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150. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IX. Poésies fugitives. »

Quant à son temps, bien sut le dispenser : Deux parts en fit, dont il soulait74 passer L’une à dormir et l’autre à ne rien faire. […] On ne peut guère rapporter qu’à l’épigramme prise dans le sens le plus général deux ou trois petites pièces de poésie où l’on donne quelque chose à deviner, savoir, l’énigme, la charade et le logogriphe. […] On affecte souvent dans l’énigme, afin de dérouter le lecteur, d’embrouiller le sens par des idées en apparence contradictoires, et qui s’expliquent pourtant très bien lorsqu’on sait le mot. […] Il y a autant d’espèces de chansons qu’il y a de sentiments divers qui peuvent inspirer les poètes : chansons patriotiques, guerrières, historiques, champêtres, etc. ; mais, en général, on les rattache aux trois espèces les plus nombreuses, savoir : les chansons érotiques, les bachiques, et les satiriques, autrement nommées vaudevilles. […] « Bon ermite, assis sur la pierre, Disait-elle, dans ta prière                 Souviens-toi                     De moi. » Advint qu’en sa route orageuse, Je ne sais quel pressentiment Troubla la belle voyageuse, Qui soupira profondément.

151. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Rochefoucauld, 1613-1680 » pp. 32-37

Là, il est souvent invisible à lui-même ; il y conçoit, il y nourrit et y élève, sans le savoir, un grand nombre d’affections et de haines : il en forme de si monstrueuses que, lorsqu’il les a mises au jour, il les méconnaît ou ne peut se résoudre à les avouer. […] Observons le lieu, l’occasion, l’humeur où se trouvent les personnes qui nous écoutent ; car, s’il y a beaucoup d’art à savoir parler à propos, il n’y en a pas moins à savoir se taire. […] je croyois que vous étiez au milieu des pompes et des félicités de la cour, et je n’ai rien su de l’état où vous avez été ; personne assurément n’a osé me l’apprendre ; cette excuse est bonne pour me justifier auprès de vous, mais elle ne me justifie pas auprès de moi ; et mon cœur, qui me dit tant de belles choses de vous, devroit bien aussi me dire quand vous êtes malade. […] Je ne sais si le remède n’est point pire que le mal et si je ne vous prierai point à la fin de me laisser ma goutte.

152. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre V. — De l’Action »

C’est la nature qui nous donne la voix, cet organe précieux qui sait pénétrer jusqu’au fond du cœur de nos semblables et y porter la joie, la douleur, en un mot toutes les émotions possibles. […] Comment ne pas admirer les muets qui, à défaut de la parole, savent si bien exprimer leurs sentiments par des gestes ? […] C’est cette inégalité de gestes, cette variété d’inflexions de la voix, cette mobilité du visage et de la physionomie qui sont, pour l’orateur qui sait en faire usage, autant d’auxiliaires puissants pour son éloquence. […] Massillon, quel était son meilleur sermon : « C’est celui que je sais le mieux, répondit-il. » Et effectivement, la mémoire s’embarrasse-t-elle au milieu du plus beau discours, au milieu d’un passage éloquent, l’orateur devient un tourment pour son auditoire ; tandis qu’une mémoire sûre d’elle-même débite des choses ordinaires, mais avec assurance, avec aisance, et tous les auditeurs admirent des paroles qui paraissent couler de source.

153. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Voiture 1598-1648 » pp. 15-17

Toutefois, bien qu’il ait « placé sa fortune en viager1 », on ne saurait lui refuser la grâce, le caprice, l’étincelle, le don de l’à-propos, l’art de rendre des riens agréables. […] Je vous avoue franchement qu’au commencement j’étais en doute, et que je ne savais si c’était vous ou les chevaux de poste qui me tourmentiez. […] Sachez-moi gré, s’il vous plaît, de cela ; car je vous assure qu’il en est encore plus que je n’en dis, et que je suis autant que je dois votre très-respectueux serviteur2. […] Ses lettres et ses poésies légères sont, au dix-septième siècle, un monument unique où brillent les qualités les plus rares, infiniment d’esprit, une verve comique inépuisable qui part et jaillit à tout propos, une hardiesse qui se permet tout, avec un art qui sait tout dire. » 3.

154. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

Tout se tient dans la nature : jamais on ne sait bien une chose qnand on ne sait qu’elle seule. […] Jourdain faisait de la prose sans le savoir. […] Que sert de le savoir, s’il est inévitable ? […] L’orateur ne saurait assez méditer ce chapitre, qui est un des plus beaux de l’ouvrage. […] L’auditeur veut d’abord être mis au fait et savoir de quoi il s’agit.

155. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

Mais vous avais-je fait serment de le trahir, D’en faire un Empereur qui ne sût qu’obéir ? […] Ma muse, en l’attaquant, charitable et discrète, Sait de l’homme d’honneur distinguer le poète. […] Mais Louis d’un regard sait bientôt la fixer : Le destin à ses yeux n’oserait balancer. […] C’est Rhadamisthe lui-même qui parle : Et que sais-je, Hiéron ? […] Dans ce cruel séjour sais-je ce qui m’entraîne ?

156. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Joubert 1754-1824 » pp. 214-217

Il y a, dans l’entrevue de ce petit Mignon avec l’Empereur, des circonstances qu’on est bien aise de savoir, et qu’il raconte avec une grande naïveté : cet élan d’un enfant, cette botte saisie, cette jambe héroïque secouée, et l’entretien qui s’établit : « — Que me demandes-tu ?  […] Vous savez quelle était la puissance de cette formalité chez les Orientaux, dont l’Empereur aime les mœurs et les manières ; c’est là jurer par le Styx4. La pudeur La pudeur est on ne sait quelle peur attachée à notre sensibilité, qui fait que l’âme, comme la fleur, son image, se replie et se recèle en elle-même, tant qu’elle est délicate et tendre, à la moindre apparence de ce qui pourrait la blesser par des impressions trop vives ou des clartés prématurées. […] On ne saurait sourire plus agréablement à son mal.

157. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre III. du choix du sujet. » pp. 38-47

Sans doute, il faut une grande latitude à l’artiste ; sa carrière doit être vaste et variée, ses allures franches et libres ; il est presque toujours le meilleur juge de sa capacité et de sa spécialité ; généralement nul ne sait mieux que lui … Quid ferre recusent, Quid valeant humeri ? […] En vain nous crie-t-on que « l’on ne sait pas en quoi sont faites les limites de l’art ; que de géographie précise du monde intellectuel, on n’en connaît pas ; qu’on n’a pas encore vu les cartes routières de l’art avec les frontières du possible et de l’impossible tracées en rouge et en bleu ; qu’enfin on a fait cela parce qu’on a fait cela. » Sophismes ! […] « Je me souviens, dit quelque part Montesquieu, qu’en sortant d’une pièce intitulée Esope à la cour, je fus si pénétré du désir d’être plus honnête homme que je ne sache pas avoir formé une résolution plus forte. » Honneur à Boursault qui sut choisir un sujet assez moral pour inspirer un si beau désir à une si belle âme ! […] Vous qui savez, dira la critique, combien la moralité, outre sa valeur intrinsèque, contribue puissamment à l’effet d’un écrit, pourquoi vous être privé de cet énergique élément de succès ?

158. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — L. Racine. (1692-1763.) » pp. 267-276

De l’éclat de ses fruits justement enchanté, Ne méprise jamais ces plantes sans beauté : Troupe obscure et timide, humble et faible vulgaire, Si tu sais découvrir leur vertu salutaire, Elles pourront servir à prolonger tes jours. […] Et pourquoi ces oiseaux, si remplis de prudence, Ont-ils de leurs enfants su prévoir la naissance ? […] Des racines des monts qu’Annibal sut franchir, Indolent Ferrarais, le Pô va t’enrichir. […] Ce jeune homme, qui peu auparavant « avait quitté les muses pour le commerce », fut, comme on sait, l’une des victimes du tremblement de terre arrivé à Lisbonne en 1755. […] Dans les morceaux mêmes que nous avons cités, on ne saurait dire que l’inspiration soit toujours soutenue.

159. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre V. Panégyrique de Louis XV, par Voltaire. »

Ce fut l’expression naïve de ce caractère simple, qui, n’ayant de faste ni dans la vertu ni dans la gloire, savait à peine que sa grande âme était connue ». […] Qui ne sait à quel excès la présence du souverain enflamme notre nation, et avec quelle ardeur on se dispute l’honneur de mourir ou de vaincre à ses yeux ? […] « On ne sait que trop quelles funestes horreurs suivent les batailles ; combien de blessés restent confondus parmi les morts ; combien de soldats, élevant une voix expirante pour demander du secours, reçoivent le dernier coup de la main de leurs propres compagnons, qui leur arrachent de misérables dépouilles couvertes de sang et de fange ; ceux mêmes qui sont secourus, le sont souvent d’une manière si précipitée, si inattentive, si dure, que le secours même est funeste : ils perdent la vie dans de nouveaux tourments, en accusant la mort de n’avoir pas été assez prompte. […] Je sais qu’il a un frère dans l’état ecclésiastique ; donnez-lui le premier bénéfice, s’il en est digne, comme je le crois ».

160. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Silvestre de Sacy Né en 1804 » pp. 271-274

Tous les moments qu’ils avaient de libres, ils les passaient dans leur chère bibliothèque, dans ce petit sanctuaire où l’on n’était pas admis sans difficulté, et où je suis entré une seule fois, il y a déjà bien des années, Dieu sait avec quel respect ! Je crois bien qu’ils ne lisaient pas toujours dans ces beaux volumes, et qu’ils se contentaient souvent du très-grand et très-légitime plaisir de les regarder d’un œil d’amateur, de les ranger, de les manier, de les épousseter, jouissances délicieuses, je le sais, et que je permets au bibliophile, pourvu qu’il lise ou qu’il ait au moins l’intention de lire. […] Ils n’ont sur nous qu’un avantage, c’est que tous les livres leur sont bons pourvu qu’ils soient beaux, et que, sans savoir un mot de latin ou de grec, ils achètent hardiment un Homère de Clarke ou un Virgile de Heyne. […] Tant qu’il y aura des hommes sur la terre, ils voudront savoir d’où ils viennent et où ils vont ; ils mettront donc au premier rang la religion et la philosophie.

161. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 277-290

Louis au milieu d’eux, du haut du firmament, Vint contempler Henri dans ce fameux moment, Vint voir comme il saurait user de la victoire, Et s’il achèverait de mériter sa gloire. […] Le maître de ces lieux, le puissant Orosmane, Sait connaître, seigneur, et chérir la vertu. […] sais-tu quelle est ta mère ? […] Tu ne saurais marcher dans cet auguste lieu, Tu n’y peux faire un pas, sans y trouver ton Dieu ; Et tu n’y peux rester sans renier ton père, Ton honneur qui te parle et ton Dieu qui t’éclaire. […] On sait que le titre primitif de cette épopée fut la Ligue ou Henri le Grand.

162. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Cette même Phèdre s’exprime ainsi dans Racine :                                            Je sais mes perfidies, Œnone, et ne suis point de ces femmes hardies Qui goûtant dans le crime une tranquille paix, Ont su se faire un front qui ne rougit jamais. […] Un grand orateur, par exemple, trace, dans un beau discours, des règles de conduite, auxquelles on sait qu’il ne conforme pas ses actions : il entraîne, il subjugue ses auditeurs par la chaleur et la force de son éloquence. […] Un des plus dangereux, c’est la présomption, cette sorte d’esprit avantageux qui leur persuade qu’ils savent tout, et qui les rend affirmatifs sur les choses mêmes qu’ils ont le moins examinées. […] Le sénat le sait, le consul le voit ; et ce traître respire ! […] Mais lorsqu’on lit, ou qu’on entend le récit des guerres et des batailles, il arrive, je ne sais comment, que l’admiration qu’elles excitent, est en quelque sorte troublée par le cri tumultueux des soldats, et par le son éclatant des trompettes.

163. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXII. des figures. — figures par rapprochement d’idées semblables  » pp. 301-322

si vous saviez combien ils sont empêchés de leur personne, et combien ils sont petits de près, vous les remettriez bientôt à hauteur d’appui. » Voilà, ajoute-t-il, ce que j’appelle une figure préparée. […] Par exemple, quand Mithridate veut prouver que, s’opposant seul aux invasions des Romains, son salut est nécessaire à tous les peuples : Ils savent que, sur eux prêt à se déborder, Ce torrent, s’il m’entraîne, ira tout inonder, Et vous les verrez tous, prévenant son ravage, Guider dans l’Italie ou suivre mon passage. […] Montaigne en est plein, sans parler même des citations positives, qu’il sait fondre si habilement dans son texte. […] Tout le monde sait que Cicéron ne dédaignait pas le mot pour rire, car son affranchi Tiron, ou quelque autre, avait publié trois volumes de ses bons mots et reparties facétieuses. […] Je ne sais si l’habitude de personnification et d’allégorie, qui est la nature même de la fable, n’a pas entraîné parfois la Fontaine à donner la vie, le sentiment, jusqu’aux mœurs de la civilisation à des êtres si essentiellement matériels et passifs, que nous faisons de vains efforts pour nous prêter à l’illusion.

164. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre IV. Continuation du même sujet. Historiens latins. »

Voyez quel parti le génie du grand Corneille a su tirer d’une seule phrase de Tite-Live. […] Voilà ce qu’a dit l’auteur latin, et tout le monde sait par cœur l’imprécation sublime : Rome ! […] Mais cet écrivain, qui sait prêter à ses héros tant de noblesse et de dignité, et nous inspirer tant de vénération pour eux, sait aussi nous attendrir sur leurs revers et pleurer avec nous sur leurs tombeaux. […] Ce que mon bras avait conquis, mon bonheur et ma prudence ont su le conserver. […] Songez qu’on travaille pour ses propres intérêts, en s’occupant de ceux de son frère : l’illustration d’un frère devient pour nous une décoration personnelle, et nulle autre n’en saurait être autant honoré.

165. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Mais Louis d’un regard, sait bientôt la fixer. […] Cette pensée est très délicate : elle laisse plus de choses à entendre, qu’elle n’en dit ; savoir, que Trajan était en effet, et dans le cœur de ses sujets, le père de la patrie, avant qu’il en portât le nom. […] Dieu sait comme les vers chez vous s’en vont couler, Dit d’abord un ami qui veut me cajoler. […] Jonathasd sut profiter de la conjoncture. […] Combien de personnes se servent d’expressions métaphoriques, sans savoir précisément ce que c’est que métaphore !

166. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Casimir Delavigne 1794-1843 » pp. 524-529

Poëte lyrique, il solennisa les événements mémorables de son siècle dans des odes où il sut accommoder des sujets nationaux aux formes de la tradition classique. […] Mais si le temps m’épargne, et si la mort m’oublie, Mes mains, mes froides mains, par de nouveaux concerts Sauront la rajeunir, cette lyre vieillie ; Dans mon cœur épuisé, je trouverai des vers,   Des sons dans ma voix affaiblie ; Et cette liberté, que je chantai toujours, Redemandant un hymne à ma veine glacée,   Aura ma dernière pensée,   Comme elle eut mes premières amours. […] LES LIMBES 3 Comme un vain rêve du matin, Un parfum vague, un bruit lointain, C’est je ne sais quoi d’incertain   Que cet empire ; Lieux qu’à peine vient éclairer Un jour qui, sans rien colorer, A chaque instant près d’expirer,   Jamais n’expire1. […] On ne saurait mettre plus de bonne grâce dans la résignation.

167. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

On sait quelle célébrité elles ont acquise en Angleterre. […] Blair savait y répandre toute la douceur, toute l’aménité de son caractère. […] On doit faire une différence entre imiter et décrire, et ces idées ne sauraient être confondues. […] Nous savons quelle importance les Grecs et les Romains attachaient au langage dans les temps les plus florissants de la république ; nous savons avec quel succès les Français et les Italiens ont cultivé leur langue. […] L’écrivain qui sait mettre de la propriété dans ses expressions évite les deux autres.

168. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre II. Des qualités du style » pp. 79-118

Les qualités générales du style peuvent se réduire à six, savoir : la pureté, la clarté, le naturel, la dignité, la convenance et l’harmonie. […] Racine savait donner de la facilité aux vers qu’il composait le plus difficilement. […] les beaux vers , disait Fontenelle en parlant de vers qui manquaient de variété, mais je ne sais pourquoi je bâille en les lisant. […] Les qualités du style tempéré ou fleuri sont au nombre de trois, savoir : l’élégance, la grâce et la richesse. […] je sais aussi tous les secrets des cieux.

169. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre II. division de la rhétorique. — de l’invention  » pp. 24-37

On peut en dire autant des langues étrangères ; des lectures de toute espèce, si l’on se borne, avare de son temps, aux ouvrages instructifs ou originaux en leur genre ; des voyages, quand l’occasion s’en présente, si l’on sait les utiliser, voir, écouter, étudier la nature et ses merveilles, l’homme, ses mœurs et ses ouvrages. […] Je sais quelle objection on peut me faire, et Rousseau l’a fort bien formulée. […] Puis, quand vous l’avez dégagé de tout ce qui n’est pas lui, attachez-vous, obstinez-vous à sa contemplation, de façon que rien ne vous en puisse distraire, qu’il absorbe toutes vos facultés, qu’il devienne une de ces pensées dominantes, produites parfois en nous, soit par une passion, soit par un événement qui met en jeu notre existence ou nos plus chers intérêts : on ne sait pas assez ce que peut cette habitude de s’identifier avec un sujet. […] Pourvu toutefois que vous sachiez en finir, car la correction interminable est aussi un vice. […] Je ne sais, en définitive, quel est le pire, de trouver bon tout ce qu’on écrit, ou de le trouver mauvais.

170. (1867) Rhétorique nouvelle « Introduction » pp. 2-33

Je pense en effet que l’éloquence ne peut s’apprendre, parce qu’elle est un don naturel que ni l’expérience ni l’étude ne sauraient donner, et qui tient à la délicatesse des organes, à la vivacité des impressions et à la facilité de les exprimer par des images sensibles. […] Voyez dans quelles circonstances leur génie s’est développé : l’étude du passé vous donnera de grandes lumières pour connaître le présent : je ne sais pas de travail plus profitable que la comparaison des mœurs antiques avec celles des temps modernes. […] Qu’est-ce aujourd’hui qu’un avocat qui ne sait que son code ? […] Je sais des gens de robe qui n’ont dans leur bibliothèque que des livres de droit, et qui s’en vantent. […] Vous avez fait, je le sais, d’excellentes études littéraires, n’en perdez pas le fruit.

171. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

On ne saurait pourtant dissimuler qu’il ait voulu avoir l’air de les connaître. […] On sait que M.  […] Telle est la question de savoir qu’est-ce que le commandement, la prière, le récit, la menace et leurs analogues. […] Celles que ne saurait faire un méchant, car elles ont plus de chance d’être louées. […] Ils croient tout savoir et tranchent sur toutes choses.

172. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Le Sage 1668-1747 » pp. 139-143

Vous ne savez pas, continua-t-il en s’adressant à l’hôte et à l’hôtesse, vous ne savez pas ce que vous possédez : vous avez un trésor dans votre maison. […] très-volontiers, s’écria-t-il ; je sais trop bon gré à mon étoile de m’avoir fait rencontrer l’illustre Gil Blas de Santillane, pour ne pas jouir de ma bonne fortune le plus longtemps que je pourrai. […] « Ses sages. » On en compte sept, savoir : Thalès Solon, Bias, Chilon, Cléobule, Pittacus, Périandre.

173. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Nisard Né en 1806 » pp. 296-300

Nisard s’est imposé le devoir périlleux de représenter le respect des traditions et des principes qui sauvegardent l’intégrité du génie français, à savoir la raison, la mesure, la règle, et ce bon sens délicat qui est la substance même de toute éloquence. […] Les plus avisés, ceux devant lesquels on ne dit rien impunément, vont plus loin ; ils savent saisir une ressemblance entre les caractères des hommes et ceux des animaux : j’en sais qui ont cru voir telle de ces fables se jouer dans la maison paternelle. […] Ce temps d’ivresse passé1, quand chacun a trouvé enfin la mesure de sa taille en s’approchant d’un plus grand ; de ses forces, en luttant avec un plus fort ; de son intelligence, en voyant le prix remporté par un plus habile ; quand la maladie et la fatigue lui ont appris qu’il n’y a qu’une mesure de vie ; quand il en est arrivé à se défier même de ses espérances, alors revient le fabuliste qui savait tout cela, qui le lui dit et qui le console, non par d’autres illusions, mais en lui montrant son mal au vrai, et tout ce qu’on en peut ôter de pointes par la comparaison avec le mal d’autrui.

174. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

Non, sans doute ; mais Fénelon avait médité les anciens, et il avait su tirer profit de leur lecture. […] Or, nous savons que Dieu est éternel : Concl. […] On pourrait appliquer le même raisonnement à ces vers de La Fontaine : Les délicats sont malheureux : Rien ne saurait les satisfaire. […] Filon, a su tracer le caractère de certaines passions avec autant de supériorité que d’éloquence. […] C’étaient de toutes parts des bruits confus de gens qui se poussaient les uns les autres, qui ne pouvaient s’entendre, qui prenaient dans ce trouble un inconnu pour leur ami, et qui couraient sans savoir où tendaient leurs pas.

175. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

Jourdain avait, pendant quarante ans, fait de la prose sans le savoir, bien des gens sans doute ont employé fort à propos des expressions métaphoriques, sans savoir ce que c’est qu’une métaphore. […] Mais vous avais-je fait serment de le trahir, D’en faire un empereur qui ne sût qu’obéir ? […] Ces cyprès sont si loin qu’on ne sait si c’en sont. […] Sait aussi des méchants arrêter les complots. […] Jonathas sut profiter de la conjoncture.

176. (1811) Cours complet de rhétorique « Notes. »

Nous lui savons quelque gré de n’avoir point enveloppé dans la proscription le discours sur les Grecs anciens et modernes. […] L’on sait cependant (et qui le savait mieux que M. de La Harpe) ? […] Peu de temps après, le Génie du christianisme étonna par la grandeur de son objet et la richesse d’un plan qui embrassait sans effort une prodigieuse variété de connaissances en tout genre : on y admira surtout le parti que l’imagination et la sensibilité de l’auteur avaient su tirer d’un sujet qui semblait ne devoir offrir que des discussions arides, que des raisonnements secs et abstraits ; et on lui sut gré de nous avoir donné un cours presque complet d’histoire naturelle, de poésie, d’éloquence, une poétique enfin de tous les beaux arts, au lieu de traités théologiques sur la nécessité et la vérité de la religion chrétienne. […] On sait trop quel jargon scientifique, quelle morale sèche et guindée remplacèrent le langage de la raison et de la science ; et quelle langue barbare, quel néologisme ridicule succédèrent au langage harmonieux que la poésie avait prêté un moment aux sciences naturelles. […] Cette brillante déesse qui l’avait si souvent et si bien inspiré, n’abandonna pas son poète dans cette nouvelle carrière, et l’on sait tout le parti qu’il tira d’un sujet stérile pour tout autre par sa fécondité même, et d’autant plus périlleux que l’éclat en couvrait mieux le danger.

177. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Buffon, 1707-1788 » pp. 282-302

Au milieu de la vie tumultueuse d’un siècle dissipé, Buffon avait su s’isoler. […] Ces écrivains n’ont point de style, ou, si l’on veut, ils n’en ont que l’ombre : le style doit graver des pensées ; ils ne savent que tracer des paroles. […] Mais il faut avoir tout vu, tout pénétré et tout embrassé, pour savoir la place précise de chaque mot. » (Fénelon, Lettre à l’Académie, IV, Projet de rhétorique.) […] Rappelons ici quelques lignes de Condorcet : « M. de Buffon, dit-il, est poëte dans ses descriptions ; mais, comme les grands poëtes, il sait rendre intéressante la peinture des objets physiques en y mélant avec art des idées morales qui agissent sur l’âme, en même temps que l’imagination est amusée ou étonnée. » 2. […] Or, est-il que la guerre est du tout contraire à ce que j’ay dit, et les hommes guerriers ennemis jurez de cette vie-là Ainsi est-il impossible de voir une république fleurissante en religion, justice, charité, intégrité de vie, et brief, en toutes sciences libérales et arts méchaniques, si les citoyens ne jouissent d’une paix très-haute et assurée, qui toutefois est la ruine des hommes de guerre, desquels on ne sait ny mise ny receptes, non plus que de leurs outils, quand on est en bonne paix.

178. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — A. Chénier. (1762-1794.) » pp. 304-312

On sait que Roucher, l’auteur des Mois, périt avec lui, et que tous deux, allant au supplice, consolèrent leurs derniers moments en récitant la première scène de l’Andromaque de Racine. […] Dans ce généreux ami d’une liberté réglée par les lois, qui, aux jours de la captivité, trouva de si fiers et de si tendres accents, on ne saurait dire si le talent ou le courage a le plus de droits à nos hommages. […] Mais pauvre, et n’ayant rien pour payer mon passage, Ils m’ont, je ne sais où, jeté sur le rivage. […] Vous savez tout, vous déesses : et nous, Mortels, ne savons rien qui ne vienne de vous. » Il poursuit ; et déjà les antiques ombrages Mollement en cadence inclinaient leurs feuillages ; Et pâtres oubliant leur troupeau délaissé, Et voyageurs quittant leur chemin commencé, Couraient.

179. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Molière. (1622-1673.) » pp. 29-34

Mais je ne sais quel temps je pourrai prendre ; car, outre le maître d’armes qui me montre, j’ai arrêté encore un maître de philosophie qui doit commencer ce matin. […] Sans la danse, un homme ne saurait rien faire. […] Tous les malheurs des hommes, tous les revers funestes dont les histoires sont remplies, les bévues des politiques, les manquements2 des grands capitaines, tout cela n’est venu que faute de savoir danser. […] Et faire un mauvais pas peut-il procéder d’autre chose que de ne savoir pas danser ?

180. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Villemain 1790-1870 » pp. 251-256

Il excelle à tracer des tableaux littéraires où l’on admire un savoir attrayant, des vues élevées, des idées libérales, de l’indépendance, de la modération, des anecdotes racontées finement, des rencontres imprévues qui piquent la curiosité, l’art d’aiguiser en ironie la fin d’un compliment, un goût délicat et sûr, un coloris poli et nuancé, un bon sens rapide et revêtu de grâce. […] Je sais qu’il est un goût acquis par l’étude, la lecture et la comparaison, et je ne prétends pas en nier l’empire ni le mérite. […] Voilà le goût classique ; qu’il soit sage sans être timide, exact sans être borné3 ; qu’il passe à travers les écoles moins pures de quelques nations étrangères, pour se familiariser avec de nouvelles idées4, se fortifier dans ses opinions, ou se guérir de ses scrupules5 ; qu’il essaye, pour ainsi dire, les principes sur une grande variété d’objets ; il en connaîtra mieux la justesse, et, corrigé d’une sorte de pusillanimité sauvage, il ne s’effarouchera pas de ce qui paraît nouveau, étrange, inusité ; il en approchera, et saura quelquefois l’admirer1. […] Je sais que cette pureté, et en même temps cette indépendance de goût supposent une supériorité de connaissances et de lumières qui ne peut exister sans un talent distingué ; mais je crois aussi que la perfection du goût dans l’absence du talent4, serait une contradiction et une chimère.

181. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE III. De la disposition des mots qui composent le discours. » pp. 78-143

Ou l’on veut savoir quel est celui qui a vaincu Darius. […] Veut-on savoir, dit Cicéron, combien il importe de donner à chaque mot la place qui lui convient ? […] Je ne sais quelles louanges vous accorder. […] C'est d’ailleurs le beau, le principal caractère qu’il a su donner à son héros, pius Æneas. […] Les gestes ne sauraient être gracieux, s’ils n’avaient leur temps, leur degré, leur variation, leur inflexion, leurs rapports.

182. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Introduction. » p. 4

. — Il y a dix-neuf consonnes ; savoir : b, c, d, f, g, h, j, k, l, m, n, p, q, r, s, t, v, x, z. […]   8. — Pour marquer les différentes sortes d’e, et les voyelles longues, on emploie trois petits signes que l’on appelle accents ; savoir, l’accent aigu (ˊ) qui se met sur les é fermés, bonté ; l’accent grave (`) qui se met sur les è ouverts, accès ; et l’accent circonflexe (^) qui se met sur la plupart des voyelles longues, apôtre.   9. — Il y a en français dix sortes de mots qu’on appelle les parties du discours ; savoir : le Nom, l’Article, l’Adjectif, le Pronom, le Verbe, le Participe, la Préposition, l’Adverbe, la Conjonction et l’Interjection.

183. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Un jour sur ses longs pieds allait, je ne sais où, Le héron au long bec emmanché d'un long cou. […] Ainsi que ce vieillard j'ai langui dans les fers : Qui ne sait compatir aux maux qu'on a soufferts ? […] Enfin, le poëte peut supprimer une lettre finale, si cette lettre est inutile pour la prononciation d'un mot ; il peut écrire : je sai, joi, Londre, etc. […] La satire signale les vices et les ridicules, et venge la piété, la vertu et le savoir. […] Sais-tu quelle est ta mère ?

184. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Pascal. (1623-1662.) » pp. 35-39

On ne s’en étonnera pas, s’il est vrai, comme il faut le reconnaître avec Vauvenargues, « qu’il ait été l’homme de la terre qui sut mettre la vérité dans un plus beau jour et raisonner avec le plus de force ». […] L’homme ne sait pas vivre dans le présent. […] Ils ne savent ni quel est votre véritable bien, ni quel est votre véritable état. […] L’homme ne sait à quel rang se mettre.

185. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Descartes, 1596-1650 » pp. 9-14

Je ne saurais aucunement approuver ces humeurs brouillonnes et inquiètes, qui, n’étant appelées ni par leur naissance ni par leur fortune au maniement des affaires publiques, ne laissent pas d’y faire toujours en idées1 quelque nouvelle réformation ; et si je pensais qu’il y eût la moindre chose en cet écrit par laquelle on me pût soupçonner de cette folie, je serais très-marri2 de souffrir qu’il fût publié. […] Je ne sais comment vous pourriez tant aimer l’air d’Italie, avec lequel on respire si souvent la peste, et où toujours la chaleur du jour est insupportable4, la fraîcheur du soir malsaine, et où l’obscurité de la nuit couvre des larcins et des meurtres. […] Si c’est pour votre propre intérêt, il est certain que vous la pouvez mieux réparer que l’autre, en ce que l’acquisition d’un fidèle ami peut autant valoir que l’amitié d’un bon frère1 ; et si c’est pour l’intérêt de celui que vous regrettez, comme sans doute votre générosité ne vous permet pas d’être touché d’autre chose, vous savez qu’il n’y a aucune raison ni religion qui fasse craindre du mal après cette vie à ceux qui ont vécu en gens d’honneur, mais qu’au contraire l’une et l’autre leur promettent des joies et des récompenses. […] Du reste, on ne saurait être nulle part plus libre que dans les grandes villes.

186. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre X. Petits poèmes. »

Il a su d’ailleurs réunir toutes les qualités, le piquant et le doux, la naïveté, les images choisies, des sentiments doux et tendres, des vers aisés, coulants, harmonieux, les expressions simples, quelquefois riches, toujours vraies. […] Il sait régler ses goûts, ses travaux, ses plaisirs, Mettre un but à sa course, un terme à ses désirs. […] Je veux savoir de lui par quels secrets mystères Ce pain, cet aliment dans mon corps digéré, Se transforme en un lait doucement préparé ? […] On sait quelle est la vitesse de l’esprit. […] Malherbe sait prendre tous les tons : nous l’avons vu tendre, gracieux, dans son Élégie à Duperrier ; il est impétueux quand la matière le demande.

187. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVIII. des qualites essentielles du style. — harmonie  » pp. 240-256

A la veille d’un si grand jour et dès la première bataille, il est tranquille, tant il se trouve dans son naturel ; et l’on sait que le lendemain, à l’heure marquée, il fallut réveiller d’un profond sommeil cet autre Alexandre. […] Restait cette redoutable infanterie de l’armée d’Espagne dont les gros bataillons serrés, semblables à autant de tours, mais à des tours qui sauraient réparer leurs brèches, demeuraient inébranlables au milieu de tout le reste en déroute, et lançaient des feux de toutes parts. […] la belle chose que de savoir quelque chose !  […] — Racine : Je saurai, s’il le faut. victime obéissante, Tendre au fer de Calchas une tête innocente. […] On sait qu’il faut tout de voyelles pour telle consommation de consonnes ; à quel chiffre, par exemple, de p ou d’s porte ordinairement la livraison de telle ou telle autre lettre dans un assortiment d’imprimeur ; tout avait été dans la fonte pondéré et ordonné comme l’indiquent les règles infaillibles de l’expérience.

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