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2. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gresset. (1709-1777.) » pp. 291-296

Les petits soins, les attentions fines, Sont nés, dit-on, chez les Visitandines : L’heureux Ver-Vert l’éprouvait chaque jour, Plus mitonné qu’un perroquet de cour. […] Sœur Mélanie, en guimpe toujours fine, Portait l’oiseau : d’abord aux spectacteurs Elle en faisait admirer les couleurs, Les agréments, la douceur enfantine ; Son air heureux ne manquait point les cœurs. […]     Ainsi vivait dans ce nid délectable, En maître, en saint, en sage véritable, Père Ver-Vert, musqué, pincé, rangé : Heureux enfin s’il n’eût pas voyagé. […] Ce poëte heureux vit sa réputation peu attaquée, parce qu’elle causa peu d’ombrage. […] Gresset a partagé avec nos grands poëtes ce privilégé, d’avoir laissé beaucoup de ces traits qui se gravent dans les mémoires et circulent, pour l’usage journalier, dans toutes les bouches, parce que ce sont en quelque sorte des formules heureuses de la raison publique.

3. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gilbert. (1751-1780.) » pp. 297-303

…………………………………………………………………………………… Assise dans ce cirque où viennent tous les rangs Souvent baîller en loge, à des prix différents, Chloris n’est que parée, et Chloris se croit belle : En vêtements légers l’or s’est changé pour elle ; Son front luit, étoilé de mille diamants ; Et mille autres encore, effrontés ornements, Serpentent sur son sein, pendent à ses oreilles ; Les arts, pour l’embellir, ont uni leurs merveilles : Vingt familles enfin couleraient d’heureux jours, Riches des seuls trésors perdus pour ses atours. […] Il faut voir ce marchand, philosophe en boutique, Qui, déclarant trois fois sa ruine authentique, Trois fois s’est enrichi d’un heureux déshonneur, Trancher du financier, jouer le grand seigneur. […] Heureux qui, jeune encore, a senti leur mérite ! […] Mais trois fois plus heureux le jeune homme prudent Qui, de ces novateurs enthousiaste ardent, Abjure la raison, pour eux la sacrifie, Soldat sous les drapeaux de la philosophie ! […] Voilà un de ces vers trouvés, une de ces pensées vraies, relevées par la vivacité piquante de l’expression, qui, dès leur naissance, s’établissent un droit sur toutes les mémoires et reviennent dans toutes les conversations : plus d’un trait de Gilbert a eu cet heureux privilège.

4. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Delille 1738-1813 » pp. 464-472

heureux séjour, montagnes renommées, De lavande, de thym, de citron parfumées1, Que de fois sous tes plants d’oliviers toujours verts, Dont la pâleur s’unit au sombre azur des mers, J’égarai mes regards sur ce théâtre immense ! […] Cette soudaineté que nous vante Montagne, Et l’heureux à-propos en tous temps l’accompagne ; Elle doit au hasard ses plus piquants attraits ; Toujours elle rencontre, et ne cherche jamais ; Peu savent la trouver, mais la trouvent sans peine. […] dans ce salon, Près d’un chêne brûlant j’insulte à l’aquilon ; Dans cette chaude enceinte, avec goût éclairée, Mille heureux passe-temps abrégent la soirée. […] Heureuses paraît vague. […] Il dit : « Il était heureux comme un roi. » Delille a traduit par des élégances un peu fausses.

5. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Racine 1639-1699 » pp. 415-440

Heureuse, heureuse l’enfance Que le Seigneur instruit, et prend sous sa défense ! […] Heureux, heureux mille fois L’enfant que le Seigneur rend docile à ses lois ! […] Je le sais bien4, madame, et n’ai pu sans envie Apprendre vos bontés pour l’heureuse Octavie. […] L’heureux Britannicus verra-t-il sans alarmes2 Croître, loin de nos yeux, son amour et vos charmes ? […] Mais que les grands, que les heureux du monde, à qui tout rit, et que les joies et les plaisirs accompagnent partout, prétendent tirer de leur félicité même un privilége qui excuse leurs chagrins bizarres et leurs caprices ; qu’il leur soit plus permis d’être fâcheux, inquiets, inabordables, parce qu’ils sont plus heureux ; qu’ils regardent comme un droit acquis à la prospérité d’accabler encore du poids de leur humeur des malheureux qui gémissent déjà sous le joug de leur autorité et de leur puissance ; grand Dieu !

6. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Regnard. (1655-1709.) » pp. 242-253

Aussi la gaieté d’un homme heureux éclate-t-elle dans tous ses ouvrages. […] … Que ce coquin est heureux de dormir. […] Mais le voici qui vient, poussé d’un heureux vent : Il a les yeux sereins et l’accueil avenant. […] « Qu’un joueur est heureux ! Sa poche est un trésor ; « Sous ses heureuses mains le cuivre devient or », Disiez-vous.

7. (1811) Cours complet de rhétorique « Notes. »

Heureux une fois, dans la conception d’un rôle éminemment dramatique, celui d’un grand homme aigri par le sentiment d’une grande injustice, il fit de cette idée qui lui avait si bien réussi, l’âme de son théâtre tragique, et s’attacha de préférence aux sujets qui lui en offraient les développements les plus favorables. […] Delille, et par les efforts heureux de M.  […] Le poète qui réunirait tout ce qu’il faut de mobilité d’imagination, de flexibilité et d’abondance dans le style, pour traduire dignement le Tasse, serait un homme presque aussi admirable que le Tasse lui-même ; Et cet heureux phœnix est encor à trouver. […] Il fit donc de l’ellipse la figure dominante dans son style ; et c’est à son emploi, aussi sage qu’heureux, qu’il fut redevable de ses principales beautés de diction ; c’est ainsi qu’il posa la borne qui sépare à jamais la prose de la poésie. […] Quant aux reproches rapportés plus haut, ils sont fondés jusqu’à un certain point, il faut l’avouer, et la critique a pu craindre la contagion d’un exemple aussi séduisant ; car c’en est fait de notre poésie, et nous retombons au-dessous des Ronsards et des Dubartas, si cette manière, si heureuse entre les mains de M. 

8. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

Mais en l’examinant de plus près, en le rapprochant surtout du texte d’lsaïe, on voit que le cantique français doit une partie de son mérite au choix de l’expression, à l’harmonie des vers, à l’heureuse symétrie des rimes, etc. […] Les pensées les plus sublimes, les plus grandes images, ne sont point inaccessibles au talent du traducteur habile ; ses efforts même peuvent être quelquefois très heureux, et nous en avons vu des exemples. […] Combien de traits sublimes, de comparaisons heureuses, de mouvements pleins d’énergie ou de sensibilité elles peuvent fournir au poète ou à l’orateur capable d’en profiter ! […] » Un songe t’offre-t-il les heureux que tu fais ? […] 173» De laisser Ruth heureuse, en lui disant adieu ».

9. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — A. Chénier. (1762-1794.) » pp. 304-312

Je vous salue, enfants, venus de Jupiter ; Heureux sont les parents qui tels vous firent naître ! […] — Sicos1 est l’île heureuse où nous vivons, mon père. […] Car sur tes bords heureux je suis déjà venu ; Amis, je la connais. […] O France trop heureuse, Si tu voyais tes biens3, si tu profitais mieux Des dons que tu reçus de la bonté des cieux ! […] On reconnaît ici un exemple du rejet, dont les anciens ont fait un heureux et fréquent usage.

10. (1867) Rhétorique nouvelle « Tableau des arguments » pp. 306-

Prenons cet exemple banal qui traîne dans tous les traités : Il faut aimer ce qui nous rend heureux, Or la Vertu nous rend heureux, Donc il faut aimer la Vertu. Aimer… vertu… sont les deux termes dont vous cherchez le rapport : heureux est le troisième terme au moyen duquel vous l’affirmez. […] Au lieu de dire dogmatiquement : Il faut aimer ce qui nous rend heureux, Or la Vertu, etc. Il dit : La Vertu nous rend heureux, Il faut aimer la Vertu.

11. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Voltaire 1694-1778 » pp. 445-463

L’imagination religieuse y fait défaut ; mais des portraits, des caractères, des sentences politiques, et des vers heureux nous y dissimulent les faiblesses d’une invention trop assujettie à la routine des procédés classiques. […] Raisonneurs, beaux esprits, et vous qui croyez l’être, Voulez-vous vivre heureux, vivez toujours sans maître. […] Si quelque heureux pilote, échappé de l’orage, Près du port arrivé, gagne au moins le rivage, Son vaisseau, plus heureux, n’était pas mieux construit ; Mais le pilote est sage, et Dieu l’avait conduit3. […] De la société les douceurs désirées Dans vingt États puissants sont encore ignorées : On les goûte à Paris ; c’est le premier des arts ; Peuple heureux ! […] Heureux qui regarde d’un œil tranquille tous ces grands événements du meilleur des mondes possibles !

12. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VI. De l’Harmonie du Style. »

Il est un heureux choix de mots harmonieux. […] Le moindre son dur, une construction un peu équivoque, une chute peu heureuse choquent sa délicatesse ou révoltent sa sensibilité. […] Ses écarts apparents ne sont eux-mêmes que d’heureuses dissonances qui ajoutent à l’effet général. […] « Au lieu de déplorer la mort des autres, je veux désormais apprendre de vous à rendre la mienne sainte ; heureux si, averti par ces cheveux blancs du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie, les restes d’une voix qui tombe, et d’une ardeur qui s’éteint ». […] Ces citations et l’excellente théorie d’Aristote, sont plus que suffisantes pour donner une idée appréciable de l’espèce d’harmonie que comporte la prose, du charme qu’elle y répand, et des effets heureux qui en résultent dans le discours.

13. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Précis des quatre âges de la Littérature. »

La plupart de ces grands hommes fleurirent dans le siècle de Philippe et d’Alexandre ; âge heureux, qui est la première époque intéressante dans l’histoire de l’esprit humain. […] Ovide fit étinceler dans ses diverses poésies l’imagination la plus féconde et la plus heureuse. […] L’Italie fut l’heureuse contrée, où les lettres et les arts fleurirent avec le plus d’éclat. […] Destouches et Piron produisirent des chefs-d’œuvre dignes de Molière ; Crébillon eut la gloire de balancer Eschyle ; et Voltaire, incomparable dans les poésies légères, à qui notre scène doit une partie de ses richesses, fit d’heureux efforts pour atteindre à la couronne épique.

14. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre IV. Beautés morales et philosophiques. »

Grand, petit, riche, pauvre, heureux ou malheureux, Étranger sur la terre, adorez votre maître. […] Quel bien vaut le bonheur de rendre un homme heureux ! […] ……………………………………………… Tels ces arbres heureux et du ciel protégés, Que l’humide Aquilon n’a jamais outragés, Conservent la fraîcheur de leur feuille odorante ; En vain sous les frimas la terre est expirante, Leurs fertiles rameaux de leurs fruits sont couverts, Et leurs riches parfums étonnent les hivers. […] Quand pourrai-je, tantôt goûtant un doux sommeil, Et des bons vieux auteurs amusant mon réveil, Tantôt ornant sans art mes rustiques demeures, Tantôt laissant couler mes indolentes heures, Boire l’heureux oubli des soins tumultueux, Ignorer les humains, et vivre ignoré d’eux ! […] Ainsi, pour être heureux, il faudra étouffer, d’après cela, la sensibilité, le zèle et le courage qui enfantent et utilisent presque toutes les vertus… ?

15. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

Cet heureux succès n’a garde de venir d’où quelques-uns se figurent. […] Voilà, direz-vous, une étrange manière de les rendre heureux ! […] Voilà tout ce que les hommes ont pu inventer pour se rendre heureux. […] Jamais prince ne fut plus sage pour policer ses peuples, et pour les rendre tout ensemble bons et heureux. […] soyons bons premièrement, et puis nous serons heureux.

16. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Joubert, 1754-1824 » pp. 388-398

Je l’appellerais volontiers un sage qui mérita d’être heureux. […] Rendez-le heureux avec un mot et un sourire ; cela me fera du bien. […] Je voudrais que, jusqu’à la fin, ils se souvinssent ainsi de moi, qu’ils fussent heureux, et qu’ils eussent une longue vie, pour s’en souvenir plus longtemps. […] Je vous le dis sincèrement et dans le style populaire qui sied si bien à la franchise : « Monseigneur, vous êtes bien heureux de m’avoir !  […] « Il est des esprits méditatifs et difficiles qui sont distraits dans leurs travaux par des perspect ves immenses et les lointains du beau céleste, dont ils voudraient mettre partout quelque image ou quelque rayon, parce qu’ils l’ont toujours devant la vue, même alors qu’ils n’ont rien devant les yeux ; esprits amis de la lumière, qui, lorsqu’il leur vient une idée à mettre en œuvre, la considèrent longuement et attendent qu’elle reluise, comme le prescrivait Buffon, quand il définissait le génie l’aptitude à la patience ; esprits qui ont éprouvé que la plus aride matière et les mots même les plus ternes renferment en leur sein le principe et l’amorce de quelque éclat, comme ces noisettes des fées, où l’on trouvait des diamants, quand on en brisait l’enveloppe, et qu’on avait des mains heureuses ; esprits qui sont persuadés que ce beau dont ils sont épris, le beau élémentaire et pur, est répandu dans tous les points que peut atteindre la pensée, comme le feu dans tous les corps ; esprits attentifs et perçants qui voient ce feu dans les cailloux de toute la littérature, et ne peuvent se détacher de ceux qui tombent en leurs mains qu’après avoir cherché longtemps la veine qui le recélait, et l’en avoir fait soudainement jaillir ; esprits qui ont aussi leurs systèmes, et qui prétendent par exemple, que voir en beau et embellir, c’est voir et montrer chaque chose telle qu’elle est réellement dans les recoins de son essence, et non pas telle qu’elle existe aux regards des inattentifs, qui ne considèrent que les surfaces ; esprits qui se contentent peu, à cause d’une perspicacité qui leur fait voir trop clairement et les modèles qu’il faut suivre et ceux que l’on doit éviter ; esprits actifs, quoique songeurs, qui ne peuvent se reposer que sur des vérités solides, ni être heureux que par le beau, ou du moins par ces agréments divers qui en sont des parcelles menues et de légères étincelles ; esprits bien moins amoureux de gloire que de perfection, qui paraissent oisifs et qui sont les plus occupés, mais qui, parce que leur art est long et que la vie est toujours courte, si quelque hasard fortuné ne met à leur disposition un sujet où se trouve en surabondance l’élément dont il ont besoin et l’espace qu’il faut à leurs idées, vivent peu connus sur la terre, et y meurent sans monument, n’ayant obtenu en partage, parmi les esprits excellents, qu’une fécondité interne et qui n’eut que peu de confidents. » 1.

17. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature à l’usage des séminaires et des colléges rédigé d’après les meilleurs critiques anciens et modernes par M. l’abbé A. Piron. Chanoine, Vicaire général, Membre de l’Académie des Arcades, ancien Professeur de littérature. » pp. 1-12

Nous dirons cependant encore que ces volumes, qui semblent ne devoir convenir qu’à des classes et être, par conséquent, quelque peu arides, offrent néanmoins, par l’art heureux avec lequel l’auteur a disposé ses matières, une lecture des plus agréables. […] Monsieur le Vicaire général, Je suis heureux de pouvoir vous adresser mes félicitations les plus sincères relativement à la nouvelle édition de votre Cours de littérature. […] Je suis donc heureux de joindre mon approbation et mes félicitations à celles que plusieurs de mes vénérés collégues vous ont déjà exprimées. […] Monsieur le Vicaire général, Je viens d’examiner votre Cours de littérature, et je suis heureux de constater que vous avez réussi à faire un ouvrage complet et élémentaire. […] J’aurais été heureux de l’avoir entre les mains pendant les longues années que j’ai passées dans renseignement.

18. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Nisard Né en 1806 » pp. 296-300

J’y vois beaucoup de luxe imité de luxe d’autrui, et qui n’a même pas l’originalité d’un caprice personnel satisfait ; j’y vois des hommes d’âge mûr qui s’entourent de joujoux, et qui, moins heureux que leurs enfants, ne peuvent pas les casser quand ils s’en dégoûtent. […] Heureux celui qui se souvient un jour qu’il a fait des études, et qui, dans un moment où il est accablé de son bien-être, s’avise de jeter les yeux sur sa bibliothèque, dont il n’estimait que le bois, et y prend ce qui lui a le moins coûté de tout son luxe, ce qu’il avait peut-être gardé, comme prévoyance, de sa médiocrité première, un livre qui le rend un moment à lui-même, et lui fait savourer la différence du bien-être par l’argent au bonheur par l’esprit1 ! […] Pour quelques efforts que vous n’aurez pas faits, au temps où une mémoire heureuse et une imagination tendre vous les rendent faciles, vous êtes déshérités de tous les biens de l’esprit. […] On le dit par erreur des gens heureux dans leurs affaires : le mot n’est vrai que de ceux d’entre vous qui vont être couronnés, ou qui ont mérité de l’être.

19. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

Après une vieillesse tranquille et heureuse, il mourut en 1680. […] Heureux présages pour la maison palatine ! […] Trop heureux les princes que Dieu daigne employer à la servir ! […] que vous êtes heureuses, âmes simples, âmes dociles ! […] Plus heureux qui porte en son cœur celles d’un heureux naturel !

20. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Massillon. (1663-1742.). » pp. 120-123

Le saint roi rendit aux peuples, avec la tranquillité, la joie et l’abondance : les familles virent renaître ces siècles heureux qu’elles avaient tant regrettés ; les villes reprirent leur premier éclat ; les arts, facilités par les largesses du prince, attirèrent chez nous les richesses des étrangers : le royaume, déjà si abondant de son propre fonds, se vit encore enrichi de l’abondance de nos voisins. Les Français vivaient heureux ; et, sous un si bon roi, tout ce qu’ils pouvaient souhaiter à leurs enfants, c’était un successeur qui lui fût semblable1. C’est le privilège, et en même temps le devoir des grands, de préparer non-seulement à leur siècle, mais aux siècles à venir, des secours publics aux misères publiques : notre saint roi connut ce devoir, et jamais prince ne fit plus d’usage d’un si heureux privilége. […] Ville heureuse, qui le vîtes autrefois régner, au milieu de vos murs s’élèvent encore et subsisteront toujours des édifices sacrés, les fruits immortels de sa charité et de son amour pour son peuple.

21. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre II. De l’Éloquence. » pp. 318-338

Ces dons heureux ne peuvent être le fruit du travail ; ce sont des talents qui ne s’acquièrent point par l’étude : nous les devons à la seule nature. […] C’est ce que font tous les jours des hommes, qui ont reçu de la nature les plus heureuses dispositions, mais qu’ils n’ont pas eu soin de cultiver par l’étude. […] Nous cultivons en paix d’heureux champs ; et nos mains Étaient propres aux arts ainsi qu’au labourage. […] de vos premiers ans l’heureuse expérience Vous fait-elle, Seigneur, haïr votre innocence ? […] Voilà la véritable éloquence et ses heureux effets.

22. (1865) De la Versification française, préceptes et exercices à l’usage des élèves de rhétorique. Première partie. Préceptes. Conseils aux élèves.

*** Heureuse je vivrai toujours, toujours, toujours ! […] Heureux si ses vertus, l’une à l’autre enchaînées, Ramènent tous les ans ses premières années ! […] Un roi digne de vous a cru voir la journée Qui devait éclairer notre illustre hyménée ; Déjà, sûr de mon cœur à sa flamme promis, Il s’estimait heureux : vous me l’aviez permis. […] Par un transport heureux, Quelquefois dans sa course un esprit vigoureux. […] O jour trois fois heureux !

23. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — [Notice] Maurice de Guérin, 1810-1839. » pp. 598-606

Heureux qui peut contempler la nature déserte et solitaire ! Heureux qui peut la voir se livrant à ses jeux terribles sans danger pour aucun être vivant ! […] Jamais ce parfum qui circule dans tous les appartements d’une maison pieuse et heureuse ne m’a si bien enveloppé. […] Je prévoyais bien, quand je mis le pied sur le premier degré de mes tentatives et de mes essais, que je m’estimerais heureux de rencontrer, après avoir tout parcouru, non pas un emplacement de médiocre étendue pour asseoir ma vie et respirer à mon aise, mais un petit trou pour m’y blottir et m’y tenir coi jusqu’à la fin. […] Je n’ai jamais eu la liberté de l’oiseau, ni ma pensée n’a été aussi heureuse que ses ailes : endormons-nous dans la résignation comme l’oiseau sur son nid1.

24. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Analyse grammaticale » p. 61

qu’il est heureux le mortel qui, pénétré de tes vérités sublimes, trouve sans cesse dans ton sein un asile contre le vice et un refuge contre le malheur !  […] heureux. […] heureux.

25. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre I. Des Poésies fugitives. »

Aussi n’y a-t-il aucun poète qui ait atteint à ce degré de perfection qu’on exige dans ce petit poème ; et ce qu’a dit Boileau, il y a un siècle, nous pouvons le répéter aujourd’hui, qu’un sonnet sans défauts est un heureux phénix qui est encore à trouver. […] Mais la beauté de ce petit genre de poésie consiste dans l’application heureuse qu’on fait des deux premiers vers, et dans leur liaison avec celui qui les précède. […] Fut le plus heureux de ma vie. […] Ces vœux doivent se rapporter principalement à la douceur de l’union que forment les nouveaux époux, et aux fruits heureux qu’ils peuvent en attendre. […] Que tous les peuples applaudissent Au présage heureux de la paix !

26. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre premier. Beautés de détail. »

Nous avons vu quel charme empruntaient les poésies d’Homère et de Virgile de l’heureuse variété de figures dont ces grands hommes savent enrichir si à propos leur diction. […] beautés qui n appartiennent point exclusivement, comme l’Iliade ou l’Énéide, à telle ou telle contrée, mais qui sont le patrimoine universel du genre humain, parce qu’Abraham, Jacob, Joseph, sont des hommes : au lieu qu’Achille, Hector, Priam, Ulysse, Agamemnon, sont des Grecs : beautés qui ne tiennent point absolument à l’idiome primitif, puisqu’elles sont belles et attachantes dans tous les idiomes ; au lieu qu’une grande partie du charme des poètes anciens dépend de l’harmonie du vers et du choix heureux de l’expression, mérite qui disparaît presque entièrement dans une traduction, quelque bien faite qu’elle soit d’ailleurs. […] Il est certain que les poètes hébreux ont fait ce que font, ce que doivent faire les écrivains qui transportent dans leurs ouvrages la nature telle qu’elle s’offre à leurs yeux, et font, dans ce qui les environne, le choix des accidents les plus heureux, des rapports les plus harmoniques. […] Quelle sera donc la supériorité de son mérite, si le climat heureux de la Grèce, si le beau ciel de l’Italie n’ont rien inspiré qui surpasse, rien qui égale les accords des chantres de Sion, soit qu’ils soupirent ses revers, soit qu’ils célèbrent ses triomphes !

27. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Pascal. (1623-1662.) » pp. 35-39

Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre3 ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais. […] Il n’y a que la religion chrétienne qui rende l’homme aimable et heureux tout ensemble3. […] Cousin, qui parle ainsi dans son remarquable ouvrage sur les Pensées de Pascal : « Il est venu à cette heureuse époque de la littérature et de la langue où l’art se joignait à la nature dans une juste mesure pour produire des œuvres accomplies. […] Les enfants sont, à cet égard, plus heureux que les hommes faits : « Ils n’ont, dit La Bruyère, ni passé ni avenir ; et, ce qui ne nous arrive guère, ils jouissent du présent. » 3.

28. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fléchier 1632-1710 » pp. 84-88

Il sait assortir les nuances du sentiment et de la pensée, caresser l’oreille, et charmer l’esprit par l’heureux choix des mots et l’harmonie d’une période savante. […] Si nous le considérons selon la nature, c’est un feu qu’une maladie et qu’un accident amortissent sensiblement ; c’est-un tempérament délicat qui se dérègle, une heureuse conformation d’organes qui s’usent, un assemblage et un certain mouvement d’esprits6 qui s’épuisent et qui se dissipent ; c’est la partie la plus vive et la plus subtile de l’âme qui s’appesantit, et qui semble vieillir avec le corps ; c’est une finesse de raison qui s’évapore, et qui est d’autant plus faible et plus sujette à s’évanouir, qu’elle est plus délicate et plus épurée. […] Lettre de premier de l’an Fléchier, évêque de Nîmes, a madame C*** Quand je vous souhaite, Madame, au commencement de cette année, une longue suite de jours heureux, j’entends des jours de salut et de bénédictions spirituelles. […] Il a de la droiture dans le sens, de l’ordre dans le discours et dans les choses, de l’arrangement dans les paroles, et une heureuse facilité, qui est le fruit d’une longue étude.

29. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Florian 1755-1794 » pp. 473-479

La vie Florian fut un homme heureux, un talent facile et riant que tout favorisa, dès son entrée dans le monde et dans la vie ; mais il écrivit ces vers en 1793, sous la terreur, en prison, un an avant sa mort. […] Heureux temps où des enfants lisaient le bon Rollin, aujourd’hui si délaissé de tous les âges ! […] Avant le temps où Florian exprimait déjà dans cette fable ses craintes et ses inquiétudes, et combattait les optimistes de 1789, en des jours plus heureux et plus confiants, il partageait ses fables entre les deux moralités que j’ai indiquées, la moralité privée et la moralité politique, faisant dans l’une la leçon aux individus, comme s’il espérait la corriger, et faisant dans l’autre la leçon au gouvernement et à la société, comme s’il espérait les réformer. […] Florian fut un homme heureux, un talent facile et riant que tout favorisa, dès son entrée dans le monde et dans la vie ; mais il écrivit ces vers en 1793, sous la terreur, en prison, un an avant sa mort.

30. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 277-290

En même temps, par un singulier contraste, c’est lui qui a le mieux réussi dans la poésie légère, heureux si l’enjouement et la malice, qu’il prodigue en badinant, n’eussent pas offensé trop souvent la religion, la morale et la vertu. Doué de tous les genres d’esprit, de celui des affaires presque autant que de celui des lettres, Voltaire acquit par des spéculations heureuses non moins que par ses travaux une fortune considérable qui augmenta sa puissance. […] … Madame… Nérestan… Soutiens-moi, Châtillon… Nérestan, si je dois vous nommer de ce nom, Avez-vous dans le sein la cicatrice heureuse Du fer dont à mes yeux une main furieuse1… Nérestan. […] heureux moments ! […] Il y a de plus, dans ce tableau d’une nature paisible et heureuse, opposé aux scènes de douleur et de guerre qui suivent, un contraste d’un effet puissant sur l’imagination.

31. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Malherbe se prive des heureux effets qu’à l’exemple de Marot en tireront. […] Il est, à part quelques heureuses exceptions, sec et prosaïque partout où il s’inspire de la Réforme. […] Bien heureux est qui apporte la sceut, Et plus heureux celuy qui la receut ! […] O vin heureuse, o bien heureuse mort94 ! […] On les lui rendit ; il les accepta en homme d’esprit, désarma toute colère, et, heureux jusqu’au bout, il s’endormit et mourut sous les fleurs sans épines que ses vainqueurs, généreux sans danger, jetèrent sur sa tombe.

32. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre II. Éloge de Démosthène par Lucien. »

Naturel heureux, génie ardent, sagesse dans les conseils, vigueur dans l’exécution, désintéressement dans les circonstances les plus délicates, justice, humanité, prudence, il a tout réuni à un degré éminent ; et il n’est pas un de ces points où le panégyriste ne courre le danger de rester au-dessous de son sujet ». […] Telle est donc l’heureuse influence des hommes supérieurs, que lors même que les siècles ont dégénéré, leur seule idée réveille et ranime pour un moment quelques étincelles, du moins, des vertus ou des talents qui les ont immortalisés ! […] On sait d’ailleurs que l’idée première et le plan dramatique de l’éloge de Marc-Aurèle, furent fournis à Thomas par Diderot, dont la tête ardente concevait et communiquait avec chaleur aux autres des idées infiniment heureuses, qu’il n’eut ni la patience, ni peut être le talent de mettre lui-même en œuvre.

33. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lebrun Né en 1785 » pp. 498-505

Heureux, qui dès le temps de son adolescence, A connu cette ivresse, en abreuva son cœur ! […] Parmi tous ces débris, où j’ai souvent erré, Où j’ai joué, souffert, aimé, rêvé, pleuré, Mon heureuse jeunesse, en vingt lieux dispersée Soudain de toutes parts remonte à ma pensée1. […] On fut heureux. […] Heureuse la nécessité Qui nous condamne à la sagesse, Et qui de notre petitesse Nous fait une sécurité1 !

34. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Montesquieu. (1689-1755.) » pp. 130-139

Je vivrai heureux ; que m’importe que les autres le soient ? […] Ils travaillaient avec une sollicitude commune pour l’intérêt commun ; ils n’avaient de différends que ceux qu’une douce et tendre amitié faisait naître ; et, dans l’endroit du pays le plus écarté, séparés de leurs compatriotes indignes de leur présence, ils menaient une vie heureuse et tranquille : la terre semblait produire d’elle-même, cultivée par ces vertueuses mains. […] Le jeune peuple qui s’éleva sous leurs yeux s’accrut par d’heureux mariages : le nombre augmenta, l’union fut toujours la même ; et la vertu, bien loin de s’affaiblir dans la multitude, fut fortifiée au contraire par un plus grand nombre d’exemples. […] On allait au temple pour demander les faveurs des dieux : ce n’était1 pas les richesses et une onéreuse abondance ; de pareils souhaits étaient indignes des heureux Troglodites ; ils ne savaient les désirer que pour leurs compatriotes ; ils n’étaient au pied des autels que pour demander la santé de leurs pères, l’union de leurs frères, l’amour et l’obéissance de leurs enfants. […] Dans ce pays heureux, la cupidité était étrangère ; ils se faisaient des présents où celui qui donnait croyait toujours avoir l’avantage.

35. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

Une pensée à peu près semblable produit, dans le même historien, un plus heureux effet. […] On n’emploie cette coupe que très rarement, mais elle produit le plus heureux effet. […] Son expression est si heureuse, qu’avec un seul mot ou une seule épithète, il peint à l’imagination. […] J’avoue cependant qu’il me semble qu’Homère fut moins heureux que Virgile dans le choix de son sujet. […] L’intervention des dieux jette dans les batailles une heureuse variété.

36. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

D’ailleurs, y a-t-il quelque heureux génie, assez riche pour trouver tout dans son propre fonds, assez vigoureux pour croître de lui-même, et se soutenir sans appui ? […] Mais que les grands, que les heureux du monde, à qui tout rit, et que les joies et les plaisirs accompagnent partout, prétendent tirer de leur félicité même un privilège qui excuse leurs chagrins bizarres et leurs caprices ? qu’il leur soit plus permis d’être fâcheux, inquiets, inabordables, parce qu’ils sont plus heureux ? […] Tels sont les heureux effets de l’éloquence, lorsque l’orateur est reconnu pour un homme non moins vertueux qu’éclairé. […] La fortune, surtout, se croit en droit de s’en attribuer la plus grande partie, et se regarde presque comme la seule et unique cause des heureux succès.

37. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

Mais son objet principal, celui que l’écrivain doit avoir surtout en vue, est de mettre sa pensée dans tout son jour ; et peu importe alors de quels objets la comparaison est tirée : elle est heureuse, toutes les fois qu’elle est juste, et la propriété est surtout ce que l’on a droit d’exiger ici. […] Les comparaisons du genre gracieux ne sont ni moins fréquentes, ni moins heureuses dans les livres saints. […] De ses triomphantes années Le temps respectera le cours, Et d’un long ordre d’heureux jours Ses vertus seront couronnées. […] Il serait difficile de trouver dans toute l’antiquité, si riche cependant en fictions morales, une prosopopée plus heureuse, plus noble et plus belle, sous tous les rapports, que celle de la Sagesse, personnifiée par Salomon, et si souvent introduite dans ses ouvrages. […] quelle heureuse réunion des pensées les plus fortes et des images les plus poétiques.

38. (1873) Principes de rhétorique française

de vos premiers ans l’heureuse expérience Vous fait-elle, seigneur, haïr votre innocence ? […] Pour que le méchant fût heureux, il faudrait qu’il oubliât qu’il existe un Dieu.     […] Ni l’or, ni la grandeur ne nous rendent heureux. […] Il est un heureux choix de mots harmonieux. […] Le pampre et l’épi sont les plus heureux termes de comparaison avec une jeune fille.

39. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) «  Chapitre XXIV. des figures. — figures par rapprochement d’idées opposées  » pp. 339-352

« Qui ne sait qu’elle fut admirée dans un âge où les autres ne sont pas encore connues ; qu’elle eut de la sagesse dans un temps où l’on n’a presque pas encore de la raison ; qu’on lui confia les secrets les plus importants , dès qu’elle fut en âge de les entendre ; que son naturel heureux lui tint lieu d’expérience dès ses plus tendres années, et qu’elle fut capable de donner des conseils en un temps où les autres sont à peine capables de les recevoir ?  […] Les heureux paradoxismes de ce genre sont une des formes antithétiques les plus ingénieuses. […] Ainsi ces paroles du Lutrin où la Mollesse, en regrettant l’heureux siècle des rois fainéants, fait le plus bel éloge de la triomphante activité de Louis XIV ; ainsi plusieurs passages du même Boileau dans ses Epîtres au roi, Grand roi, cesse de vaincre, ou je cesse d’écrire, etc. […] Ce n’est qu’en faisant des heureux. que les grands peuvent être heureux eux-mêmes, car toutes les autres jouissances qu’ils croiraient pouvoir retirer de leurs grandeurs sont toujours accompagnées de maux ou d’inconvénients qui changent en tourments les plaisirs qu’ils espéraient.

40. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

De pauvre on devient riche, et d’heureux misérable. […] « Ô jour trois fois heureux ! […] Vous méritiez, ma fille, un père plus heureux. […] Verra-t-on à l’autel votre heureuse famille ? […] Il y a dans toutes ces petites poésies, produits d’un heureux loisir, de l’originalité, du style, de l’esprit et de la science.

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