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114. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bourdaloue, 1632-1704 » pp. 133-137

à Bourges, fils d’un avocat, tourmenté dès l’enfance par le désir de se consacrer à Dieu, il se déroba aux vœux de sa famille, qui le destinait à la robe, et se jeta dans le noviciat des Jésuites (1648) à l’âge de seize ans. […] Chez lui, l’émotion naît du mouvement logique des idées.

115. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XX. des qualités accidentelles du style. — élégance, finesse, naiveté, enjouement  » pp. 274-288

Je réponds que quand le cœur, l’esprit, l’imagination, l’oreille sont charmés par cette harmonieuse élégance, quand elle fait naître l’intérêt qui se refuserait à la chose elle-même91, il est impossible que toutes nos facultés prennent ainsi le change et s’abusent sur ce qui les charme ; que ce n’est réellement pas la peine de construire un théâtre, d’y réunir tous les prestiges des arts, d’y convoquer l’élite de la société, pour y faire entendre les conversations du coin de la rue, Depuis que je vous vois, j’abandonne la chasse, ou encore : Demain, vingt-cinq juin mil six cent cinquante-sept, Quelqu’un que lord Broghill autrefois chérissait Attend de grand matin ledit lord aux Trois Grues, Près de la halle au vin, à l’angle des deux rues92. […] Le rire naît surtout à l’aspect des défauts physiques ou moraux, quand ils ne vont pas jusqu’à la terreur ou la pitié : la laideur réelle ou simulée, les chutes, l’embarras, les désappointements, la sottise, certains vices même qui ne nuisent le plus souvent qu’à celui qu’ils possèdent, la gourmandise, la poltronnerie, la forfanterie, l’avarice, voilà les causes ordinaires du rire. […] C’est au milieu du flegme anglais et de la roideur espagnole que sont nés Falstaff et Hudibras, Lazarille et Sancho Pança, l’enjouement le plus naturel et le plus sympathique.

116. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre II. De l’Éloquence. » pp. 318-338

        Quant à nos enfants déjà nés, Nous souhaitons de voir leurs jours bientôt bornés. […] Et nous avons répondu à mon Seigneur : Nous avons un père fort âgé, et un jeune frère qui est dans sa vieillesse ; son frère qui est de la même mère est mort : il est resté seul, et son père l’aime tendrement.

117. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Villemain. Né en 1790. » pp. 479-491

Il a le premier analysé les influences produites par le milieu social sur les écrivains, et par les écrivains sur la société qui les vit naître. […] Sa parole écrite semble née sans effort sur les lèvres du causeur ou de l’orateur. […] Louis XIV, la première fois qu’il entendit Bossuet, jeune encore, fit écrire au père de l’éloquent apôtre, pour le féliciter d’avoir un tel fils ; il avait compris que l’orateur de son siècle1 était .

118. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Silvestre de Sacy. Né en 1801. » pp. 522-533

[Notice] à Paris le 17 octobre 1801, fils d’un orientaliste célèbre, M. de Sacy a été pendant plus de vingt ans un des principaux rédacteurs du Journal des Débats. […] Une nouvelle littérature commence, qui déjà remplace à peu près et bientôt remplacera entièrement l’âge classique, littérature appropriée à notre temps et à nos mœurs, expression de la démocratie, mobile comme elle, violente dans ses tableaux, hardie ou négligée dans les mots, plus soucieuse du succès actuel que de la renommée à venir, et se résignant de bonne grâce à vivre moins longtemps pourvu qu’elle vive davantage dans l’heure qui passe ; féconde et inépuisable dans ses œuvres, capable de fournir à la consommation de tout un peuple, renouvelant sans cesse ses formes et essayant de toutes, voyant naître et mourir en un jour ses réputations les plus brillantes ; mais aussi riche, plus riche peut-être en talents divers que tous les siècles qui l’ont précédée ! […] Vos noms pourront être condamnés à l’oubli ; un siècle plus heureux ne se souviendra pas de vos labeurs et de vos services ; mais ce siècle, c’est vous qui l’aurez fait naître.

119. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — CHAPITRE PREMIER. Du genre léger on des poésies fugitives » pp. 75-95

Chez les Latins, Catulle, à Vérone, l’an 86 avant Jésus-Christ, a fait un grand nombre d’épigrammes qui se distinguent souvent par un tour heureux et délicat, ainsi que par la douceur, le sentiment et la naïveté. Martial, en Espagne, l’an 40 de notre ère, a laissé treize livres d’épigrammes sur lesquelles il a porté lui-même le jugement suivant : Sunt bona, sunt quædam mediocria, sunt mala plura, Quæ legis hic : aliter non fit, Avite, liber. […] Le rondeau, gaulois, a la naïveté.

120. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fénelon, 1651-1715 » pp. 178-204

Propagation de l’Évangile Jésus-Christ naît, et la face du monde se renouvelle. […] C’est elle qui donne des pensées uniformes aux hommes les plus jaloux et les plus irréconciliables entre eux ; c’est elle par qui les hommes de tous les siècles et de tous les pays sont comme enchaînés autour d’un certain centre immobile, et qui les tient unis par certaines règles invariables, qu’on nomme les premiers principes, malgré les variations infinies d’opinions qui naissent en eux de eurs passions, de leurs distractions et de leurs caprices, pour tous leurs autres jugements moins clairs. […] Saint Irénée, en Asie Mineure vers 140, évêque de Lyon, et martyr sous l’empereur Septime Sévère en 202. […] Tertullien, père de l’Église, à Carthage vers 160, mort en 245 5. […] Louis, duc de Bourgogne, fils du grand dauphin, et petit-fils de Louis XIV, en 1682, mort en 1712.

121. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 140-145

en effet le 20 février 1694 à Châtenay, près de Paris, il ne mourut qu’en 1778, à Paris. […] Ce général, près de Magdebourg en 1661, avait d’abord servi le Danemark, puis la Pologne où régnait Sobieski.

122. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gresset. (1709-1777.) » pp. 291-296

Il était beau, brillant, leste et voltage, Aimable et franc, comme on l’est au bel âge, tendre et vif, mais encore innocent : Bref, digne oiseau d’une si sainte cage, Par son caquet digne d’être en couvent…     Admis partout, si l’on en croit l’histoire, L’oiseau chéri mangeait au réfectoire : Là tout s’offrait à ses friands désirs ; Outre qu’encor pour ses menus plaisirs, Pour occuper son ventre infatigable, Pendant le temps qu’il passait hors de table, Mille bonbons, mille exquises douceurs, Chargeaient toujours les poches de nos sœurs. Les petits soins, les attentions fines, Sont nés, dit-on, chez les Visitandines : L’heureux Ver-Vert l’éprouvait chaque jour, Plus mitonné qu’un perroquet de cour.

123. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fléchier 1632-1710 » pp. 84-88

Fléchier 1632-1710 [Notice] à Pernes, dans le comtat d’Avignon, Fléchier appartient à cette génération de beaux esprits dont l’hôtel de Rambouillet fut le centre, qu’enchanta la lecture de l’Astrée, et qui portèrent aux nues Balzac et Voiture. […] Montecuculli, en 1608, mort en 1681.

124. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Maintenon 1635-1719 » pp. 94-99

Toutefois, ajoutons qu’elle était née pour gouverner une maison d’éducation plutôt qu’un État : c’était sa vocation. […] Vous maltraitez les huguenots ; vous en cherchez les moyens, vous en faites naître les occasions ; cela n’est pas d’un homme de qualité1.

125. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Florian 1755-1794 » pp. 473-479

L’aîné de ces enfants, grave, studieux, Lisait et méditait sans cesse ; Le cadet, vif, léger, mais plein de gentillesse, Sautait, riait toujours, ne se plaisait qu’aux jeux1. […] Partir avant le jour, à tâtons, sans voir goutte, Sans songer seulement à demander sa route, Aller de chute en chute, et, se traînant ainsi, Faire un tiers du chemin jusqu’à près de midi ; Voir sur sa tête alors s’amasser les nuages, Dans un sable mouvant précipiter ses pas, Courir en essuyant orages sur orages, Vers un but incertain où l’on n’arrive pas ; Détrompé, vers le soir, chercher une retraite ; Arriver haletant, se coucher, s’endormir : On appelle cela naître, vivre et mourir.

126. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Retz, 1614-1679 » pp. 38-42

Le prince de Condé M. le prince est capitaine, ce qui n’est jamais arrivé qu’à lui, à César et à Spinola3. […] Ambroise, marquis de Spinola, à Gênes en 1571 et mort en 1630, n’embrassa la carrière des armes qu’à trente ans, et se montra sur-le-champ doué des plus grands talents militaires.

127. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — La Fontaine 1622-1695 » pp. 339-378

Elle offre à ses amants des biens sans embarras, Biens purs, présents du ciel, qui naissent sous les pas. […] Que si je ne suis pour de si grands projets, Du moins que les ruisseaux m’offrent de doux objets ; Que je peigne en mes vers quelque rive fleurie2 ! […]   Puisqu’ils vous nuisent à vos pieds1,   Vous les aurez sur vos épaules2 »   Lors, la Beauce de s’aplanir3,   De s’égaler, de devenir   Un terroir uni comme glace ;   Et bossus de naître en la place,   Et monts de déloger des champs. […] Tout vous est aquilon, tout me semble zéphyr ; Encor si vous naissiez2 à l’abri du feuillage Dont je couvre le voisinage, Vous n’auriez pas tant à souffrir ; Je vous défendrais de l’orage ; Mais vous naissez le plus souvent Sur les humides bords du royaume du vent3. […] Quant à nos enfants déjà nés, Nous souhaitons de voir leurs jours bientôt bornés ; Vos prêteurs au malheur nous font joindre le crime : Retirez-les : ils ne nous apprendront Que la mollesse et que le vice ; Les Germains comme eux deviendront Gens de rapine et d’avarice1 C’est tout ce que j’ai vu dans Rome à mon abord.

128. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Nisard. Né en 1806. » pp. 585-597

C’étaient de belles fêtes pour l’esprit que ces leçons où l’exposition la plus lucide mettait sous nos yeux les quatre systèmes élémentaires nés des premières réflexions de l’homme sur lui-même, sensualisme, idéalisme, scepticisme, mysticisme4 ; où la dialectique la plus pénétrante démêlait le vrai d’avec le faux dans chaque système, et combattait les erreurs de l’un par les vérités de l’autre ; où l’éloquence inspirée du seul intérêt de ces hautes matières nous rendait quelque chose de l’ampleur de Descartes et de l’éclat de Malebranche ; où, charmés et persuadés, nous sentions notre nature morale s’élever et s’améliorer par les mêmes plaisirs d’esprit qui formaient notre goût. […] Quelques-unes naissent spontanément et tout exprimées ; c’est la facile conquête de ceux qui sont nés sous une constellation heureuse : mais combien d’autres qui sont le fruit d’une poursuite ingrate ; qu’il faut remanier sans cesse ; qui, après avoir contenté un moment l’écrivain, le rebutent2 ; qui ne paraissent jamais qu’une image imparfaite du vrai, mais non le vrai lui-même !

129. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Massillon 1643-1743 » pp. 133-138

Massillon 1643-1743 [Notice] à Hyères, en Provence, dans une contrée qui fut la patrie de poëtes et d’orateurs distingués, admis en 1681 dans la savante congrégation et l’Oratoire ; devenu professeur de rhétorique au séminaire de Saint-Magloire ; plus effrayé qu’enhardi par ses premiers succès, Massillon parut quand Bourdaloue terminait sa carrière. […] Il est un des modèles de notre langue pour l’élégance, la richesse, l’harmonie de la diction, la modération ornée du discours, l’ampleur ingénieuse d’un talent qui excelle dans ces développements souples et continus où les pensées naissent les unes des autres ; mais en lui l’art se fait trop sentir.

130. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lebrun Né en 1785 » pp. 498-505

Lebrun Né en 1785 [Notice] sous Louis XVI, fêté par les pères de nos pères, académicien et sénateur, M. […] Et quel étonnement alors en moi fit naître Celle qui m’y guidait, lorsque, sans me connaître, De moi-même, en l’ouvrant, soudain elle parla, Et que, me le montrant, elle me dit : Voilà La chambre que Lebrun a jadis habitée ; C’est là qu’était son lit dont la trace est restée1 ; Voyez, on trouve encore au-dessous des arceaux Les clous du bâton d’or où pendaient ses rideaux.

131. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Corneille, 1606-1684 » pp. 26-31

Corneille 1606-1684 [Notice] à Rouen, élevé au collége des Jésuites, Pierre Corneille, qui se destinait au barreau, n’entra pas de prime-abord dans sa voie. […] Charles de Saint-Denys, seigneur de Saint-Évremond, en 1614, mort en 1703.

132. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

Louis a brisé les fers dont tu accablais ses sujets, qui sont nés pour être libres sous son glorieux empire. […] Et pour vous souhaiter tous les malheurs ensemble, Puisse naître de vous un fils qui me ressemble ! […] Romeb, l’unique objet de mon ressentiment, Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant ; Rome, qui t’a vu naître et que ton cœur adore, Rome, enfin que je hais, parce qu’elle t’honore, Puissent tous ses voisins ensemble conjurés, Saper ses fondements encor mal assurés ! […] Le sublime peut naître de trois différentes sources ; des pensées, des sentiments, des images.

133. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Buffon, 1707-1788 » pp. 282-302

Buffon 1707-1788 [Notice] Fils d’un conseiller au parlement, Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, naquit à Montbar, en Bourgogne, et fut élevé au collége de Dijon. […] Mais, avant de chercher l’ordre dans lequel on présentera ses pensées, il faut s’en être fait un autre plus général et plus fixe, où ne doivent entrer que les premières vues et les principales idées : c’est en marquant leur place sur ce premier plan, qu’un sujet sera circonscrit, et que l’on en connaîtra l’étendue ; c’est en se rappelant sans cesse ces premiers linéaments, qu’on déterminera les justes intervalles qui séparent les idées principales, et qu’il naîtra des idées accessoires et moyennes qui serviront à les remplir1. […] C’est faute de plan, c’est pour n’avoir pas assez réfléchi sur son objet, qu’un homme d’esprit se trouve embarrassé, et ne sait par où commencer à écrire : il aperçoit à la fois un grand nombre d’idées ; et, comme il ne les a ni comparées ni subordonnées, rien ne le détermine à préférer les unes aux autres ; il demeure donc dans la perplexité ; mais, lorsqu’il se sera fait un plan, lorsqu’une fois il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet, il s’apercevra aisément de l’instant auquel il doit prendre la plume ; il sentira le point de maturité de la production de l’esprit, il sera pressé de la faire éclore, il n’aura même que du plaisir à écrire ; les idées se succéderont aisément, et le style sera naturel et facile2 ; la chaleur naîtra de ce plaisir, se répandra partout, et donnera de la vie à chaque expression ; tout s’animera de plus en plus ; le ton s’élèvera, les objets prendront de la couleur ; et le sentiment, se joignant à la lumière, l’augmentera, la portera plus loin, la fera passer de ce que l’on dit à ce que l’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux. […] Isidore Geoffroy Saint-Hilaire apprécie ainsi Buffon : « Buffon fut sagace, ingénieux comme Linnée, mais dans un autre ordre d’idées ; négligeant de créer, de multiplier pour lui les faits d’observation, mais en saisissant toutes les conséquences, et, sur une base en apparence étroite et fragile, élevant hardiment un édifice dont lui seul et la postérité concevront le gigantesque plan ; dédaignant les détails techniques, les divisions systématiques, parce qu’il sait planer au-dessus dans ses hautes conceptions, et cependant, par une heureuse contradiction, créant lui-même un jour une classification méthodique digne de servir de modèle à tous ; s’égarant quelquefois dans ces espaces inconnus où il s’élance sans guide, mais de ces erreurs même sachant faire naître des vérités utiles ; passionné pour tout ce qui est beau, pour tout ce qui est grand ; avide de contempler la nature dans son ensemble, et appelant à son aide, pour en peindre dignement les grandes scènes, tous les trésors d’une éloquence que nulle autre n’a surpassée : en un mot, un de ces hommes puissants par la synthèse, qui franchissent d’un pied hardi les limites de leur époque, marchent seuls en avant, et s’avancent vers les siècles futurs en tenant tout de leur génie comme un conquérant de son épée. » Je lis dans M.

134. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Lamennais, 1782-1854 » pp. 455-468

Cette pensée calme ; elle fait qu’on tourne avec espérance ses regards vers l’occident, là où naît l’aurore du jour qui n’est pas de la terre, du jour que ne trouble aucun orage, et que la nuit n’obscurcit jamais1. […] Nés à Constantinople, à Téhéran, à Bénarès, que seraient pour nous toutes les questions qui remuent si vivement notre Europe passionnée ? […] Chacun d’eux ne doit jamais manquer de dire à ceux qui naissent de lui : Connaissez le Seigneur, qui est votre père. » 2.

135. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Mme de Sévigné. (1626-1696.) » pp. 48-53

Née à Paris le 5 février 1626, Mme de Sévigné mourut en 1696, la même année que La Bruyère. […] Mes petits arbres sont d’une beauté surprenante ; Pilois2 les élèves jusqu’aux nues avec une probité admirable : tout de bon, rien n’est si beau que ces allées que vous avez vues naître.

136. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Molière, (1622-1673.) » pp. 205-211

[Notice] à Paris en 1622, Molière, après de bonnes études terminées dans le collége des jésuites, devenu depuis le collége Louis-le-Grand, céda à un entrainement qui a fait beaucoup de victimes, et embrassa la vie de théâtre. […] Premier peintre du roi et directeur de l’académie de peinture ; il était en 1610 et mourut en 1695.

137. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Introduction »

De nouvelles idées donnèrent naissance à de nouvelles expressions ; le langage s’étendit et les langues naquirent, Leur berceau fut, comme on le sait, la tour de Babel. […] : L’empire d’Alexandre était [trop] grand (pour qu’il pût subsister longtemps après la mort de ce grand homme) La phrase, enfin, qui est composée de plusieurs membres tellement liés entre eux que le sens général demeure suspendu jusqu’à la dernière qui vient la compléter, s’appelle Période, telle que : « Peut-être devons-nous regretter ces temps d’une heureuse ignorance, où nos aïeux moins grands, mais moins criminels, sans industrie, mais sans remords, vivaient pauvres et vertueux, et mouraient dans le champ qui les avait vus naître. » On confond souvent à tort le nom de phrase avec celui de proposition.

138. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Malherbe 1555-1628 » pp. 302-309

Malherbe 1555-1628 [Notice] à Caen, sous Henri II, témoin attristé des guerres civiles, et sujet reconnaissant d’un souverain qui restaura l’ordre public, Malherbe représente un temps où la discipline succède à l’anarchie. […] avec de l’oreille et du goût, il connut les effets du rhythme, et créa une foule de constructions poétiques adaptées au génie de notre langue.

139. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Béranger 1780-1859 » pp. 488-497

C’était à l’âge où naît l’amitié franche, Sol que fleurit un matin plein d’espoir5. […] Le vieux sergent (1823) Près du rouet de sa fille chérie, Le vieux sergent se distrait de ses maux, Et d’une main que la balle a meurtrie Berce en riant deux petits-fils jumeaux4 Assis tranquille au seuil du toit champêtre, Son seul refuge après tant de combats5, Il dit parfois : « Ce n’est pas tout de naître ; Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas ! 

140. (1839) Manuel pratique de rhétorique

Détruisez Antioche ; mais détruisez-la comme le Tout-puissant détruisit autrefois Ninive ; effacez notre crime par le pardon, anéantissez la mémoire de notre attentat, en faisant naître l’amour et la reconnaissance. […] « Effacez notre crime par le pardon ; anéantissez la mémoire de notre attentat, en faisant naître l’amour et la reconnaissance. » Toutes ces expressions sont heureusement rapprochées ; le pardon effacera le crime, en remettant les châtiments qu’il a mérités ; la clémence, qui fera naître des sentiments d’amour et de reconnaissance, anéantira le souvenir de l’attentat ; les habitants d’Antioche, affectionnés et reconnaissants, feront oublier les sujets rebelles. […] La clémence de l’empereur, en lui attirant une gloire éclatante, fera naître chez d’autres hommes le désir de lui ressembler ; c’est ainsi qu’elle produira des actions de miséricorde dans la suite des siècles. […] Trop court, il ne préparerait pas assez ; trop long, il fatiguerait l’attention au lieu de la faire naître. […] Se trouvera-t-il dans l’univers un lieu qui soit plus digne de posséder cet homme vertueux que le pays qui l’a vu naître ?

141. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VII. Des différents exercices de composition. »

La correspondance pour les relations sociales et, les affaires varie autant que les circonstances qui la font naître. […] Là, tombe un vieux guerrier, qui, dans les alarmes, Eut les camps pour patrie, et pour amour ses armes : Il ne regrette rien que ses chers étendards, Et les suit en mourant de ses derniers regards. […] Avant de commencer la narration, il faut se bien rendre maître du fait à raconter, en examiner avec soin le caractère, l’ensemble et les détails : la réflexion fait, naître une foule d’idées que l’on n’avait pas d’abord, et elle prépare l’enchaînement du récit, qui est la première qualité d’une bonne narration. […] Je meurs, et ne sais pas ce que c’est que de naître. […] diront-ils, que trop d’orgueil abuse, Regarde autour de toi : tout commence, tout s’use, Tout marche vers un terme, et tout naît pour mourir.

142. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre II. Les Oraisons ou discours prononcés. »

Saint Louis a été un grand saint, parce qu’étant roi, il a fait servir sa dignité à sa sainteté : première partie. […] Bernard, le Samuel de son siècle, naît ; il passe les premières années de sa vie dans le repos et dans la retraite du sanctuaire. […] Chez les Romains, l’éloquence du barreau fut cultivée avec un soin particulier ; mais Cicéron, à Arpino, près de Naples, l’an 106 avant Jésus-Christ, fut à Rome ce que Démosthène avait été dans Athènes : il a éclipsé et ses devanciers et ses successeurs. […] Le public reçut avec applaudissements cette innovation ; et plusieurs des ouvrages qu’elle a fait naître sont bien préférables aux lieux communs que l’Académie avait couronnés jusqu’ alors34. […] Patin, sont des morceaux très remarquables, et qui, s’ils ne prouvent pas qu’un concours fasse jamais naître des ouvrages de premier ordre, montrent au moins que cette institution n’est pas non plus stérile, et qu’elle peut produire, même en assez grande quantité, des œuvres honorables pour notre littérature.

143. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

Mais à voir aussi leur crainte de la honte, leur amour de la gloire, leur constance dans la douleur, la dignité de leur langage et de leur maintien, on sent des hommes qui, nés libres, savent qu’ils doivent vivre et mourir libres sous l’œil de leurs égaux. […] Voilà dans quelle proportion les fils des Grecs l’emportent sur les Troyens. — Je dis sur les Troyens qui sont nés dans la ville. […] A Athènes, le dernier matelot naissait avec cette idée qu’il était Grec, c’est-à-dire supérieur aux barbares ; Athénien, c’est-à-dire supérieur aux autres Grecs. […] L’ombre des écoles produit des sophistes ; c’est au soleil de la place publique que naissent les orateurs. […] Philippe est prévoyant, il est habile à profiter des circonstances et, au besoin, à les faire naître ; il est actif, infatigable, et dans ce monde l’empire est à celui qui agit.

144. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

Il faut que la personne chargée d’en faire la lecture, prenne en quelque sorte la place de l’auteur, qu’il saisisse son intention, qu’il produise l’impression qu’il a voulu faire naître. […] Mais celui qui voudrait contrefaire leur exagération, leur déclamation pompeuse, leurs efforts pour faire naître les passions, paraîtrait ridicule dans le barreau moderne. […] Nous distinguons entre les moyens d’émouvoir ceux qui appartiennent à l’orateur et ceux qui naissent de la cause. […] Comment éprouver une émotion vive et profonde pour la faire naître dans les autres ? […] Moyens qui naissent de la cause.

145. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Buffon. (1707-1788.) » pp. 146-152

[Notice] à Montbar en Bourgogne, en 1707, Buffon fut parmi nous l’historien de la nature, comme Aristote l’avait été chez les Grecs et Pline chez les Latins ; mais, avec plus de richesse que le premier, il eut plus d’exactitude que le second : la direction du Jardin des plantes, qu’il reçut de Louis XV à trente-deux ans, détermina sa vocation et lui ouvrit la voie où il ne cessa de marcher avec autant d’efforts que de gloire. […] Buffon reconnaît en effet, conformément à ce que nous enseigne la sainte Ecriture, que l’homme était dans un état et pour un sort bien différents de ceux où la faute d’Adam nous a fait tomber.

146. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Pascal, 1622-1662 » pp. 44-51

Pascal 1622-1662 [Notice] à Clermont-Ferrand dans une famille où l’intelligence s’alliait à la vertu, élevé librement par un père qui fut un homme supérieur, Blaise Pascal manifesta dès l’enfance des dons merveilleux. […] Joubert a dit : « Il faut que les pensées naissent de l’âme, les mots des pensées, et les phrases des mots. — Il en est de nos pensées comme de nos fleurs.

147. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

Tout ce qui est vaste fait naître l’impression du sublime. […] Un monument ne peut faire naître d’idées sublimes s’il n’est à la fois vaste et élevé. […] C’est de là que naît ce sentiment de curiosité commun à tous les mortels. […] Les plaisirs qui naissent de la mélodie et de l’harmonie appartiennent encore au goût. […] L’ennui naquit un jour de l’uniformité.

148. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

Il nous a dit, quand il nous fit naître, tout ce qu’il faut savoir. […] C’est là la marche naturelle des passions : elles naissent, grandissent, éclatent. […] Montrerez-vous encore votre colère et votre puissance contre l’enfant qui vient de naître (duc de Bretagne) ? […] Il faut que les ornements naissent du sujet et n’aient point un air affecté ni trop recherché. […] Cette figure, quand elle naît du sujet et qu’elle n’a rien de forcé, produit un bel effet.

149. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

Corneille 1606-1684 [Notice] à Rouen, élevé au collège des Jésuites, Pierre Corneille subit d’abord l’influence du mauvais goût qui régnait autour de lui, et multiplia pendant sept années (1629-1636), des essais qui n’intéressent aujourd’hui que la curiosité littéraire5. […] Ce qui naît d’un moyen périt par son contraire : Tout ce que l’un a fait, l’autre peut le défaire3 ; Et, dans la lâcheté du vice où je te voi, Tu n’es plus gentilhomme, étant sorti de moi. […] Seigneur, de vos bontés il faut que je l’obtienne6 ; Elle a trop de vertus pour n’être pas chrétienne ; Avec trop de mérite il vous plut la former, Pour ne vous pas connaître et ne vous pas aimer, Pour vivre des enfers esclave infortunée, Et sous leur triste joug mourir comme elle est née. […] Bossuet dit de la reine d’Angleterre : « Elle fut contrainte de paraître an monde, et d’étaler à la France même, au Louvre où elle était née, toute l’étendre de sa misère. » 2.

150. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Nicole. (1625-1695.) » pp. 40-47

à Chartres en 1625, il enseigna les belles-lettres pendant quelques années ; et à partir de 1655, il fut, dans plusieurs travaux, le collaborateur du célèbre Arnauld. […] Ce sont les circonstances qui les font naître, et la crainte charitable de choquer nos frères qui nous les fait trouver.

151. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Montluc, 1503-1577 » pp. -

Montluc 1503-1577 [Notice] dans l’Agénois, aux environs de Condom, fils aîné d’une noble maison, Blaise de Montluc était déjà soldat en 1521. […] Car n’être rien que pour soi, c’est en bon français, être une bête. » Ses harangues et ses récits, qui ne sentent jamais le clerc, étincellent de belle humeur, et son nourris de bon sens.

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