Par exemple, un froid historien qui raconterait la mort de Didon se contenterait de dire : Elle fut si accablée de douleur après le départ d’Enée, qu’elle ne put supporter la vie ; elle monta au haut de son palais ; elle se mit sur un bûcher, et se tua elle-même.
Lorsqu’il tombe dans un piège, il est si fort et si longtemps épouvanté, qu’on peut ou le tuer sans qu’il se défende, ou le prendre vivant sans qu’il résiste ; on peut lui mettre un collier, l’enchaîner, le museler, le conduire ensuite partout où l’on veut sans qu’il ose donner le moindre signe de colère ou même de mécontentement. […] Quand je me fusse tué à imaginer des fables allégoriques, il eût bien pu arriver que la plupart des gens auraient pris la fable comme une chose qui n’eût point trop été hors d’apparence, et auraient laissé là l’allégorie.
Parmi les psaumes, nous citerons, dans le genre doux et simple, les psaumes 22, Dominus regit me ; — 62, Deus, Deus meus, ad te de luce vigilo ; — 79, Qui regis Israel ; — 132, Ecce quam bonum, qui sont de beaux modèles d’odes gracieuses ; dans le genre tempéré, les psaumes 11, Salvum me fac, Domine ; — 18, Cœli enarrant gloriam Dei ; — 41, Quemadmodum desiderat cervus ; — et 83, Quàm dilecta tabrnacula tua… ; enfin, dans le genre sublime, les psaumes 28, Afferte Domino filii Dei ; — 67, Exurgat Deus ; — 75, Notus in Judæâ Deus ; — 103, Benedic anima mea, hymne admirable sur la création, et 113, In exitu Israel. […] Ses plus belles poésies dans ce genre sont les Psaumes 22, Dominas, regit me ; 62, Deus Deus meus, ad te de luce vigilo ; 83, Quàm dilecta tabernacula tua ; 132, Ecce quàm bonum et quàm jucundum.
Au nom de Jupiter, au nom de tous les dieux, je vous en conjure, Athéniens, n’érigez point sur le théâtre de Bacchus un trophée contre vous-mêmes ; ne faites point passer, aux yeux de tous les Grecs, les Athéniens pour des insensés ; gardez-vous de rappeler aux malheureux Thébains les maux sans nombre, les maux sans remède qu’ils ont éprouvés : ces infortunés, à qui vous avez ouvert votre ville, quand ils fuyaient la leur, grâce à Démosthène ; ces généreux alliés, dont la vénalité de Démosthène et l’or du roi de Perse ont brûlé les temples, tué les enfants, et détruit les tombeaux !
« Lorsque dans Argos, dit-il, la statue de Mytis tomba fortuitement sans doute sur celui qui avait tué ce même Mytis, et l’écrasa au moment qu’il la considérait, cela fit une grande impression, parce que cela semblait renfermer un dessein, une volonté. » Schiller a mis sur la scène la conjuration de Fiesque.
Les voyelles sont séparées et forment double syllabe dans les mots mari-age, di-amant, confi-ant, pri-ère, défi-er, matéri-el, li-en, aéri-en, vi-olet, acti-on, avou-er, tuer, mu-et, rui-ne, etc.
Paris, comme on dit, ne s’est pas bâti en un jour ; on ne monte pas d’un saut, à pieds joints, de l’école au Panthéon, et il faut avoir perdu vingt causes pour devenir un bon avocat, comme il faut avoir tué au moins vingt malades pour devenir un bon praticien.
Il y a l’ironie plaisante, à l’air paterne et bénin, qui joue avec sa victime et la tue innocemment par le ridicule ; on l’appelle quelquefois persiflage : — De ce bourbier vos pas seront tirés, Dit Pompignan, votre dur cas me touche.
Hinc tibi, quæ semper vicino ab limite sepes Hyblæis apibus, florem depasta salicti, Sæpè levi somnum suadebit mire susurro ; Hinc alta sub rupe canet frondator ad auras ; Nec tamen interea, raucæ, tua cura, palumbes, Nec gemere aeria cessabit turtur ab ulmo.
Servilius Ahala, qui, voyant Spurius Melius préparer une révolution, le tua de sa propre main. […] Que de fois, lorsque j’étais consul désigné, que de fois, depuis mon entrée en charge, n’as-tu pas voulu me tuer ? […] Lorsqu’il exerçait la préture en Espagne, où il fut tué, le hasard voulut qu’en faisant des armes, l’anneau d’or qu’il portait se rompit et se brisa tout en pièces. […] Ce conquérant, plein d’humanité, ne fut pas plutôt maître de la ville, qu’il s’informa d’Archimède, ce génie divin, cet homme d’un si vaste savoir ; et lorsqu’il sut qu’il avait été tué, il s’affligea de cette perte. […] Domitius lui demande comment il a tué cette bête énorme.
Elles se chargent une dernière fois d’innombrables grappes, mais sans couleur et sans saveur : suprême effort de la vigne qui languit, et que ce dernier enfantement tuera. […] Mais, mon père, ajoutai-je, finissons : mes camarades, qui sont dans ce bois, s’impatientent ; jetez tout à l’heure votre bourse à terre, ou bien je vous tue. » A ces mots, que je prononçai d’un air menaçant, le religieux sembla craindre pour sa vie. « Attendez, me dit-il, je vais donc vous satisfaire, puisqu’il le faut absolument. […] Le roi, fuyant et poursuivi, eut son cheval tué sous lui ; le colonel Gierta, blessé et perdant tout son sang, lui donna le sien. […] Vous allez croire, sûrement, que je veux que votre frère devienne un stoïcien, et qu’il se tue, comme Caton, ou qu’il lise notre Sénèque ! […] — Le poste n’était pas mauvais, parce que, ayant le district des pansements et des drogues, je vendais souvent aux hommes de bonnes médecines de cheval… Le comte. — Qui tuaient les sujets du roi !
Voyez, dans Bossuet, comme elle fait retentir jusqu’au fond du cœur les coups multipliés qui frappèrent Henriette de France, et le tonnerre imprévu qui tua Henriette d’Angleterre.
Point du tout ; la phrase est dans le sens de celle-ci : « ou la maladie vous tuera, ou ce sera le médecin » ; ou bien le médecin ; c’est incontestable.
On lui fit un crime de ne pas s’être tué comme Caton, ou, après avoir accepté le pardon de César, de s’être réjoui de sa mort, et d’avoir prolongé contre Antoine une lutte inutile.
Ce n’est pas avec des phrases toutes faites et des lieux communs qu’ils veulent être jugés : que de grands prêtres classiques ont tué la foi par la superstition !
La première partie se réduit à celui-ci : Il est permis à celui dont la vie est attaquée par un assassin, de tuer celui qui l’attaque ; Or Milon n’a tué Clodius qu’en défendant sa vie attaquée et mise en danger par ce cruel ennemi ; Donc il a été permis à Milon de tuer Clodius. […] Dans le plaidoyer pour Roscius d’Amérie, Cicéron prouve qu’il n’est pas vraisemblable que son client ait tué son père. […] Ce raisonnement se réduit à celui-ci : Le parricide est un crime si affreux, que l’accusation doit être fondée sur les motifs les plus solides et les preuves les plus fortes ; Or Caïus Érucius, accusateur de Roscius, ne présente aucune preuve ni aucun motif qui puisse faire croire que Roscius soit coupable de parricide ; Donc il n’est pas vraisemblable que Roscius ait tué son père. […] Il dit dans le discours pro lege Maniliâ : « Pompée réunit la connaissance de l’art militaire, le courage, la réputation et le bonheur ; donc Pompée est un grand général. » Et dans le discours pour Rabirius : « Si c’est un crime que d’avoir tué Saturninus, c’en est un d’avoir pris les armes contre lui ; mais si, au contraire, on a eu le droit de prendre les armes contre lui, on a eu nécessairement le droit de le tuer. » Bourdaloue est plein de ces enthymèmes dont la triste nudité peut déplaire quelquefois ; aussi lui a-t-on reproché de n’avoir pas assez sacrifié au tour et à l’élocution oratoire. […] Cicéron use d’une induction pour prouver l’innocence de Sextus Roscius, accusé d’avoir tué son père.
Le pigeon profita du conflit des voleurs, S’envola, s’abattit auprès d’une masure, Crut pour ce coup que ses malheurs Finiraient par cette aventure ; Mais un fripon d’enfant (cet âge est sans pitié) Prit sa fronde, et du coup tua plus d’à moitié La volatile malheureuse, Qui, maudissant sa curiosité, Traînant l’aile et tirant le pié, Demi-morte et demi-boiteuse, Droit au logis s’en retourna. […] En cette même retraite fut tué aussi ce gentil et brave monsieur de Bayard, à qui ce jour monsieur de Bonnivet, qui avait été blessé en un bras d’une heureuse harquebuzade et pour ce se faisait porter en litière, luy donna toute la charge et le soin de l’armée et de toute la retraite, et lui avait recommandé l’honneur de la France.
Je suis bien folle de vous écrire de telles bagatelles : c’est le loisir de Livry qui vous tue. […] Vous m’eussiez vu dans les plus effroyables montagnes du monde, au milieu de douze ou quinze hommes les plus horribles que l’on puisse voir, dont le plus innocent en a tué quinze ou vingt autres, qui sont tous noirs comme des diables, et qui ont les cheveux qui leur viennent jusqu’à la moitié du corps ; chacun eux ou trois balafres sur le visage, et deux pistolets et deux poignards à la ceinture ; ce sont les bandits qui vivent dans les montagnes des confins du Piémont et de Gènes.
En voici l’application rigoureuse : Jean V, duc de Bretagne — a tué Olivier Clisson — au moment où il venait de jurer la paix — dans son propre château — pour satisfaire une passion insensée — en abusant de la confiance du connétable — et en le prenant dans un guet-apens. […] Il est tué, vous disparaissez, vous fuyez ses amis (conséquents). […] Un exemple fera bien sentir la différence du récit historique et de la narration oratoire : l’historien ayant à raconter le meurtre de Clodius par les esclaves de Milon dirait : les esclaves de Milon tuèrent Clodius. […] A l’instant, du haut d’une éminence un grand nombre d’esclaves fondent sur Milon, les armes à la main, ils attaquer et tuent le cocher. […] On dit qu’il est juste de faire périr une femme qui a tué son mari, qu’il est juste qu’un fils venge le meurtre de son père, et l’on absout Oreste sans se demander s’il est juste qu’un fils assassine sa mère.
Le dix-huitième siècle a tué la périphrase par l’étrange abus qu’il en a fait.
Il se tue à rimer : que n’écrit-il en prose ?
Il eut dans ce combat en particulier, deux chevaux tués sous lui.
Et n’estoit rien Hercules5 qui estant au berseau tua les deux serpens : car lesdicts serpens estoyent bien petitz et fragiles.
., vota contre la mesure qui donnait à César le commandement des Gaules, prit parti pour Pompée dans la guerre civile, passa en Afrique après Pharsale ; mais, Métellus ayant été vaincu à Thapsa, plutôt que d’accepter le joug de César, il se tua à Utique.
Mais, quand le moucheron terrasse le lion, c’est une autre affaire : alors l’enfant n’est plus lion, il est moucheron ; il apprend à tuer un jour, à coup d’aiguillons, ceux qu’il n’oserait attaquer de pied ferme.
Deus virtutum convertere, respice de cœlo et vide, et visita vineam istam ; et perfice eam quam plantavit dextera tua.
Si vous ne remplissez pas cette loi de l’intérêt, votre ouvrage deviendra froid, et la curiosité faisant place à l’indifférence, celle-ci amènera bientôt le dégoût qui tue les productions de l’esprit.
S’il y a des astronomes à la fin des temps, je ne crois pas qu’il fût sage à eux de se tuer de chagrin parce que les planètes iront de travers, c’est-à-dire autrement qu’elles n’étaient allées jusque-là ; ceci dérangera, j’en conviens, la régularité de la science, mais ne dérangera point l’univers, que ne cessera pas de conduire une Intelligence pourvue d’autres règles de gouvernement que celles que nous nous faisons avec tant de travail et un travail si vain.
Oreste, après avoir tué Pyrrhus pour plaire à Hermione, apprend qu’elle a pu lui survivre et qu’elle vient de se donner la mort. […] S’il est vrai que j’ai chassé les ennemis de votre territoire, que je leur ai tué beaucoup de monde dans deux combats, que j’ai forcé les débris de leurs armées de s’enfermer dans leurs places, que j’ai enrichi Rome et vos soldats du butin qu’ils ont fait dans le pays ennemi ; que vos tribuns se lèvent, et qu’ils me reprochent en quoi j’ai manqué contre les devoirs d’un bon général.
S’ils le tuent, comment pourront-ils, et comment oseraient-ils rentrer sans lui en Espagne ? […] La science et l’industrie doivent-elles nécessairement tuer la poésie ? […] Oreste, ambassadeur des Grecs auprès de Pyrrhus, le tue pour obéir à Hermione, qu’il aime, il nous apparaît à la fin de la pièce en proie aux Furies. […] Hermione, qui a armé la main d’Oreste contre Pyrrhus, se repent de son crime et se tue. […] Cinna est odieux quand, consulté par Auguste qui veut, d’après son avis, se démettre du pouvoir absolu ou le conserver, il lui conseille de rester ce qu’il est afin d’avoir un prétexte à le tuer.
En vain Mars en fureur De la patrie a moissonné la fleur ; Plus on en tue, et plus il s’en présente.
Nulla ferat primos aris tua messis honores ; De grege lecta tuo victima nulla cadat !
La Charade vient, dit-on, de l’idiome languedocien, et signifie dans son origine, discours propre à tuer le temps.
Comptez que vous tuez votre enfant en le caressant trop.
Si le vers se termine par une seule voyelle, il lui faut une lettre pour appui, bon — té, chari — té, — vé — cu, vain — cu, — éver — tue, tor — tue, etc. […] Le monarque des dieux leur envoie une grue, Qui les croque, qui les tue.
Lætare ergo, juvenis, in adolescentiâ tuâ, et in bono sit cor tuum in diebus juventutis tua ; et ambula in viis cordis tui, et in intuitu oculorum tuorum : et scito quòd pro omnibus his adducet te Deus in judicium.
La peinture fut sans doute le premier essai de l’art d’écrire : ainsi, pour faire entendre qu’un individu en avait tué un autre, on peignait un homme étendu sur la terre, et, près de lui, un autre homme tenant à la main une arme encore sanglante. […] ce n’est pas là que sont les ennemis. » Rasi, un capitaine musulman du temps même de Mahomet, voit les Arabes effrayés qui s’écrient que leur général Dérar est tué : « Qu’importe, dit-il, que Dérar soit mort ? […] « — Monsieur, lui dit-il, vous avez raison : je ne veux point du tout être tué aujourd’hui ; cela sera le mieux du monde. » Il eut a peine tourné son cheval, qu’il aperçut Saint-Hilaire, le chapeau à la main, qui lui dit : « Monsieur, jetez les yeux sur cette batterie que je viens de faire placer là. » M. de Turenne revint, et dans l’instant, sans être arrêté, il eut le bras et le corps fracassés du même coup qui emporta le bras et la main qui tenait le chapeau de Saint-Hilaire. […] « Un froid historien, dit Fénelon, ayant à raconter la mort de Didon, se contenterait de dire : « Elle fut si » accablée de douleur après le départ d’Énée, qu’elle ne put supporter la vie ; elle monta au haut de son palais, elle se mit sur un bûcher, et se tua elle-même. » En écoutant ces paroles, vous apprenez le fait, mais vous ne le voyez pas. […] Nous en avons un exemple dans ce passage admirable du rôle d’Oreste, lorsque, après avoir tué Pyrrhus pour plaire à Hermione, il apprend qu’elle n’a pu lui survivre et qu’elle vient de se donner la mort : Grâce au ciel, mon malheur passe mon espérance !