Sous la discipline du prince d’Orange2, son oncle maternel, il apprit l’art de la guerre en qualité de simple soldat, et ni l’orgueil ni la paresse ne l’éloignèrent d’aucun des emplois où la peine et l’obéissance sont attachées.
L’indignation du soldat nous valut cette sombre ébauche.
J’ai vu, par sa valeur, cent escadrons rompus, Et, pour t’en dire encor quelque chose de plus, Plus que brave soldat, plus que grand capitaine, C’est… D.rodrigue. […] Soldats, exécutez l’ordre que j’ai donné.
On peut les lire presque toutes avec plaisir, quoiqu’il n’y ait que le Bon Soldat, et le Baron de la Crasse qui soient connues au théâtre. […] Un poignard à la main, l’implacable Athalie(a) Au carnage animoit ses barbares soldats, Et poursuivoit le cours de ses assassinats. […] Une mère m’attend, une mère intrépide Qui défendra son sang contre un père homicide, Je verrai mes soldats moins barbares que moi, Respecter dans ses bras la fille de leur roi. […] Achille, le seul Achille pourra-t-il avec ses soldats résister à une armée si nombreuse, et composée de si braves guerriers ? […] Recueilli dans leurs ports, accru de leurs soldats, Nous verrons notre camp grossir à chaque pas.
Or, quels étaient ces soldats ?
Cicéron, à la fin de son plaidoyer pour Milon, après avoir exhorté les juges à ne suivre que la voix de leur conscience en donnant leurs suffrages, fait aussi un appel à la faveur des soldats romains qui entourent le tribunal : Vos, vos appello, fortissimi viri, qui multum pro republicâ sanguinem effudistis ; vos, centuriones, vosque, milites, etc. […] ni la garde qui veille la nuit sur le mont Palatin, ni les postes de soldats répandus dans la ville, ni l’effroi du peuple, ni le concours de tous les bons citoyens, ni les regards, ni les visages de ceux qui t’entourent, n’ont pu t’émouvoir ! […] Ce serait une faute de dire, en parlant de la modération d’Agricola à l’égard des soldats romains dont on lui avait confié le commandement : Maluit videri bonos invenisse rarissimâ moderatione, quàm fecisse ; parce que le complément circonstanciel rarissimâ moderatione modifie le verbe invenisse, tandis qu’il doit modifier le verbe maluit.
» L’idée, — les soldats français sont braves, — servira à la fois de développement et de preuve à celle-ci : tous les Français sont braves.
C’est-à-dire devant les anciens soldats de Bernard, duc de Saxe-Weimar.
Des vœux outrés, des projets vastes ; Des rois vaincus par des tyrans ; Des murs que la flamme ravage ; Des vainqueurs fumant de carnage ; Un peuple au fer abandonné : Des mères pâles et sanglantes, Arrachant leurs filles tremblantes Des bras d’un soldat effréné1.
Plus loin, dans ses calculs gravement enfoncé, Un couple sérieux, qu’avec fureur possède L’amour du jeu rêveur qu’inventa Palamède, Sur des carrés égaux, différents de couleur, Combattant sans danger, mais non pas sans chaleur, Par cent détours savants conduit à la victoire Ses bataillons d’ébène et ses soldats d’ivoire… Longtemps des camps rivaux le succès est égal ; Enfin l’heureux vainqueur donne l’échec fatal, Se lève, et du vaincu proclame la défaite ; L’autre reste atterré dans sa douleur muette, Et du terrible mât à regret convaincu, Regarde encor longtemps le coup qui l’a vaincu1.
Il estimait un homme plus que vingt mille hommes, parce qu’il savait qu’un homme est quelquefois l’esprit et la force d’un État, et que celui-ci, selon la relation que lui en avait faite Antipater, tout nu et désarmé qu’il était, sans vaisseaux, sans soldats et sans argent, combattant seulement avec des lois, des ordonnances et des paroles, attaquait la Macédoine de tous côtés, investissait les meilleures places, et rendait inutiles les plus puissantes armées.
Vingt héros, divers de caractère et de talent, pareils seulement par l’âge et le courage, conduisaient ses soldats à la victoire.
Au lieu de dire : Les soldats de Milon ont tué Clodius, Cicéron se sert de cette adroite périphrase : Fecerunt id servi Milonis, quod suos quisque servos in tali re facere voluisset.
Un soldat de l’île de Chypre lui coupa la tête, et la prenant par les cheveux, il la montra comme en triomphe à toute l’armée victorieuse. […] Voire fille me plut ; je prétendis lui plaire ; Elle est de mes serments seule dépositaire : Content de son hymen, vaisseaux, armes, soldats, Ma foi lui promit tout, et rien à Ménélas.
J’aime à voir sur tes flancs, Colonne étincelante, Revivre ces soldats qu’en leur onde sanglante Ont roulés le Danube, et le Rhin, et le Pô !
• Discours de Villars à ses soldats avant la bataille de Denain (1712). (9 août 1881). […] Il va sans dire que ce ne sont pas toujours des vieillards qui composent le chœur ; suivant que le sujet l’exige, il peut être formé de femmes, de jeunes gens, de citoyens, d’esclaves, de prêtres, de soldats : seuls, les étrangers ne peuvent en faire partie, car il représente le peuple, et pour y jouer, un rôle, il faut être Grec. […] — Pulchérie (1672), nous offre cinq amoureux exhalant leurs plaintes ; — enfin Suréna (1674), le vieux soldat, a le tort impardonnable d’être amoureux d’Eurydice. […] Cependant la valeur de nos soldats et le génie militaire de M. le comte de Saxe auraient triomphé de la résistance des assiégés, si les états généraux des sept provinces n’avaient pris une résolution hardie. […] Le comte d’Auteroche répondit : « Messieurs, nous ne tirons jamais les premiers ; tirez vous-mêmes. » Aussitôt les Anglais firent un feu roulant qui coucha par terre vingt-trois officiers et trois cent quatre-vingts soldats.
Comme lorsqu’il se trouve dans une foule de peuple des soldats en uniforme, vous les distinguez immédiatement et les rapportez aux divers corps auxquels ils appartiennent ; ainsi, dans un livre ou dans un discours, vous reconnaissez à certains signes caractéristiques une métaphore, une apostrophe, une hyperbole, etc. ; les mots ou les phrases dont elles se composent ont une forme ou figure qui leur est propre, toujours la même et ne se confondant pas avec d’autres.
C’était un officier important de l’armée, dont la fonction spéciale était de ranger les soldats pour le combat.
Et ces conditions, ces moyens, il les demande, il les impose : à ses soldats, s’il s’agit de discipline, d’exactitude et d’activité dans le service ; au gouverneur, si la question porte sur la solde des troupes, sur les approvisionnements, sur le choix des officiers.
« Lorsqu’avec mes soldats je suis entré dans Rome, je ne respirais ni la fureur ni la vengeance. […] Les simples soldats se retiraient aisément dans leurs montagnes et dans leurs déserts : les officiers se sauvaient avec plus de peine ; les uns étaient trahis et livrés, les autres se rendaient eux-mêmes dans l’espérance du pardon. […] Ses ennemis le suivaient à la piste ; tous les environs étaient remplis de soldats qui le cherchaient, et le prix mis à sa tête redoublait leur diligence. […] Le prince ouvre lui-même la porte aux soldats : il eut le bonheur de n’être pas reconnu ; mais bientôt après on sut dans l’île qu’il était dans ce château. […] Soldats, exécutez l’ordre que j’ai donné.
Ici tonne en fureur l’implacable Junon : Debout, le fer en main, la vois-tu sous ces portes Appeler ces soldats ? […] Les soldats francs conservaient encore cette physionomie et cette manière de combattre un demi-siècle après la conquête, lorsque le roi Théodebert passa les Alpes et alla faire la guerre en Italie. […] Tantôt, courant partout où le péril devient plus grand, exposant à tout moment avec sa personne le salut de son armée, sourd aux remontrances des siens, se jetant dans la mêlée comme un simple soldat, il ne se souvient qu’il est roi que pour se souvenir qu’il est obligé de donner sa vie pour le salut de son peuple. […] Au milieu des débris de Carthage, le camp des chrétiens offrait l’image de la plus affreuse douleur ; aucun bruit ne s’y faisait entendre ; les soldats moribonds sortaient des hôpitaux et se traînaient à travers les ruines pour s’approcher de leur roi expirant. […] Et nos soldats trahis ne l’ont point achevé !
La harangue militaire est un discours par lequel un général d’armée anime ses soldats avant le combat, ou les félicite de leur valeur après une bataille. […] il dit : Je parlerai, Madame, avec la liberté D’un soldat qui sait mal farder la vérité. […] Il y a, en effet, un sens profond dans le mot soldat. C’est un soldat qui va parler, sans éloquence, sans fard, librement, à une impératrice.
Ce tour est également vicieux, quand la métaphore est tirée, 1º D’objets bas et dégoûtants, comme quand Corneille dit que plus de la moitié des soldats de Pompée Piteusement étale Une indigne curée aux vautours de Pharsale. […] Vous parlez en soldat, je dois agir en roi.
Là, je le vois, guidant l’obus aux bonds rapides ; Là, massacrant le peuple au nom des régicides ; Là, soldat, aux tribuns arrachant leurs pouvoirs ; Là, consul jeune et fier, amaigri par les veilles, Que des rêves d’empire emplissaient de merveilles, Pâle sous ses longs cheveux noirs. Puis, empereur puissant dont la tête s’incline, Gouvernant un combat du haut de la colline, Promettant une étoile à ses soldats joyeux, Faisant signe aux canons qui vomissent les flammes, De son âme à la guerre armant six cent mille âmes, Grave et serein, avec un éclair dans les yeux.
Partout déjà, — sous la sainte bannière, Vont s’enrôler — les soldats de la croix ; Sur chaque autel — l’encens et la prière Aux pieds de Dieu — font monter votre voix. […] Voici une pièce monorime que Lefranc de Pompignan a composée sur le château d’if, et dont tous les vers se terminent en if : Nous fûmes donc au château d’If ; C’est un heu peu récréatif, Défendu par le fer oisif De plus d’un soldat maladif Qui de guerrier jadis actif, Est devenu garde passif.
Le vieux Nestor, dans Homère, met au premier rang sa cavalerie et ses chars, au dernier sa nombreuse et vaillante infanterie, au milieu ses plus faibles soldats, ϰαϰούς ϑίς μίσσου ἔλατσευ.
La guerre 1 Les fonctions du soldat sont terribles ; mais il faut qu’elles tiennent à une grande loi du monde spirituel, et l’on ne doit pas s’étonner que toutes les nations de l’univers se soient accordées à voir dans ce fléau quelque chose encore de plus particulièrement divin que dans les autres ; croyez que ce n’est pas sans une grande et profonde raison que le titre de dieu des armées brille à toutes les pages de l’Écriture sainte.
il fait marcher l’épouvante devant eux, et il inspire à eux et à leurs soldats une hardiesse invincible. […] Quand les Césars flattaient les soldats, ils n’avaient pas dessein de donner des maîtres à leurs successeurs et à l’empire.
« Sans doute, dit-il, celui qui se borne à dire qu’une ville a été prise embrasse dans ce seul mot toutes les horreurs que comporte un pareil sort ; mais il ne remue pas les entrailles, et a l’air d’annoncer purement et simplement une nouvelle : mais développez tout ce qui est renfermé dans ce mot, alors on verra les flammes qui dévorent les maisons et les temples ; alors on entendra le fracas des toits qui s’abîment, et une immense clameur formée de mille clameurs ; on verra les uns fuir à l’aventure, les autres étreindre leurs parents dans un dernier embrassement ; d’un côté, des femmes et des enfants qui gémissent, et de l’autre, des vieillards qui maudissent le sort qui a prolongé leur vie jusqu’à ce jour ; puis, le pillage des choses profanes et sacrées, les soldats courant en tout sens pour emporter ou pour chercher leur proie, chacun des voleurs poussant devant soi des troupeaux de prisonniers chargés de chaînes, des mères s’efforçant de retenir leurs enfants, enfin les vainqueurs eux-mêmes se battant entre eux à la moindre apparence d’un plus riche butin.
Bussy-Rabutin (1618-1693) se distingua d’abord comme soldat ; à dix-huit ans il était colonel.
On demandait à Agésilas pourquoi Lacédémone n’avait point de murailles : Voilà, dit-il, en montrant ses soldats, les murailles de Lacédémone. […] La comparaison prend le nom de contraste lorsqu’elle oppose deux objets différents ou un seul objet placé dans deux situations différentes : Vous parlez en soldat, je dois agir en roi. […] Le peuple, saisi de pitié, tombe lui-même à genoux et répète avec les soldats : Sacrifiez, sacrifiez. […] Les soldats frappent leurs boucliers en signe de triomphe et se hâtent d’apporter les enseignes.
Entrevoyant que rien ne défendait à la tragédie de descendre plus bas que les princes et les héros, quand il se rencontrait dans l’histoire des actions dignes d’être embellies par elle, il emprunta à l’espagnol, pour raccommoder au théâtre, l’histoire de don Sanche, soldat de fortune, aventurier inconnu, regardé comme le fils d’un pêcheur, aimé de deux reines, et, à la fin, devenant mari de l’une, en étant reconnu pour frère de l’autre. […] Un soldat bien remplir une place de comte ! […] Depuis plus de six ans il ne s’est fait combat Qui ne m’ait bien acquis ce grand nom de soldat : J’en avais pour témoin le feu roi votre frère, Madame ; et par trois fois… Don Manrique. […] On m’appelle soldat : je fais gloire de l’être ; Au feu roi par trois fois je le fis bien paraître. […] Recueilli dans leurs ports, accru de leurs soldats, Nous verrons notre camp grossir à chaque pas : Daces, Pannoniens, la fière Germanie, Tous n’attendent qu’un chef contre la tyrannie.
Elle a trouvé Pyrrhus porté par des soldats Que son sang excitait à venger son trépas.
L’amour de Dieu excitera les cœurs pieux ; l’amour de la gloire animera des soldats ; la haine du despotisme transportera des conjurés, etc.
Le premier qui fut roi fui un soldat heureux ; Qui sert bien son pays n’a pas besoin d’aïeux.
Racine même a dit : Je parlerai, madame, avec la liberté D’un soldat qui sait mal farder la vérité. […] Joad, pour affermir ses lévites, ne calcule pas les faibles moyens de résistance qu’il peut opposer aux soldats d’Athalie ; il n’a qu’un motif de confiance : J’attaque en téméraire une reine orgueilleuse,... […] C’est la disposition que Quintilien appelait l’ordre homérique, parce qu’elle reproduit l’ordre de bataille adopté par le vieux Nestor : « En tête, il place les cavaliers avec les chevaux et les chars ; à l’arrière-garde, des fantassins nombreux et braves, pour soutenir le fort du combat ; il pousse au centre les mauvais soldats, afin de les faire combattre même malgré eux. » (Iliade, iv, 297.) […] « On dirait qu’il va combattre des rois confédérés avec sa seule maison, comme un autre Abraham ; que ceux qui le suivent sont ses soldats et ses domestiques, et qu’il est général et père de famille tout ensemble. » (Fléchier, Oraison funèbre de Turenne.)
Si le latin patricien et littéraire régnait alors parmi les hautes classes, et dans les célèbres écoles d’Autun, de Bordeaux ou de Lyon, le latin des camps et des rues, (castrensis et plebeius sermo), qui datait de loin, (car il remontait aux premières guerres puniques), se propagea rapidement dans les couches populaires où se répandirent les soldats et les colons.