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112. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

L’une des traces les plus regrettables de cet empire, c’est l’ânonnement ridicule qui, dans la bouche de tous nos écoliers, prend le nom de récitation des leçons ; il est impossible de bredouiller les mots d’une façon moins intelligente et plus ennuyeuse. Il faut toute la force de l’habitude prise pour nous rendre insensible à ce ridicule ; mais tous les étrangers qui visitent nos écoles et nos lycées en sont frappés et ne peuvent se défendre de déplorer cet usage ou d’en rire. […] Un peu de suite et de persévérance dans cet exercice quotidien suffit pour réformer des habitudes si ridicules que personne n’oserait les défendre, bien que personne n’ose les attaquer. […] Lire comme un acteur jouerait, avec cris, gestes et mouvements, c’est dépasser le but et tomber dans le ridicule. […] Tout désaccord, toute dissonance est désagréable et ridicule ; évitons l’emphase dans les sujets sublimes, la bouffonnerie dans les sujets plaisants.

113. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre premier. Du genre lyrique » pp. 114-160

Ce genre de poème, en effet, doit toujours être naturel ; par conséquent, il réprouve et les excès de l’imagination, et l’exagération du sentiment, et l’abus de l’esprit, parce que ces défauts ont pour résultat de le rendre froid, fade, langoureux, ou chargé d’ornements frivoles, non moins ridicules que déplacés. […] On doit se contenter d’attaquer les vices et les ridicules généraux, sans donner dans l’odieux des personnalités.

114. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VI. des mœurs  » pp. 75-88

Evitons ces excès ridicules.

115. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) «  Chapitre XXIV. des figures. — figures par rapprochement d’idées opposées  » pp. 339-352

Il y a double, triple figure, interrogation, communication, délibération, prétérition, dans Boileau, lorsque, déterminé à décrire le ridicule accoutrement de la femme avare, et le décrivant en effet, il a l’air d’affirmer qu’il ne le fera pas, tout en demandant à son lecteur s’il doit le faire : Décrirai-je sas bas en trente endroits percés, Ses souliers grimaçants vingt fois rapetassés ?

116. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XII. Abrégé des règles de la versification française. »

De nos jours, les poètes ont voulu réhabiliter l’enjambement, et se sont mis à ronsardiser : ils ont poussé l’excès jusqu’au ridicule, et leur exemple n’a fait que confirmer la règle.

117. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Cousin, 1792-1867 » pp. 492-503

Il est ridicule de le traiter légèrement comme on voudrait le faire aujourd’hui.

118. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — Chapitre II. Du genre pastoral » pp. 96-112

On comprend qu’il serait ridicule de donner aux bergers une imagination aussi hardie et aussi riche qu’à ceux qui ont vécu dans les villes, de leur supposer des pensées brillantes et profondes, des réflexions pompeuses et magnifiques.

119. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

Les orateurs du quinzième et du seizième siècle sont souvent ridicules par leurs longues et interminables citations. […] Les grands efforts, ajoute-t-il, sont toujours plus ou moins près du ridicule, et dans cette matière, lorsqu’on ne fait pas pleurer, on risque beaucoup de faire rire. […] Quand le discours ne doit pas être long et que l’orateur ne doit développer qu’une seule pensée, il serait ridicule de vouloir à tout prix morceler cette pensée en deux ou trois parties. […] Dès lors la passion n’est pas aussi aisée à émouvoir, et l’on paraîtrait ridicule en prenant un ton de véhémence qui ne convient qu’en face d’une grande multitude. […] De là, des mouvements d’éloquence qui seraient ridicules et déplacés dans le barreau moderne.

120. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

Il serait ridicule de dire d’un orateur : C’est un torrent qui s’allume, pour : C’est un torrent qui entraîne. […] Ici, surtout, l’abus touche de près à l’usage ; et avec l’abus commencent la boursouflure, l’extravagance et le ridicule. […] De là, tant de Maisons forcées, peu naturelles, singulières, triviales, ridicules, qui déparent le discours au lieu de l’orner, et qui font regretter souvent que l’écrivain en ait fait usage.

121. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre Ier. Des éléments du style. » pp. 22-78

C’était le défaut de Sénèque, de Pline le Jeune, de Voiture, de Balzac, et de l’Hôtel de Rambouillet dont Molière s’est moqué dans les Précieuses ridicules. […] Il arrive aussi que, dans une langue, l’opinion attache du ridicule ou de la bassesse à des images qui, dans une autre langue, n’ont rien que de noble et de décent.

122. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

Puisque l’âme est immortelle, puisque c’est un ridicule pour le vrai philosophe, et un blasphème pour le chrétien que d’en douter, il n’est pas moins certain qu’un sort quelconque attend dans l’avenir cette âme, quand elle aura brisé les liens qui l’arrêtent ici-bas : l’un est une conséquence indispensable de l’autre.

123. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IX. Poésies fugitives. »

Il faut se contenter d’attaquer les vices et les ridicules généraux, sans jamais donner dans l’odieux des personnalités.

124. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Sévigné 1626-1696 » pp. 52-64

Parce qu’on sait que depuis peu j’aime les vers, on m’en apporte de toutes les façons. » Le maréchal, après avoir lu, dit au Roi : « Sire, Votre Majesté juge divinement de toutes choses5 ; il est vrai que voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j’aie jamais lu. » Le roi se mit à rire, et lui dit : « N’est-il pas vrai que celui qui l’a fait est bien fat ? 

125. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — De Maistre, 1753-1821 » pp. 377-387

Dès que nous nous écartons de la droiture et de la générosité, nous sommes ridicules et déplaisants ; nos mesures sont étroites, nos projets mal concertés, notre maintien même devient aigrefin.

126. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre X. du commencement  » pp. 131-145

La Bruyère a spirituellement tourné en ridicule les défauts des divisions dans la prédication de son temps.

127. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXV. des figures. — figures par développement et par abréviation  » pp. 353-369

« Maladroit que je suis, dit Horace, à propos des poëtes excentriques et chevelus de son temps, car les mêmes ridicules ont reparu à toutes les époques, maladroit que je suis, moi qui fais comme tout le monde, qui me purge à l’approche du printemps ; sans cela, si je ne faisais pas comme tout le monde, je serais réputé le premier des poëtes, nul ne ferait les vers mieux que moi. » — « Si l’on vient pour me voir, dit Tartufe, dites que je n’y suis pas, parce que je vais partager mes deniers aux prisonniers. » En fait d’ellipse de mot, tout le monde se rappelle le fameux vers de Racine dans Andromaque : Je t’aimais inconstant, qu’aurais-je fait fidèle ?

128. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Boileau, (1636-1711.) » pp. 212-225

On sera ridicule, et je n’oserai rire3 !

129. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Rabelais, 1483-1553 » pp. -

S’il fustige d’importance les ridicules et les abus de son temps, il épargne ces géants dont la haute taille indique assez la puissance.

130. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de Montaigne, 1533-1592 » pp. -

On m’a ainsi eslevé : ils disent qu’en tout mon premier aage, je n’ay tasté des verges qu’à deux coups, et bien mollement… C’est aussi folie et injustice de priver les enfants, qui sont en aage, de la familiarité des peres1, et vouloir maintenir en leur endroict une morgue2 austere et desdaigneuse, esperant par là les tenir en crainte et obeïssance : car c’est une farce3 tres inutile, qui rend les peres ennuyeux aux enfants, et, qui pis est, ridicules.

131. (1854) Éléments de rhétorique française

Ce philosophe contrefaisait l’ignorant devant les sophistes de son temps, et, par des questions captieuses, il les faisait tomber dans des contradictions ridicules, ou les réduisait à faire l’aveu de leur ignorance. […] Cependant Cicéron recommande à l’orateur de ne point forcer les effets de sa physionomie : « Il ne faut pas, dit-il, la faire trop agir, la changer sans cesse ; car on risquerait de tomber dans le ridicule ou dans la difformité. » La puissance de la physionomie réside surtout dans les yeux : ce sont les yeux qui doivent être, selon le sentiment qu’on exprime, vifs, calmes, pénétrants, enflammés. […] Sanlecque, a résumé, dans les vers suivants, les principaux défauts à éviter : Surtout n’imitez pas cet homme ridicule, Dont le bras nonchalant fait toujours Je pendule.

132. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

Je vis l’autre jour sur le théâtre un de mes amis qui se rendit ridicule par là. […] Apprends, marquis, je te prie, et les autres aussi, que le bon sens n’a point de place déterminée à la comédie ; que la différence du demi-louis d’or et de la pièce de quinze sous ne fait rien du tout au bon goût ; que debout ou assis on peut donner un mauvais jugement ; et qu’enfin, à le prendre en général, je me fierais assez à l’approbation du parterre, par la raison qu’entre ceux qui le composent il y en a plusieurs qui sont capables de juger d’une pièce selon les règles, et que les autres en jugent par la bonne façon d’en juger, qui est de se laisser prendre aux choses, et de n’avoir ni prévention aveugle, ni complaisance affectée, ni délicatesse ridicule. […] Ce n’est point assez que les mœurs du théâtre204 ne soient point mauvaises, il faut encore qu’elles soient décentes et instructives : il peut y avoir un ridicule si bas et si grossier, ou même si fade et si indifférent, qu’il n’est ni permis au poète d’y faire attention, ni possible aux spectateurs de s’en divertir. […] Ce je ne sais quoi veut et ne veut pas ; il menace, il tremble ; il mêle des hauteurs ridicules avec des bassesses indignes.

133. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Lettre. A un ancien Elève de l’Ecole Militaire de Paris. » pp. 375-399

Vous trouverez d’ailleurs, mon cher ancien élève, dans une foule de bons ouvrages de littérature et d’histoire, d’excellentes maximes touchant les mœurs ; les portraits les mieux frappés des divers caractères ; les peintures les plus ressemblantes des vices, des travers, des ridicules de tous les états ; et ces diverses choses ne feront qu’augmenter et perfectionner vos connoissances sur la morale de l’homme dans la vie civile.

134. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fénelon 1651-1715 » pp. 118-132

Étudiez-le bien ; puis dites-en tout ce qu’il vous plaira ; il4 ne sera plus vrai le moment d’après que vous l’aurez dit : ce je ne sais quoi5 veut et ne veut pas ; il menace, il tremble ; il mêle des hauteurs ridicules avec des bassesses indignes ; il pleure, il rit, il blandine, il est furieux ; dans sa fureur la plus bizarre et la plus insensée, il est plaisant et éloquent, subtil, plein de tours nouveaux, quoiqu’il ne lui reste pas seulement une ombre de raison.

135. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXII. des figures. — figures par rapprochement d’idées semblables  » pp. 301-322

Boileau lui-même n’a-t-il pas dit : Ce n’est pas quelquefois qu’une muse un peu fine Sur un mot, en passant, ne joue et ne badine, Et d’un sens détourné n’abuse avec succès : Mais fuyez sur ce point un ridicule excès… ?

136. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Voltaire, 1694-1778 » pp. 158-174

Si j’osais me compter parmi ceux dont les travaux n’ont eu que la persécution pour récompense, je vous ferais voir des gens acharnés à me perdre, du jour que je donnai la tragédie d’Œdipe ; une bibliothèque de calomnies ridicules imprimées contre moi.

137. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Il a une satire (VIe) contre l’honneur « ce conteur de sornettes » ; il a, comme tous les poètes satiriques, sa satire apologétique (XIe), sa satire littéraire (IXe) ; il a, comme Horace, sa Satire du Fâcheux (VIIIe), comme Horace et Boileau, son Repas ridicule (Xe), comme Juvénal, Vauquelin, Boileau, sa Satire de la Misère des Poètes (IVe).

138. (1852) Précis de rhétorique

Enfin, il faut fuir l’affectation, en n’allant pas chercher des idées étrangères au sujet, et en rejetant sans pitié toutes les tournures prétentieuses, auxquelles on a donné le nom de précieux ridicule. […] Il serait encore ridicule de compter sur ses doigts comme un écolier. […] Si la césure est placée sans goût pour le simple besoin de la phrase, pour obtenir un effet puéril, ridicule, ou pour arrêter la pensée sur un objet horrible, monstrueux, etc., elle manque totalement son but et devient une faute impardonnable.

139. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

Il serait encore ridicule de compter sur ses doigts comme un écolier. […] Si la césure est placée sans goût pour le simple besoin de la phrase, pour obtenir un effet puéril, ridicule, ou pour arrêter la pensée sur un objet horrible, monstrueux, etc., elle manque totalement son but et devient une faute impardonnable.

140. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre III. De la partie oratoire dans les Historiens anciens. Historiens grecs. »

C’est à ce discours que répond Alcibiade, avec le ton tranchant qui lui était familier, et cet excès de confiance qui ne serait que ridicule dans une âme ordinaire, mais qui étonne et subjugue dans un Alcibiade.

141. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Bruyère 1646-1696 » pp. 100-117

Phédon, devenu millionnaire, a bien “l’ample mouchoir” de Giton, et “le fauteuil où il s’enfonce en croisant les jambes l’une sur l’autre” ; mais, s’il prend la plupart des vices et des ridicules du riche, il ne perd pas aussitôt ceux du pauvre, ce qui fait qu’il est un parvenu au lieu d’être un riche.

142. (1867) Rhétorique nouvelle « Deuxième partie. L’éloquence du barreau » pp. 146-

Grâce à la perspective qui relève sa physionomie et sa taille, il peut, sans craindre le ridicule, s’abandonner à tous les transports de la passion, à toutes les inspirations du génie.

143. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre IV. Continuation du même sujet. Historiens latins. »

On y remarque, entre autres, un passage sur l’immortalité de l’âme, qui prouve que les belles âmes et les esprits bien faits n’ont eu, dans tous les temps, qu’un sentiment à cet égard ; et qu’il n’appartenait qu’à la frivolité moderne de traiter ces grands principes de la morale universelle, avec une légèreté qui est du moins ridicule, quand elle ne devient pas dangereusement exemplaire.

144. (1839) Manuel pratique de rhétorique

Il est inutile de dire que des pensées ordinaires ou des images communes exprimées en mots pompeux, ne seraient qu’une emphase ridicule. […] La seconde fois il s’en sert avec finesse pour jeter le ridicule sur la torture donnée aux esclaves de Clodius. […] Mais quelquefois, surtout dans le genre judiciaire, il y a dans les personnes ou dans les choses un côté ridicule qu’il importe de saisir.

145. (1811) Cours complet de rhétorique « Notes. »

On sait trop quel jargon scientifique, quelle morale sèche et guindée remplacèrent le langage de la raison et de la science ; et quelle langue barbare, quel néologisme ridicule succédèrent au langage harmonieux que la poésie avait prêté un moment aux sciences naturelles.

146. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

Voilà de vos chrétiens les ridicules songes ; Voilà jusqu’à quel point vous charment leurs mensonges ; Tout votre sang est peu pour un bonheur si doux !

147. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre II. Des qualités du style » pp. 79-118

Molière fait dire aux Précieuses ridicules : Voiturez-nous les commodités de la conversation , pour dire : approchez les fauteuils. — Un nécessaire , pour un laquais. —  Le conseiller des grâces , pour un miroir. —  La petite outre d’Éole , pour un soufflet. —  Contentez l’envie que ce fauteuil a de vous embrasser , pour asseyez-vous Lamotte a appelé une haie le suisse d’un jardin .

148. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE IV. De la composition des vers. » pp. 295-331

Si, au lieu de dire : Invadunt urbem somno vinoque sepultam, on disait : Somno vinoque fruentem, la pensée du poète serait travestie d’une manière ridicule.

149. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

Tant d’humeurs, de sectes, de iugements, d’opinions, de loix et de coustumes, nous apprennent à juger sainement des nostres, et apprennent nostre iugement à recognoistre son imperfection et sa naturelle foiblesse ; qui n’est pas un legier apprentissage : tant de remuements d’estat et changements de fortune publicque nous instruisent à ne faire pas grand miracle de la nostre : tant de noms, tant de victoires et conquestes ensepvelies soubs l’oubliance, rendent ridicule l’espérance d’éterniser nostre nom par la prinse de dix argoulets et d’un pouiller130, qui n’est cogneu que de sa cheute : l’orgueil e|, la fierté de tant de pompes estrangieres, la majesté si enflée de tant de courts et de grandeurs, nous fermit et asseure la veue à soustenir l’csclat des nostres, sans ciller les yeulx : tant de milliasses d’hommes enterrez avant nous, nous encouragent à ne craindre d’aller trouver si bonne compaignie en l’aultre monde ; ainsi du reste. […] Satire Ménippée (1593-1594) Notice La Satire Ménippée, pamphlet politique, a été le coup de grâce donné à la Ligue ; elle l’a tuée par le ridicule. […] Il consulte et croit Boileau qui « s’y connaît mieux que lui » ; il est le parrain du fils aîné de Molière, il fait asseoir à sa table celui que Scapin enveloppe d’un sac ridicule . […] Et pour moi, j’aurois été sans doute du nombre de ces derniers, si je n’avois jamais eu qu’un seul maître ou que je n’eusse point su les différences qui ont été de tout temps entre les opinions des plus doctes ; mais, ayant appris, dès le collège, qu’on ne sauroit rien imaginer de si étrange et si peu croyable, qu’il n’ait été dit par quelqu’un des philosophes ; et depuis, en voyageant, ayant reconnu que tous ceux qui ont des sentimens fort contraires aux nôtres ne sont pas pour cela barbares ni sauvages, mais que plusieurs usent autant ou plus que nous de raison ; et ayant considéré combien un même homme, avec son même esprit, étant nourri dès son enfance entre des François ou des Allemands, devient différent de ce qu’il serait s’il avoit toujours vécu entre des Chinois ou des cannibales ; et comment, jusques aux modes de nos habits, la même chose qui nous a plu il y a dix ans, et qui nous plaira peut-être encore avant dix ans, nous semble maintenant extravagante et ridicule ; en sorte que c’est bien plus la coutume et l’exemple qui nous persuade qu’aucune connoissance certaine ; et que néanmoins la pluralité des voix n’est pas une preuve qui vaille rien pour les vérités un peu malaisées à découvrir, à cause qu’il est bien plus vraisemblable qu’un homme seul les ait rencontrées que tout On peuple, je ne pouvois choisir personne dont les opinions me semblassent devoir être préférées à celles des autres, et je me trouvois comme contraint d’entreprendre moi-même de me conduire. […] Ainsi, comme l’amour-propre fait souvent faire ce raisonnement ridicule : C’est une opinion que j’ai inventée, c’est celle de mon ordre, c’est un sentiment qui m’est commode, il est donc véritable ; la malignité naturelle fait souvent faire cet autre, qui n’est pas moins absurde : C’est un autre que moi qui l’a dit, cela est donc faux : ce n’est pas moi qui ai fait ce livre, il est donc mauvais.

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