Quoique le roman, tel que nous le comprenons aujourd’hui, soit une véritable création des temps modernes, on peut dire que, dans tous les âges et dans tous les lieux, l’homme s’est plu à sortir en imagination de la vie ordinaire, et à rêver un ordre d’événements plus varié, plus fantastique, plus en harmonie avec ses désirs. […] Voilà l’origine véritable du roman ; c’est le monde de la fantaisie et de l’idéal ; il a sa source dans les rêves de l’imagination : il est donc aussi ancien que l’homme lui-même. […] Le roman diffère de l’histoire ; celle-ci raconte des faits véritables, l’autre vit de fictions ; mais le roman a aussi sa vérité à lui : il fait l’histoire du cœur humain. […] Le roman devient ainsi la véritable épopée de la vie humaine : épopée prosaïque, sans merveilleux, sans prestige, mais par cela même plus réelle, plus attrayante que l’épopée héroïque- Sous cette forme, le romancier peut donner à son aise des leçons de philosophie et de morale pratiques, et communiquer à ses lecteurs l’expérience de la vie. […] En résumant cette longue esquisse du roman, nous voyons que s’il paraît d’abord chez les peuples orientaux sous la forme de contes, c’est surtout dans le Nord qu’il se développe et qu’il prend son véritable caractère.
Vous ne sauriez mieux réussir à l’éviter qu’en vous attachant aux deux vues générales que je viens de vous marquer : l’une, de vous convaincre toujours de plus en plus du bonheur que vous avez d’être né dans la seule véritable religion, en vous appliquant à considérer les caractères éclatants qui en démontrent la vérité ; l’autre, de vous remplir le cœur et l’esprit des préceptes qu’elle renferme, et qui sont la route assurée pour parvenir au souverain bien, que les anciens philosophes ont tant cherché et que la religion seule peut nous faire trouver. […] Mais quoique cette conviction et cette espèce de foi humaine qu’on acquiert par l’étude des preuves de la religion chrétienne soient d’un ordre inférieur à la foi divine, qui est le principe de notre sanctification1/, et quoique la simplicité d’un paysan, qui croit fermement tous les mystères de la religion parce que Dieu les lui fait croire, soit infiniment préférable à toute doctrine d’un savant, qui n’est convaincu de la vérité de la religion que comme il l’est de la certitude d’une proposition de géométrie ou d’un fait dont il a des preuves incontestables, il est néanmoins très-utile d’envisager avec attention et de réunir avec soin toutes les marques visibles et éclatantes dont il a plu à Dieu de revêtir de ce caractériser, pour ainsi dire, la véritable religion. Non-seulement cette étude affermit et fortifie notre foi, mais elle nous remplit d’une juste reconnaissance envers Dieu, qui a fait tant de profiges, et dans l’ancienne loi et dans la nouvelle, soit pour révéler aux hommes la véritable manière de l’adorer et de le servir, soit pour les convaincre de la vérité et de la certitude de cette révélation. […] Heureux s’il croyait l’être, et malheureux souvent parce qu’il veut être trop heureux, il n’envisage jamais son état dans son véritable point de vue. […] Revoir plus haut le morceau de Pascal, intitulé : Du véritable bien de l’homme.
Un ouvrage n’a une véritable unité que quand on ne peut en rien ôter sans couper dans le vif. Il n’a un véritable ordre que quand on ne peut en déplacer aucune partie sans affaiblir, sans obscurcir, sans déranger le tout. […] Ainsi, à proprement parler, il n’y a qu’un seul véritable maître qui enseigne tout, et sans lequel on n’apprend rien. […] Bourbon est pour lui la véritable fontaine de Jouvence, où je crois qu’il se plonge soir et matin. […] Il suivait en tout les véritables intérêts de sa nation, dont il était autant le père que le roi.
Nul goût, nulle connaissance des véritables beautés du théâtre : les auteurs aussi ignorants que les spectateurs ; la plupart des sujets extravagants et dénués de vraisemblance ; point de mœurs, point de caractères ; la diction encore plus vicieuse que l’action, et dont les pointes et de misérables jeux de mots faisaient le principal ornement : en un mot, toutes les règles de l’art, celles même de l’honnêteté et de la bienséance partout violées. […] Point de grandes choses sans de grandes peines ; et il n’y a point de nation au monde chez laquelle il soit plus difficile que chez la nôtre de rendre une véritable vie à la poésie ancienne. […] La véritable éloquence suppose l’exercice et la culture de l’esprit ; elle est bien différente de cette facilité naturelle de parler, qui n’est qu’un talent, une qualité accordée à tous ceux dont les passions sont fortes, les organes souples et l’imagination prompte. […] « Rien n’est, dit-il, plus opposé à la véritable éloquence, que l’emploi de ces pensées fines et la recherche de ces idées légères, défiées, sans consistance, et qui, comme la feuille du métal battu, ne prennent de l’éclat qu’en perdant de la solidité.
Et pourtant n’y a-t-il pas une qualité essentielle, préférable à toutes les autres, qui doit distinguer l’historien, et qui constitue sa véritable supériorité ? […] En effet, avec ce que je nomme l’intelligence, on démêle bien le vrai du faux ; on ne se laisse pas tromper par les vaines traditions ou les faux bruits de l’histoire ; on a de la critique, on saisit bien le caractère des hommes et des temps ; on n’exagère rien, on ne fait rien trop grand ou trop petit, on donne à chaque personnage ses traits véritables ; on écarte le fard, de tous les ornements le plus malséant en histoire, on peint juste ; on entre dans les secrets ressorts des choses, on comprend et on fait comprendre comment elles se sont accomplies ; diplomatie, administration, guerre, marine, on met ces objets si divers à la portée de la plupart des esprits, parce qu’on a su les saisir dans leur généralité intelligible à tous ; et quand on est arrivé ainsi à s’emparer des nombreux éléments dont un vaste récit doit se composer, l’ordre dans lequel il faut les présenter, on le trouve dans l’enchaînement même des événements ; car celui qui a su saisir le lien mystérieux qui les unit, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres, a découvert l’ordre de narration le plus beau, parce que c’est le plus naturel ; et si, de plus, il n’est pas de glace devant les grandes scènes de la vie des nations, il mêle fortement le tout ensemble, le fait succéder avec aisance et vivacité ; il laisse au fleuve du temps sa fluidité, sa puissance, sa grâce même, en ne forçant aucun de ses mouvements, en n’altérant aucun de ses heureux contours ; enfin, dernière et suprême condition, il est équitable, parce que rien ne calme, n’abat les passions comme la connaissance profonde des hommes. […] L’intelligence est donc, selon moi, la facilité heureuse qui, en histoire, enseigne à démêler le vrai du faux, à peindre les hommes avec justesse, à éclaircir les secrets de la politique et de la guerre, à narrer avec un ordre lumineux, à être équitable enfin, en un mot à être un véritable narrateur. […] Il avait par ses succès ramené la guerre sur son véritable théâtre, celui de l’Italie, d’où l’on pouvait fondre sur les États héréditaires de l’Empereur.
Ces digressions peuvent être de véritables ornements dans l’histoire ; elles y répandent une agréable variété qui charme l’esprit du lecteur sans cesser de l’occuper utilement. […] Avant que de prendre le pinceau, il faudrait rassembler les fastes de tous les empires, les monuments de tous les faits ; être sûr de les avoir authentiques, de les entendre dans leur véritable sens ; avoir un point de vue fixe qui servirait de base à tout le reste. […] Xénophon a donné de véritables mémoires sur Socrate ; il a surtout raconté la Retraite des Dix mille, où il avait joué lui-même un rôle très important. […] Le cardinal de Retz, entre tous, se distingue par la vivacité et l’originalité piquante de son style, qui a suffi pour en faire un des auteurs immortels du xviie siècle, malgré des négligences ou, si on l’aime mieux, de véritables fautes dont la noblesse se piquait un peu à cette époque. […] Bouillet est, en ce genre, un véritable tour de force : il n’a que 2000 pages et contient environ 40 000 notices historiques ou géographiques.
Ces trois discours forment un véritable drame, dont chaque scène est une leçon de courage et de grandeur d’âme ; et le dénouement, ce que l’on pouvait offrir de plus pathétique et de plus attendrissant, la mort du juste assassiné juridiquement, et avalant le breuvage mortel, en pardonnant à ses ennemis, en formant des vœux pour la prospérité de ses concitoyens. […] Xénophon, son disciple ainsi que Platon, a fait aussi une apologie de Socrate, et de plus, quatre livres, sur l’esprit, le caractère et les principes de son maître : c’est un véritable éloge, éloge d’autant plus éloquent, qu’il n’a rien qui semble prétendre à l’éloquence : c’est un exposé pur et simple de la doctrine de son maître, quelques détails toujours précieux, quand il s’agit d’un homme tel que Socrate, et qu’ils sont présentés sans affectation, et sans autres ornements que ceux naturellement inséparables d’une diction enchanteresse. Qu’ils sont petits, froids et mesquins, en comparaison de ces grands traits de la véritable éloquence, louant des vertus réelles, les éloges trop vantés et si peu lus d’Isocrate !
L’éloquence véritable et proprement dite, est comme le pathétique et le vrai sublime ; et peut-être ne sont-ils tous les trois qu’une seule et même chose : c’est ce qu’il est inutile de discuter ici. […] Concluons donc que l’éloquence véritable et proprement dite, est un talent heureux, mais bien rare, qui ne peut être qu’un don de la nature, et que l’autre espèce d’éloquence est un art qui ne peut s’acquérir que par l’étude et l’exercice. […] Voilà la véritable éloquence et ses heureux effets. […] Louis XIV, ce monarque, la gloire de son peuple et de son siècle, la gloire de la religion et de l’État, plus héros dans le déclin des années et dans l’adversité, que dans le brillant de la jeunesse et de ses victoires, et dont la vertu éprouvée par la disgrâce, força enfin la fortune à rougir de son inconstance, lui fit sentir sa faiblesse, lui apprit qu’il ne lui appartient ni de donner, ni d’ôter la véritable grandeur ; Louis XIV avait vu passer comme l’ombre sa nombreuse postérité.
S’ils avaient la véritable justice, si les médecins avaient le vrai art de guérir, ils n’auraient que faire de bonnets carrés : la majesté de ces sciences serait assez vénérable d’elle-même. […] Quand la force combat la force, la plus puissante détruit la moindre ; quand on oppose les discours aux discours, ceux qui sont véritables et convaincants confondent et dissipent ceux qui n’ont que la vanité et le mensonge ; mais la violence et la vérité ne peuvent rien l’une sur l’autre. […] Ainsi il avait une double pensée : l’une par laquelle il agissait en roi, l’autre par laquelle il reconnaissait son état véritable, et que2 ce n’était que le hasard qui l’avait mis en la place où il était.
Mais quelle en est la véritable école ? […] Ensuite Socrate montre que la rhétorique, c’est-à-dire l’art de ces orateurs-là, n’est pas un art véritable. […] Mais, si l’on vous en croit, nos principaux orateurs mêmes sont bien éloignés du véritable art. […] Il faut sentir la passion pour la bien peindre : l’art, quelque grand qu’il soit, ne parle point comme la passion véritable. […] D’ailleurs nous voyons que saint Augustin connaissait bien le fond des véritables règles.
Il connaissait mieux que personne en quoi consistait la véritable éloquence. […] C’est, en effet, la véritable cause de ce sentiment, mais cette cause n’en fait que mieux connaître l’injustice. […] Les jugements des hommes nous seraient infiniment moins favorables s’ils étaient entièrement conformes à la vérité, et si ceux qui les font connaissaient tous nos véritables maux.
Il y a donc dans l’œuvre de Saint-Louis, si elle est bien faite et avec l’esprit d’une vraie foi et d’un véritable amour de Dieu, de quoi renouveler dans tout le royaume la perfection du christianisme. […] Il y a une grande différence entre connaître Dieu par le savoir, par la pointe de l’intelligence, par la subtilité de la raison, par la multiplicité des lectures, ou le connaître par les simples instructions du christianisme, et par les leçons intérieures du véritable amour qui enseigne tout, en appetissant1, en détruisant, en sacrifiant, et en formant en nous toutes les vertus. […] Voilà mes véritables sentiments.
Voilà le caractère de Démosthènes, le caractère de tout véritable orateur. […] Dans le véritable sens du mot, dit M. […] Pour être un véritable orateur politique, il faut donc posséder le talent de l’improvisation. […] Du raisonnement et des preuves comme fondement de la véritable éloquence. […] Enfin, un ami véritable, un père de notre âme nous est donné : on pourra tout lui dire.
« L’épopée véritable des temps modernes, notre Iliade, c’était l’expédition des croisés. […] Le sujet de la Henriade manque d’antiquité, de grandeur et de prestige : on y cherche en vain la véritable inspiration. […] L’épopée a besoin d’une véritable inspiration ; l’art ne suffit pas pour la composer.
Il faut qu’il se rende maître de son sujet, qu’il l’embrasse, qu’il le possède tout entier, qu’il en montre l’unité, en le présentant sous son véritable point de vue, et qu’il tire d’une seule source les principaux événements qu’il doit raconter. […] C’est à lui qu’il appartient de distinguer le vrai et le faux mérite, la véritable et la fausse gloire, les actions réellement vertueuses et celles qui ne le sont qu’en apparence ; de démasquer hardiment le vice, d’exposer la vertu dans tout son jour, et de les peindre l’un et l’autre avec les seules couleurs qui leur sont propres ; en un mot de ne louer que ce qui mérite les éloges de l’homme honnête et éclairé. […] Pour la bien traiter, il faut être profondément instruit des augustes mystères, de la morale sublime de la religion, et du droit canonique ; faire connaître le véritable esprit des lois, des règles, des décisions, des usages, des privilèges de l’Église, ses oracles, ses dogmes, sa foi, l’étendue et les bornes de sa juridiction, son autorité à laquelle tous les fidèles du monde doivent être soumis en ce qui concerne purement le spirituel. […] Il faudrait, avant de prendre le pinceau, dit l’abbé Batteux 115, rassembler les fastes de tous les empires, les monuments de tous les faits, être sûr de les avoir authentiques, de les entendre dans leur véritable sens. […] C’est une histoire purement politique de la naissance et de la chute de la nation romaine, ou si l’on veut, le recueil des faits divers, dans lesquels l’auteur découvre, par son génie, les véritables causes de la grandeur de ce peuple, et celles de sa décadence : vrai chef-d’œuvre, qu’on ne peut lire avec fruit que quand on possédera bien l’histoire romaine, jusqu’à l’extinction de l’empire.
Il y a des traits d’une grande force, des pensées pleines de grâce ou de finesse, et des morceaux entiers qui respirent le ton de la véritable éloquence. […] Le ton déclamateur, la manie des antithèses et de l’amplification le déparent trop souvent, et lui ôtent le caractère principal de toute véritable grandeur, la simplicité noble.
C’est là que l’on trouve ce fameux morceau sur la guerre, et cette définition de la véritable valeur de l’officier français, opposée à celle du simple soldat abandonné à lui-même. […] C’est un corps animé d’une infinité de passions différentes, qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie : c’est une troupe d’hommes armés qui suivent aveuglément les ordres d’un chef, dont ils ne savent pas les intentions : c’est une multitude d’âmes, pour la plupart viles et mercenaires, qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants : c’est un assemblage confus de libertins, qu’il faut assujétir à l’obéissance ; de lâches qu’il faut mener au combat ; de téméraires, qu’il faut retenir ; d’impatients, qu’il faut accoutumer à la confiance, etc. » Malgré le respect dû au nom de Fléchier, et surtout à l’oraison funèbre de Turenne, son plus bel ouvrage, qui ne voit, dans le premier de ces deux morceaux, le véritable orateur, l’écrivain plein de son sujet ; et, dans le second, le rhéteur presque uniquement occupé du soin d’assembler et de faire contraster des mots ?
. — Mais une qualité sans laquelle l’unité et la variété ne pourraient produire une véritable beauté, c’est la vérité ou la vraisemblance. […] L’homme de génie, au contraire, vivement impressionné par la vue de l’objet, en pénètre les véritables beautés, et le présente à nos regards sous un aspect qui frappe à l’instant l’imagination et l’échauffe. […] L’événement est véritable ou fabuleux, parce qu’il peut avoir eu lieu réellement, ou bien avoir été imaginé par l’écrivain. […] La narration badine est l’exposé d’un fait amusant, véritable ou supposé. […] Il faut donc que les nouvelles soient véritables ; ce serait abuser des gens éloignés que de leur envoyer des fadaises ou des faits hasardés.
• Appliquer à Démosthène, en la confirmant par des exemples, cette définition du véritable orateur : Il pense, il sent, et la parole suit. (10 novembre 1883). […] En 1810 la véritable interprétation des rôles de Pauline et de Polyeucte fut rétablie par Rachel et Beauvallet ; Sévère fut dès lors rejeté au second. […] Aussi plus de mœurs romanesques : il faut à la comédie des mœurs véritables, empruntées à la nation et au temps où vit le poète. […] Molière remplaça cette tenue un peu trop uniformément digne par un enjouement et une verve, qui ont donné à la comédie son véritable ton. […] Le véritable orateur s’adresse seulement à « ceux dont la tête est ferme, le goût délicat, le sens exquis ».
Au bruit de Neptune en furie, est une de ces tournures heureuses, dit La Harpe de ces figures de diction qui donnent au style la véritable élégance poétique. […] Ces sortes d’oppositions qui terminent une comparaison par une circonstance plus grande que toutes les autres, sont imitées du chantre de l’Iliade, et l’on regrette, avec raison, que Voltaire n’ait pas pris plus souvent, dans sa Henriade, ce véritable ton de l’épopée. […] Tout ce qui sort de la nature, tout ce que l’expression rend avec plus de fracas que de force véritable, voilà l’enflure.
Quant aux mots que la mode ou le besoin ont introduits dans le discours et que l’usage a consacrés, nous les réduirons à leur juste valeur, en ne les plaçant qu’à propos, et en les rapprochant toujours le plus qu’il sera possible de leur véritable origine. […] Il est donc probable que nous aurions également la poétique de l’élégie, si Aristote et Horace eussent trouvé le véritable type de ce genre de poésie, dans les ouvrages de leurs contemporains ou de leurs devanciers. […] ils existent ces monuments sacrés de l’antique et auguste douleur des premiers temps ; ces modèles achevés des chants religieux consacrés aux grandes infortunes des puissants de la terre ; et eux seuls vont nous donner l’idée et les règles de l’élégie, non point de cette élégie prétendue, qui Flatte, menace, irrite, apaise une maîtresse ; mais de la véritable, de la plaintive élégie, qui sait, les cheveux épars, gémir sur la tombe des princes ou des héros ; sur celle de Saül et de Jonathas, si tendrement pleurés par David, au second livre des Rois, ch. […] Mais c’est moins encore par les beautés de détails, par des traits épars et isolés, que cette étude peut influer sur une composition quelconque ; c’est par le ton général, par la couleur religieuse qu’elle prête au style par l’onction dont elle pénètre les sentiments, par la grandeur enfin qu’elle donne aux pensées C’est là ce qui constitue la véritable originalité ; ce qui fait d’un écrivain un homme à part, et donne à toutes ses productions un caractère particulier.
Quant à l’immortel Fénelon, il était à la fois trop modeste, trop ami du goût, trop attaché aux doctrines de l’antiquité, trop sensible à la véritable poésie, pour donner le nom de poème à son Télémaque. […] Un véritable poète sait le porter avec grâce.
Aussi a-t-il besoin, pour réussir dans ce genre, de ces qualité si rares et si précieuses qui, suivant Horace, font le véritable poète : un génie créateur, un esprit presque divin, et une diction toujours riche, noble, majestueuse et souvent sublime. […] Tout ce qui agite l’âme avec violence, tout ce qui lui cause une émotion douce, tout ce qui l’impressionne et fait naître en elle on enthousiasme véritable, peut devenir la matière de l’ode. […] Il faut en conclure que la règle véritable pour la forme de l’ode, est qu’elle soit bien adaptée au sentiment que l’on veut exprimer, c’est-à-dire qu’elle soit régulière ou symétrique, si le sentiment a une vigueur soutenue, et irrégulière, si la vivacité de la pensée ou du sentiment produit des variations dans la marche. […] C’est, en effet, dans les poésies des Hébreux, que nous trouvons le caractère sérieux et sublime de la poésie lyrique, le grand caractère de l’ode, c’est-à-dire un objet important, un enthousiasme sincère, des élans rapides, une véritable inspiration. […] La véritable douleur n’a point de langage étudié, de style pompeux.
Voilà les maîtres vers lesquels il faut sans cesse porter ses regards, quand on a quelques sentiments de l’art véritable, et qu’on aime cette admirable langue française, fidèle image de l’esprit et du caractère national, qui ne peut se soutenir et durer que par le perpétuel renouvellement des causes qui l’ont formée et élevée, à savoir les grands sentiments et les grandes pensées, ces foyers immortels du génie des écrivains et des artistes, aussi bien que de la puissance des nations. […] Souvent dans l’ignorance où il est de son objet véritable, il se demande d’où vient ce désenchantement fatal dont successivement tous ses succès, tous ses bonheurs sont atteints. […] Oui, il y a un Dieu, un Dieu qui est une véritable intelligence, qui, par conséquent, a conscience de lui-même, qui a tout fait et tout ordonné avec poids et mesure, et dont les œuvres sont excellentes, dont les fins sont adorables, alors même qu’elles sont voilées à nos faibles yeux.
Que l’on déclame donc, autant que l’on voudra, sur les caprices et l’incertitude du goût, l’expérience a prouvé depuis longtemps qu’il est un certain ordre de beautés qui, placées dans leur véritable jour, commandent une admiration universelle et durable. […] Il est difficile de compter tous les divers objets qui peuvent procurer des plaisirs au goût ; il est plus difficile encore de définir ceux que l’expérience a découverts, et de les mettre à leur véritable place ; et lorsque nous voulons faire un pas de plus, et rechercher la cause efficace du plaisir que nous procurent de tels objets, c’est là que notre insuffisance se fait le plus sentir.
Le voici : « Livrés, dès notre enfance, aux préjugés de l’éducation et de la coutume, le désir d’une fausse gloire nous empêche de parvenir à la véritable ; et, par une ambition qui se précipite en voulant s’élever, on veut agir avant que d’avoir appris à se conduire, juger avant que d’avoir connu ; et, si nous osons même le dire, parler avant que d’avoir pensé ». […] C’est à d’Aguesseau qu’il appartenait de parler de la grandeur d’âme, et de tracer le portrait du véritable magistrat.
Nul goût, nulle connaissance des véritables beautés du théâtre ; les auteurs aussi ignorants que les spectateurs ; la plupart des sujets extravagants et dénués de vraisemblance ; point de mœurs, point de caractères ; la diction encore plus vicieuse que l’action, et dont les pointes et de misérables jeux de mots faisaient le principal ornement ; en un mot, toutes les règles de l’art, celles même de l’honnêteté et de la bienséance, partout violées. […] Songez qu’ils ne doivent servir qu’à votre récréation, et non pas à faire votre véritable étude.
Quel est le véritable principe de la poésie ? […] Guidée par la religion véritable, elle donne une forme sensible aux êtres invisibles, au monde moral ; mais il y a, dans sa pensée et dans sa forme, quelque chose de moins grossier et de moins terrestre, comme on peut le voir dans les poésies de saint Grégoire de Nazianze, et surtout dans le portrait qu’il a tracé de la Pureté et la Tempérance.
Ainsi, l’un et l’autre se sont plus ou moins écartés du véritable but de l’art d’écrire, où l’on ne parvient qu’en sachant prendre le ton et garder la couleur de son sujet. […] Les partisans un peu sévères du bon goût l’ont constamment rejeté parmi ces modèles qu’il faut soigneusement écarter d’un livre classique, parce que le brillant en impose ici sur la solidité, et qu’il est à craindre qu’il ne reste de tout ce fracas d’antithèses plus d’apparence que de réalité, et plus de bruit dans la tête des jeunes gens, que d’idée de la véritable harmonie oratoire.
Il ne nous serait que trop facile de le prouver par des citations ; mais nous en avons dit assez pour indiquer ce qu’étaient devenus alors le langage de la tribune, et l’éloquence des Mirabeau et des Maury ; nous nous hâtons d’arriver à une époque où l’importance de la cause et le talent de l’orateur ramenèrent, pour un moment, le langage de la raison et la véritable éloquence, dans une assemblée qui comptait encore quelques hommes capables d’entendre l’un et d’apprécier l’autre. […] Renfermée alors dans les paisibles fonctions de la magistrature, et réduite à ne plus se montrer que dans les jours d’apparat, elle ne parle plus qu’un langage étudié, étranger aux beaux mouvements de la véritable éloquence, et froidement subordonné aux convenances, qui glacent à tout moment son enthousiasme, et viennent arrêter son essor.
L’histoire a pour but de raconter les évènements véritables. […] Les légendes n’appartiennent qu’indirectement à l’histoire ; ce sont des récits naïfs et populaires, fondés souvent sur des faits véritables, mais altérés par l’imagination ignorante et avide de merveilleux ; il est difficile souvent d’y démêler la vérité du mensonge, car l’invention romanesque y domine.
Parmi les Latins, Cicéron, après avoir offert dans ses discours les plus beaux exemples de la véritable éloquence, a montré, dans son traité intitulé Orator, le vrai modèle de l’orateur. […] Gibert prévit dès lors que ses Observations ne suffisaient pas pour sauver la véritable doctrine oratoire. Il s’est donc déterminé à imprimer les Règles de l’éloquence, livre qui n’a rien de commun avec un autre ouvrage du même auteur, publié en 1703, sous le titre de la Véritable éloquence, et qui commença à établir sa réputation.
Voilà mes véritables sentiments. […] Il n’y a de véritable paix que pour l’âme remplie de Dieu.
La véritable rhétorique et la saine logique se tiennent de très près. […] Mais cette critique est celle des pédagogues ; la véritable est un art digne de notre application, fruit du bon sens et du goût le plus délicat. […] On reconnaît la délicatesse au jugement que l’on porte sur le véritable mérite d’un ouvrage. […] Le véritable sentiment du sublime est bien différent de ces sortes d’impressions, et quelquefois même il leur est tout à fait étranger. […] Voilà quelles en sont les véritables sources.
Les uns et les autres sont de véritables Traités de style, de composition et même, de critique littéraire. […] C’est un véritable charme, quand, selon l’expression de Pascal, on s’attendait de voir un auteur et on trouve un homme . […] La véritable harmonie du style consiste dans l’habile mélange de la période et de la phrase coupée. […] C’était pour eux une véritable science de pantomime, et les rhéteurs notaient même la pose de la main, le mouvement des doigts et la direction du regard. […] L’orateur doit se rappeler ses idées pour les suivre méthodiquement) sans mémoire, point de véritable orateur.
Ainsi Coriolan, Philoctète, Icilius (dans Virginie) ont tous avec Warvick, ce trait premier de ressemblance qui tient à l’idée générale du rôle ; et malgré les efforts de l’auteur pour graduer les nuances qui devaient les différencier, tous ces personnages ont un défaut commun, l’exagération du sentiment de l’injure, plus de roideur que de véritable force, et d’âpreté que d’énergie. […] Ils avaient senti vivement le charme constamment répandu dans la Jérusalem, et ils se sont crus capables de le faire sentir aux autres : le Tasse a été pour eux un véritable enchanteur ; ils se sont oubliés et méconnus dans son poème, comme Renaud dans les jardins d’Armide. […] Au surplus, ce n’est pas sur ses éloges académiques que se fonde la gloire littéraire de M. de La Harpe ; son véritable titre à la célébrité est dans son Cours de Littérature, monument précieux dans tous les temps, et plus estimable encore par les circonstances où il a paru, mais qui cependant n’est pas totalement exempt de reproches. […] Trop haut dans l’opinion des uns, infiniment trop bas dans celle des autres, c’est du temps qu’il doit attendre et qu’il obtiendra son véritable rang.
Tout ceci n était pas un vain étalage de phrases étudiées ; c’était le véritable état de l’âme de Cicéron ; et Plutarque rapporte que Milon, qui connaissait la timidité naturelle de son ami, lui avait conseillé de se faire apporter en litière dans le Forum, et d’y rester tranquille jusqu’à ce que les juges fussent assemblés. […] L’orateur expose ensuite le véritable point de vue de la question, et il la réduit aux termes les plus clairs et les plus simples : Milon a usé de son droit en tuant Clodius ; et ce droit était fondé sur la nécessité de la défense personnelle. […] Il n’y a pas de doute maintenant sur le véritable agresseur, et il est évident que c’est Clodius qui a dressé des embûches à Milton.