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129. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

Voici un contraste grandiose, qui ne paraît point dans les mots, mais qui naît dans la pensée. […] Worms, Spire, Mayence, Landau, vingt autres places de nom, ouvrent leurs portes ;  Merci ne peut les défendre et ne paraît plus devant son vainqueur. […] Il est donc sûr de son fait et déjà cette formule, qui paraîtrait froide ailleurs, nous échauffe et nous intéresse, obéissons au grand orateur. […] La narration paraît arrêtée dans ces mouvements tout comme l’armée ; deux phrases sans figures, après toutes celles qui précèdent ! […] Il se complique au moment ou le narrateur paraît indécis en même temps que nos troupes.

130. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Jean-Baptiste Rousseau 1670-1741 » pp. 441-444

Les sujets ne s’emparaient point de lui : il n’y voyait qu’une matière à traiter, et s’il parut se vouer à l’ode religieuse, ce ne fut pas par entraînement de cœur. […] Cette ode sans prétention me paraît une des meilleures de Rousseau par la simplicité, l’harmonie, et un certain accent de sensibilité très-rare chez lui.

131. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre premier. »

C’est de toutes les parties du discours celle qui quelquefois doit le plus à l’art, et celle cependant qui paraît le plus dans la nature. […] Que de précautions à prendre, pour que cette vérité n’eût rien d’amer, rien de repoussant, et qu’elle servît par le fait l’intérêt général, sans paraître blesser celui de tant de particuliers ! […] Malgré tant de précautions si adroitement prises, l’orateur ne se croit pas assez maître encore des esprits de ses auditeurs, et il termine son exorde, en déclarant qu’il va exposer les motifs de son opinion, mais que s’ils paraissent insuffisants à ceux qui l’écoutent, il est tout prêt à renoncer à son avis, pour adopter celui du plus grand nombre.

132. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-10

Cette main invisible, ce bras qui ne paraît pas donne les coups que le monde sent. […] Ne paraîtra-t-elle point dans quelque lieu, à la honte et à la confusion de Tibère ? […] La justice divine paraît quelquefois avec éclat et fait des exemples qui sont vus de tout le monde : quelquefois aussi elle s’exerce secrètement et abandonne les méchants à leurs propres cœurs et à leurs propres pensées.

133. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre III. Idée de l’Éloquence des Saints-Pères. »

Il paraît que ces philosophes-là ressemblaient à beaucoup d’autres, et qu’il suffisait, pour les réduire au silence, de les opposer à eux-mêmes. […] Ils paraissent s’être ressentis davantage de la corruption du goût qui régnait à l’époque où ils ont écrit.

134. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Rochefoucauld 1613-1680 » pp. 18-21

Mille gens déplaisent avec des qualités aimables ; mille gens plaisent avec de moindres talents ; c’est que les uns veulent paraître ce qu’ils ne sont pas, les autres sont ce qu’ils paraissent 1.

135. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

Tout importantes qu’elles sont, les règles nous paraissent plutôt des observations et des conseils que des lois invariables et inflexibles. […] Le naturel demande que dans une lettre tout coule de source et paraisse trouvé plutôt que cherché. […] Il faut savoir tenir le milieu entre une négligence choquante et une recherche qui paraîtrait ridicule. […] Mais il nous paraît utile de dire un mot de chacun de ces poèmes. […] Vouloir cette passion dans toutes les tragédies, dit Voltaire lui-même, me paraît être d’un goût efféminé.

136. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Chapitre » pp. 169-193

L’avocat poëte avait, dès l’âge de vingt-trois ans, placé sur la scène, dans une pièce intitulée Mélite, une aventure qui lui était personnelle, et, encouragé par le succès, il avait fait suivre cette comédie de quelques autres ; à vingt-neuf ans, abordant la tragédie, il avait dans Médée trouvé quelques traits sublimes ; à trente, il faisait paraître le Cid : et la France ravie saluait de ses applaudissements enthousiastes le nom du grand Corneille. […] Ce grand cœur qui paraît aux discours que tu tiens Par tes yeux, chaque jour, se découvrait aux miens ; Et croyant voir en toi l’honneur de la Castille, Mon âme avec plaisir te destinait ma fille. […] Mon cœur en un moment Étant de ses regards charmé si puissamment, Le choix que vos bontés avaient fait de Clarice, Sitôt que je le sus, me parut un supplice : Mais comme j’ignorais si Lucrèce et son sort Pouvaient avec le vôtre avoir quelque rapport, Je n’osai pas encor vous découvrir la flamme Que venaient ses beautés d’allumer dans mon âme ; Et j’avais ignoré, monsieur, jusqu’à ce jour Que l’adresse d’esprit fût un crime en amour. […] Sa traduction, à laquelle il consacra près de six années (les deux premiers livres parurent en 1651), a été réimprimée environ quarante fois. […] Cette locution ironique paraîtrait aujourd’hui peu convenable dans une tragédie ; mais alors les genres n’étaient pas, comme à présent, définis et limités avec exactitude : on aura plus d’une occasion de le remarquer dans Corneille.

137. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre premier. »

On conçoit, par exemple, que l’orateur qui prononce un panégyrique ou une oraison funèbre, peut n’être pas profondément affecté en effet du mérite qu’il loue, ou dont il pleure la perte : il suffit, pour nous toucher, qu’il paraisse touché lui-même ; l’illusion n’en demande pas plus. Mais qu’un orateur public, qu’un homme d’état, qu’un citoyen enfin, qui fait partie de l’assemblée devant laquelle il parle, et dont les intérêts lui sont par conséquent communs, ne soit et ne paraisse pas intimement convaincu que ce qu’il conseille est en effet ce qu’il y a de mieux à faire pour le moment, son but est manqué, et il laisse sur sa probité et sur son patriotisme des soupçons que le temps n’efface jamais complètement.

138. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre V. Du Style en général, et de ses qualités. »

Brébeuf paraît-il s’être douté du mérite d’une pareille concision, quand il la noie dans le fatras suivant ? […] Ses périodes sont naturellement longues, et il prodigue volontiers tous les ornements qu’elles lui paraissent susceptibles de recevoir. […] Le solécisme, c’est lorsqu’un, mot n’est pas bien construit avec les autres mots de la phrase ; et le barbarisme, c’est quand on trouve dans une phrase un mot qui ne devait pas y paraître ».

139. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — L. Racine. (1692-1763.) » pp. 267-276

Rois, sujets, tout se plaint, et nos fleurs les plus belles Renferment dans leur sein des épines cruelles2 ; L’amertume secrète empoisonne toujours L’onde qui nous paraît si claire dans son cours. […] 1742. — Le poëme de la Grâce avait paru vingt ans auparavant. […] Il ajoute que « c’est la meilleure composition qui ait paru en ce genre dans le dix-huitième siècle ».

140. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 185-195

L’incendie augmente, l’orient paraît tout en flammes : à leur éclat, on attend l’astre longtemps avant qu’il se montre ; à chaque instant on croit le voir paraître : on le voit enfin. […] Travaillez donc, monsieur, dans l’état où vous ont placé vos parents et la Providence : voilà le premier précepte de la vertu que vous voulez suivre ; et si le séjour de Paris, joint à l ‘emploi que vous remplissez, vous paraît d’un trop difficile alliage avec elle, faites mieux, monsieur, retournez dans votre province ; allez vivre dans le sein de votre famille ; servez, soignez vos vertueux parents : c’est là que vous remplirez véritablement les soins que la vertu vous impose.

141. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre V. Panégyrique de Louis XV, par Voltaire. »

Il ne peut être que fort dangereux pour moi, sans doute, de me trouver, en fait d’éloquence, d’un autre avis que M. le cardinal Maury : mais il ne me paraît pas avoir rendu à ce Panégyrique et à l’Éloge funèbre des officiers, toute la justice que méritent ces deux productions. Le président Hénault trouvait le panégyriste de Louis XV d’autant plus éloquent, qu’il paraît ne pas prétendre à l’éloquence, et cela est vrai.

142. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Préface de la première édition » pp. -

. — Ces observations nous paraissent fort justes. […] Nous terminerons en reportant notre pensée vers le volume par lequel nous avons commencé la publication de ce cours, la Poétique, qui a paru il y a quelques mois.

143. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Staël 1766-1817 » pp. 218-221

Revenue en France au lendemain de la Terreur, elle y réveilla l’esprit de société, jusqu’au jour où sa royauté de salon parut dangereuse à un pouvoir ombrageux qui la réduisit à quitter son pays. […] J’avais été dans les couvents d’Italie ; ils me paraissaient pleins de vie à côté de ce cercle, et je ne savais qu’y devenir1.

144. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voltaire, 1694-1778 » pp. 253-281

Il me paraît toujours absurde de faire dépendre l’existence de Dieu d’a plus b divisé par z. […] Lorsqu’on imprime qu’un souverain m’a dit : « Je vous conserve votre pension, et je vous défends de paraître devant moi », je réponds que celui qui a avancé cette sottise en a menti impudemment. […] Pigalle croirait qu’on s’est moqué de lui ; et, pour moi, j’ai tant d’amour-propre, que je n’oserais jamais paraître en sa présence. […] Alors Freytag me proposa de rester à Francfort jusqu’à ce que le trésor qui était à Leipsick fût arrivé, et il me signa ce beau billet : « “Monsir, sitôt le gros ballot de Leipsick sera ici, où est l’œuvre de poëshie du roi mon maître, que Sa Majesté demande, et l’œuvre de poëshie rendu à moi, vous pourrez partir où vous paraîtra bon. […] On trouve les détails de cette affaire dans l’Appel au public que Kœnig publia en 1752, dans les Maupertuissiana, recueil de tout ce qui a paru au sujet de cette querelle.

145. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

Toutefois, dans Médée (1634), son génie s’était déjà révélé par des notes superbes et des tirades hautaines, quand parut le Cid, en 1636. […] Il en résulte parfois qu’ils nous paraissent trop étrangers à nos défaillances. […] L’obéissance, le respect envers votre mère que Dieu vous commande, ne vous paraît qu’un fardeau dont il faut se débarrasser le plus tôt possible. […] Acad. —  Instruire d’exemple me paraît faire un très-bel effet en poésie ; cette expression même semble y être devenue d’usage : Il m’instruisait d’exemple au grande art des héros. […] Bossuet dit de la reine d’Angleterre : « Elle fut contrainte de paraître an monde, et d’étaler à la France même, au Louvre où elle était née, toute l’étendre de sa misère. » 2.

146. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre III. De la partie oratoire dans les Historiens anciens. Historiens grecs. »

Quoiqu’en effet tous les grands hommes qui passent sous nos yeux, dans cette immense revue de tant de siècles, n’aient pas tenu peut-être le langage que leur prête l’historien, il est clair cependant qu’il a adapté leurs discours à leur caractère connu, et que, s’il a quelquefois substitué sa pensée à la leur, il en a si bien pris l’esprit et le style en général, que nous retrouvons facilement l’un et l’autre ; et que nous oublions sans effort l’auteur qui écrit, pour n’entendre que le héros qui parle ; et ce qui le prouve d’une manière qui nous paraît sans réplique, c’est qu’à chacune de ces grandes époques qui divisent les temps, moins encore par le nombre des années, que par les progrès de la civilisation et le développement des connaissances, nous trouvons dans ces mêmes harangues un tableau fidèle et des mœurs du siècle et du caractère particulier du pays. […] Après Hérodote parut Thucydide, historien de cette fameuse guerre du Péloponèse, qui divisa si longtemps Athènes et Lacédémone. […] Un homme aussi célèbre et plus étonnant encore que Périclès lui-même, Alcibiade, va paraître ici en qualité d’orateur. […] Son éloquence est aussi animée, aussi entraînante alors, qu’elle vient de vous paraître tranquille et raisonnée, il n’y a qu’un moment.

147. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Notions préliminaires. »

Il y a d’autres mots qui sont si communs, qu’ils paraissent devoir être entièrement bannis de la poésie. […] D’un autre côté, il y a des mots qui paraissent uniquement consacrés à la poésie, sans pouvoir être reçus dans la prose. […] L’un est plus leste et plus agile : par le mouvement de ses pieds et la légèreté de ses ailes, il paraît voler et raser la surface de l’onde. […] Il me paraît plus simple et plus commode de les parcourir tous successivement, en commençant par les moins considérables.

148. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Chateaubriand, 1768-1848 » pp. 409-427

Elle paraissait enchantée par l’Ange de la Mélancolie et par le double sommeil de l’innocence et de la tombe. […] Les scènes humaines jetées dans un coin n’ont d’autre objet que de relever et de faire paraître davantage les scènes de la nature par l’harmonie ou par le contraste. […] Que ces petites montres de sa ruine qui paraissent encore au-dessus de la bière, c’était la Fortune qui les avait conservées pour le témoignage de cette grandeur infinie que tant de siècles, tant de feux, la conjuration du monde réitérée à tant de fois à sa ruine, n’avaient pu universellement éteindre. […] Citons encore ces vers qui feront mieux valoir les précédents : Mais de Diane au ciel l’astre vient de paraître ; Qu’il luit paisiblement sur ce séjour champêtre !

149. (1867) Rhétorique nouvelle « Deuxième partie. L’éloquence du barreau » pp. 146-

Le murmure mélodieux de l’abeille attique se perdrait dans le tumulte de leurs assemblées, et son miel leur paraîtrait fade. […] Et tu as le front de paraître à la lumière ! […] De grands orateurs illustrèrent le barreau romain, où n’avaient encore paru que des légistes : Galba, Lélius, Scipion Emilien, Carbon, les deux Gracques, Scaurus, Crassus, Antoine, Philippe, Hortensius, et enfin Cicéron, qui les éclipsa tous. […] Il aime à paraître, à se mettre en scène, tantôt pour attendrir le public sur son sort, tantôt pour s’excuser avec une feinte modestie de son peu d’éloquence.

150. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VI. des mœurs  » pp. 75-88

Et ceci est tout à la fois un des mille arguments en faveur de l’utilité littéraire des sciences, de celles même qui paraissent le plus étrangères à l’art du style proprement dit. […] Je ne puis qu’effleurer ce qu’il y aurait à dire à ce sujet, mais j’insiste d’autant plus vivement sur l’observation des bienséances qu’au milieu du bouleversement universel dont nous avons été témoins, le sentiment paraît s’en être perdu parmi nous. […] Le passé n’est pas si loin de nous pour que je ne puisse répéter ce que je disais il y a quelques années : puissent les jeunes écrivains de l’un et l’autre sexe bien comprendre que l’outrecuidance des prétentions, le ton rogue et magistral s’excusent à peine par l’autorité d’une virilité puissante ou d’une tête blanchie ; que les réformateurs au maillot ou en cornette font sourire les personnes sensées ; que le laisser aller du feuilleton ou l’échevelé, l’excentrique, le décousu des romans à la mode, il y a peu de temps encore, contrastent péniblement avec la dignité de certains sujets ; qu’il est des choses que certaines personnes doivent feindre d’ignorer, d’ignobles et hideux spectacles qu’elles ne doivent jamais se flatter d’avoir vus ; en un mot, que, si les bienséances ne sont pas la vertu, elles font supposer qu’on y croit encore, et que, si l’on a la folie de mépriser les autres, il faut au moins paraître se respecter soi-même.

151. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XI. du corps de l’ouvrage. — narration, description  » pp. 146-160

J’ai déjà dit que la prétention me paraît exagérée, et, pour ma part, je ne vise pas si haut. […] mettez-vous à la place du lecteur, et si vous pouvez craindre que celui-ci, encore mal éclairé sur votre dessein, ou trop vivement préoccupé de l’action, ne comprenne pas l’utilité de votre tableau, ou n’y accorde qu’une médiocre attention, quelque intéressant, quelque brillant qu’il vous paraisse, ajournez-le jusqu’à ce que, plus rassis, mieux disposé, le lecteur l’appelle lui-même aussi vivement que vous. […] Vous verrez, quand il sera question des figures, pourquoi de toutes ces formes la prosopopée qui substitue des êtres fantastiques aux êtres réels est la seule qui me paraîtrait pouvoir se rattacher au style figuré, en se plaçant auprès de l’allégorie.

152. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) «  Chapitre XXIV. des figures. — figures par rapprochement d’idées opposées  » pp. 339-352

Quand un écrivain dit, ou du moins paraît dire le contraire de ce qu’il pense, quand il conseille, prescrit, ordonne même le contraire de ce qu’il veut, quand il prétend ne pas énoncer ce qu’en effet il énonce, s’adresser à l’un quand il s’adresse réellement à l’autre, ne reconnaît-on pas dans tous ces contrastes entre l’expression et la pensée une antithèse interne, en quelque sorte, qui mérite notre attention ? […] Communication : Si Jésus-Christ paraissait dans ce temple pour vous juger, je suis bien persuadé que le plus grand nombre de ceux qui m’écoutent ne serait pas placé à sa droite… Dieu seul sait ceux qui lui appartiennent, mais si personne ne connait ceux qui appartiennent à Dieu, tout le monde sait du moins que le, pécheurs ne lui appartiennent pas. Or, je vous le demande, et je vous le demande avec terreur, ne séparant pas en ce point mon sort du vôtre, et me mettant dans la même disposition où je souhaite que vous entriez, si Jésus-Christ paraissait dans ce temple pour nous juger, croyez-vous que le plus grand nombre de tout ce que nous sommes ici fût placé à sa droite ?

153. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Chateaubriand 1768-1848 » pp. 222-233

Elle paraissait enchantée par l’Ange de la Mélancolie, et par le double sommeil de l’innocence et de la tombe. […] Bientôt on voit paraître tout le clergé destiné à la cérémonie : c’est un vieux pasteur qui n’est connu que sous le nom de curé, et ce nom vénérable, dans lequel est venu se perdre le sien, indique moins le ministre du temple que le père laborieux du troupeau. […] La rivière qui coulait à mes pieds, tour à tour se perdait dans le bois, tour à tour paraissait brillante des constellations de la nuit, qu’elle répétait dans son sein.

154. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Saint-Simon, 1675-1755 » pp. 223-233

Vers minuit et demi, on eut des nouvelles du roi ; et aussitôt je vis madame la duchesse de Bourgogne sortir du petit cabinet avec monseigneur le duc de Bourgogne, l’air alors plus touché qu’il ne m’avait paru la première fois, et qui rentra aussitôt dans le cabinet. […] M. le duc de Berry, tout d’aussi1 bonne foi en versait en abondance, mais des larmes pour ainsi dire sanglantes, tant l’amertume en paraissait grande ; et poussait non des sanglots, mais des cris, mais des hurlements. […] Cette sorte de désordre dura bien une heure, où la duchesse de Lude ne parut point, retenue au lit par la goutte.

155. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre premier. Du Goût. »

L’autorité, la prévention, peuvent, dans un temps ou dans un pays, donner un moment de réputation à un poète insipide, à un artiste très médiocre ; mais lorsque les étrangers ou la postérité parcourent leurs ouvrages, leurs défauts paraissent au grand jour, et le goût naturel rentre dans ses droits. […] L’expérience nous apprend, par exemple, que certaines figures du corps nous paraissent plus belles que d’autres : en poussant plus loin l’examen, nous découvrons que la régularité de quelques figures et l’agréable variété des autres, sont le principe des beautés que nous y trouvons.

156. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Malherbe. (1555-1628.) » pp. 160-164

Bien que l’on ait accusé Boileau d’avoir moins connu l’antiquité française que l’antiquité grecque et latine, ce jugement qu’il a porté sur les débuts de notre poésie paraîtra encore aujourd’hui assez fondé. […] Forme qui paraîtrait aujourd’hui triviale.

157. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Préface » pp. -

Il nous a paru préférable de butiner dans toutes les provinces de notre littérature, et de faire appel à toutes les facultés de l’intelligence. […] En nous affranchissant de ces cadres qui, trop étroits ou trop larges, ont le tort de paraître ou d’être arbitraires, nous avons évité la monotonie d’une routine fastidieuse qui risquait d’imposer à chaque groupe de morceaux choisis une étiquette de convention.

158. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Courier 1773-1825 » pp. 238-242

Dans ces montagnes les chemins sont des précipices ; nos chevaux marchaient avec beaucoup de peine ; mon camarade allant devant, un sentier qui lui parut plus praticable et plus court nous égara. […] Dès que le jour parut, toute la famille, à grand bruit, vint nous éveiller, comme nous l’avions recommandé.

159. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Prosper Mérimée Né en 1803 » pp. 286-290

Un matin, après déjeuner, Colomba sortit un instant, et, au lieu de revenir avec un livre et du papier, parut avec son mezzaro sur sa tête. […] Il paraissait s’acquitter parfaitement de ses fonctions d’éclaireur.

160. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Préface » pp. -

Il nous a paru préférable de butiner dans toutes les provinces de notre littérature, et de faire appel à toutes les facultés de l’intelligence. […] En nous affranchissant de ces cadres qui, trop étroits ou trop larges, ont le tort de paraître ou d’être arbitraires, nous avons évité la monotonie d’une routine fastidieuse qui risquait d’imposer à chaque groupe de morceaux choisis une étiquette de convention.

161. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

Toutes tes actions devaient avoir un seul but, celui de me plaire ; former un projet important, sans me le communiquer, aurait dû paraître un crime à tes yeux. […] dit Crésus, mon bonheur à moi te paraît-il donc si peu digne d’estime, que tu ne me places pas sur le même niveau que de simples particuliers ?  […] » Tels furent les derniers moments de Socrate : sa fermeté, son énergie parurent inaltérables. […] Ces principes vous paraissent si louables, si bien en rapport avec vos mœurs, que vous comblez d’éloges ceux de vos ancêtres qui les ont adoptés. […] Annibal, dès qu’il apprend que les gardes du roi paraissent dans le vestibule, veut s’échapper par une porte de derrière, qu’il pensait être à l’abri de tous les regards.

162. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VI. Des éloges funèbres. »

Les faits leur paraissent-ils nouveaux ou supérieurs à l’idée qu’ils ont de leurs propres forces ? […] » Quant à ceux que la vieillesse a déjà blanchis, et qui ne voient que des jours sereins sur la route laissée derrière eux, le court espace qui leur reste à parcourir, leur paraîtra moins fâcheux lorsqu’ils y verront, empreinte à chaque pas, la gloire de leurs fils : la gloire !

163. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Massillon. (1663-1742.). » pp. 120-123

Dieu seul est grand2, mes frères, et dans ces derniers moments surtout où il préside à la mort des rois de la terre ; plus leur gloire et leur puissance ont éclaté, plus, en s’évanouissant alors, elles rendent hommage à sa grandeur suprême : Dieu paraît tout ce qu’il est, et l’homme n’est plus rien de tout ce qu’il croyait être. […] « Louis IX, dit l’auteur de l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, chap. 58, paraissait un prince destiné à réformer l’Europe, si elle avait pu l’être ; à rendre la France triomphante et policée, et à être en tout le modèle des hommes.

164. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Villemain 1790-1870 » pp. 251-256

Il se croira chargé des intérêts de tout bon ouvrage qui paraît sous la recommandation d’un nom déjà célèbre1 ; à travers les fautes, il suivra curieusement la trace du talent, et, lorsque le talent n’est encore qu’à-demi développé, il louera l’espérance. […] Voilà le goût classique ; qu’il soit sage sans être timide, exact sans être borné3 ; qu’il passe à travers les écoles moins pures de quelques nations étrangères, pour se familiariser avec de nouvelles idées4, se fortifier dans ses opinions, ou se guérir de ses scrupules5 ; qu’il essaye, pour ainsi dire, les principes sur une grande variété d’objets ; il en connaîtra mieux la justesse, et, corrigé d’une sorte de pusillanimité sauvage, il ne s’effarouchera pas de ce qui paraît nouveau, étrange, inusité ; il en approchera, et saura quelquefois l’admirer1.

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