Là, dans un long tissu de belles actions, Il verra comme il faut dompter les nations, Attaquer une place, ordonner une armée, Et sur de grands exploits bâtir sa renommée. […] Cependant l’ordre est rare et la dépense belle. […] On sait que ce beau passage a été parodié par Furetière, avec le concours de Boileau et de Racine. […] Il n’est point de père qui ne doive faire lire cette belle scène à ses enfants ». […] Cette humiliation de Dorante, obligé d’en appeler à son valet, c’est là une belle leçon morale qui ressort de cette comédie.
Indication des plus belles scènes. […] L’heure des beaux ouvrages est arrivée. […] Émilie aura beau rappeler la mort de son père, Cinna aura beau parler de liberté, nous ne croirons plus à leur désintéressement. […] Il a écrit de belles scènes plutôt que de belles pièces. […] Les belles œuvres romantiques choquent violemment ses idées.
Orgue est masculin au singulier : = l’orgue de cette église est très beau : féminin au pluriel : = on voit dans cette église de très belles orgues. […] Couple se disant de deux personnes unies par l’amitié ou par le mariage, est masculin : = un beau couple d’amis ; un heureux couple. […] Les noms qui se terminent au singulier en eau ou en eu, prennent un x au pluriel : = le beau côteau ; les beaux côteaux : le berceau ; les berceaux : l’essieu ; les essieux : le feu ; les feux, etc. […] On dit, suivant l’Académie, je ne sache personne ; je ne sache rien de si beau : pour dire, je ne connais personne ; je ne connais rien de si beau : mais il ne se dit jamais qu’avec la négation. […] Le mot que est souvent particule, et marque l’admiration, le reproche, le commandement, le souhait : = Que la campagne est belle !
Quelque glorieuse que fût la source dont il sortoit, l’hérésie des derniers temps l’avait infectée ; il recevait avec ce beau sang des principes d’erreur et de mensonge et parmi ses exemples domestiques, il trouvait celui d’ignorer et de combattre la vérité ». […] nº 24) Nous terminerons ce qui regarde cette figure par ce bel exemple de Massillon, dans son oraison funèbre du Dauphin : « Respectueux à l’égard du roi, il n’a pas été moins religieux envers Dieu. […] 54 » Les discours pour Plancius, nº 48 ; — pour Cœlius, nº 71 ; — pour Cluentius, nº 62 ; — pour Flaccus, nº 79 ; — pour Sextius, nº 78 ; — et contre Verrès, vii, nº 15, 146 ; — i, nº 21 ; v, nº 160, offrent de beaux exemples de cette figure habilement placée. […] Mais l’effet de cette belle figure est peut-être plus sûr et plus frappant encore, quand l’orateur, se chargeant lui-même de la réponse, met en fait ce qu’il n’avait posé d’abord qu’en question, et porte ainsi la conviction dans les esprits altérés par la force victorieuse d’une logique qui ne laisse pas même le temps de la réflexion. […] Quand on lit ces foudroyantes Catilinaires, on applique sans cesse à Cicéron ce qu’il a dit de Démosthène, ce que je me plais à répéter ici pour lui en faire hommage à lui-même… « Il remplit l’idée que je me suis formée de l’éloquence, et il atteint ce beau idéal, ce haut degré de perfection que j’imagine, mais dont je n’ai jamais trouvé d’autre exemple ».
L’hirondelle Quand la vive hirondelle est enfin réveillée, Elle sort de l’étang, encor toute mouillée, Et, se montrant au jour avec un cri joyeux, Au charme d’un beau ciel, craintive, ouvre les yeux ; Puis, sur le pâle saule, avec lenteur voltige3, Interroge avec soin le bouton et la tige, Et, sûre du printemps, alors, et de l’amour, Par des cris triomphants célèbre leur retour. […] Il faisait beau. — La mer, de sable environnée, Brillait comme un bassin d’argent entouré d’or5 ; Un vaste soleil rouge annonça la journée Du quinze thermidor6. […] Tout est prêt et rangé dans sa juste mesure, Et la maîtresse, assise au coin d’une embrasure, D’un sourire angélique et d’un doigt gracieux Fait signe à ses enfants de baisser leur beaux yeux. […] A ceux qui nous blâmeraient d’avoir admis les contemporains dans notre recueil, nous ne répondrons que par de beaux vers. […] Plus fiers d’une mort infaillible, Sans peur, sans désespoir, calmes dans leurs combats, De ces républicains l’âme n’est plus sensible Qu’à l’ivresse d’un beau trépas.
Dans l’histoire de Marie Stuart (1851) et de Charles-Quint (1854), nous admirons une trame serrée, une belle ordonnance, la hauteur des aperçus, et la sûreté d’un juge qui domine sa matière. […] N’est-ce pas d’ailleurs grâce à cette culture non interrompue que la France a occupé un si haut rang parmi les États1, a entraîné les autres nations à la suite de ses idées ou de ses entreprises, a produit sans relâche comme sans fatigue tant de brillants génies qui, après lui avoir donné la gloire élevée des lettres et les beaux plaisirs des arts, lui ont encore procuré le solide avantage des lois ? […] Le génie ne s’imite pas ; il faut avoir reçu de la nature les plus beaux dons de l’esprit et les plus fortes qualités du caractère pour diriger ses semblables, et influer aussi considérablement sur les destinées de son pays. […] Mais il y a aussi dans la vie de Franklin de belles leçons pour ces natures fortes et généreuses qui doivent s’élever au-dessus des destinées communes. […] De l’estime et de l’admiration que les plus corrompus ne peuvent refuser aux grandes et belles actions qu’elle leur présente, elle fait conclure que la vertu est le véritable bien de l’homme, et qu’elle seule le rend véritablement grand et estimable.
Lorsque Voltaire a dit : Du devoir il est beau de ne jamais sortir, Mais plus beau d’y rentrer avec le repentir, il a exprimé une pensée vraie dans le premier vers, tandis que celle du second est évidemment fausse. Car, s’il est beau de se repentir de ses fautes, il est plus beau encore de n’en point commettre. […] Le beau feu de son cœur lui fait mépriser l’eau. […] adieu mes beaux jours ! […] Tout arrangement qui rend pleinement le sens, et l’exprime de la manière la plus propre à le faire saisir, nous frappe comme un objet beau.
Ton œil noir, de bonne heure attaché sur le ciel, Y chercha du vrai beau la divine substance. […] De ces rondeaux un livre tout nouveau À bien des gens n’a pas eu l’art de plaire ; Mais, quant à moi, j’en trouve tout fort beau, Papier, dorure, images, caractère : Hormis les vers qu’il fallait laisser faire À La Fontaine. […] Voici une épigramme de Lebrun qui a le mérite d’être courte et acérée : Églé, belle et poète, a deux petits travers : Elle fait son visage, et ne fait pas ses vers. […] La gloire du bel air n’a rien qui me……… chatouille.
Le beau dessein que je formai Le premier jour du mois de mai ! […] Cet éloge, qui nous paraît aujourd’hui fort exagéré, était si bien dans l’opinion commune au xviie siècle, que Lancelot, à la fin de son Traité de versification française, n’hésite pas à dire : « Il n’y a guère d’ouvrages en vers qui soient plus beaux que le sonnet, ni aussi plus difficiles. Les Grecs et les Latins n’ont rien en ce genre de si parfait : car il comprend ensemble tout ce qu’il y a de beau dans l’ode pour la magnificence du style, et tout ce que l’épigramme a de grâce pour sa brièveté. » Ce qui est dit ici de la magnificence de l’ode et de la brièveté de l’épigramme manque assurément d’exactitude ; mais il est vrai qu’on cherche à mettre à la fin du sonnet, et même dans ses différentes sections, quelque pensée vive et ingénieuse, comme dans les épigrammes et les madrigaux dont nous parlerons tout à l’heure. […] Ci-gît qui fut de belle taille, Qui savait danser et chanter, Faisait des vers vaille que vaille, Et les savait bien réciter.
Il s’avisera d’une sorte d’ambition qui est plus belle que toutes les autres, et qui ne tombe dans l’esprit de personne : de se faire le meilleur et le plus aimé d’un royaume, mais non pas le plus grand et le plus craint. […] Cependant, Monseigneur, laissant la conscience à part, et politiquement parlant, je me réjouis avec Votre Altesse de ce que j’entends dire qu’Elle a gagné la plus belle victoire et de la plus grande importance que nous ayons vue de notre siècle, et de ce que, sans être Important 4, Elle sait faire des actions qui le soient si fort. […] Pour les dames, elles sont ravies d’apprendre que celui qu’elles ont vu dans le bal défaire tous les autres hommes opère de plus glorieuses défaites dans les armées, et que la plus belle tête de France soit aussi la meilleure et la plus ferme. […] Ils naissent instruits, et ils sont plus tôt des hommes parfaits que le commun des hommes ne sort de l’enfance. » Belle phrase !
que je la trouvais belle ! […] Tout le monde connaît ce madrigal de Voltaire à la marquise de Pompadour qu’il avait vue dessiner une tête : Pompadour, ton crayon divin Devait dessiner ton visage : Jamais une plus belle main N’aurait fait un plus bel ouvrage ; et cet autre à la princesse Ulrique de Prusse, depuis reine de Suède : Souvent un peu de vérité Se mêle au plus grossier mensonge. […] Grâce à leurs soins, il gagna le rivage, Et rappela ses esprits doucement ; Tant qu’à la fin, ayant repris courage : « Beau sire Dieu ! […] Plus souvent aujourd’hui j’habite les campagnes, Où je figure noblement, Et j’en fais, à coup sûr, le plus bel ornement. […] « Bon ermite, assis sur la pierre, Disait-elle, dans ta prière Souviens-toi De moi. » Advint qu’en sa route orageuse, Je ne sais quel pressentiment Troubla la belle voyageuse, Qui soupira profondément.
Mais il est bien essentiel d’observer qu’un ouvrage, où cette vertu ne serait pas respectée, réunît-il d’ailleurs toutes les autres qualités requises, serait, à juste titre, regardé comme mauvais parce que, si l’on a eu raison de dire : rien n’est beau que le vrai ; on doit dire avec plus de raison encore : rien n’est beau que l’honnête. […] Elles lui font découvrir, non seulement mille beautés qui lui seraient échappées, mais encore la source et le principe de celles qui le frappent ; et l’on conçoit aisément que cette découverte doit ajouter beaucoup au sentiment agréable, que lui cause la lecture d’un bel ouvrage.
Quand Démosthène, Cicéron, saint Bernard, Bossuet, Fénelon, ont remporté leurs beaux triomphes oratoires, c’est qu’ils étaient enflammés par de nobles pensées et par de vertueuses convictions. […] N’oublions pas ces belles paroles de Fénelon : « L’homme digne d’être écouté est celui qui ne se sert de la parole que pour la pensée, et de la pensée que pour la vérité et la vertu. » § II. […] Le passé, l’avenir, l’homme placé comme un point entre deux éternités , selon la belle expression de Pascal ; tous les mystères de la vie et de la mort, dont la religion nous soulève le voile ; le perpétuel combat du bien et du mal, dans lequel la foi chrétienne vient interposer sa morale divine et son autorité : voilà les grandes et sublimes questions sur lesquelles s’exerce l’éloquence sacrée. […] Cette éloquence est la plus dangereuse et la moins pure ; elle peut avoir de beaux élans d’inspiration, mais elle produit rarement des œuvres durables et dignes d’être conservées. […] Thucydide nous a conservé le beau discours de Périclès en l’honneur des guerriers morts dans la première année de la guerre du Péloponnèse.
D’autres, quand la reine leur demandait quel temps il faisait, ne croyaient pas devoir laisser échapper une si belle occasion de se faire connaître, et répondaient bien au long à cette question ; mais d’autres aussi montraient du respect sans crainte, de l’empressement sans avidité. […] Mais pensent-ils avoir senti tout ce qu’inspire une tragédie vraiment belle, ces hommes pour qui la peinture des affections les plus profondes n’est qu’une distraction amusante ? […] si l’enthousiasme un jour s’éteignait sur votre sol, si le calcul disposait de tout et que le raisonnement seul inspirât même le mépris des périls, à quoi vous serviraient votre beau ciel, vos esprits si brillants, votre nature si féconde ? […] « Naturellement, l’âme se chante à elle-même tout ce qu’il y a de beau ou tout ce qui lui semble tel. Ce sont les enchantements de l’esprit et non les bonnes intentions qui produisent les beaux ouvrages.
Rien ne tient à côté de cette première partie, pas même la seconde, qui serait belle partout ailleurs. […] Ses plus beaux sermons, ceux que l’on n’a jamais assez lus, et dans lesquels on rencontre toujours de nouvelles beautés, sont ceux sur la Conception, la Passion et la Résurrection. […] Il est bien plus vraisemblable que les soins importants de l’épiscopat, la nécessité et le désir de s’y livrer tout entier, déterminèrent Bossuet à renoncer à la chaire, où il ne reparut plus que de temps en temps, pour l’illustrer à jamais par ses belles oraisons funèbres.
Assurément, les guerriers d’Homère se précipitant en tumulte dans la plaine ne ressemblent guère, si ce n’est par le nombre et le bruit, à un essaim de mouches qui, dans un beau jour de printemps, fond sur une jatte de lait. […] L’art de l’écrivain est de saisir cette harmonie : il faut qu’on aperçoive dans son style ce ton qui plaît dans un beau tableau. » Aujourd’hui enfin l’on demande encore mieux. […] Ainsi, les naturalistes ont beau se récrier, je n’interdirai à la métaphore ni le laurier bravant la foudre, ni les larmes du crocodile, ni le chant du cygne, ni l’aiguillon à la queue du serpent, ni l’influence léthifère du mancenillier, etc. […] Chacun, à charge de revanche, bien entendu, y fait allusion à une foule de belles pensées et de fines reparties profondément ignorées de tout ce qui vit et se meut en dehors de la coterie. […] « Assimiler les prairies à des pièces d’étoffe, les cieux à du velours épinglé, les montagnes à de la broderie, c’est faire la part trop belle aux fabricants de Lyon et de Malines.
C’est, dira-t-on, un beau défaut, c’est un défaut rare, c’est un défaut merveilleux. […] Dans sa lettre du 3 avril 1741, Voltaire écrit à peu près les mêmes choses à Helvétius : « Vous ne savez pas combien cette première épître sera belle, et moi je vous dis que les plus belles de Despréaux seront au-dessous ; mais il faut travailler, il faut savoir sacrifier des vers ; vous n’avez à craindre que votre abondance, vous avez trop de sang, trop de substance ; il faut vous saigner et jeûner. » 1. […] Madame de Sévigné parlait ainsi des maîtres qui furent ses contemporains et qu’elle relisait souvent : « Nous relisons aussi, au travers de nos grandes lectures, des rogatons que nous trouvons sous notre main ; par exemple, toutes les belles oraisons funèbres de M. […] C’est dans la jeunesse et la maturité de l’âge qu’on se rend digne d’une belle vieillesse. […] Je ferais vraiment une belle figure au milieu des fêtes de Vos Altesses Électorales !
On ne s’en étonnera pas, s’il est vrai, comme il faut le reconnaître avec Vauvenargues, « qu’il ait été l’homme de la terre qui sut mettre la vérité dans un plus beau jour et raisonner avec le plus de force ». […] Les belles actions cachées sont les plus estimables. […] Un poëte contemporain a exprimé la même pensée dans ce beau vers : L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux. […] Montesquieu a dit, dans un sens analogue, « qu’une belle action était celle où il y avait de la force et de la bonté ».
Il était beau, brillant, leste et voltage, Aimable et franc, comme on l’est au bel âge, Né tendre et vif, mais encore innocent : Bref, digne oiseau d’une si sainte cage, Par son caquet digne d’être en couvent… Admis partout, si l’on en croit l’histoire, L’oiseau chéri mangeait au réfectoire : Là tout s’offrait à ses friands désirs ; Outre qu’encor pour ses menus plaisirs, Pour occuper son ventre infatigable, Pendant le temps qu’il passait hors de table, Mille bonbons, mille exquises douceurs, Chargeaient toujours les poches de nos sœurs. […] Ver-Vert était un perroquet dévot,Une belle âme innocemment guidée ; Jamais du mal il n’avait eu l’idée, Ne disait onc un immodeste mot : Mais en revanche il savait des cantiques. […] …………………………………………………………………………… Trop resserré dans les bornes d’un cloître3 Un tel mérite au loin se fit connaître ; Dans tout Nevers, du matin jusqu’au soir, Il n’était bruit que des scènes mignonnes Du perroquet des bienheureuses nonnes ; De Moulins même on venait pour le voir : Le beau Ver-Vert ne bougeait du parloir.
Toutefois je ne trouve pas fort étrange qu’un esprit grand et généreux comme le vôtre ne se puisse accommoder à ces contraintes serviles auxquelles on est obligé dans la cour ; et puisque vous m’assurez tout de bon que Dieu vous a inspiré de quitter le monde, je croirais pécher contre le Saint-Esprit si je tâchais à vous détourner d’une si sainte résolution1 ; même vous devez pardonner à mon zèle, si je vous convie de choisir Amsterdam pour votre retraite, et de préférer cette ville, je ne dirai pas seulement à tous les couvents des capucins et des chartreux, mais aussi à toutes les plus belles demeures de France et d’Italie2. […] Cette prétendue résolution de se vouer à la retraite n’était pour Balzac qu’un prétexte à de belles phrases. […] Descartes écrit à un faiseur de beau style, et il se met en frais pour lui plaire. […] La belle consolation !
Ici l’action de cultiver, et celle de lire se rapportent ou se terminent directement aux arts et aux beaux ouvrages. […] On dira aussi sans l’article : ce marchand a fait l’acquisition de belles étoffes, qu’il a achetées à un pris modique ; parce que le substantif, étoffes, est pris dans un sens indéterminé. […] Mais on dira avec l’article : ce marchand s’est défait avantageusement des belles étoffes qu’il avait achetées à un prix modique. […] On dira donc, en parlant d’un homme, d’un arbre, d’une femme, d’une prairie : il est beau ; elle est belle. […] Il y a aussi ellipse dans ce beau vers de Racine : Je t’aimais inconstant : qu’aurai-je fait fidèle !
Polygnote les peignait plus beaux que nature, Pauson plus laids, Denys comme ils étaient. […] L’épopée a suivi les traces de la tragédie jusqu’au vers exclusivement, étant, comme elle, une imitation du beau par le discours. […] Un animal très petit ne peut être beau, parce qu’il faut le voir de près, et que les parties trop réunies se confondent. […] Les plus belles reconnaissances sont celles qui se qui se font en même temps que la péripétie, comme dans Œdipe. […] De l’espèce au genre : Ulysse a fait mille belles actions : mille pour beaucoup.
Œuvre de talent, de science et de volonté courageusement soutenue pendant vingt-cinq années d’études, ce beau travail est un exemple considérable dans un temps qui se plaît à l’improvisation et à la fantaisie, ou répugne à la discipline comme à une servitude. […] Nul n’a plus contribué à raviver sans superstition la foi classique, et à convertir les indifférents à la religion du beau ou du vrai par une admiration réfléchie dont le plaisir sévère se communique aux indifférents ou aux rebelles. […] Peut-être eût-on désiré pour une si belle plume une fortune plus haute que l’histoire ou la critique des systèmes ; peut-être un nouvel effort supérieur d’invention et de démonstration, pour nous faire monter quelques échelons de plus vers l’inaccessible, eût-il plus servi la philosophie que les modestes affirmations de l’éclectisme1. […] Est-il vrai que plus d’un auditeur de la Sorbonne, sous le charme de tant de belles paroles sur Dieu, l’homme, le monde et leurs rapports, s’achemina vers Notre-Dame2 plus qu’à demi conquis aux vérités religieuses qu’enseignaient, du haut de la chaire chrétienne, des prédicateurs plus éloignés des voies des grands sermonnaires que le philosophe ne l’était des voies de Descartes ? […] Voici le George Dandin de Molière : direz-vous que le beau rôle est à Angélique et que ce rôle tentera les femmes qui iront voir la comédie ?
Cil a été, dans ses beaux jours, le plus joli mot de la langue française ; il est douloureux pour les poètes qu’il ait vieilli. […] Dans les plus belles années de notre siècle, toute une école, poètes et prosateurs, a tenté cette restauration, et n’a point eu à s’en plaindre. […] Maigret et Ramus1 eurent beau s’insurger, les étymologistes prévalurent. […] la belle monarchie de cloches ! en voulant dire la belle harmonie !
Ainsi, l’orateur qui me parlera des douceurs du crime et des fadeurs de la vertu corrompra son art, au lieu de l’améliorer ; il sera indigne du titre qu’il prend, du beau nom d’orateur. […] Ce passage seul peut faire comprendre combien la science de bien dire est importante, noble, sublime, et combien l’on doit craindre de la dégrader, en l’éloignant de la vérité et de la vertu qui sont les sources du beau, pour la faire servir au triomphe du vice et du mensonge, qui avilissent l’homme, et des passions immorales qui le rapprochent de la brute, dont la parole doit par sa nature le distinguer plus que toute autre chose. […] Si votre pensée est vraie, si elle est sage, on la recevra avec respect, comme tout ce qui est beau et bon, même lorsque vous l’exprimerez sans art ; c’est déjà quelque chose ; mais elle instruira, elle plaira, elle touchera, si vous avez suivi, en l’exposant, les préceptes de la Rhétorique, et votre triomphe sera plus complet.
Vingt ans après, La Place disait à l’empereur : un des plus beaux examens que j’aie vu passer dans ma vie est celui de votre aide de camp, le jeune Drouot. […] Quelle belle et douce chose que cet Oxford ! […] Saluez-le donc en passant, et qui que vous soyez, chrétien et même saint, aimez entendre à votre oreille, et surtout au fond de votre conscience, cette belle parole, que vous êtes un honnête homme. […] Le jeune patricien s’y plaît et s’y donne ; il s’y plaît comme Démosthène, il s’y donne comme Cicéron ; et toutes ces images du beau, en le préparant aux devoirs de la cité, lui font déjà une arme présente contre les erreurs trop précoces de ses sens.
Dès le premier jour, il aimait dans la guerre, bien plus que le plaisir du combat, ce grand emploi de l’intelligence et de la volonté armées de la force pour un beau dessein, ce mélange puissant d’action humaine et de fortune, qui saisit et transporte les âmes les plus hautes comme les plus simples. […] Conseils à la jeunesse 2 Jeunes élèves, Au milieu des agitations publiques, vous avez vécu tranquilles et studieux, renfermant dans l’enceinte de nos écoles vos pensées comme vos travaux, uniquement occupés de vous former à l’intelligence et au goût du beau et du vrai. […] Quand l’orateur souverain, pris d’une subite pensée, montait à la tribune ; quand cet homme se trouvait face à face avec son peuple ; quand il était là debout ; quand son regard sardonique et lumineux, fixé, du haut de cette tribune, sur les hommes et sur les idées de son temps, avait l’air de mesurer la petitesse des hommes sur la grandeur des idées, alors il n’était plus ni calomnié, ni hué, ni injurié ; ses ennemis avaient beau faire, avaient beau dire, avaient beau s’ameuter contre lui, le premier souffle de sa bouche ouverte pour parler faisait crouler tous ces entassements.
Depuis ce bel arrêt, le pauvre homme a beau faire : Son fils ne souffre plus qu’on lui parle d’affaire. […] Oui-dà, j’en ai plusieurs… (Du beau ton.) […] Mais le premier2, monsieur, c’est le beau. […] Les belles actions s’y font aisément, doucement, par nature ; le personnage ne s’exalte pas : la générosité coule de son cœur comme d’une source abondante et ouverte. […] Les Suisses sont de belle taille : ou les recherchait pour serviteurs.
C’est alors, en effet, que les hommes, blasés sur les plaisirs tumultueux et factices des cités, se reportent, par le souvenir, aux douces jouissances des temps primitifs ; ils éprouvent le besoin d’aller se retremper aux sources du beau et du vrai, c’est-à-dire dans la nature. ! […] Écoutons ce qu’en dit Boileau : Telle qu’une bergère, au plus beau jour de fête, De superbes rubis ne charge point sa tête, ! Et, sans mêler à l’or l’éclat des diamants, Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornements ; Telle, aimable en son air, mais humble dans son style, Doit éclater sans pompe une élégante idylle.
. — Le génie est le don exceptionnel qui produit les plus belles idées ; c’est la perfection de l’esprit […] Pour être toujours vraisemblable dans l’invention, il faut étudier la nature, et la copier en ce qu’elle a de beau. Remarquons bien ces mots : en ce qu’elle a de beau. […] Ces deux qualités, la fidélité et la noblesse, sont inséparables, qu’on s’en souvienne ; autrement, on s’éloigne du beau, on tombe dans le laid ; dès lors le mérite de l’invention diminue et se dégrade même entièrement. […] Nos grands orateurs sacrés avaient peut-être cette conviction : car il n’est pas rare de les voir recourir aux plus grands efforts du pathétique ; leurs ouvrages en offrent de fort beaux modèles.
Platon, qui a répandu sur tout ce qu’il a traité les fleurs de sa brillante imagination, et qui ne concevait rien de beau que les formes intellectuelles, exige, entre autres choses, de l’orateur une diction presque poétique. […] Après quelques mots d’étonnement sur le nombre de suffrages en sa faveur, et sur lesquels il était loin de compter ; après une courte récapitulation de sa vie privée et publique, il adresse à ses juges ces paroles remarquables, où respire cette belle et noble simplicité de la belle éloquence : « Athéniens ! […] Peut-être eût-il fallu s’en tenir là, et passer immédiatement au morceau sublime qui termine ce beau discours.
« Je me souviens, dit quelque part Montesquieu, qu’en sortant d’une pièce intitulée Esope à la cour, je fus si pénétré du désir d’être plus honnête homme que je ne sache pas avoir formé une résolution plus forte. » Honneur à Boursault qui sut choisir un sujet assez moral pour inspirer un si beau désir à une si belle âme ! […] Le plus bel éloge à leur goût, c’était que, une fois la lecture commencée, on ne pût la quitter qu’à la dernière page. […] Sans elles, le plus beau talent échouera souvent contre la matière.
La critique a beau élever sa voix sévère, le mal est plus fort que la raison et la vérité36. […] Leur âme ne doit recevoir que les inspirations bienfaisantes de la vertu, leur goût ne doit contempler que ce qui est pur et beau. […] De plus, chez une nation si heureusement née pour les arts, la fiction appelait naturellement les vers ; et l’on ne serait pas descendu de ces belles fables, si bien chantées par les poètes, à des récits en prose qui n’auraient renfermé que des mensonges vulgaires. […] La belle fiction de l’Atlantide, dans Platon, présente un caractère à peu près semblable.
Les nuages Lorsque j’étais en pleine mer, et que je n’avais d’autre spectacle que le ciel et l’eau, je m’amusais quelquefois à dessiner les beaux nuages blancs et gris, semblables à des groupes de montagnes, qui voguaient à la suite les uns des autres, sur l’azur des cieux. […] Les uns la regardaient sans pouvoir en détourner les yeux, d’autres mettaient leurs beaux habits, comme s’ils avaient été au moment de descendre ; il y en avait qui parlaient tout seuls, et d’autres qui pleuraient. […] Alors les nuages qui font la lisière s’illuminent, leurs files successives et fuyant au loin se retirent de proche en proche, mais par nuances affaiblies et dégradées en raison de leur éloignement, jusqu’à ce qu’enfin les rayons viennent mourir sur une masse énorme qui se tient immobile aux confins de l’horizon sud-est. » Eugénie de Guérin écrivait aussi : « Le 20. — La belle matinée d’automne ! […] La vue de mon pays, de ce pays si chéri, où des torrents de plaisirs avaient inondé mon cœur, l’air des Alpes, si salutaire et si pur : le doux air de la patrie, plus suave que les parfums de l’Orient ; cette terre riche et fertile, ce paysage unique, le plus beau dont l’œil humain fût jamais frappé ; ce séjour charmant auquel je n’avais rien trouvé d’égal dans le tour du monde ; l’aspect d’un peuple heureux et libre ; la douceur de la saison, la sérénité du climat ; mille souvenirs délicieux qui réveillaient tous les sentiments que j’avais goûtés ; tout cela me jetait dans des transports que je ne puis décrire, et semblait me rendre à la fois la jouissance de ma vie entière. »
Otez de nos cœurs cet amour du beau, vous ôtez tout le charme de la vie2. […] En me levant avant le soleil pour aller voir, contempler son lever dans mon jardin, quand je voyais commencer une belle journée, mon premier souhait était que ni lettres, ni visites n’en vinssent troubler le charme. […] Quand les maux sont venus, ils m’ont fourni un beau prétexte pour me livrer à ma passion dominante. […] Ceci rappelle de beaux vers de Lucrèce et d’Horace. […] De tous les sentiments dont mon cœur était pénétré pour vous, il n’y reste que l’admiration qu’on ne peut refuser à votre beau génie, et l’amour de vos écrits.
La chanson de Roland était un beau modèle à suivre. […] Quant à Junie, c’est une des plus belles figures de femme que Racine ait esquissées. […] IX) ; belle défense de la Hollande (fin du chap. […] Ronsard. — Là, tout beau ! […] Car il ne faut pas que ce beau travail reste manuscrit et privé de lecteurs.