point de plaisir. […] Vous voyez comme la renommée condamne Tibère par la bouche des étrangers ; mais la conscience souscrit à cet arrêt par le propre témoignage de Tibère : car, environ ce temps-là, il écrit lui-même une autre lettre au sénat dans laquelle il maudit sa malheureuse grandeur avec des paroles de désespoir. Il découvre à nu les inquiétudes et les peines d’une âme ennuyée de tout et mal satisfaite de soi-même, abandonnée de Dieu et des hommes, qui a perdu jusqu’à ses propres désirs, qui ne peut ni vivre ni mourir. […] La justice divine paraît quelquefois avec éclat et fait des exemples qui sont vus de tout le monde : quelquefois aussi elle s’exerce secrètement et abandonne les méchants à leurs propres cœurs et à leurs propres pensées. […] Balzac était optimiste : sa sérénité voyait tout en beau, principalement son propre génie.

23. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

Aussi a-t-il trouvé des admirateurs dans tous les temps ; et ceux même qui ne croyaient pas à sa doctrine, ont cru à son talent, par respect pour leurs propres lumières, qu’ils eussent craint de compromettre en pensant autrement. […] c’est ce même cœur qu’il va forcer de pardonner pour l’intérêt de sa propre tranquillité. […] Les simples lumières de la raison ont convaincu dans tous les temps les hommes de l’immortalité de leur âme ; et s’il s’en est trouvé quelquefois d’assez malheureux pour en douter, d’assez imprudents pour afficher ce doute, le mépris de leurs propres contemporains les a dénoncés d’avance à la postérité qui en a fait justice. […] L’éducation fortifia ces sentiments de la nature : on lui apprit à connaître un Dieu, à l’aimer, à le craindre ; on lui montra la vertu dans les règles ; on la lui rendit aimable par des exemples ; et quoiqu’il trouvât en lui des penchants opposés au devoir, lorsqu’il lui arrivait de s’y laisser emporter, son cœur prenait en secret le parti de sa vertu contre sa propre faiblesse. […] À la certitude démontrée de l’avenir succède sa nécessité ; et Massillon la prouve par sa conformité avec l’idée d’un Dieu sage, et par le sentiment de la propre conscience.

24. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre II. Les Oraisons ou discours prononcés. »

La définition est un petit discours propre à faire concevoir ce qu’est une chose. […] Pour cela, on recommande que l’exorde soit modeste, ingénieux, court et propre au sujet. […] Cicéron était si persuadé qu’un exorde doit être exclusivement propre à son discours, qu’il recommande de ne le faire que quand celui-ci est achevé16. […] Il faut présenter les circonstances avec beaucoup de grâce, les revêtir du coloris le plus propre, et fixer les yeux inconstants de l’auditeur, toujours prêt à se laisser distraire par quelque objet extérieur. […] Les ouvrages des Pères de l’Église, qu’il doit lire avec méthode, lui donneront la connaissance des vérités qu’il entreprendra d’expliquer aux peuples, et lui fourniront les autorités propres à appuyer ses raisonnements.

25. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VI. De l’élocution et du style. »

La propriété consiste à rendre l’idée par le mot propre, tel qu’il a été consacré par l’usage. […] Cette qualité est le propre des esprits sains et justes. […] Nos vieux auteurs français sont empreints d’une naïve simplicité qui paraît avoir été le caractère propre de l’esprit gaulois. […] Je l’ai, vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu. […] Si la périphrase vient au secours d’un goût délicat, il ne faut pourtant pas trop éviter le mot propre : on risquerait de tomber dans l’affectation.

26. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Nisard. Né en 1806. » pp. 585-597

Aussi est-il un maître dans toute la force du mot : par l’accent et l’autorité de ses doctrines, nul n’est plus propre à diriger, à féconder les esprits ; nul ne forme plus sûrement le goût par la ferveur de ses convictions persuasives. […] Que d’efforts pour être clair, simple, précis, pour ne se servir que des termes propres, c’est-à-dire pour n’être pas un méchant écrivain ! […] Enfin, quel esprit cultivé ne sera pas d’accord avec moi sur ce qu’il en coûte, dans notre langue, pour lier le discours et n’y employer que les termes propres ? […] Il faut que l’étude les place dans la mémoire de l’écrivain, qui les y garde, comme de l’argent qui dort, jusqu’au jour où l’inspiration les en tire, les anime de sa propre vie, en sorte que, tout en ayant le même sens, ils lui appartiennent néanmoins par l’emploi qu’il en fait. […] Mais si, dans cet orgueil de la vie, il en est un qui, par désœuvrement ou par fatigue des plaisirs, ouvre le livre dédaigné, quelle n’est pas sa surprise, en se retrouvant parmi ces animaux auxquels il s’était intéressé enfant, de reconnaître par sa propre réflexion, non plus sur la parole du maître ou du père, la ressemblance de leurs aventures avec la vie, et la vérité des leçons que le fabuliste en a tirées !

27. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

L’on doit avoir une diction pure, et user de termes qui soient propres, il est vrai ; mais il faut que ces termes si propres expriment des pensées nobles, vives, solides, et qui renferment un très-beau sens. […] Il n’y a que les gens qui ne sont pas propres à discerner les grandes choses qui s’amusent à celles-là. […] Alors il faut déployer les nuages vifs et les mouvements propres à exciter les passions. […] Il faut avouer qu’ils sont tendres et propres à attendrir le lecteur. […] La naïveté et la rapidité d’un dialogue familier excluent ce mérite propre à toute autre poésie.

28. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre III. — Ornements du Style, qui consistent dans les Mots ou Figures »

Pour bien comprendre, il faut apprendre d’abord ce que c’est que le sens propre et le sens figuré des mots. […] La Synecdoque fait concevoir à l’esprit plus ou moins que le mot dont on se sert ne signifie dans le sens propre. […] Ce tour est très propre à piquer ou à réveiller l’attention de l’auditeur. […] Et pour les exclure de la société, pourquoi les bannir de leur propre patrie ? […] Cette figure est propre à orner la pensée et à en augmenter l’intérêt.

29. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VIII. Des Figures en général. »

Le pléonasme, qui ajoute ce que la grammaire rejetterait comme superflu : Je l’ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu, Ce qu’on appelle vu. […] C’est, comme on voit, toujours une métaphore ; mais la métaphore proprement dite ne s’occupe que d’une idée, tandis que l’allégorie en continue le développement complet, en présentant toujours le sens figuré au lieu du sens propre. […] Considère l’état affreux où tes propres fureurs t’ont réduite. […] L’hyperbole est propre à peindre le désordre d’un esprit à qui une grande passion exagère tout. […] Tantôt elle apostrophe les choses insensibles et inanimées, et les fait parler elles-mêmes ; tantôt, au lieu de rapporter indirectement les discours de ceux dont il s’agit, elle met ces discours dans leur propre bouche : elle va enfin jusqu’à faire parler les morts.

30. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre premier. De l’invention. »

Ceci est un peu abstrait ; mais, pour me faire comprendre, je vais citer mon propre exemple. […] Le monde idéal appelle les faits possibles ; l’imagination en tire des êtres, à qui elle donne, en suivant les règles de la vraisemblance, tous les traits d’une existence propre. […] Il faudrait pour cela que je fusse un lecteur de mœurs dépravées ; et, lors même que je le serais, soyez sûr que je n’aimerais point à voir le vice rehaussé en beau style : car c’est le propre de la vertu de se faire aimer et respecter, même par les hommes vicieux. […] Il est de principe absolu qu’il est impossible de communiquer aux autres une émotion qu’on ne ressent pas dans son propre cœur. […] Pour trouver le pathétique, il faut descendre dans son propre cœur et étudier avec ce maître par excellence les caprices des passions humaines.

31. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Joubert, 1754-1824 » pp. 388-398

Qu’il file la soie de son sein ; qu’il pétrisse son propre miel ; qu’il chante son propre ramage ; il a son arbre, sa ruche et son trou : qu’a-t-il besoin d’appeler là tant de ressources étrangères1 ? […] Au lieu de nous accoutumer dès l’enfance, par la pensée et par les sens, à ne regarder cette séparation que comme le moment du départ pour un voyage sans retour, voyage que nous ferons un jour nous-mêmes, sans doute pour nous réunir dans des régions invisibles, on n’a rien oublié de ce qui était propre à en faire un objet d’horreur. […] L’ami d’un ministre 1 Fragment Ce n’est pas des défauts du prochain que j’avais résolu, Monseigneur, de vous entretenir aujourd’hui, mais de mes propres qualités. […] Joubert disait de lui-même : « Je suis propre à semer, mais non pas à bâtir et à fonder. […] Il fut le mentor de Chateaubriand ; nul n’était plus propre à diriger un esprit indépendant, sans gêner son essor.

32. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature à l’usage des séminaires et des colléges rédigé d’après les meilleurs critiques anciens et modernes par M. l’abbé A. Piron. Chanoine, Vicaire général, Membre de l’Académie des Arcades, ancien Professeur de littérature. » pp. 1-12

Aussi ne nous étonnons-nous point que, dans les nombreux encouragements qu’il a reçus de tant de princes de l’Église, tous applaudissent « à ses efforts pour servir la cause des bonnes lettres ; » que tous le félicitent hautement « d’avoir publié ce travail consciencieux, qui non seulement ne contient rien de contraire aux principes de la saine doctrine en ce qui concerne la foi et les bonnes mœurs, mais encore est très propre à éclairer l’esprit des jeunes humanistes, à épurer leur goût et à orner leur cœur, et qui mérite une place distinguée parmi les livres classiques édités de nos jours ; » que tous enfin louent notre auteur « d’avoir mis de la netteté dans son plan, de la clarté dans sa méthode, de la justesse dans ses définitions, » et surtout « d’avoir rattaché à son enseignement les modèles si parfaits qu’offrent les poètes bibliques et liturgiques, trop indignement méconnus… » Que pourrions-nous ajouter à de pareils témoignages, rendus par des Prélats qui ont adopté pour leurs séminaires le Cours complet de littérature ? Nous ne pouvons que les constater, pour garantir l’impartialité de nos propres éloges. […] Dans l’exécution, vous avez observé vos propres règles. […] Car il est très propre à former tout ensemble l’esprit et le cœur des élèves. […] En effet, vos définitions sont exactes et précises, vos divisions logiques, vos développements clairs et bien nourris, vos exemples parfaitement choisis ; en sorte que votre ouvrage me paraît très propre à instruire exactement les esprits et à former chrétiennement les cœurs des jeunes gens auxquels il est destiné.

33. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

Ils doivent, par conséquent, rendre d’une manière qui leur est propre leurs idées et leurs sentiments : les expressions qu’ils emploient, en portent toujours l’empreinte. […] Il y a d’autres figures qui se bornent à flatter l’imagination, par l’éclat et l’agrément qui leur sont propres. […] Enfin il y en a qui pénètrent jusques dans le fond de nos cœur, les remuent, les agitent, les entraînent : l’Écrivain en fait usage, pour se rendre entièrement le maître de notre âme, et la mener, pour ainsi dire, au but qu’il se propose : celles-là sont propres aux passions. […] qu’il est propre à élever l’âme jusqu’à l’être des êtres ! […] Ce que j’ai à dire du style sublime, et des figures qui lui sont propres, je le renvoie à la section suivante, pour mettre de l’ordre et de l’exactitude dans les matières.

34. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

C’est l’inspiration propre et personnelle du poëte, indépendante du temps, des objets extérieurs, des régies convenues. […] Mais il ne parle plus en son propre nom que par hasard. […] Chaque idée, en effet, a un signe propre et particulier qui ne se peut changer. […] Figure, dans le sens propre, est la forme extérieure d’un corps. […] — La Catachrèse est une extension abusive du sens propre des mots.

35. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre II. De l’Éloquence. » pp. 318-338

Persuader est le propre de l’éloquence : peindre est le propre de la poésie. […] Nous cultivons en paix d’heureux champs ; et nos mains Étaient propres aux arts ainsi qu’au labourage. […] Le genre simple est donc plus particulièrement propre à la preuve, quoiqu’il soit quelquefois pathétique et touchant. Le genre fleuri est plus particulièrement propre à plaire, quoiqu’il pénètre aussi quelquefois jusqu’au cœur. Mais le propre du genre sublime est toujours d’émouvoir vivement et de persuader : c’est le triomphe de l’éloquence ; c’est le talent suprême de l’Orateur.

36. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

N’est-ce pas aller contre ses propres lumières et contre sa raison ?  […] Maison de notre propre juge. […] Cicéron a traité le même sujet avec sa propre expérience (de Orat. […] , c. 6), est surtout propre aux sujets agréables. […] Est-ce un profanateur de son propre corps ?

37. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fénelon, 1651-1715 » pp. 178-204

Tout cela vous enfoncera par votre propre goût dans une vie plus sérieuse et plus sombre : mais craignez que ce ne soit un sérieux aussi vide et aussi dangereux que leurs folies gaies. […] Le royaume de Dieu ne consiste point dans une scrupuleuse observation de petites formalités ; il consiste pour chacun dans les vertus propres à son état. […] Il voyait tout de ses propres yeux dans les affaires principales. Il était appliqué, prévoyant, modéré, droit et ferme dans les négociations, de sorte que les étrangers ne se fiaient pas moins à lui que ses propres sujets. […] Chaque édifice a son site propre d’où dépend sa beauté pittoresque.

38. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre IV. Continuation du même sujet. Historiens latins. »

Ses harangues sont moins des discours travaillés avec prétention, que l’expression vraie de ses propres sentiments ; et c’est là surtout qu’il est facile et satisfaisant d’appliquer la remarque que nous faisions il n’y a qu’un instant. […] Songez qu’on travaille pour ses propres intérêts, en s’occupant de ceux de son frère : l’illustration d’un frère devient pour nous une décoration personnelle, et nulle autre n’en saurait être autant honoré. […] Voici ses propres réflexions sur un sujet dont il était bien capable de parler avec l’éloquence et la dignité convenables. […] « Mon épouse et mon fils ne me sont pas plus chers que mon père et la république ; mais sa propre grandeur soutiendra mon père, et les autres armées défendront la république. […] vous qui avez assiégé le fils de votre empereur dans son propre camp ; citoyens ?

39. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fléchier 1632-1710 » pp. 84-88

C’est un corps animé d’une infinité de passions différentes, qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie ; c’est une troupe d’hommes armés qui suivent aveuglément les ordres d’un chef, dont ils ne savent pas les intentions1 ; c’est une multitude d’âmes ; pour la plupart mercenaires2, qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants ; c’est un assemblage confus de libertins3 qu’il faut assujettir à l’obéissance, de lâches qu’il faut mener au combat, de téméraires qu’il faut retenir, d’impatients qu’il faut accoutumer à la constance. […] Il en devait coûter une vie que chacun de nous eût voulu racheter de la sienne propre ; et tout ce que nous pouvions gagner ne valait pas ce que nous allions perdre3. […] N’attendez-pas, messieurs, que j’ouvre ici une scène tragique, que je représente ce grand homme étendu sur ses propres trophées, que je découvre ce corps pâle et sanglant auprès duquel fume encore la foudre qui l’a frappé, que je fasse crier son sang comme celui d’Abel1, et que j’expose à vos yeux les tristes images de la religion et de la patrie éplorées. […] Fléchier jugeait ainsi son propre style : « Pour son style et pour ses ouvrages, il y a de la netteté, de la douceur, de l’élégance, la nature y approche de l’art, et l’art y ressemble à la nature.

40. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Bruyère, 1646-1696 » pp. 155-177

Ils n’ont point d’opinion qui soit à eux, qui leur soit propre : ils en empruntent à mesure qu’ils en ont besoin ; et celui à qui ils ont recours n’est guère un homme sage, ou habile, ou vertueux ; c’est un homme à la mode. […] C’est le propre de ce vice, qui n’est fondé ni sur le mérite personnel ni sur la vertu, mais sur les richesses, les postes, le crédit, et sur de vaines sciences, de nous porter également à mépriser ceux qui ont moins que nous de cette espèce de biens, et à estimer trop ceux qui en ont une mesure qui excède la nôtre2. […] Il est propre à tout, disent ses amis, ce qui signifie qu’il n’a pas plus de talent pour une chose que pour une autre, ou, en d’autres termes, qu’il n’est propre à rien. […] Il est si prodigieusement flatté dans toutes les peintures que l’on fait de lui, qu’il paraît difforme près de ses portraits ; il lui est impossible d’arriver jamais jusqu’où la bassesse et la complaisance viennent de le porter ; il rougit de sa propre réputation. […] Proprement, ils emploient toujours le mot propre.

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