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2. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Cousin, 1792-1867 » pp. 492-503

Il a porté dans tous ses écrits ces délicates inquiétudes qui visent à la perfection2, ce sentiment du beau, du bien et du vrai qui est l’âme du talent. […] Plus de ces périodes puissantes aux membres nombreux bien joints ensemble et formant un corps sain et robuste : des phrases courtes, sans nerfs et sans muscles, incapables de porter des pensées de quelque poids. […] On avait bien porté l’analyse dans la mâle synthèse de la phrase française, qu’on l’avait toute décomposée et mise en poussière : Rousseau rétablit la période aux formes larges et opulentes. […] Il a redonné du ton à la langue, mais aux dépens du naturel ; il a porté le soin jusqu’à l’afféterie, laissé paraître l’effort, prodigué les grands mouvements, gâté souvent l’éloquence par la déclamation, et frayé la route à la rhétorique. […] Quand vous auriez retrouvé et prêté à l’acteur qui joue le rôle de Brutus le costume que porta jadis le héros romain, le poignard même dont il frappa César, cela toucherait assez médiocrement les vrais connaisseurs.

3. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fontenelle. (1657-1757). » pp. 110-119

Loin de connaître les sciences, ils ne connaissaient pas les arts les plus simples et les plus nécessaires ; ils n’avaient point d’autres armes que l’arc ; ils n’avaient jamais conçu que les hommes pussent être portés par des animaux ; ils regardaient la mer comme un grand espace défendu aux hommes, qui se joignait au ciel, et au delà duquel il n’y avait rien. Il est vrai qu’après avoir passé des années entières à creuser le tronc d’un gros arbre avec des pierres tranchantes, ils se mettaient sur la mer dans ce tronc et allaient terre à terre portés par le vent et par les flots. […] Sous lui, la propreté, la tranquillité, l’abondance, la sûreté de la ville furent portées au plus haut degré. […] Elles rendaient témoignage qu’il ne gémissait pas sous le poids énorme qu’il portait. […] « Fontenelle, dit Voltaire, a ressemblé à ces terres heureusement situées qui portent toutes les espèces de fruits. » 2.

4. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

Où vas-tu porter l’incendie ? […] Mais il faut différer jusqu’au dernier jour, afin de porter ce jugement. […] N’est-il pas juste de subir les lois qu’on a portées contre les autres ? […] Fais serment d’allumer une guerre qui portera la ruine chez les Latins. […] Ils ont porté les armes contre nous !

5. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Pascal, 1623-1662 » pp. 56-71

lui portera-t-on incontinent le poignard dans le sein ? […] Je voudrais donc porter l’homme à désirer d’en trouver, à être prêt et dégagé des passions pour la suivre où il la trouvera ; sachant combien sa connaissance s’est obscurcie par les passions, je voudrais bien qu’il haït en soi la concupiscence qui le détermine d’elle-même, afin qu’elle ne l’aveuglât point pour faire son choix, et qu’elle ne l’arrêtât point quand il aura choisi. […] Madame, Si j’avois autant de santé que de zèle, j’irois moi-même présenter à Votre Majesté un ouvrage de plusieurs années que j’ose lui offrir de si loin ; et je ne souffrirois pas que d’autres mains que les miennes eussent l’honneur de le porter aux pieds de la plus grande princesse du monde. […] Ce qui m’y a véritablement porté est l’union que je trouve en sa personne sacrée de deux choses qui me comblent également d’admiration et de respect, à savoir l’autorité souveraine et la science solide ; car j’ai une vénération toute particulière pour ceux qui sont élevés au suprême degré ou de puissance ou de connoissances. […] Celles qui sont simples par l’expression portent leur semence avec elles ; celles qui sont doubles par la richesse et la pompe charment l’esprit, mais ne produisent rien. » 4.

6. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre I. — Défauts et qualités de la phrase »

Mille sons qui heurtent son oreille, ne sont pour lui qu’un bruit confus ; ses pieds ne peuvent le porter, ses mains ne savent rien saisir, sa peau délicate ne sent rapproche des objets extérieurs que par le choc douloureux qu’ils lui font éprouver. […] Frapper, est le plus souvent accompagné d’un complément qui indique l’endroit dans lequel les coups sont portés : À la bataille de Pharsale, César recommanda aux siens de frapper les soldats de Pompée au visage. […] Exemple : Si la sagesse avait eu sur l’âme d’Alexandre autant d’empire que la gloire, (1er membre) Il n’eut pas porté la désolation jusqu’aux extrémités de l’Asie. (2e membre.) […] Exemple : Si la sagesse… (1er membre), Ou s’il n’eût pas eu devant les yeux le funeste exemple de l’ambition de Philippe, (2e membre), Il n’eût pas porté la désolation… (3e membre). […] Il n’y a pas d’écrivains français qui aient porté aussi loin que Buffon le travail de l’harmonie.

7. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fléchier, 1632-1710 » pp. 124-132

Fléchier 1632-1710 [Notice] Né à Pernes, dans le comtat d’Avignon, Fléchier appartient à cette génération de beaux esprits, dont l’hôtel de Rambouillet fut le centre, qu’enchanta la lecture de l’Astrée, et qui portèrent aux nues Balzac et Voiture. […] Exorde de l’oraison funebre de Turenne 2 Je ne puis, messieurs, vous donner d’abord une plus haute idée du triste sujet dont je viens vous entretenir, qu’en recueillant ces termes nobles et expressifs dont l’Écriture sainte se sert3 pour louer la vie et pour déplorer la mort du sage et vaillant Machabée4 : cet homme qui portait la gloire de sa nation jusqu’aux extrémités de la terre ; qui couvrait son camp du bouclier, et forçait celui des ennemis avec l’épée ; qui donnait à des rois ligués contre lui des déplaisirs mortels, et réjouissait Jacob par ses vertus et par ses exploits, dont la mémoire doit être éternelle. […] Voici un échantillon des vers de Fléchier : Apostrophe à Rome Non, Rome, tu n’es plus au siècle des Césars, Où parmi les horreurs de Bellone et de Mars, Tu portais ton orgueil sur la terre et sur l’onde ; Et bravant le destin des puissances du monde, Tu faisais voir en pompe aux peuples étonnés Des souverains captifs et des rois enchaînés… Tout cet éclat passé n’est qu’un éclat frivole, On ne redoute plus l’orgueil du Capitole, Et les peuples instruits, charmés de tes vertus, Adorent ta grandeur, et ne la craignent plus. […] On vit dans les villes par où son corps a passé les mêmes sentiments que l’on avait vus autrefois dans l’empire romain, lorsque les cendres de Germanicus furent portées de la Syrie au tombeau des Césars. Les maisons étaient fermées ; le triste et morne silence qui régnait dans les places publiques n’était interrompu que par les gémissements des habitants ; les magistrats en deuil eussent volontiers prêté leurs épaules pour le porter de ville en ville : les prêtres et les religieux à l’envi l’accompagnaient de leurs larmes et de leurs prières.

8. (1863) Discours choisis ; traduction française par W. Rinn et B. Villefore. Première partie.

Il ordonne à ses officiers de porter bien secrètement au préteur le candélabre enveloppé. […] Elle était sur un piédestal élevé, qui portait le nom du grand Scipion écrit en gros caractères. […] vous avez porté la main sur des choses que la religion vous défendait même de regarder ? […] Mais, direz-vous, les registres des Mamertins ne portent aucune dépense y relative. […]portait-on le blé dont vous aviez fixé le prix à trois deniers ?

9. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Rabelais, 1483-1553 » pp. -

Comment (dist frere Couscoil), tu sçais bien que par chapitre exprés de notre reigle il nous est rigoureusement defendu porter argent sus nous. […] Baille, donne (de bajulare, porter). […] Il y avait aussi une machine qui portait ce nom. […] Ils portent une ceinture de corde. Ils se divisent en conventuels, qui peuvent avoir des immeubles, et en observantins ou de l’étroite observance, qui ne doivent rien posséder, et par conséquent ne peuvent porter de l’argent. — Myrebeau est au N.

10. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 185-195

Les jeunes gens corrompus sont inhumains et cruels J’ai toujours vu que les jeunes gens corrompus de bonne heure étaient inhumains et cruels ; leur imagination, pleine d’un seul objet, se refusait à tout le reste ; ils ne connaissaient ni pitié, ni miséricorde ; ils auraient sacrifié père et mère, et l’univers entier, au moindre de leurs plaisirs1 Au contraire, un jeune homme, élevé dans une heureuse simplicité, est porté par les premiers mouvements de la nature vers les passions tendres et affectueuses : son cœur compatissant s’émeut sur les peines de ses semblables ; il tressaille d’aise quand il revoit son camarade ; ses bras savant trouver des étreintes caressantes, ses yeux savent verses des larmes2 d’attendrissement ; il est sensible à la honte de déplaire, au regret d’avoir offensé. […] Le service n’aurait pas plus d’ordre que d’élégance ; la salle à manger serait partout, dans le jardin, dans un bateau, sous un arbre, quelquefois au loin, près d’une source vive, sur l’herbe verdoyante et fraîche, sous des touffes d’aunes et de coudriers1 : une longue procession de gais convives porterait en chantant2l’apprêt du festin  ; on aurait le gazon pour table et pour chaises ; les bords de la fontaine serviraient de buffet, et le dessert pendrait aux arbres3. […] S’il passait près de nous quelque paysan retournant au travail, ses outils sur l’épaule, je lui réjouirais le cœur par quelques bons propos, par quelques coups de bon vin qui lui feraient porter plus gaiement sa misère9 ; et moi, j’aurais aussi le plaisir de me sentir émouvoir un peu les entrailles, et de me dire en secret :« Je suis encore homme. » Si quelque fête champêtre rassemblait les habitants du lieu, j’y serais des premiers avec ma troupe10. […] Je porterais à ces bonnes gens quelques dons simples comme eux, qui contribueraient à la fête, et j’y trouverais en échange des biens d’un prix inestimable, des biens si peu connus de mes égaux, la franchise et le vrai plaisir. […] Comparez le portait de l’enfant dans Horace et Boileau.

11. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre II. Application du chapitre précédent au discours de Cicéron pour Milon. »

Son corps est porté à Rome par ses partisans, qui le présentent au peuple, dans la place publique. […] Il porta une loi, en vertu de laquelle on devait connaître extraordinairement du crime de Milon, et former une commission spéciale devant laquelle Milon serait accusé. […] Les motifs qu’avait Clodius pour dresser des embûches à Milon et le faire périr, étaient : 1º Son intérêt ; 2º La haine qu’il portait à Milon ; 3º Sa violence connue ; 4º L’impunité qu’il se promettait. […] Milon n’avait pour Clodius que la haine que lui portait tout le monde. […] Au surplus, il porta dans son exil le courage qu’il avait déployé pendant son tribunat, et durant le cours de son procès ; et se montra digne, jusqu’à la fin, de ce que Cicéron pensait, et avait dit de lui.

12. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Observations générales sur l’Art d’écrire les Lettres » pp. 339-364

Ce style pathétique, et ce style fleuri doivent toujours porter un caractère de simplicité. […] Vous êtes un des premiers que cette École ait formés ; et comme étant parmi ses enfants du nombre de ses aînés, vous allez porter des premiers dans le sein de la patrie, les fruits de cette excellente culture. […] Souvenez-vous d’eux, je vous conjure, toute votre vie : souvenez-vous-en le jour d’une bataille, et dans toutes les occasions où il s’agira de faire bien ; et si ce n’est pas assez, de faire mieux que les autres (car il faut porter jusques-là son ambition), dites-vous sans cesse : Je suis devant les yeux de mes ancêtres, ils me voient ; et ne soyez pas après cela digne d’eux si vous le pouvez : ma main tremble en vous écrivant ceci ; mais c’est moins de crainte que de courage. […] Portez les armes que vos pères ont portées, et que ce soit avec honneur comme eux. […] Vous porterez toute votre vie sur votre personne les signes glorieux de sa bonté (la Croix de l’Ordre de Saint-Lazare) ; mais je suis sûre qu’on les reconnaîtra encore mieux à vos actions.

13. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. Racine. (1639-1699.) » pp. 226-241

Justesse, élégance soutenue, richesse et convenance il a su réunir toutes les qualités disséminées dans les autres ; et les plus modestes, chez lui, n’ont porté aucun préjudice aux plus élevées. […] Par elles il ouvrit à l’art des voies nouvelles, il le porta jusqu’à ses dernières limites ; et, comme s’il n’eût cessé d’acquérir des forces, loin que son génie ait connu la décadence, il termina, heureuse et rare exception, par son chef-d’œuvre, qu’une admiration unanime a proclamé le chef-d’œuvre de l’esprit humain. […] Lui-même il porterait votre âme à la douceur. […] Vous vouliez que ma main portât les premiers coups ; Qu’il sentît en mourant qu’il expirait pour vous. […] Elle a trouvé Pyrrhus porté par des soldats Que son sang excitait à venger son trépas.

14. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fléchier. (1632-1710.) » pp. 69-75

Avant sa quatorzième année, il commença à porter les armes. […] Il allait porter son encens avec peine sur les autels de la fortune, et revenait chargé du poids des pensées qu’un silence contraint avait retenues. […] La médisance règne en tous lieux, et fait de la société comme un champ de bataille, où mille coups mortels à l’honneur, portés de toutes parts, sont le jeu de ces bouches à deux langues que la sagesse déteste. […] Mascaron a bien décrit aussi, dans son oraison funèbre, cet hommage spontané de la douleur publique : « On vit, dit-il, dans les villes par où son corps a passé les mêmes sentiments que l’on avait vus autrefois dans l’empire romain, lorsque les cendres de Germanicus furent portées de la Syrie au tombeau des Césars… » (Tacite, Annales, III, 4.)

15. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

Le plus souvent, leurs préceptes portent sur des points étrangers au fond de l’affaire. […] En effet seront équitables les actes qui portent en eux-mêmes leur excuse. […] Elle semble porter en elle la conviction, attendu qu’il s’y ajoute une contrainte. […] Voilà pourquoi les jeunes gens et les gens riches sont portés à l’insolence. […] Les ambitieux sont aussi plus portés à l’envie que les gens dépourvus d’ambition.

16. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Bossuet. (1627-1704.) » pp. 54-68

[Notice] On peut appliquer à Bossuet le jugement porté par Quintilien sur Démosthène : c’est qu’il fut la règle de l’éloquence elle-même1. […] Aussitôt qu’il eut porté de rang en rang l’ardeur dont il était animé, on le vit presque en même temps pousser l’aile droite des ennemis, soutenir la nôtre ébranlée, rallier les Français à demi vaincus, mettre en fuite l’Espagnol victorieux, porter partout la terreur, et étonner1 de ses regards étincelants2 ceux qui échappaient à ses coups. […] Trois fois le jeune vainqueur s’efforça de rompre ces intrépides combattants ; trois fois il fut repoussé par le valeureux comte de Fontaines3, qu’on voyait porté dans sa chaise, et, malgré ses infirmités, montrer qu’une âme guerrière est maîtresse du corps qu’elle anime ; mais enfin il faut céder. […] Ceux qui trouvent que les animaux ont de la raison, parce qu’ils prennent pour se nourrir et se bien porter les moyens convenables, devraient dire aussi que c’est par raisonnement que se fait la digestion… Toute la nature est pleine de convenances et disconvenances, de proportions et disproportions, selon lesquelles les choses, ou s’ajustent ensemble, ou se repoussent l’une l’autre : ce qui montre, à la vérité, que tout est fait par intelligence, mais non pas que tout soit intelligent. […] Le cardinal avait représenté au monarque, pour le porter à créer cette institution qui devait être durable, parce qu’elle était parfaitement en harmonie avec l’esprit français, « qu’une des principales marques de la félicité d’un Etat était que les sciences et les lettres y fleurissent en honneur, aussi bien que les armes, puisqu’elles sont un des principaux instruments de la vertu ». — Le vieux Caton, remarque à ce sujet un des académiciens les plus distingués de nos jours, disait déjà, en parlant de la race ingénieuse et forte d’où est sortie notre France : Duas res gallica gens industriosissime persequitur, rem militarem et argute loqui ; « la nation gauloise est singulièrement habile à pratiquer deux choses, le métier des armes et le beau langage. » 5.

17. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

Parbleu, monsieur Dimanche, vous vous portez bien ? […] Mais ces paroles parurent suspectes au chasseur épuisé, le miel était doré, il le porta à ses lèvres ; en même temps l’arbre tomba et l’entraîna au fond de l’abîme. […] Dans la main droite, cette femme majestueuse portait des livres, et dans la main gauche un sceptre. […] tu portais bonheur à ma maison, et moi Je voudrais du bonheur. […] Le tyran de la Judée a infecté toutes les fontaines de mortels poisons, et leurs eaux funestes ne portent plus que les maladies et la mort.

18. (1858) Exercices latins adaptés à la Grammaire latine d’après Lhomond. Deuxième partie : Cours gradué de versions latines sur la syntaxe, à l’usage des classes de sixième, cinquième et quatrième. Livre du maître pp. -370

Mes frères et moi nous avons porté les armes. — 3. […] Les menteurs ont coutume de porter la peine de leur faute. — 11. […] Ulysse remit à un prisonnier Phrygien une lettre à porter à Priam. — 15. […] Triton, dieu marin, est représenté porté sur des monstres nageants. — 5. […] Alexandre étant mort, les Perses ses ennemis en portèrent le deuil. — 14.

19. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lamartine 1790-1869 » pp. 506-523

En l’écoutant, chacun crut entendre les plaintes ou les soupirs de son propre cœur, et monta vers les régions sereines, porté par l’essor de sa strophe éthérée. […] Le visage De l’immortalité portait déjà l’image ; Et déjà sur ce front, où son signe était lu, Mon œil respectueux ne voyait qu’un élu. […] Ce titre, déféré par le Sénat à Octave, fut depuis porté par les empereurs romains, ses successeurs. […] Sa porte doit être ouverte à toute heure à celui qui l’éveille, sa lampe toujours allumée, son bâton toujours sous sa main ; il ne doit connaître ni saisons, ni distances, ni contagion, ni soleil, ni neige, s’il s’agit de porter l’huile au blessé, le pardon au coupable, ou son Dieu au mourant. […] « Saint François d’Assises avait une sorte d’affection pour les petits animaux ; et la légende raconte qu’un jour, voyageant en compagnie d’un frère dans la marche d’Ancône, il rencontra un homme qui portait sur son épaule, suspendus à une corde, deux petits agneaux ; et, comme le bienheureux saint François entendit leurs bêlements, ses entrailles furent émues, et, s’approchant, il dit à l’homme : “Pourquoi tourmentes-tu mes frères les agneaux en les portant ainsi “liés et suspendus ?

20. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Exemple : Il est contraire aux intérêts d'un peuple de porter la guerre dans les pays qui l'avoisinent : les Thébains se sont mal trouvés d'avoir porté la guerre dans la Phocide ; donc les Athéniens ne doivent pas déclarer la guerre aux Thébains. […] Un homme qui aurait voulu être lui-même en Afrique, qui s'est plaint de ce que Ligarius lui en avait défendu l'entrée, qui a lui-même porté les armes contre César. […] Mais l'orateur puise peu dans ces sources, il tire du fond même de son sujet les argument propres à porter la persuasion dans le cœur des juges. […] Les paroles de l'orateur doivent porter l'empreinte de la justice, de la vertu et de l'humanité. […] L'épopée doit renfermer une leçon morale, et tous les personnages qu'elle emploie doivent porter l'empreinte de leur caractère.

21. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Montesquieu, 1689-1755 » pp. 235-252

J’ai eu pour principe de ne jamais faire par autrui ce que je pouvais par moi-même : c’est ce qui m’a porté à faire ma fortune par des moyens que j’avais dans mes mains, la modération et la frugalité, et non par des moyens étrangers, toujours bas ou injustes. […] Car il est clair que dans une monarchie, où celui qui fait exécuter les lois se juge au-dessus des lois, on a besoin de moins de vertu que dans un gouvernement populaire, où celui qui fait exécuter les lois sent qu’il y est soumis lui-même et qu’il en portera le poids. […] Cela porta quelques peuples à se soumettre ; et comme on les fit aussi citoyens, d’autres posèrent encore les armes ; et enfin il ne resta que les Samnites, qui furent exterminés. […] L’un et l’autre ont porté la concision aussi loin qu’elle peut aller ; car, dans un espace très-court, Bossuet a saisi toutes les grandes idées, et Montesquieu n’a oublié ni un fait ni une pensée. […] « La phrase vive de Montesquieu a été longtemps méditée ; ses mots, légers comme des ailes, portent des réflexions graves.

22. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVIII. des qualites essentielles du style. — harmonie  » pp. 240-256

Les règles de la versification permettaient à Racine le vers suivant : Allez donc, et portez cette joie à mon frère… Il a eu tort de profiter de la permission, l’euphonie le lui défendait. […] Aussitôt qu’il eut porté de rang en rang l’ardeur dont il était animé, on le vit presque en même temps pousser l’aile droite des ennemis, soutenir la nôtre ébranlée, rallier le Français à demi vaincu, mettre en fuite l’Espagnol victorieux, porter partout la terreur, et étonner de ses regards étincelants ceux qui échappaient à ses coups. […] Trois fois le jeune vainqueur s’efforça de rompre ces intrépides combattants, trois fois il fut repoussé par le valeureux comte de Fontaines, qu’on voyait porté dans sa chaise, et malgré ses infirmités, montrer qu’une âme guerrière est maîtresse du corps qu’elle anime. […] Les premières phrases commençaient par la forme adverbiale, l’apostrophe interrogative a succédé, puis le verbe, pour ainsi dire, en vedette ; maintenant vient la répétition du nom de nombre, jusqu’à ce qu’enfin ces tours vivantes, ébranlées par une irrésistible impétuosité, ne puissent plus réparer leurs brèches, et que tout semble s’écrouler sous ces mots secs et brefs, qui portent le coup décisif : mais enfin il faut céder.

23. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre V. De la disposition. »

Cet homme qui portait la gloire de sa nation jusqu’aux extrémités de la terre, qui couvrait son camp d’un bouclier, et forçait celui des ennemis avec l’épée ; qui donnait à des rois ligués contre lui des déplaisirs mortels, et réjouissait Jacob par ses vertus et par ses exploits, dont la mémoire doit être éternelle ; cet homme qui défendait les villes de Juda, qui domptait l’orgueil des enfants d’Ammon et d’Esaü, qui revenait chargé des dépouilles de Samarie, après avoir brûlé sur leurs propres autels les dieux des nations étrangères ; cet bomme que Dieu avait mis autour d’Israël comme un mur d’airain où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l’Asie ; et qui, après avoir défait de nombreuses armées, déconcerté les plus forts et les plus habiles généraux des rois de Syrie, venait tous les ans, comme le moindre des Israélites, réparer avec ses mains triomphantes les ruines du sanctuaire, et ne voulait d’autre récompense des services qu’il rendait à sa patrie, que l’honneur de l’avoir servie ; ce vaillant homme, poussant enfin avec un courage invincible les ennemis qu’il avait réduits à une fuite honteuse, reçut le coup mortel, et demeura comme enseveli dans son triomphe. […] Aussitôt qu’il eut porté de rang en rang l’ardeur dont il était animé, on le vit presque en même temps pousser l’aile droite des ennemis, soutenir la nôtre ébranlée, rallier les Français à demi vaincus, mettre en fuite l’Espagnol victorieux, porter partout la terreur, et étonner de ses regards étincelants ceux qui échappaient à ses coups. […] Trois fois le jeune vainqueur s’efforça de rompre ces intrépides combattants, trois fois il fut repoussé par le valeureux comte de Fontaines, qu’on voyait porté dans sa chaise, et, malgré ses infirmités montrer qu’une âme guerrière est maîtresse du corps qu’elle anime ; mais enfin il faut céder. […] « Jetez les yeux de toutes parts : voilà tout ce qu’a pu la magnificence et la piété pour honorer un héros : des titres, des inscriptions, vaines marques de ce qui n’est plus ; des figures qui semblent pleurer autour d’un tombeau, et des fragiles images d’une douleur que le temps emporte avec tout le reste ; des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu’au ciel le magnifique témoignage de notre néant ; et rien ne manque dans tous ces donneurs que celui à qui on les rend.

24. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VI. Analyse du discours sur l’esprit philosophique, par le P. Guénard. »

Écartant avec dédain toutes ces minuties scolastiques qui remplissent l’esprit sans l’éclairer, ils vous porteront d’abord au centre où tout vient aboutir, et vous mettront à la main le nœud, pour ainsi dire, de toutes les vérités de détail, lesquelles, à le bien prendre, ne sont réellement vérités que pour ceux qui en connaissent l’étendue et les affinités secrètes : aussitôt toutes vos observations s’éclairent mutuellement, toutes vos idées se rassemblent en un corps de lumière ; il se forme de toutes vos expériences un grand et unique fait, et de toutes vos vérités une seule et grande vérité qui devient comme le fil de tous les labyrinthes. […] Elle chausse le brodequin, et montant sur un théâtre consacré à la joie, où Molière instruisait autrefois toute la France en riant, elle y va porter de savantes analyses du cœur humain, des sentences profondément réfléchies, un traité de morale en dialogue ». […] » Libre et hardi dans les choses naturelles, et pensant toujours d’après lui-même ; flatté depuis longtemps par le plaisir délicat de goûter les vérités claires et lumineuses qu’il voyait sortir, comme autant de rayons, de sa propre substance, ce roi des sciences humaines se révolte aisément contre cette autorité, qui veut captiver toute intelligence sous le joug de la foi, et qui ordonne aux philosophes mêmes, à bien des égards, de redevenir enfants : il voudrait porter dans un nouvel ordre d’objets sa manière de penser ordinaire : il voudrait encore ici marcher de principe en principe, et former de toute la religion une chaîne d’idées générales et précises que l’on pût saisir d’un coup d’œil ; il voudrait trouver, en réfléchissant, en creusant en lui-même, en interrogeant la nature, des vérités que la raison ne saurait révéler, et que Dieu avait cachées dans les abîmes de sa sagesse ; il voudrait même ôter, pour ainsi dire, aux événements leur propre nature, et que des choses dont l’histoire seule et la tradition peuvent être les garants, fussent revêtues d’une espèce d’évidence dont elles ne sont point susceptibles ; de cette évidence toute rayonnante de lumière qui brille à l’aspect d’une idée, pénètre tout d’un coup l’esprit, et l’enlève rapidement. […] Les chaînes qu’on lui donne-ici sont aisées à porter, et ne doivent paraître trop pesantes qu’aux esprits vains et légers.

25. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Buffon, 1707-1788 » pp. 175-184

Je serai donc enrhumé pour ces deux ou trois jours ; mais vendredi ou samedi, je me porterai bien, et j’irai vous offrir tous les sentiments de mon cœur. […] C’est surtout dans les yeux3 qu’elles se peignent et qu’on peut les reconnaître : l’œil appartient à l’âme plus qu’aucun autre organe ; il semble y toucher, et participer à tous ses mouvements ; il en exprime les passions les plus vives et les émotions les plus tumultueuses, comme les mouvements les plus doux et les sentiments les plus délicats ; il les rend dans toute leur force, dans toute leur pureté, tels qu’ils viennent de naître ; il les transmet par des traits rapides qui portent dans une autre âme le feu, l’action, l’image de celle dont ils partent : l’œil reçoit, et réfléchit en même temps la lumière de la pensée, et la chaleur du sentiment : c’est le sens de l’esprit, et la langue de l’intelligence4. Le style C’est faute de plan, c’est pour n’avoir pas assez réfléchi sur son objet, qu’un homme d’esprit se trouve embarrassé, et ne sait par où commencer à écrire : il aperçoit à la fois un grand nombre d’idées, et, comme il ne les a ni comparées ni subordonnées, rien ne le détermine à préférer les unes aux autres ; il demeure donc dans la perplexité ; mais, lorsqu’il se sera fait un plan, lorsqu’une fois il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet, il s’apercevra aisément de l’instant auquel il doit prendre la plume ; il sentira le point de maturité de la production de l’esprit, il sera pressé de la faire éclore, il n’aura même que du plaisir à écrire ; les idées se succéderont aisément, et le style sera naturel et facile1 ; la chaleur naître de ce plaisir, se répandra partout, et donnera de la vie à chaque expression ; tout s’animera de plus en plus ; le ton s’élèvera, les objets prendront de la couleur, et le sentiment, se joignant à la lumière, l’augmentera, la portera plus loin, la fera passer de ce que l’on dit à ce que l’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux. […] Je ne vis point : je suis porté, entrainé loin de moi, dans des tourbillons, vais, je viens, je soupe au bout de la ville, pour souper le lendemain à l’autre.

26. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

Porté à son plus haut point de perfection, il est incontestablement le résultat de la nature et de l’art ; il suppose que ce sentiment naturel de la beauté est augmenté par l’attention que nous portons sans cesse aux objets les plus beaux, et en même temps guidé par les lumières de notre intelligence. […] Un génie, en quelque sorte universel, qui annonce pour tous les arts une égale disposition, n’en portera vraisemblablement aucun à la perfection. […] Ce n’est pas que mon intention soit de porter atteinte à leur célébrité. […] Il n’y avait pas d’autre moyen de porter à l’oreille l’idée de l’objet qu’on s’efforçait de nommer. […] Il nous est suggéré par l’imagination et le désir, qui nous portent à placer avant tout le nom de l’objet qui les excite.

27. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

Dans le même instant, paraissent six hommes qui portent la mort entre leurs mains : au milieu d’eux marche un septième vêtu de lin ; à son côté est suspendu un vase rempli d’encre. […] L’homme aux habits de lin se retire, et les six ministres de la mort reçoivent à leur tour l’ordre de frapper quiconque ne portera point le sceau de la fidélité. […] Je marchais devant lui, quand, porté sur les flots, Il en couvrait la face et parlait au chaos. […] — Voici la réponse du Seigneur : Une mère peut-elle oublier l’enfant qu’elle allaite, et n’avoir point de compassion du fils qu’elle a porté dans son sein ? […] « Comme un aigle excite ses petits à voler, et voltige doucement au dessus d’eux, le Seigneur a de même étendu ses ailes ; il a pris son peuple sur lui, et l’a porté sur ses ailes ».

28. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voiture, 1598-1648 » pp. 21-25

Voiture 1598-1648 [Notice] Fils d’un fermier des vins qui fut échevin d’Amiens, protégé par son condisciple le comte d’Avaux, recherché des grands qu’il amusait en les flattant, devenu la merveille de l’hôtel de Rambouillet, maître de cérémonies chez Gaston d’Orléans, favori tour à tour de Richelieu et de Mazarin, interprète des ambassadeurs près de la reine, reçu à l’Académie française qui porta officiellement son deuil, Voiture fut un bel esprit, heureux et habile, dont le souvenir est inséparable de la société polie au milieu de laquelle s’épanouirent ses agréments. […] Idole et victime de la mode, il porta la livrée de son temps, et la postérité l’a puni d’avoir plus songé au présent qu’à l’avenir. […] Ces grands vaisseaux qui avaient été faits pour porter nos armes au delà du détroit ne serviront qu’à conduire nos marchandises et à tenir la mer libre, et nous n’aurons plus la guerre qu’avec les corsaires.

29. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Bruyère, 1646-1696 » pp. 155-177

C’est le propre de ce vice, qui n’est fondé ni sur le mérite personnel ni sur la vertu, mais sur les richesses, les postes, le crédit, et sur de vaines sciences, de nous porter également à mépriser ceux qui ont moins que nous de cette espèce de biens, et à estimer trop ceux qui en ont une mesure qui excède la nôtre2. […] Cela est indifférent, et il faut que ce soit l’intérêt seul qui en décide ; car il est aussi capable de manier de l’argent, ou de dresser des comptes, que de porter les armes. […] Il est si prodigieusement flatté dans toutes les peintures que l’on fait de lui, qu’il paraît difforme près de ses portraits ; il lui est impossible d’arriver jamais jusqu’où la bassesse et la complaisance viennent de le porter ; il rougit de sa propre réputation. […] Cordon bleu, ruban bleu porté par les chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit, et accordé seulement à la noblesse de vieille date. […] Saint-Simon n’est pas de cet avis, car il dit : « Son esprit, naturellement porté au petit, se plut en toutes sortes de détails. » 5.

30. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fénelon. (1651-1715.) » pp. 101-109

Si elle était moins dure, elle ne pourrait le porter ; il enfoncerait partout, comme il enfonce dans le sable ou dans un bourbier. […] Ici des coteaux s’élèvent comme en amphithéâtre et sont couronnés de vignobles et d’arbres fruitiers ; là de hautes montagnes vont porter leur front glacé jusque dans les nues, et les torrents qui en tombent sont les sources des rivières. […] De là vient qu’un peintre et un poëte ont tant de rapport2 : l’un peint pour les yeux, l’autre pour les oreilles ; l’un et l’autre doivent porter les objets dans l’imagination des hommes. […] Ce jugement porté sur Isocrate, qu’un ingénieux helléniste appelait « la plus nette perle du langage attique », peut paraître trop sévère ; mais l’opinion exprimée ensuite sur Démosthène est d’une grande vérité.

31. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Guizot. Né en 1787. » pp. 469-478

La même énergie de conviction, la même fidélité à son propre jugement, qu’il portait dans l’appréciation générale des choses, l’accompagnaient dans la pratique des affaires. […] C’est qu’il joignait, à cet esprit indépendant et ferme, un grand cœur, toujours prêt à agir selon sa pensée, en acceptant la responsabilité de son action : « Ce que j’admire dans Christophe Colomb, dit Turgot, ce n’est pas d’avoir découvert le nouveau monde, mais d’être parti pour le chercher sur la foi d’une idée. » Que l’occasion fût grande ou petite, les conséquences prochaines ou éloignées, Washington, convaincu, n’hésitait jamais à se porter en avant, sur la foi de sa conviction. […] Là elle s’arrête, elle triomphe, elle est fière de son audace ; et parce qu’elle a su s’élever au-dessus de ce qu’elle avait écrit, parce qu’elle a considéré et jugé une action en elle-même, indépendamment des définitions de la science, elle se tient pour satisfaite et en possession de la vérité ; elle se hâte d’appliquer à l’homme tout entier le jugement qu’elle a porté sur l’action ; et déjà lasse d’un travail inattendu, elle ne veut voir en lui que l’auteur du crime qu’elle a eu tant de peine à saisir. […] Sans doute, il portait sur les droits et les intérêts de l’Angleterre un jugement bien moins pur, bien moins juste que Falkland et Hampden1 ; cependant il ne faut pas croire que tout fût erreur dans sa pensée politique : bien des choses, et de très-importantes, le frappaient, qui échappaient à ses rivaux ; il connaissait des besoins publics, des conditions de liberté publique dont Hollis et Pym2 avaient tort de ne point tenir compte ; il prévoyait, au train de la révolution, mille conséquences dont ils ne voulaient pas plus que lui, mais qu’ils ne savaient point démêler.

32. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

Ce discours eut un grand succès, et Barnave, au sortir de l’assemblée, fut porté en triomphe par le peuple. […] Les vélites, les Grecs et les Gaulois se portent sur le troisième celé. […] Le 7 octobre, l’ultimatum du roi de Prusse fut porté à Napoléon. […] Arborez cette cocarde tricolore ; vous la portiez dans nos grandes journées. […] Tous leurs soins se portaient dès lors sur Chlodobert, dont l’état ne donnait plus qu’une faible espérance.

33. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fléchier 1632-1710 » pp. 84-88

Fléchier 1632-1710 [Notice] Né à Pernes, dans le comtat d’Avignon, Fléchier appartient à cette génération de beaux esprits dont l’hôtel de Rambouillet fut le centre, qu’enchanta la lecture de l’Astrée, et qui portèrent aux nues Balzac et Voiture. […] On vit dans les villes par où son corps a passé les mêmes sentiments que l’on avait vus autrefois dans l’empire romain, lorsque les cendres de Germanicus furent portées de la Syrie au tombeau des Césars. Les maisons étaient fermées ; le triste et morne silence qui régnait dans les places publiques n’était interrompu que par les gémissements des habitants ; les magistrats en deuil eussent volontiers prêté leurs épaules pour le porter de ville en ville : les prêtres et les religieux à l’envi l’accompagnaient de leurs larmes et de leurs prières.

34. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

portez, portez-moi sur les bords d’Érymanthe ; Que je la voie encor, cette vierge charmante ! […] Le duc de Châtillon, qui s’y était glorieusement signalé, vint de sa part en porter les nouvelles à la cour. […] Et le soir il voulait porter seul les hoyaux. […] La nouvelle France apparut belle et forte de son unité, et chacun de ses enfants s’élança dans la carrière, certain de s’avancer aussi loin que le porterait son génie. […] Les jeunes gens sont portés à rougir, car ils pensent qu’il n’y a de beau que ce que la loi leur apprend à regarder comme tel.

35. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Le style suppose la réunion et l’exercice de toutes les facultés intellectuelles ; les idées seules forment le fond du style, l’harmonie des paroles n’en est que l’accessoire, et ne dépend que de la sensibilité des organes : il suffit d’avoir un peu d’oreille pour éviter les dissonances, et de l’avoir exercée, perfectionnée par la lecture des poètes et des orateurs, pour que mécaniquement on soit porté à l’imitation de la cadence poétique et des tours oratoires. […] Au-dessus, on voit une vaste forêt de cèdres antiques, qui paraissent aussi vieux que la terre où ils sont plantés, et qui portent leurs branches épaisses jusque vers les rues. […] Il est ordinaire d’y rencontrer fréquemment des traits pareils à ceux-ci Écoutez, maison de Jacob, et vous tous qui êtes restés de la maison d’Israël ; vous que je porte dans mon sein, que je renferme dans mes entrailles ; je vous porterai moi-même encore jusqu’à la vieillesse, je vous porterai jusqu’à l’âge le plus avancé. Je vous ai créés, je vous soutiendrai, je vous porterai et je vous sauverai. Sion a dit : Le Seigneur m’a abandonnée ; le Seigneur m’a oubliée ; une mère peut-elle oublier son enfant et n’avoir point de compassion du fils qu’elle a porté dans ses entrailles ?

36. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce second volume. »

On y jugeait souverainement et sans appel toutes les affaires qui y étaient portées. […] Devenu roi de France, en 1589, il ne fut sacré qu’en 1594, après avoir porté le dernier coup à la Ligue, par l’abjuration qu’il fit de la religion protestante. […] La fureur de la vengeance la porta jusqu’à montrer cette épée à son époux, en accusant son fils d’avoir voulu attenter à son honneur. […] Elle porta plusieurs noms, et fut appelée 1º. […] Mais les faiblesses de l’envie, qui ternissaient ses éminentes qualités, l’avaient porté à exiler Aristide surnommé le Juste.

37. (1870) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices par Gustave Merlet,... à l'usage de tous les établissements d'instruction. Cours moyens, grammaire et enseignement spécial. Première partie : prose

Attendez qu’on vous en demande plus d’une fois, et vous ressouvenez de porter toujours beaucoup d’eau. […] monsieur dimanche, vous vous portez bien218. […] disais-je en moi-même, les arbres tardifs sont ceux qui portent les meilleurs fruits. […] Adieu ; les lettres qui seront portées par cet ordinaire vous feront voir si nous disons vrai ou non. […] Je voudrais n’avoir que ces plaintes ; je ne les porterais pas dans cette chaire.

38. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Eux-mêmes portent leur ambition beaucoup plus loin. […] Ils portent leurs regards au-delà, et, d’un œil anxieux, cherchent à percer les obscurités de l’avenir. […] Enfin, nous ne portons pas d’argent sur la route ; nous nous abandonnons à la Providence. — Eh ! […] Chacune avait sa manière de les porter et de s’en servir. […] Les parties faibles du discours de Rivarol sont celles qui portent la trace de l’école de Condillac.

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