Il connaît les marches de ces armées, il sait ce qu’elles feront et ce qu’elles ne feront pas ; vous diriez qu’il ait l’oreille du prince ou le secret du ministre.
Dans le contraste de ce sujet avec le précédent éclate la souplesse du talent de La Fontaine : la marche de la laitière est en effet aussi vive, preste et dégagée, que la montée du coche a été lente et laborieuse.
Le poëme entier est composé de six chants ; et il faut avouer que, vers la fin, la marche de l’auteur se ralentit et s’affaiblit un peu.
Elle nous donna pour guide l’aîné de ses garçons, qui, après une demi-heure de marche, nous conduisit à travers des marais dans les bois d’Ermenonville.
marche ! […] marche !
Il part avec trente mille hommes de pied seulement, et cinq mille chevaux ; entre dans l’Asie mineure (ou Natolie) ; défait au passage du Granique (fleuve de Bithynie) une armée de cent mille Perses ; gagne ensuite sur Darius, leur roi, la bataille d’Issus (petite ville de Cilicie) ; se rend maître, dans la Phénicie, de la fameuse ville de Tyr, après un siège de sept mois ; pénètre dans la Judée (contrée célèbre de la Syrie) ; marche vers la ville de Gaza dont il s’empare ; arrive à Memphis, capitale de l’Égypte ; se remet à la poursuite de Darius, qu’il défait en bataille rangée, près d’Arbelles dans l’Assyrie ; entre triomphant dans Babylone, et puis dans Suze, capitale du royaume de Perse ; réduit en cendres Persépolis, ancienne demeure de ces rois ; traverse les déserts, franchit les fleuves et les montagnes ; pousse ses conquêtes jusqu’aux Indes ; ramène son armée par une autre route ; subjugue de nouveaux peuples ; revient à Babylone, craint, respecté, adoré comme un Dieu, et y meurt l’an 513 avant J. […] Fabius, dictateur romain, interrompit le cours de ses victoires, par une sage lenteur et des marches multipliées.
On voit que le style et la marche des calomniateurs ont été les mêmes dans tous les temps, et que ce n’est pas de nos jours seulement que l’on a eu au besoin de grandes conspirations à dévoiler au peuple, quand on a voulu le faire servir d’instrument à des haines ou à des vengeances particulières.
Il passera de là à des compositions originales, tantôt en n’ayant que le titre du sujet à traiter, plus souvent en s’aidant d’une matière ou argument qui indique les idées principales et trace la marche à suivre.
La marche des anciens était conforme à la nature et à la raison.
Arrière, sans doute, le compagnon de voyage qui ne me laisse pas respirer un moment, et marche à son but avec une roideur toujours inflexible !
., l’ordre chronologique ou la gradation de l’intérêt semblent tracer la marche à suivre : d’une part, la série des faits, en rattachant toujours les effets aux causes, et en groupant les éléments homogènes ; de l’autre, après l’exposition, le nœud et le dénoûment.
L’homme est en marche vers l’infini qui lui échappe toujours et que toujours il poursuit.
Pour dire que l’homme conserve jusqu’à la mort des espérances qui ne se réalisent jamais, Bossuet, ennoblissant cette idée aussi simple que vraie, la revêt d’une image sublime : L’homme marche vers la tombe, dit-il, traînant après lui la longue chaîne de ses espérances trompées. […] Une armée en marche est, sous ses pinceaux, un feu dévorant qui, poussé par les vents, consume la terre devant lui .
Le style de ces cantiques, hardie extraordinaire, naturel toutefois, en ce qu’il est propre à représenter la nature dans ses transports, qui marche pour cette raison par de vives et impétueuses saillies, affranchi des liaisons ordinaires que recherche le discours uni, renfermé d’ailleurs dans des cadences nombreuses qui en augmentent la force, surprend l’oreille, saisit l’imagination, émeut le cœur, et s’imprime plus aisément dans la mémoire. […] Son style impétueux souvent marche au hasard ; Chez elle, un beau désordre est un effet de l’art. […] — Elle détourne le discours de sa marche première, pour l’adresser à un personnage ou bien à un objet inattendu (άπο, στρέφω). […] Le temps, qui toujours marche, avait pendant deux nuits Échancré, selon l’ordinaire, De l’astre au front d’argent la face circulaire. […] La critique a justement reproché à Fléchier l’abus de l’antithèse ; mais la modestie de Turenne lui en inspire de très-belles : « Il se cache, mais sa réputation le découvre ; il marche sans suite et sans équipage, mais chacun, dans son esprit, le met sur un char de triomphe.
Prenons pour exemple le beau discours sur la vérité d’un avenir, et suivons la marche de l’orateur dans l’ordre et le développement de ses preuves.
La pompe funèbre qui avait été suspendue reprit sa marche.
Ne vous semble-t-il pas d’ailleurs que ces portraits exprofesso où l’auteur arrête le personnage dans sa marche pour le faire poser, en quelque sorte, ont presque toujours je ne sais quoi d’apprêté et de déclamatoire, et qu’il est un moyen bien plus naturel de faire apprécier le héros, c’est l’action et le dialogue ?
Mais quand Racine dit : Quel est ce glaive enfin qui marche devant eux ; quand Corneille crée l’expression que nous avons déjà remarquée : Et tous trois à l’envi s’empressaient ardemment A qui dévorerait ce règne d’un moment ; quand, d’autre part, des hommes de talent se laissent entraîner aux vicieuses métaphores que nous avons signalées plus haut, il est bien évident que ce ne sont plus là des figures de domaine public, dont on ne doit tenir aucun compte à l’écrivain ; elles appartiennent en propre à celui qui les a créées, et peuvent, en conséquence, être étudiées comme formes à imiter ou à fuir.
On veut que le style de la chanson soit léger, les expressions choisies et toujours exactes, la marche libre, les vers faciles et coulants, que les tours n’aient rien de forcé ; que tout y soit fini sans que le travail s’y fasse sentir.
L’acharnement de mes ennemis les a rendus peu redoutables ; leur nombre les a livrés au défaut de liaison si nécessaire en tout projet ; la haine les a conduits à l’aveuglement ; chacun de leurs efforts pour m’arrêter n’a fait qu’accélérer ma marche et hâter ma justification.
Rien ne marche au hasard, mon cher ami ; tout est déterminé par une puissance qui nous dit rarement son sécret.
C’est ainsi qu’en général les écrivains sages et froids, qui, dans leur marche compassée, affectent le goût, en manquent souvent ; ils évitent les écarts et les fautes ; mais, incapables d’un vrai sublime ou d’une noble simplicité, ils ont recours à des agréments froids et recherchés, qui ne valent pas mieux que des fautes, et sont plus contagieux, parce qu’ils sont moins choquants.
Nabuchodonosor Pareil aux Dieux je marche, et, depuis le réveil Du soleil blondissant jusques à son sommeil, Nul ne se parangonne324 à ma grandeur royale. […] S’il est, alors qu’il marche, armé de tourbillons, Je suis environné de mille bataillons, De soudars327 indomtez, dont les armes luisantes Comme soudains éclairs brillent étincelantes. […] Ni devant, ni derriere il n’a de gens au guet, Il marche en tous endroits, sans craindre aucun aguet427 ; Il est sobre et joyeux, sans prendre nourriture Que des biens qu’en ses champs apporte la nature428…… Ores429 seulet il va de campagne en campagne, Ores de bois en bois, de vallon en montagne, Prenant mille plaisirs jusqu’à ce que la nuit, Ou bien le temps mauvais le mène en son reduit ; Et mille beaux pensers qui lui font compagnie Sont cause qu’ainsi seul jamais il ne s’ennuie.
Ce n’est pas que l’amplification n’étende quelquefois, c’est même là sa marche ordinaire ; mais son essence est d’augmenter ou d’atténuer l’idée de la chose, et de rendre ainsi la preuve plus capable de faire impression. […] La rapidité du style semble d’abord imiter la marche de Clodius. […] Sa marche doit être libre, quoique régulière ; il fuit la contrainte, mais il évite aussi les écarts, et la licence. […] Les figures de mots qui sont purement oratoires ne dérangent rien aux règles de la grammaire ; elles n’ont pour objet que de rendre la course de l’écrivain plus leste et sa marche plus ferme. […] Sans chercher, comme lui, des subdivisions compliquées, nous suivrons dans cette énumération la marche même de la nature.
Elle soutient l’attention, soulage la mémoire de l’auditeur, régularise la marche du discours, et oppose à ses écarts une contrainte salutaire.
J’aimerais mieux appeler anacoluthes ces phrases où l’absence de certains mots change la construction sans la blesser, sert à varier la marche d’une période, et à donner de la grâce au style.
Successeur de Régnier, mais plus réglé que lui dans sa marche, sans avoir moins de verve, il compléta l’œuvre de réforme entreprise par Malherbe, Balzac et Vaugelas.
Toute approbation qui marche avant la sienne est un attentat sur ses lumières, dont il se venge hautement en prenant le contraire parti.
Sans vouloir donner les règles de disposition de chaque groupe d’idées dans tous les genres possibles, et en se bornant aux plus importants, on remarque que : Dans les écrits qui ont pour objet l’exposition des faits, racontés ou dialogués, l’ordre chronologique ou la gradation de l’intérêt trace la marche à suivre ; Dans les compositions didactiques et oratoires, il y a diverses manières de procéder : Ou l’on commence par une synthèse que développe ensuite l’analyse ; Ou l’on saisit un détail de l’analyse, et de détail en détail on parvient à la synthèse ; Ou l’on oppose à une thèse, l’opinion contraire que l’on appelle antithèse, et l’on concilie les deux opinions par une troisième qui prend le nom de synthèse.
Il avait le plaisir de voir décamper l’armée des ennemis devant lui ; et le 27, qui était samedi, il alla sur une petite hauteur pour observer leur marche : son dessein était de donner sur l’arrière-garde, et il mandait au Roi, à midi, que dans cette pensée, il avait envoyé dire à Brisachb qu’on fît les prières de Quarante heures.
Les Réflexions sommaires sur l’esprit, que le comte de Tressan a faites pour l’instruction de ses enfans, offrent le développement des vérités relatives à la marche éclairée de l’esprit humain.
S’il marche dans les places, il se sent tout un coup rudement frappé à l’estomac un au visage, il ne soupçonne point ce que ce peut être, jusqu’à ce qu’ouvrant les yeux et se réveillant, il se trouve devant un limon de charrette, ou derrière un long ais de menuiserie, que porte un ouvrier sur ses épaules.
Celui qui se sépare de ses frères, la crainte le suit quand il marche, s’assied près de lui quand il repose, et ne le quitte pas même durant son sommeil.
C’est en vain qu’au travers des bois, avec sa cavalerie toute fraîche, Beck4 précipite sa marche pour tomber sur nos soldats épuisés : le prince l’a prévenu, les bataillons enfoncés demandent quartier ; mais la victoire va devenir plus terrible pour le duc d’Enghien que le combat.
Il se lève, et marche d’un pas agité vers la gauche.
Voler… On dit familièrement : les pieds ont des ailes, pour exprimer la rapidité de la marche.
Leur influence sur les évènements et sur la marche de la civilisation à partir du xv e siècle. […] Andromaque accueille tour à tour ou repousse Pyrrhus ; il en résulte que les espérances d’Hermione paraissent tantôt bien fondées et tantôt chimériques ; l’action marche au gré des caractères, et comme ces caractères sont bien humains, ils pèsent le pour et le contre, ils hésitent et leurs hésitations forment les péripéties du drame. […] Argyre qui tire son gant pour montrer une belle main et qui rit des choses plaisantes ou sérieuses pour faire voir de belles dents ; Arrias qui sait tout et qui a tout lu, Arsène qui du haut de son esprit contemple les hommes, Damophile qui voit tout en mal, Diphile qui passe sa vie à élever des oiseaux, Iphis qui voit à l’église un soulier d’une nouvelle mode, regarde le sien et ne se croit plus habillé ; Ménippe, qui se pare du savoir d’autrui, Giton qui a l’œil fixe et assuré parce qu’il est riche, Phédon, qui marche les yeux baissés parce qu’il est pauvre, Timon, qui hait tout le monde, étaient des contemporains de La Bruyère et sont aussi les nôtres.
C’est là la marche naturelle des passions : elles naissent, grandissent, éclatent. […] Le calme profond fait ressortir les mouvements de leur marche terrible. […] Ils partent deux, gemini, puis s’offre le point de départ à Tenedo, leur marche et l’intervalle qu’ils parcourent, tranquilla per alta, l’immensité de leurs anneaux qu’on aperçoit visiblement à raison de ce même tranquilla per alta, à raison de leur énormité immensis orbibus angues, puis leur développement incumbunt, rejeté à l’autre vers ; même but, même intention encore dans leur marche, preuve évidente que le hasard n’a rien fait, qu’ils viennent, ministres de la vengeance de la divinité offensée, pariter ; le rivage enfin où ils se hâtent d’aborder pour exécuter leurs desseins, que ad littora tendunt. […] Opposez à cette frayeur subite, à cette fuite incertaine des spectateurs, à cet abattement de la stupeur, une résolution déterminée, illi, une marche assurée, agmine certo, un but avoué, Laocoonta petunt, et vous aurez tous les contrastes qui se peuvent rencontrer en si peu de mots.