Il n’y a que les choses humaines exposées dans leur vérité, qui aient le droit de retenir le lecteur, et qui le retiennent en effet.
» En effet, Romains, sans qu’il soit nécessaire de vous rappeler ici le sort de chacun en particulier, vous pouvez, d’un coup d’oeil, voir ceux qui, de concert avec le sénat, ont relevé la république abattue, l’ont délivrée d’un brigandage domestique ; vous pouvez, dis-je, les voir plongés dans la tristesse, revêtus d’habits de deuil, traduits en justice, exposés à vivre loin de leur patrie, de leurs enfants ; à rester privés de leur ville, de leur réputation, de toute leur existence : tandis que ceux qui ont attaqué, confondu, violé, détruit tous les droits divins et humains, ne se contentent pas de paraître en public avec un air satisfait, triomphant ; mais, sans y être forcés, absolument tranquilles pour eux-mêmes, ils se plaisent à précipiter dans le péril les citoyens les plus fermes et les plus courageux.
Les marais desséchés deviennent fertiles ; les sables ne couvrent d’ordinaire que la surface de la terre ; et quand le laboureur a la patience d’enfoncer, il trouve un terroir neuf, qui se fertilise à mesure qu’on le remue et qu’on l’expose aux rayons du soleil.
. — Mais qu’est-ce que cet homme qui vient si généreusement s’exposer au plus grand péril pour vous en garantir ?
Quand je me suis mis quelquefois à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent, dans la cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, j’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. […] Ainsi les autres suent dans leur cabinet pour montrer aux savants qu’ils ont résolu une question d’algèbre qu’on n’aurait pu trouver jusqu’ici ; et tant d’autres s’exposent aux derniers périls pour se vanter ensuite d’une place qu’ils auront prise, et aussi sottement à mon gré. […] Les soldats, ménagés et exposés quand il faut, marchent avec confiance sous ses étendards : nul fleuve ne les arrête, nulle forteresse ne les effraye. […] Choisi par vous pour rendre de publiques actions de grâces au roi, j’avais tâché d’exposer en peu de mots quels avaient toujours été l’attention et le zèle de l’Université pour former les jeunes gens non seulement aux lettres, mais bien plus encore à la probité et à la religion283. […] Risquer une guerre, c’était s’exposer à la captivité, à la mort, à l’infamie du triomphe.
Marmontel a exposé avec une assez grande justesse les distinctions morales entre les deux sexes.
Mais c’est par cela même que l’orateur et l’écrivain doivent se mettre en garde contre l’abus, et ne jamais perdre de vue ces excellents préceptes de Cicéron, auxquels il est difficile de rien ajouter : « Nous avertirons l’orateur, dit Cicéron59, de n’employer la raillerie ni trop souvent, car il deviendrait un bouffon ; ni au préjudice des mœurs, il dégénérerait en acteur de mimes ; ni sans mesure, il paraîtrait méchant ; ni contre le malheur, il serait cruel ; ni contre le crime, il s’exposerait à exciter le rire au lieu de la haine ; ni enfin sans consulter ce qu’il se doit à lui-même, ce qu’il doit aux juges, ou ce que les circonstances demandent, il manquerait aux convenances.
L’histoire ne peint que l’homme, elle le peint tel qu’il est : ainsi le ton de l’historien ne deviendra sublime que quand il fera le portrait des plus grands hommes, quand il exposera les plus grandes actions, les plus grands mouvements, les plus grandes révolutions, et partout ailleurs, il suffira qu’il soit majestueux et grave.
. — Après, j’ai exposé le sujet, j’ai brièvement raconté les faits, m’attachant à les présenter sous le jour le plus favorable à l’accusé.
On disait d’un plat courtisan qui cachait son jeu sous les brusques dehors d’un Alceste, que sa manière de louer pouvait se résumer ainsi : — Sire, je m’expose au malheur de vous déplaire ; mais dussé-je me perdre à vos yeux, la vérité me force à vous déclarer hautement que vous êtes le premier prince du monde.
Par la même raison qu’ils avaient des rois, leurs champs étaient exposés aux malheurs que la guerre entraîne. […] Le poète doit, dans les premiers vers, exposer en peu de mots la situation du personnage, et les motifs qui le font parler. […] Les vices ou les ridicules de l’humanité doivent y être : exposés dans tout leur jour par des peintures vives et naturelles, des caractères exprimés avec vérité, des portraits finis, sans que les personnes y soient nommées ou désignées.
Dans ceux qui appartiennent à la mémoire, l’écrivain expose, raconte : il faut que son style soit uni, facile, naturel et rapide. […] « L’infortuné vaisseau, tu vas donc t’exposer à de nouvelles tempêtes !
. — Dès qu’une infirmité fâcheuse menace votre vie, qu’un événement inattendu met vos biens et votre fortune en péril, qu’une mort prochaine est sur le point de vous enlever une personne ou chère ou nécessaire ; alors vous levez les mains au ciel, vous y faites monter des gémissements et des prières ; vous vous adressez au Dieu qui frappe et qui guérit ; vous savez prier alors ; vous n’allez pas chercher hors de votre cœur des leçons et des règles pour apprendre à lui exposer votre peine, ni consulter des maîtres habiles pour savoir ce qu’il faut lui dire ; vous n’avez besoin que de votre douleur : vos maux tout seuls ont su vous instruire. — Si vous priez rarement, le Seigneur sera toujours pour vous un Dieu étranger et inconnu, pour ainsi dire, devant qui vous serez dans une espèce de gêne et de contrainte ; avec qui vous n’aurez jamais ces effusions de cœur, cette douce confiance, cette sainte liberté que la familiarité toute seule donne, et qui fait tout le plaisir de ce commerce divin.
Tu emprunteras des secours ; mais ces secours ne seront qu’un remède imparfait à ta faiblesse : l’action confiée à des bras étrangers, ou se ralentit, ou se précipite, ou change d’objet ; rien ne s’exécute comme le prince l’a conçu ; rien ne lui est dit comme il l’aurait vu lui-même, on exagère le bien ; on diminue le mal : on justifie le crime ; et le prince, toujours faible ou trompé, exposé à l’infidélité ou à l’erreur de tous ceux qu’il a chargés de voir et d’entendre, se trouve continuellement placé entre l’impuissance de connaître et la nécessité d’agir.
Gouniot (Nouvel exposé de la composition littéraire, narration et description), est insuffisant ; le portrait moral est trop abstrait ; il fatigue s’il est vulgaire ; s’il est original, il est mal compris ; s’il est chargé de trop de détails, il ressemble à un type, il est jugé impossible.
C’est dans ce but que nous allons exposer un abrégé de rhétorique, où nous avons surtout recherché la brièveté et la clarté.
L’objet de cette étude pour l’Orateur, est une connaissance profonde des règles qui concernent le plan, l’ordonnance, l’économie et le style du discours ; règles que j’exposerai dans la suite, en parlant du discours oratoire en général et de ses différentes espèces.
Quant aux Français, le nombre est presque infini de ceux qui se sont distingués dans ces petites pièces par l’agrément de la pensée, la précision de l’exposé, et la finesse ou la délicatesse du trait.
Je l’aurais demandé ainsi, parce que j’aurais cru n’être point exposé à voir sortir de ce tribunal un jugement équivoque, sous les yeux d’un peuple éclairé, plein de sagacité, d’esprit et de feu, et qui, toujours plus prompt à blâmer qu’à prodiguer la louange, rendrait chaque magistrat attentif et sévère sur sa façon de prononcer.
Elles sont pour la plupart d’une extrême simplicité ; c’est assez souvent l’exposé d’un fait, quoiqu’il ne soit pas rare d’en trouver de très délicates, de très ingénieuses et de très fines.
Ce que je vais exposer regarde la seule personne de M. le comte de Toulouse115. […] Le courage du prélat l’exposa à tout, son bien dire le sauva, mais il fallut encore attendre. […] C’est que les travaux de l’Académie française sont exposés aux yeux du grand nombre, et les autres sont voilés. […] Pour ne les pas exposer à quelques maux de la nature, vous êtes l’artisan de ceux qu’elle ne leur a pas donnés. […] La vue de cette aimable personne, exposée à un si terrible danger, nous remplit de douleur et de désespoir.
Ceux qui composent une fable ne doivent point la commencer ni la finir au hasard, mais se régler sur les idées qui viennent d’être exposées. […] L’oracle avait sans doute prédit qu’elles mourraient au lieu où elles avaient été exposées.
Il s’élève et s’abaisse suivant la nature des faits qu’il raconte ou les réflexions qu’il expose. […] L’histoire ne peint que l’homme, et le peint tel qu’il est : ainsi le ton de l’historien ne deviendra sublime, que quand il fera le portrait des plus grands hommes, quand il exposera les plus grandes actions, les plus grands mouvements, les plus grandes révolutions, et partout ailleurs, il suffira qu’il soit majestueux et grave.
Demandez aux philosophes profanes ce que c’est que l’homme : les uns en feront un Dieu, les autres en feront un rien ; les uns diront que la nature le chérit comme une mère, et qu’elle en fait ses délices ; les autres, qu’elle l’expose comme une marâtre, et qu’elle en fait son rebut ; et un troisième parti, ne sachant plus que deviner touchant la cause de ce mélange, répondra qu’elle s’est jouée en unissant deux pièces qui n’ont nul rapport, et ainsi, que par une espèce de caprice elle a formé ce prodige qu’on appelle l’homme. […] Vous verrez dans une seule vie toutes les extrémités des choses humaines, la félicité sans bornes2 aussi bien que les misères ; une longue et paisible jouissance d’une des plus nobles couronnes de l’univers ; tout ce que peuvent donner de plus glorieux la naissance et la grandeur accumulé sur une tête qui ensuite est exposée à tous les outrages de la fortune ; la bonne cause d’abord suivie de bons succès, et depuis des retours soudains, des changements inouïs : la rébellion longtemps retenue, à la fin tout à fait maîtresse ; nul frein à la licence ; les lois abolies ; la majesté violée par des attentats jusqu’alors inconnus ; l’usurpation et la tyrannie sous le nom de liberté ; une reine fugitive, qui ne trouve aucune retraite dans trois royaumes, et à qui sa propre patrie n’est plus qu’un triste lieu d’exil ; neuf voyages sur mer, entrepris par une princesse, malgré les tempêtes3 ; l’Océan étonné de se voir traversé tant de tois en des appareils si divers et pour des causes si différentes ; un trône indignement renversé et miraculeusement rétabli : voilà les enseignements que Dieu donne aux rois.
Rapprochez tout de suite cette phrase de Bossuet ; « Semblable, dans ses sauts hardis et dans sa légère démarche, à ces animaux vigoureux et bondissants, il ne s’avance que par vives et impétueuses saillies, et n’est arrêté ni par montagnes ni par précipices. » Observez au contraire dans le Coche et la Mouche le rhythme brisé, haletant, laborieux du début : Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé, Et de tous les côtés au soleil exposé, Six forts chevaux tiraient un coche.
Qu’on se rappelle d’abord ce qui a été exposé plus haut à propos de l’amplification et de la précision en général, il ne s’agira plus ici que d’en énumérer quelques formes spéciales.
« Quel sera le crime de l’homme de la Compagnie (des Indes), qui, sacrifiant généreusement ses intérêts à ceux de cette Compagnie, lui laisse la totalité des appointements qu’elle lui doit, fournit les magasins de son propre argent, vend jusqu’à ses effets, jusqu’à ceux de son secrétaire, pour nourrir la colonie, et s’expose aux plus grands dangers pour établir dans les différentes administrations, une intégrité et un ordre que n’avaient jamais connus la plupart de ceux qui les dirigeaient ?
Ma pensée au grand jour partout s’offre et s’expose ; Et mon vers, bien ou mal, dit toujours quelque chose.
Le critique même le plus ingénieux s’expose au piquant reproche de Molière : Il prend soin d’y servir des mets fort délicats ; Oui, mais je voudrais bien qu’il ne s’y servît pas. […] Enfin il n’est pas un seul fragment qui, à sa valeur littéraire ne joigne un autre intérêt, celui d’exposer un phénomène de la nature, un caractère ou un événement historique, une vérité morale, philosophique ou religieuse. […] » Les enfants et les jeunes gens sont fort exposés à cet entraînement qui substitue l’émotion véritable à l’émotion artistique, enlève au lecteur la direction de sa pensée, de ses mouvements et de sa voix. […] Enfin, lorsque le besoin est extrême, il s’expose à tout, attaque les femmes et les enfants, se jette même quelquefois sur les hommes, devient furieux par ces excès, qui finissent ordinairement par la rage et la mort. […] Ne vous exposez plus à ces fameux revers.
Pour ne pas l’exposer, lui-même il se hasarde.
Nous allons l’exposer par quelques exemples.
Le critique même le plus ingénieux s’expose au piquant reproche de Molière : Il prend soin d’y servir des mets fort délicats ; Oui, mais je voudrais bien qu’il ne s’y servît pas. […] Enfin il n’est pas un seul fragment qui, à sa valeur littéraire ne joigne un autre intérêt, celui d’exposer un phénomène de la nature, un caractère ou un événement historique, une vérité morale, philosophique ou religieuse. […] » Les enfants et les jeunes gens sont fort exposés à cet entraînement qui substitue l’émotion véritable à l’émotion artistique, enlève au lecteur la direction de sa pensée, de ses mouvements et de sa voix. […] Enfin si la poésie dramatique, qui fut naguère le champ de bataille des doctrines rivales, semble aujourd’hui languir, c’est peut-être que le drame sérieux qui se joue à la clarté du soleil sur tous les points du monde, fait paraître un peu frivoles les catastrophes imaginaires de la scène ; et sur les travers de tous exposés au grand jour par un Aristophane aux mille noms, la liberté de la presse fait, il faut l’avouer, une formidable concurrence à la comédie. […] Chaque vaisseau aperçoit un instant et voit ensuite disparaître la lumière du phare ; d’après l’intervalle qui s’écoule entre deux apparitions ou deux éclipses successives de la lumière, le navigateur sait toujours quelle portion de la côte est en vue ; il ne se trouve plus exposé à prendre pour un phare telle planète, telle étoile de première grandeur, voisine de son lever ou de son coucher, ou tel feu accidentel allumé sur la côte par des pêcheurs, des bûcherons ou des charbonniers, méprises fatales, qui souvent ont été la cause des plus déplorables naufrages.
Il s’en trouve que l’habitude des moindres périls prépare à s’exposer à de plus grands. […] Quand je m’y suis mis300 quelquefois à considérer les diverses agitations des hommes, et les périls, et les peines où ils s’exposent, dans la cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, j’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. […] Pensez maintenant, messieurs, comment aurait pu prendre un tel ascendant une créature si faible et si exposée, selon le corps, aux insultes de tous les autres, si elle n’avait eu son esprit, une force supérieure à toute la nature visible, un souffle immortel de l’Esprit de Dieu, un rayon de sa face, un trait de sa ressemblance : non, non, il ne se peut503 autrement. […] Exposez-vous au monde selon la bienséance de votre état ; si vous êtes inaccessible, vous ne serez pas aimée. […] Honnête homme, fier, indépendant de caractère, supérieur à une condition subalterne qui l’exposait à la légèreté hautaine ou à la condescendance humiliante des grands, La Bruyère eut des accès d’humeur chagrine allant jusqu’à la misanthropie.
Bodin, d’Angers (1530-1596), d’abord professeur de droit à Toulouse, depuis député du tiers-état à Blois, en 1588, conçoit et expose dans sa République (1578) la théorie constitutionnelle qui sera celle de Montesquieu. […] Il m’en faict despit, d’estre si fort exposé au pillage de ceulx qui le hantent ; ie ne le puis si peu raccointer105, que ie n’en tire cuisse ou aile.
On sait, messieurs, que la reine a souvent exposé sa personne dans ces conférences secrètes ; mais j’ai à vous faire voir de plus grands hasards.
j’ai vu des innocents, Sur le faux exposé de ces loups mercenaires, Pour cinq sous de tabac envoyés aux galères4.