Dans toute espèce de composition, ce qui intéresse l’imagination, ou ce qui touche le cœur, est sûr de plaire dans tous les temps et dans tous les pays. […] L’autorité, la prévention, peuvent, dans un temps ou dans un pays, donner un moment de réputation à un poète insipide, à un artiste très médiocre ; mais lorsque les étrangers ou la postérité parcourent leurs ouvrages, leurs défauts paraissent au grand jour, et le goût naturel rentre dans ses droits. Le temps, en effet, détruit les illusions de l’opinion et les bizarreries du caprice ; mais il confirme les décisions de la nature.
Pour le voir de plus près, je m’approchai de son lit, et ne pouvant douter que ce ne fût le poëte Nuñez, je demeurai quelque temps à le considérer sans rien dire. […] En ce temps-là, les embrassades étaient fort à la mode. […] Ventre, Nos écrivains du temps passé avaient volontiers le mot franc, et parfois brutal.
Prosper Mérimée Né en 1803 [Notice] Dans un temps où règne le goût de la littérature facile, M. […] Les soldats eurent le temps de barricader la porte de la tour, et pendant quelques instants ils se défendirent avec avantage en tirant par les fenêtres ; mais il y avait tout contre ce bâtiment un grand amas de paille et de foin, ainsi que des branchages qui devaient servir à faire des gabions1. […] Orso resta quelque temps immobile, n’osant éloigner de lui ces épouvantables reliques.
C’est oublier que tout poëte dramatique reproduit plus ou moins, à son insu, les mœurs de son temps. […] Dans cette enfance, ou, pour mieux dire, dans ce chaos du poëme dramatique parmi nous, votre illustre frère, après avoir quelque temps cherché le bon chemin, et lutté, si je l’ose ainsi dire, contre le mauvais goût de son siècle, enfin inspiré d’un génie extraordinaire, et aidé de la lecture des anciens, fit voir sur la scène la raison, mais la raison accompagnée de toute la pompe, de tous les ornements dont notre langue est capable ; accorda heureusement la vraisemblance et le merveilleux, et laissa bien loin derrière lui tout ce qu’il avait de rivaux, dont la plupart, désespérant de l’atteindre, et n’osant plus entreprendre de lui disputer le prix, se bornèrent à combattre la voix publique déclarée pour lui, et essayèrent en vain, par leurs discours et leurs frivoles critiques, de rabaisser un mérite qu’ils ne pouvaient égaler. […] Hippolyte Rigault, si justement regretté : « Il fut un temps où l’on s’imaginait en France qu’un homme de génie, un grand poëte était un homme comme un autre, et ne se distinguait du commun des mortels que par l’excellence de son esprit.
Il les prend tous en vain, et passe ainsi dix heures de temps. […] N’auriez-vous pas aime qu’Antigone restât quelque temps à chercher son père ? […] Pendant ce temps son frère gémit dans les fers. […] Mais dans quel temps, dans quel univers et comment ? […] Faites apparaître les peuples guidés par le Temps, les uns louant leur maître, les autres maudissant leurs tyrans, etc.
Il a voulu se mêler d’intrigues dès son enfance, dans un temps où il ne sentait pas les petits intérêts, qui n’ont jamais été son faible, et où il ne connaissait pas les grands, qui d’un autre sens n’ont pas été son fort. […] Il n’a pas eu le temps de les prendre par lui-même, parce qu’il a été prévenu dès sa jeunesse par la chute imprévue des grandes affaires et par l’habitude au bonheur. […] Ce qui est étonnant, c’est que ce même homme, sur la fin de sa vie, n’était plus rien de tout cela, et qu’il devint doux, paisible, sans intrigue, et l’amour de tous les honnêtes gens de son temps ; comme si toute son ambition d’autrefois n’avait été qu’une débauche d’esprit, et des tours de jeunesse dont on se corrige avec l’âge ; ce qui prouve bien qu’en effet il n’y avait en lui aucune passion réelle.
L’unité de héros ou de temps n’est pas suffisante ici. […] Il est impossible d’assigner des bornes fixes au temps ou à la durée de l’action épique. […] cinquante-huit jours, quoique le temps compris entre la prise de Troie et le rétablissement de la paix dans Ithaque soit de huit ans et demi. […] Ainsi le temps que doit durer l’action n’est pas exactement fixé. Mais on s’accorde généralement à dire que depuis le moment où le poète commence sa narration, ce temps ne doit pas s’étendre au delà d’une année.
Nous nous y sommes arrêtés de préférence, parce qu’il offre des rapprochements précieux, des vérités de tous les temps, et qu’il montre à la fois, dans Cicéron, l’homme d’état, le grand orateur et le vrai citoyen. […] Cicéron commence son discours par des reproches à la classe, nombreuse dans tous les temps et dans tous les pays, de ces égoïstes, d’autant plus sévères pour les autres, et d’autant plus exigeants, que plus jaloux d’un repos, pour lequel cependant ils ne veulent rien faire, ils ne pardonnent rien de ce qui peut le troubler, et trouvent toujours que l’on n’en a point fait assez pour le leur conserver. […] Vérité incontestable, vérité de tous les temps ; vérité si sensible, enfin, qu’il sembleront inutile de s’y arrêter, s’il n’était devenu nécessaire de ne perdre aucune des occasions qui peuvent y ramener ; si nous ne frémissions encore de la dissolution affreuse qui a été la conséquence indispensable de l’oubli de ses droits, du mépris et de la négligence de ses maximes. […] On aurait cru voir un de ces anciens Romains, un de ces vieux républicains, un modèle des premiers temps de Rome, une image fidèle des vieilles mœurs, une colonne de la république.
N’est-ce point Pascal qui écrivait à un ami : « Excusez la longueur de cette lettre ; je n’ai pas eu le temps de la faire plus courte » ? […] Je prise fort, je l’avoue, ces vieilles formes, à l’aide desquelles la langue remonte à ses origines, et j’estime qu’il est d’une saine littérature de ramener à leur sens natif les vocables que le temps en a détournés. […] De tout temps, il fut permis à la comédie, au roman même, de reproduire ce langage corrompu, sans doute, mais du moins généralement intelligible. […] Ainsi l’euphuisme du temps d’Elisabeth, dont plusieurs scènes de Shakespeare nous donnent l’idée, ainsi les conversations musquées du Pastor fido, des bergers du Lignon, des premières précieuses, les précieuses véritables, celles du dictionnaire de Somaise et des lettres de Voiture, ainsi les nouvelles sentimentales de quelques romanciers allemands, ne sont que des jargons, gracieux à leur origine, mais dont la licence va bientôt si loin qu’il ne faut rien moins que le holà d’un Molière pour les arrêter.
Si parfois la poésie fait encore entendre de nos jours une voix aussi pure et aussi brillante que dans les temps antérieurs, ce ne sont que des accents personnels, en quelque sorte, presque toujours sans écho, perdus dans la foule qui ne les écoute pas, et auxquels renonce le poëte lui-même, à mesure qu’il avance dans la société et se mêle à la vie active et réelle. […] Loin de là ; plus le temps en a rendu l’emploi difficile, plus elles exigent de soins et d’attention. Dès les temps les plus anciens, les rhéteurs étaient divisés sur les genres, les espèces, le nombre, le nom même des figures ; ces questions étaient, au siècle de Quintilien, une source intarissable de chicanes et de subtilités, et l’on ne s’accorde guère mieux aujourd’hui. […] Un petit nombre de symboles, produits d’une heureuse inspiration des temps primitifs, prennent peu a peu des formes moins vagues ; mieux interprétés, ils se conservent même dans le langage scientifique. » De Humboldt, Cosmos, 1re partie.
Mais je croyais avoir déjà donné assez de temps aux langues, et même aussi à la lecture des livres anciens, et à leurs histoires, et à leurs fables. […] Mais lorsqu’on emploie trop de temps à voyager, on devient enfin étranger en son pays ; et lorsqu’on est trop curieux des choses qui se pratiquaient aux siècles passés, on demeure ordinairement fort ignorant de celles qui se pratiquent en celui-ci. […] Or, je ne veux point vous conseiller d’employer toutes les forces de votre résolution et constance pour arrêter tout d’un coup l’agitation intérieure que vous sentez ; ce serait peut-être un remède plus fâcheux que la maladie : mais je vous conseille aussi d’attendre que le temps seul vous guérisse, et beaucoup moins d’entretenir ou prolonger votre mal par vos pensées ; je vous prie seulement de tâcher peu à peu de l’adoucir, en ne regardant ce qui vous est arrivé que du biais qui vous le peut faire paraître le plus supportable, et en vous divertissant le plus que vous pourrez par d’autres occupations3. […] Descartes fait allusion à la délicatesse de sa santé : il avait hérité de sa mère, dit Baillet, une toux sèche et une pâle couleur, qu’il a gardée jusqu’à plus de vingt ans, et tous les médecins qui le voyaient avant ce temps-là le condamnaient à mourir jeune.
Je conjure celui qui répond oui de considérer que son plan n’est pas connu ; qu’il faut du temps pour le développer, l’examiner, le démontrer ; que, fût-il immédiatement soumis à notre délibération, son auteur peut se tromper ; que, fût-il exempt de toute erreur, on peut croire qu’il ne l’est pas ; que, quand tout le monde a tort, tout le monde a raison ; qu’il se pourrait donc que l’auteur de cet autre projet, même ayant raison, eût tort contre tout le monde, puisque, sans l’assentiment de l’opinion publique, le plus grand talent ne saurait triompher des circonstances. […] Mais avons-nous le temps de l’examiner, d’en sonder les bases, d’en vérifier les calculs ? […] Gardez-vous de demander du temps, le malheur n’en accorde pas. […] II, p. 361)1 Au major de Mauvillon Fragment de lettre C’est avoir entrepris une fière et difficile2 tâche que de gravir au bien public sans ménager aucun parti, sans encenser l’idole du jour, sans autres armes que la raison et la vérité1, les respectant partout, ne respectant qu’elles, n’ayant d’amis qu’elles, d’ennemis que leurs adversaires, ne reconnaissant d’autre monarque que sa conscience, et d’autre juge que le temps.
Elles comprennent l’action même, la personne qui l’a faite, le lieu où elle l’a faite, les moyens qu’elle a pris pour la faire, les motifs qui l’y ont engagée, la manière dont elle l’a faite, et le temps où elle l’a faite. […] Nos troupes semblent rebutées autant par la résistance des ennemis, que par l’effroyable disposition des lieux ; et le Prince se vit quelque temps comme abandonné. […] Des ruisseaux de larmes coulèrent des yeux de tous leurs habitants : ils furent quelque temps saisis, muets, immobiles. […] Ô temps ! […] En quel temps donc, en quel temps agirez-vous comme vous le devez ?
Servius Galba fut l’homme le plus éloquent de son temps. — 5. […] Noms de temps. […] Les Romains ne prenaient aucune mesure d’intérêt public, ni en temps de paix ni en temps de guerre, sans avoir pris les auspices. — 19. […] Adverbes de lieu et de temps. […] Le temps favorable s’appelle occasion. — 12.
quel temps fut jamais plus fertile en miracles ? […] dit l’Avarice, il est temps de marcher. […] Peut-être même est-on obligé d’écrire un peu mieux, puisqu’on a le temps de choisir et d’arranger ses idées. […] Il faut donc que tout drame ait à la fois l’unité de sujet, de temps et de lieu. […] Plus le poète étendra les limites du temps, plus il affaiblira la vraisemblance et par là même l’illusion.
Ils nous disent que le discours a pour objet soit une question indéfinie, sans désignation des temps ni des personnes, soit une question déterminée par la considération des temps et des personnes. […] Il faut que son récit soit comme une chaîne qui les enveloppe, avant qu’ils aient eu le temps d’en compter les anneaux. […] Quand viendra le combat, c’est-à-dire l’argumentation, c’est alors qu’il sera temps de démasquer vos batteries et de aire feu de toutes vos pièces. […] C’est un vin du cru que le temps peut améliorer, mais sans lui ôter son goût de terroir. […] Il est vrai que ces obstinés provinciaux étaient venus dans la capitale au bon temps où il y avait encore des coches.
Il est facile de voir pourquoi le langage a été plus figuré dans les premiers temps de la formation des langues, et pourquoi il se retrouve si communément dans la bouche de ceux que leur condition ou leur naissance a placés le plus loin de toutes les sources de l’instruction. […] À mesure que les langues se sont perfectionnées, les esprits observateurs ont remarqué quel avantage on pouvait tirer du langage figuré, si commun dans les premiers temps. […] avant ce temps, dans une vie obscure, Les mortels moins instruits étaient moins malheureux. […] C’est un précepte que la nature nous trace, et qu’elle observe elle-même scrupuleusement : elle ménage les grands effets ; et, soit dans le spectacle, soit dans le mouvement de ses ouvrages, elle laisse aux yeux le temps d’admirer, à l’âme celui de sentir, avant de les ébranler par de nouvelles secousses. […] Et cette admirable conclusion de l’apologie de Socrate, qui termine en disant à ses juges : Il est temps de nous en aller, moi pour mourir, et vous pour vivre 50.
Пοτέ et ἄλλοτε, marquant le lieu, non le temps, font la principale difficulté de ce passage. […] et comparez, sur la durée des représentations théâtrales à Athènes, les auteurs cités dans la note C, à la fin de l’Histoire de la Critique. — Dacier : « comme on dit que cela se pratiquait autrefois. » Batteux : « la clepsydre, dont on dit qu’on s’est servi beaucoup autrefois, je ne sais en quel temps. » C’est outrer le sens du mot φασί et supposer chez Aristote l’aveu d’une ignorance qui serait bien étrange.
La clarté dans la disposition du récit on de la thèse consiste à présenter les faits ou les principes sans ambages, sans équivoque, sans épisode ; à former, par la savante distribution des circonstances, des temps, des lieux, des personnes, un tableau dont toutes les parties soient saisissables d’un coup d’œil et à première vue. […] Une fois ce point bien arrêté dans votre pensée, ne permettez jamais au lecteur de le perdre de vue ; ramenez-y jusqu’aux moindres détails, faites-y converger toutes les descriptions de lieu, de temps, de personne. […] Ensuite il revint chez lui ; il y changea de vêtement et de chaussure ; il attendit quelque temps, comme il arrive d’ordinaire, que sa femme fût prête ; enfin il partit. » Que de longueurs ! […] Ainsi la description du lieu s’est appelée topographie, celle du temps, chronographie, celle des personnes, prosopographie 49, quand il ne s’agit que de l’extérieur, éthopée, quand on s’attache surtout au moral.
La compagnie, quelque temps après, s’était retirée, et je causais avec madame de Saint-Simon, lorsqu’un ancien valet de chambre, à qui elle avait donné une charge de garçon de la chambre de madame la duchesse de Berry, et qui servait à table, entra tout effarouché. […] Elle ne tarda pas à revenir, et l’on sut qu’arrêtée dans l’avenue entre les deux écuries, elle n’avait attendu le roi que fort peu de temps. […] Après les premiers embrassements d’un retour qui signifiait tout, le duc de Beauvilliers, qui les vit étouffer dans ce petit lieu, les fit passer par la chambre dans le salon qui la sépare de la galerie ; depuis quelque temps, on avait fermé ce salon d’une porte pour en faire un grand cabinet. […] À la fin, M. le duc de Beauvilliers s’avisa qu’il était temps de délivrer les deux princes d’un si fâcheux public.
« Ç’a été, dit-il, dans notre siècle, un grand spectacle, de voir dans le même temps et dans les mêmes campagnes, ces deux hommes que la voix commune de toute l’Europe égalait aux plus grands capitaines des siècles passés, tantôt à la tête de corps séparés, tantôt unis, plus encore par le concours des mêmes pensées, que par les ordres que l’inférieur recevait de l’autre ; tantôt opposés front à front, et redoublant l’un dans l’autre l’activité et la vigilance. […] « Souvenez-vous, messieurs, dit-il, de ce temps de désordres et de trouble, où l’esprit ténébreux de discorde confondait le devoir avec la passion, le droit avec l’intérêt, la bonne cause avec la mauvaise : où les astres les plus brillants souffrirent presque tous quelque éclipse, et les plus fidèles sujets se virent entraînés malgré eux par le torrent des partis, comme ces pilotes qui se trouvent surpris de l’orage en pleine mer, sont contraints de quitter la route qu’ils veulent tenir, et de s’abandonner pour un temps au gré des vents et de la tempête.
Il économise les mots en un temps où ils débordaient sous la plume des meilleurs. […] Après qu’elle eust ouy fort patiemment la doctrine que je luy proposay, selon que le temps le requeroit, elle dict : « l’heure approche, il fault que je parte du monde ; ceste chair ne demande que de s’en aller en pourriture, mais je me tiens certaine que mon Dieu se tient en son roiaume. […] Peu de temps après son arrivée en cette ville, il eut le chagrin de perdre sa femme.
Heureux, qui dès le temps de son adolescence, A connu cette ivresse, en abreuva son cœur ! […] C’est qu’un temps regretté vous est en lui rendu ; C’est qu’on retrouve alors tout ce qu’on a perdu : Le passé, la jeunesse, hélas ! […] c’est bien en effet d’un autre ; et, dans son cours, Sur ma tête blanchie imprimant son passage, Le temps n’a pas changé seulement mon visage.
Le peuple athénien était volage, inappliqué : il fallait donc émouvoir fortement cette multitude inattentive, et Démosthène savait bien que, s’il lui donnait le temps de respirer, tout était perdu. […] de vos premiers temps rappelez la mémoire. […] Le temps, les circonstances, la fortune dont le caprice règle celui des nations. […] Ne peut-on pas dans un autre temps, sous un autre consul, qui aurait à sa disposition les mêmes armées, ajouter foi trop légèrement à l’imposture ? […] Sortez, il en est temps, sortez de votre apathie, et prenez enfin les intérêts de la république.
Il est temps que vous appreniez à marcher tout seul. […] Prenons au moins le temps de réfléchir. […] Mais il est temps de nous séparer, moi pour mourir, vous, pour vivre. […] Mais si je meurs avant le temps, je regarde cela comme un avantage. […] Alors, on connut parfaitement ce que peut la différence des temps.
Outre ces lois dictées par la raison, observez que la comparaison varie selon les temps et les genres divers. […] Il fut un temps où l’allégorie était de mode par toute l’Europe. […] On avait des songes, des doctrinals, des nefs, des vergiers, des danses, sans parler des vingt-cinq mille vers du Roman de la Rose, ou du Roman du Renard, dont les diverses branches en comptent près de quatre-vingt mille, Boileau a fait l’histoire du burlesque, la mode de son temps ; s’il eût traité du moyen âge, il aurait écrit celle de l’allégorie. […] Au premier rang des allégories classiques, je trouve les Prières et la Ceinture de Vénus dans Homère, la Renommée de Virgile, la Mollesse du Lutrin ; ailleurs le Fanatisme, le Temps, le Sommeil, etc. […] De tout temps l’écrivain qui s’est respecté lui-même a respecté la décence.
Mais nous savons par l’histoire que dans ces temps reculés, les rois s’envoyaient par défi ces sortes de problèmes à résoudre, et qu’ils donnaient de grandes récompenses à ceux qui avaient le talent de le faire. […] La Charade vient, dit-on, de l’idiome languedocien, et signifie dans son origine, discours propre à tuer le temps. […] Contente ton désir, puisqu’il t’est glorieux ; Offense-toi des pleurs qui coulent de mes yeux ; Tonne, frappe, il est temps, rends-moi guerre pour guerre. […] Les poètes de son temps l’appelaient le Virgile au rabot ; et Mainard assurait que les Muses ne doivent être assises que sur des tabourets, faits de la main de ce poète-menuisier . […] Le temps, par qui tout se consume, Sous cette pierre a mis le corps.
Quoique le roman, tel que nous le comprenons aujourd’hui, soit une véritable création des temps modernes, on peut dire que, dans tous les âges et dans tous les lieux, l’homme s’est plu à sortir en imagination de la vie ordinaire, et à rêver un ordre d’événements plus varié, plus fantastique, plus en harmonie avec ses désirs. […] Pendant ce temps, l’Italie avait sa langue déjà fixée ; elle chantait avec Dante et Pétrarque, elle écoutait les contes de Boccace, que Marguerite de Navarre, sœur de François Ier, devait imiter en France ; mais ces contes sont des récits d’aventures, et non des études de caractères et de mœurs. […] Depuis ce temps, le domaine du roman n’a cessé de s’agrandir.
Depuis ce temps, il a vécu pour la gloire et pour le salut de l’Etat. […] Je viens vous faire admirer un homme qui ne se détourna jamais de ses devoirs, qui, pour maintenir la raison, se roidit contre la coutume, qui n’eut jamais d’autre intérêt que celui de la vérité et de la justice, et qui, ayant eu part à toutes les prospérités du siècle3, n’en a point eu à ses corruptions ; un homme d’une vertu antique et nouvelle, qui a su joindre la politesse du temps à la bonne foi de nos pères, en qui la fortune n’a fait que donner du crédit au mérite, qui a sanctifié l’honneur et la probité par les règles et les principes du christianisme, qui s’est élevé par une austère sagesse au-dessus des craintes et des complaisances humaines, et qui, toujours prêt à donner à la vertu les louanges qui lui sont dues, a fait craindre à l’iniquité le jugement et la censure ; vaillant dans la guerre, savant dans la paix ; respecté, parce qu’il était juste ; aimé, parce qu’il était bienfaisant ; et quelquefois craint, parce qu’il était sincère et irréprochable… Ne craignez point que l’amitié ou la reconnaissance me préviennent. […] Ne dissimule pas mes défauts, et ne m’attribue pas mes vertus ; loue seulement la miséricorde de Dieu qui a voulu m’humilier par les uns et me sanctifier par les autres… » On lui dit mille fois que la franchise n’était pas une vertu de la cour ; que la vérité n’y faisait que des ennemis ; qu’il fallait, pour y réussir, savoir, selon les temps, ou déguiser ses passions ou flatter celles des autres ; qu’il y avait un art innocent de séparer les pensées d’avec les paroles, et que la probité pouvait souffrir ces complaisances mutuelles, qui, étant devenues volontaires, ne blessent presque plus la bonne foi et maintiennent la paix et la politesse du monde.
Les Mots Si nous remontons par la pensée jusqu’aux premiers âges du monde, vers ces temps antiques où les hommes affectionnaient une vie simple, nous serons fondés à penser que le langage humain a dû se ressentir de cette simplicité primitive. […] Aussi devait-il être musicien, ou, au moins, posséder les connaissances musicales de son temps : car la poésie lyrique était toujours accompagnée d’instruments, et la poésie dramatique mêlée au chant. […] : L’empire d’Alexandre était [trop] grand (pour qu’il pût subsister longtemps après la mort de ce grand homme) La phrase, enfin, qui est composée de plusieurs membres tellement liés entre eux que le sens général demeure suspendu jusqu’à la dernière qui vient la compléter, s’appelle Période, telle que : « Peut-être devons-nous regretter ces temps d’une heureuse ignorance, où nos aïeux moins grands, mais moins criminels, sans industrie, mais sans remords, vivaient pauvres et vertueux, et mouraient dans le champ qui les avait vus naître. » On confond souvent à tort le nom de phrase avec celui de proposition.
C’est le temps où les barbes grises et les pourpoints de buffle se tiennent à distance de la cour. […] Au mesme temps, ou bientost après, le prince de Condé3 ayant saisi Orleans (15 avril 1562), les persecutions redoublees, les massacres et brustements qui se faisoient à Paris ayant contraint, après de grands dangers, Beroalde de s’enfuir avec sa famille, il fascha1 bien à ce petit garçon de quitter un cabinet de livres couverts2 somptueusement et autres meubles, par la beauté desquels on lui avoit osté le regret du pays, si bien qu’estant auprès de Villeneufve-Saint-George3, ses pensées tirèrent des larmes de ses yeux ; et Beroalde, le prenant par la main, luy dit : « Mon amy, ne sentez-vous point l’heur4 de ce que vous est5 de pouvoir, dès l’aage où vous estes, perdre quelque chose pour celuy qui vous a tout donné6 ? […] L’inquisiteur l’interrogua à part, non sans colere de ses responces : les capitaines qui lui voyoient un habillement de satin blanc, bandé12 de broderie d’argent, et quelque façon13 qui leur plaisoit, l’amenerent en la chambre d’Achon, où ils luy firent voir14 que toute sa bande estoit condamnee au feu, et que il ne seroit pas temps de se desdire estant au supplice : il respondit que l’horreur de la messe15 luy ostoit celle du feu.
Pourtant ne soyons pas honteux de l’objet de notre adoration : nous adorons un enfant ; mais cet enfant est plus ancien que le temps. […] Durant ce temps-là, je me promène sans me lasser, et en des lieux où je puis m’asseoir quand je suis las. […] en ce temps-là il y avait de la presse2 à se faire déchirer, à se faire brûler pour Jésus-Christ.
Ce qui irrite la douleur dans un temps, l’adoucit dans un autre. […] C’est ainsi que La Fontaine a embelli cette pensée vulgaire : La tristesse ne dure pas toujours : Sur les ailes du temps la tristesse s’envole. […] Dieu donna à la majesté de son Fils de faire taire les prophètes durant tout ce temps, pour tenir son peuple en attente de celui qui devait être l’accomplissement de tous les oracles. […] Voici l’image sublime qui termine l’ode sur le Jugement dernier, de Gilbert : L’Éternel a brisé son tonnerre inutile, Et d’ailes et de faux dépouillé désormais, Sur les mondes détruits le Temps dort immobile. […] Mais il ajoute : Sur les ailes du temps la tristesse s’envole ; Le temps ramène les plaisirs.
Elles regardent l’orateur, l’auditeur, les tiers, le temps, les circonstances et le lieu. […] Il faut y préparer l’esprit, sans toutefois l’annoncer, et savoir s’arrêter à temps. […] Cette phrase : Constance coupe les ailes et brise la faux du Temps, est une allégorie qui signifie qu’avec de la constance une jeune personne peut venir à bout de ses travaux, malgré la rapidité du temps. […] Elle unit le présent au temps passé, car il lui faut un point d’appui déjà connu. […] Au bout de quelque temps, on la crut adouc — ie.
Il attend quelque temps ; les autres pourvoyeurs ne viennent point ; sa tête s’échauffait, il croit qu’il n’aura point d’autre marée ; il trouve Gourville, et lui dit : « Monsieur, je ne survivrai pas à cet affront-ci3 ; j’ai de l’honneur, de la réputation à perdre. » Gourville se moqua de lui. […] qui m’eût dit dans ce temps-là : Votre fille est plus en danger que4 si elle était à l’armée ? […] mon Dieu, accordez-moi2 un peu de temps : je voudrais bien donner un échec au duc de Savoie, un mat au prince d’Orange. — Non, non, vous n’aurez pas un seul, un seul moment. » Faut-il raisonner sur cette étrange aventure ? […] Ne sentez-vous pas l’air du printemps dans ces lignes : « Il fait un temps charmant ; nous sommes tellement parfumés de jasmins et de feuilles d’oranger que, par cet endroit, je crois être en Provence. » Mais nous n’en finirions pas, si nous voulions recueillir tous les détails pittoresques de sa correspondance.
Je commence au hasard, et si je ne m’abuse, Je n’ai pas commencé sans l’aveu de la Muse, Puisqu’en si peu de temps, je m’en tire si net. […] Nos anciens poètes, comme Villon et Marot, n’y ont employé que les vers de dix et de huit syllabes, celui de douze étant trop grave et trop pesant pour un poème qui doit garder la naïveté du vieux temps. […] Envoi O vous, l’honneur de ce mortel séjour, Ce n’est pas d’hui que ce proverbe court ; On ne l’a fait de mon temps ni du vôtre : Trop bien savez qu’en langage de cour, Promettre est un, et tenir est un autre. On peut citer encore une gracieuse ballade de Clotilde de Surville à son époux, une de Charles d’Orléans, celle de Villon sur les Dames du temps jadis, plusieurs de Marot, de La Fontaine, etc.
qu’est devenu ce temps, cet heureux temps, Où les rois s’honoraient du nom de fainéants ; S’endormant sur le trône, et me servant sans honte, Laissaient leur sceptre aux mains ou d’un Maire, ou d’un Comte ! […] Il n’est plus, et les Dieux en des temps si funestes, N’ont fait que le montrer aux regards des mortels. […] Qu’on suppose une action accompagnée des plus favorables circonstances qui puissent la relever ; un homme vertueux parfait dans son genre ; un scélérat qui le soit aussi dans le sien : on verra que ces diverses circonstances, ces différentes vertus, ces différents vices existent, ou peuvent exister ; qu’ils existent, parce qu’on en trouve des exemples dans les temps passés, ou dans le siècle présent ; qu’ils peuvent exister, parce qu’ils ne choquent nullement notre raison, et que bien plus, nous avons quelque sujet de croire à leur existence réelle. […] Dans ce temps malheureux par le crime infecté, Potier fut toujours juste et pourtant respecté.