Non sans doute : il est impossible qu’il ne défigure ces morceaux éloquents par d’autres morceaux défectueux. […] Il y a, par exemple, dans les poèmes dramatiques de Shakespeare, des morceaux d’une vraie éloquence, que déparent d’autres morceaux pleins de défauts monstrueux. […] Néanmoins leurs meilleurs morceaux sont inférieurs à l’histoire admirable de Josepha dans l’écriture. […] Le Sermon de ce dernier sur le petit nombre des élus, est plein de morceaux sublimes. […] Le murmure d’acclamation et de surprise fut si fort, qu’il troubla l’Orateur ; et ce trouble ne servit qu’à augmenter le pathétique de ce morceau.
C’est là que l’on trouve ce fameux morceau sur la guerre, et cette définition de la véritable valeur de l’officier français, opposée à celle du simple soldat abandonné à lui-même. […] Tels ont été les progrès des lumières, depuis que Voltaire écrivait ce morceau, et leur influence sur l’art militaire en particulier, qu’il n’est plus guère de peuple en Europe que l’on puisse retrouver dans cette description. […] etc. » Rapprochons de ce morceau une autre définition d’une armée, citée partout comme un chef-d’œuvre, et mise, dans toutes les rhétoriques, au premier rang des lieux communs traités avec une supériorité dont rien n’approche. […] C’est un corps animé d’une infinité de passions différentes, qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie : c’est une troupe d’hommes armés qui suivent aveuglément les ordres d’un chef, dont ils ne savent pas les intentions : c’est une multitude d’âmes, pour la plupart viles et mercenaires, qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants : c’est un assemblage confus de libertins, qu’il faut assujétir à l’obéissance ; de lâches qu’il faut mener au combat ; de téméraires, qu’il faut retenir ; d’impatients, qu’il faut accoutumer à la confiance, etc. » Malgré le respect dû au nom de Fléchier, et surtout à l’oraison funèbre de Turenne, son plus bel ouvrage, qui ne voit, dans le premier de ces deux morceaux, le véritable orateur, l’écrivain plein de son sujet ; et, dans le second, le rhéteur presque uniquement occupé du soin d’assembler et de faire contraster des mots ? […] Le discours éloquent que nous parcourons est terminé par un morceau de la sensibilité la plus vraie sur la mort de M. de Vauvenargues, jeune homme qui annonçait une âme forte, et qui, bien dirigé, eût donné peut-être aux lettres et à la philosophie un second Pascal.
Je n’avais pas encore mangé le premier morceau, que l’hôte entra, suivi d’un homme qui l’avait arrêté dans la rue. […] Je n’ai pas grand appétit, poursuivit-il ; je vais me mettre à table pour vous tenir compagnie seulement, et je mangerai quelques morceaux par complaisance. » En parlant ainsi, mon panégyriste s’assit vis-à-vis de moi. […] Le seigneur Corcuélo (C’était le nom de l’hôte), qui, selon toutes les apparences, s’entendait avec le parasiste, me répondit : « J’ai une truite excellente, mais elle coûtera cher à ceux qui la mangeront : c’est un morceau trop friand pour vous. — Qu’appelez-vous trop friand, dit alors mon flatteur d’un ton de voix élevé : vous n’y pensez pas, mon ami ; apprenez que vous n’avez rien de trop bon pour le seigneur Gil Blas de Santillane, qui mérite d’être traité comme un prince. » Je fus bien aise qu’il eût relevé les dernières paroles de l’hôte, et il ne fit en cela que me prévenir. […] « A l’air complaisant, etc. » Cela rappelle le mot du parasite : « Je mangerai quelques morceaux par complaisance. » 4.
Voilà deux morceaux d’un caractère de style bien différent ; et tous deux cependant sont également vicieux, parce que l’emphase pédantesque du premier est aussi ridicule que l’afféterie déplacée du second. […] On connaît le parallèle de Pierre Ier et du roi de Suède, par Voltaire ; on sait que c’est un des morceaux brillants de l’histoire de Charles XII. […] Tous les compilateurs n’ont jamais manqué de citer ce morceau, et de se récrier d’admiration en le citant. […] Ce dernier jugement a besoin de restriction : sans doute, dans toute autre circonstance, un pareil morceau pourrait être déplacé, et dégraderait peut-être la majesté de l’histoire ; mais a-t-on fait attention qu’entraîné par la marche des événements, l’historien met réellement ici ses héros en présence, et que plus il les rapproche, plus les traits qui leur sont communs ou différents, doivent se rapprocher aussi de l’œil du spectateur.
Dans les écrivains du second ordre, au contraire, tout présente les traces pénibles d’efforts rarement heureux ; et ce rapprochement involontaire, mais perpétuel, de la nature, grande et belle sans effort, et de l’art qui se tourmente infructueusement pour l’imiter mal, altère sensiblement quelquefois le plaisir que pourraient nous faire les plus beaux morceaux de poésie moderne. […] C’est surtout dans les morceaux d’une certaine étendue, et où plusieurs circonstances concourent à un effet général, que l’on peut remarquer avec quelle vérité, avec quelle scrupuleuse attention ces grands poètes s’attachent à tout peindre, afin qu’il n’y ait pas, dans leur tableau, un seul trait qui ne contribue à faire ressortir les autres, en ressortant lui-même à propos. […] Au reste, il n’est pas inutile d’observer ici que le premier poète qui ait donné de l’harmonie à la versification latine, Lucrèce, a imité avec succès ce beau morceau d’Homère. […] Delille se montre digne, dans ce morceau, de marcher à côté de son modèle. […] Veut-on des exemples d’harmonie soutenue et caractérisée, d’un bout à l’autre, dans un morceau de longue haleine ?
Cette dernière comparaison n’est point dans l’original ; mais elle est si bien dans la manière antique, elle se reproduit si fréquemment dans les écrivains sacrés, qu’elle n’a point ici l’air étrangère, et qu’elle est bien loin de défigurer ce beau morceau. […] Je crois, par exemple, que l’esprit seul des livres saints pouvait inspirer le morceau suivant : Digne prix de ma foi, quelle auguste merveille Vint charmer tout à coup ma vue et mon oreille ! […] Mais le cœur, mais le sentiment n’y trouveront rien, absolument rien, et n’en reviendront qu’avec plus de plaisir au morceau délicieux que nous venons de citer. […] Ce langage, qui serait même déplacé dans une pièce profane, est quelque chose de plus dans un morceau de la nature de celui-ci, et nous sommes étonnés que Florian se soit permis un tel écart. […] Voici ce morceau, d’autant plus précieux, qu’il est rare, et qu’il se trouve offert pour la première fois ici à l’étude des jeunes gens.
Un exorde, en général, est un morceau d’apparat, un morceau étudié ; et tout ce qui suppose et exige de l’art, de l’étude et du travail, répugne à la marche libre et indépendante du génie, qui s’élève ou tombe, selon que son sujet monte ou descend. Voilà pourquoi l’homme d’esprit se tire à merveille d’une foule de morceaux de détails, de petites circonstances qu’il a le talent d’embellir, et où l’homme qui n’a que du génie échoue assez ordinairement. […] Fléchier et Mascaron se sont élevés, dans ce même morceau, à des beautés dignes de Bossuet lui-même.
On le regrettera vivemement, à la lecture de plusieurs morceaux de ses ouvrages. […] Voir les Morceaux choisis pour la classe de seconde. […] Ces vers et ces morceaux même, admirablement frappés, ont mérité à Gilbert le nom de Juvénal de son époque. […] On cite de ces poëte, enlevé à la gloire par une mort prématurée et déplorable (à trente-quatre ans, 1767), une belle imitation du psaume Super flumina Babylonis, une ode sur le Soleil fixe au milieu des planètes (c’est l’exposition du système de Copernic), quelques morceaux traduits avec éclat de Virgile, etc.
— Quel est l’objet de ce morceau ? […] — Quelle opinion avez-vous du style en général de ce morceau ? […] — Le style de l’auteur, dans ce morceau, est-il clair ? […] Un choix de morceaux dans les différents genres de nos meilleurs auteurs suffit comme moyen d’exercice. […] — Citez des morceaux où elle se rencontre ?
Voici ce beau morceau. […] Voici la traduction en vers de ce morceau par Boileau, frère de l’auteur du Lutrin. […] Je n’en citerai que ce morceau, dont la plus grande partie a été traduite en vers par Boileau. […] On trouve encore le vrai sublime des images dans les deux morceaux suivants. […] Il est plein de grandes idées et d’images sublimes : c’est un morceau de poésie fini.
Sans déprécier un ouvrage qui compte d’honorables services, il est permis de dire qu’il ne suffit plus à notre goût littéraire ; car en lisant ces pages où apparaît comme un revenant habillé à la mode du premier Empire, on est parfois tenté de croire que des morceaux choisis ne sont pas toujours des morceaux de choix. […] En nous affranchissant de ces cadres qui, trop étroits ou trop larges, ont le tort de paraître ou d’être arbitraires, nous avons évité la monotonie d’une routine fastidieuse qui risquait d’imposer à chaque groupe de morceaux choisis une étiquette de convention.
Sans déprécier un ouvrage qui compte d’honorables services et adroit aux égards dus au grand âge, il est permis de dire qu’il ne suffit plus à notre goût littéraire ; car en lisant ces pages, où apparaît comme un revenant habillé à la mode du premier Empire, on est parfois tenté de croire que des morceaux choisis ne sont pas toujours des morceaux de choix. […] En nous affranchissant de ces cadres qui, trop étroits ou trop larges, ont le tort de paraître ou d’être arbitraires, nous avons évité la monotonie d’une routine fastidieuse qui risquait d’imposer à chaque groupe de morceaux choisis une étiquette de convention.
Aux auteurs que nous avons signalés dans l’affectation des pensées comme atteints de ce défaut, nous joindrons Fontenelle, Marivaux, Dorat, Vauvenargues, et Blanchet dont le morceau intitulé l’Académie silencieuse ou les Emblèmes, n’est pas exempt d’affectation et de monotonie. […] A ces morceaux nous ajouterons des passages plus ou moins nombreux d’Homère, de Démosthènes, de Xénophon, de Sophocle, de Virgile, de Cicéron, de Tite-Live, d’Horace, de La Fontaine, de Jean Racine, de Fénelon, de Fléchier, de Fontenelle, de Neuville, de Massillon, de L. […] Parmi les morceaux les plus remarquables en ce genre, nous signalerons l’Ange et l’Enfant, de Reboul, modèle de délicatesse et de grâce ; le Cocher, le Chat et le Souriceau ; le chœur de l’acte II d’Athalie : Quel astre à nos yeux vient de luire ? […] Voici ce dernier morceau : Hé quoi ! […] L’énergie ne se rencontre pas seulement dans quelques phrases courtes et isolées, comme nous l’avons vu en parlant des pensées et des sentiments énergiques, on la trouve encore dans des morceaux assez étendus.
Voyons maintenant ce que ce beau morceau a pu perdre ou gagner entre les mains de deux fameux traducteurs, Boileau et Pope. […] Ne fasse voir, ne fasse entrer, en trois vers, est une négligence dans un morceau aussi important ; et fasse voir du Styx la rive désolée, ne montre pas à l’imagination ces régions hideuses, infectes. […] Au surplus, c’est toujours avec des armes très inégales que les modernes voudront lutter contre des morceaux d’une perfection aussi achevée ; et Delille est très excusable d’être resté ici au-dessous de Virgile, quand Dryden lui-même, Dryden qui écrivait dans une langue plus riche et plus poétique que la nôtre, est sec, lâche et froid dans ce même morceau8. […] Il est évident au surplus que Pope avait, en traduisant ce morceau, les vers de Boileau sous les yeux.
Le Deutéronome, qui nous a fourni le morceau qu’on vient de lire, contient plusieurs autres monuments de l’éloquence de Moïse. […] Plaignons, et plaignons bien sincèrement ceux pour qui de semblables morceaux perdraient de leur mérite réel, par cela seul qu’ils appartiennent à la religion, qu’ils la prouvent, et qu’ils sont d’un de ses plus illustres fondateurs. […] Nous avons tâché de vous prouver, dans le cours de cet ouvrage, que les progrès du goût et de l’éloquence étaient nécessairement attachés à ceux de la morale, et que la ruine de l’une entraînait la décadence inévitable de l’autre : nous vous avons montré que les plus beaux morceaux, que l’on pût offrir à votre admiration, étaient ceux où respire le sentiment de la vertu, la haine du vice ou l’amour éclairé de la patrie ; que tout ce qui ne porte pas ces grands caractères du vrai beau, ne peut qu’être froid, languissant, inanimé ; et qu’enfin, en tout genre comme en tout sens, dans la conduite, comme dans les ouvrages, L’esprit se sent toujours des bassesses du cœur.
Ce morceau est, au jugement du P. […] Il y a de très beaux morceaux, et des peintures très vives. […] Le règne de Tibère passe pour un chef-d’œuvre de politique, et la Vie d’Agricola pour un des plus beaux et des plus précieux morceaux de l’antiquité. […] À cela près, c’est un morceau très précieux. […] Ceux de Commines, chambellan de Louis XI : un des meilleurs morceaux de notre histoire pour le règne de ce monarque et celui de Charles VIII.
Les plans d’études les plus récents de l’enseignement secondaire ont établi qu’il serait fait usage, dans toutes les classes des lycées et des collèges, pour que la connaissance de notre langue et de notre littérature y fût plus répandu et plus approfondie, de recueils de morceaux choisis, empruntés à pos meilleurs écrivains, prosateurs et poètes, à ceux que nous pouvons appeler nos classiques. […] Dans ces trois publications distinctes, mais formant un ensemble qui embrasse le cercle classique tout entier, nous avons eu pour but de réunir, en les graduant suivant l’âge et l’intelligence de ceux qui les doivent étudier, les modèles les plus incontestés et les plus purs, les morceaux les plus propres à former le cœur autant que l’esprit de la jeunesse. […] Dans la disposition des morceaux, nous n’avons apporté d’autre ordre que celui qui semblait indiqué par la nature des idées, selon que leur simplicité et leur clarté plus parfaites les rendaient plus faciles à saisir. […] Pour la poésie, comme pour l’architecture, il faut que tous les morceaux nécessaires se tournent en ornements naturels. […] La belle scène d’Horace et de Curiace, les charmantes scènes du Cid, une grande partie de Cinna, le rôle de Sévère, presque tout celui de Pauline, la moitié du dernier acte de Rodogune, se soutiendraient à côté d’Athalie, quand même ces morceaux seraient faits aujourd’hui ; de quel œil devons-nous donc les regarder, quand nous songeons au temps où Corneille a écrit ?
Voici ce morceau frappant : « Arrêtez ici vos regards. […] Je ne rapporterai qu’une partie de ce morceau. […] Voici, à peu près, le sens littéral de ce morceau. […] Je croirais sans peine que le lecteur, qui ne connaissait pas ces deux harangues, et qui en ignorait le succès, a jugé, à la simple lecture de ces deux morceaux, qu’Eschine succomba. […] Il n’est pas possible de lire ce morceau, sans être vivement ému ; et je ne crains point qu’on me reproche de l’avoir rapporté tout entier.
Ce dont nous sommes fortement persuadés, c’est que Bossuet, Fléchier, et tous les grands écrivains avaient de leur langue une connaissance approfondie et raisonnée ; c’est qu’ils n’écrivaient que dans l’inspiration du génie, et que les morceaux qu’on admire le plus, sont ceux quelquefois qui ont dû leur coûter le moins, et qui ne supposent nullement le calcul minutieux des brèves et des longues. […] Je sais, comme un autre, qu’il se trouve de fort beaux vers dans Claudien ; des morceaux même que l’on peut mettre sans danger sous les yeux de la jeunesse : je n’ignore point qu’il y a, dans Thomas, des choses aussi bien pensées que bien écrites ; que son Essai sur les Éloges est un ouvrage neuf, plein de recherches curieuses et qui fait honneur à notre littérature, qui compte peu de morceaux oratoires plus véritablement éloquents que l’Éloge de Marc-Aurèle.
Peut-être eût-il fallu s’en tenir là, et passer immédiatement au morceau sublime qui termine ce beau discours. […] Il y a, dans ces divers morceaux, de la force, de l’élévation, de la vraie philosophie ; et, ce qui distingue partout le style de Platon, une noblesse et une dignité soutenues dans la pensée et dans l’expression. […] C’est sans doute après la lecture de pareils morceaux, que l’un des plus spirituels écrivains du seizième siècle, Érasme, était tenté de s’écrier : Saint Socrate, priez pour nous !
Tout ce morceau est bien pensé, bien écrit, plein de réflexions profondes naturellement amenées, et qui font aimer à la fois le héros et le panégyriste, en inspirant une estime réelle pour l’un et pour l’autre. […] Apollonius poursuit : il apprend aux Romains que c’est à la philosophie seule que Marc-Aurèle est redevable du caractère qui le distingue essentiellement entre tous les empereurs ; transition un peu forcée, pour amener le morceau suivant, « À ce mot de philosophie, je m’arrête. […] Mais un morceau généralement admiré, un morceau qui paraissait avec raison à La Harpe de la plus grande beauté, c’est celui où Marc-Aurèle est représenté comme prêt à abdiquer l’Empire, dont le fardeau l’épouvante.
Quelque brillantes que soient les couleurs qu’il emploie, quelques beautés qu’il sème dans les détails, comme l’ensemble choquera, ou ne se fera pas assez sentir, l’ouvrage ne sera point construit… C’est par cette raison que ceux qui écrivent comme ils parlent, quoiqu’ils parlent bien, écrivent mal ; que ceux qui s’abandonnent au premier feu de leur imagination prennent un ton qu’ils ne peuvent soutenir ; que ceux qui craignent de perdre des pensées isolées, fugitives, et qui écrivent en différents temps des morceaux détachés, ne les réunissent jamais sans transitions forcées ; qu’en un mot il y a tant d’ouvrages faits de pièces de rapport, et si peu qui soient fondus d’un seul jet. » Les interruptions, les repos, les sections peuvent être utiles au lecteur, elles le délassent et lui indiquent les temps d’arrêt, mais il ne doit pas y en avoir dans l’esprit de l’auteur. […] Puis ils attaqueraient peu à peu des morceaux plus considérables, des discours, des dissertations, de longs chapitres tout entiers, appartenant toujours aux classiques les plus scrupuleux. […] On pourrait encore analyser en ce sens quelques morceaux de poésie, réputés classiques, parce que les détails en sont réellement admirables, mais qui ne résistent pas à l’examen de quiconque s’attache à la liaison des idées, et veut voir un ensemble, une suite, une certaine logique, même dans les transports les plus capricieux de l’imagination. […] En partageant l’admiration du professeur du Lycée pour l’expression et l’harmonie de ce morceau, nous sommes loin d’en regarder la disposition comme irrépréhensible. […] On croirait presque que ce morceau a été fait à plusieurs reprises ; le poëte aurait d’abord écrit le commencement à part, mais n’ayant pas trouvé matière à toute une ode dans cette sentence pourtant si féconde, le génie ne s’acquiert qu’à force de travail, il l’aurait ensuite renouée à l’éloge de son protecteur.
Nous ferons le même éloge du second morceau intitulé : les Savoyards et la Savoie, dans lequel M. […] Il écrivit avec la plus grande facilité : on peut en juger, par le morceau suivant, qui est rendu avec simplicité, correction, et une légèreté convenable au sujet. […] M. de Lacépède, dans le morceau intitulé : Causes de la décadence de l’empire romain, nous présente une page où sont réunies ces différentes qualités. C’est un morceau historique remarquable, l’auteur esquisse avec la plus grande lucidité les causes de la décadence de l’empire romain. […] Le morceau que nous citons ici est écrit d’un style noble et harmonieux : il exprime avec force et grandeur la vanité des choses de ce monde, l’instabilité de la fortune et les consolations puissantes de la religion : nous le devons à M.
Que l’on en juge par ce morceau pris au hasard dans son discours de réception. […] Tout le discours est écrit avec la même pureté, la même élégance : pas une expression ou une tournure qui ait vieilli, pas une dissonance qui choque l’oreille ; et quand on se reporte à l’époque où il fut composé, et qu’on le rapproche de morceaux d’une date beaucoup plus récente, on est également surpris de l’un et des autres.
C’était, comme vous voyez, un Cupidon dérobant les armes d’Hercule, morceau d’un travail exquis et grec, si je ne me trompe. Il n’en reste que la base sur laquelle j’ai écrit avec un crayon : Lugete, Veneres Cupidinesque 4, et les morceaux dispersés qui feraient mourir de douleur Mengs et Winckelmann1, s’ils avaient eu le malheur de vivre assez longtemps pour voir ce spectacle. […] Voilà le Pamphlet des pamphlets, morceau d’un entraînement irrésistible, et dont le style, d’un bout à l’autre en harmonie avec le mouvement de l’inspiration la plus capricieuse et la plus hardie, est peut-être ce que l’on peut citer dans notre langue de plus achevé comme goût et de plus merveilleux comme art. » (Essais sur sa vie.
Indépendamment de l’apostrophe, figure de pensée, combien de tropes différents contribuent à embellir ce morceau ! […] Voltaire s’amusa, dans sa vieillesse, à faire de ce beau morceau l’imitation suivante : Prométhée autrefois pénétra dans les cieux : Il prit le feu sacré qui n’appartient qu’aux dieux. […] Nous en offrirons un exemple frappant dans ce morceau du Paradis perdu. […] Il n’y a donc rien à reprendre dans le morceau suivant ; et quoique l’antithèse y paraisse prodiguée, on verra combien elle contribue à l’énergie de la peinture, et à la fidélité de la ressemblance : Autant que son auteur l’homme est inconcevable. […] Je ne retrouve point Horace dans les vers de Malherbe, et je n’y vois que la paraphrase froide et traînante de l’un des plus beaux morceaux du lyrique romain.
Il n’en est pas de même des historiens latins : leurs harangues sont des morceaux si achevés, dans leur genre, qu’il est impossible de s’y prêter à la moindre illusion, et de ne pas y reconnaître, à chaque mot, l’art étudié de l’orateur, et la correction élégante de l’écrivain qui a mûri toutes ses pensées par la réflexion, choisi et pesé chacune de ses expressions, et donné à ses phrases le tour et l’harmonie qui sont le fruit du travail, et ne se présentent guère à celui qui ne s’est pas fait une étude de les rechercher et de les placer à propos. […] Tite-Live est plein de morceaux où respire cette éloquence vraiment dramatique, qui identifie le lecteur avec le personnage, et lui fait éprouver tout ce qu’il a senti. […] Mais il serait difficile, malgré cela, de trouver, dans sa longue gazette en vers, un morceau comparable au discours dont il est question ici. […] Cette idée sublime de donner à un grand homme ses exploits pour cortège, a été reproduite avec autant d’éclat que de noblesse par Fléchier, dans ce morceau déjà cité. […] Un autre morceau du même genre, mais dont le plan et l’exécution devaient offrir des différences marquées, c’est le discours que prête Xénophon à Cyrus mourant.
Avec quel avantage Cicéron s’en sert dans le morceau suivant ! […] C’est encore à cette figure que les rhéteurs rapportent l’honneur et l’effet de ce morceau célèbre de Massillon, dans son sermon sur le petit nombre des Élus, morceau si franchement loué par Voltaire lui-même, et dont M. le cardinal Maury a si bien développé toute la beauté.
Tout ce morceau est charmant, respire la plus douce sensibilité, et le trait implumes qui complète le tableau et arrête si délicieusement le cœur sur l’image la plus intéressante, nous paraît au-dessus de l’éloge. […] Voici un monument bien singulier et bien éminemment poétique du génie allégorique des prophètes : c’est le morceau ou Ézéchiel prédit le terme de la captivité des Juifs à Babylone. […] Nous ne connaissons rien à opposer à un tel morceau, si ce n’est peut-être, et toujours à la distance convenable, ce chant de Fingal, sur la ruine de Balclutha. […] -C., morceau vraiment magnifique, qui a fourni à Virgile son Pollion, à Pope sa belle églogue du Messie, et dont Racine le fils a réuni les traits principaux dans les vers suivants : Aux champs, déshonorés par de si longs combats, La main du laboureur rend leurs premiers appas : Le marchand, loin du port, autrefois son asile, Fait voler ses vaisseaux sur une mer tranquille.
Comme la douleur de Bossuet est soutenue dans le morceau suivant, et quelle émotion en découle dans notre âme ! […] Les critiques dont cet admirable morceau a été l’objet attestent ou l’irréflexion ou la jalousie de ceux qui les ont adressées au poëte. […] Dans le morceau de Bossuet, cité plus haut, les adjectifs : longue et paisible, nobles, glorieux, ont une valeur d’amplification parce qu’ils rendent plus vif le contraste marqué par les mots misères, outrages, etc. […] L’orateur est ici comme le chanteur et le musicien ; les dernières notes décident du succès du morceau tout entier. […] De même que dans un morceau de musique bien composé le motif du début revient à la fin et forme ce qu’on nomme ritournelle, de même, suivant la bonne expression de Joubert, la fin d’un ouvrage doit faire souvenir de.son commencement.
Condillac, dans l’Art d’écrire, se proposant de montrer comment se fait l’analyse de la pensée dans les langues formées et perfectionnées, a choisi pour objet d’étude la plus grande partie de ce morceau. […] C’est-à-dire point de convenance dans les mœurs, point de vérité dans la peinture des caractères. — Sur les mœurs, qui, dans l’art dramatique, embrassent, comme dit Marmontel, le naturel, l’habitude et les accidents passagers qui se combinent avec l’un et l’autre, on peut voir un morceau intéressant de cet auteur dans les Eléments de littérature (article Mœurs). […] Voltaire rend ce même témoignage à Louis XIV dans sa lettre à milord Hervey, que l’on trouvera dans les Morceaux choisis à l’usage de la classe de seconde.
On peut rapprocher de ces vers le morceau de Bossuet intitulé : Image de la vie, et que nous avons donné dans les Morceaux choisis à l’usage de la quatrième. […] « Cette cantate de Circé, dit La Harpe, est un morceau à part ; elle a toute la richesse et l’élévation des plus belles odes de Rousseau, avec plus de variété : c’est un des chefs-d’œuvre de la poésie française. » 5.
On relit souvent ces morceaux ; on les apprend même quelquefois de mémoire ; on meuble ainsi son esprit de souvenirs qui ne s’effaceront pas, et on y ramasse, selon l’expression de Cicéron, une riche moisson d’idées. […] L’imitation de ce morceau se voit encore, mais plus faible, plus voilée, plus éloignée dans ce passage de J. […] — En premier lieu, on peut prendre les pensées d’un auteur en adoptant d’autres expressions, d’autres tournures, pour les exprimer. — On imite encore en appliquant avec habileté à d’autres sujets des traits empruntés à une autre langue, comme l’a fait Voltaire pour le Te, dulcis conjux… — Enfin, une autre manière, appelée méthode de reproduction, consiste à lire plusieurs fois avec attention un morceau intéressant, à le reproduire librement et à le comparer avec le modèle.
Il est malheureux que de pareils morceaux ne puissent pas être mis plus souvent sous les yeux des jeunes gens. […] Ne croirait-on pas, dans le reste de ce beau morceau, entendre Cicéron lui-même plaidant devant le peuple romain la cause de Milon ?
Je vais essayer de donner en notre langue une idée de ce beau morceau. […] Quant à la poésie, lés Anglais le regardent comme un des plus beaux morceaux qu’ils aient en leur langue. […] On a pu en juger par les différens morceaux que j’en ai cités. […] On peut relire le morceau d’Aristote que j’ai cité sur ce sujet dans le volume précédent. […] En voici un morceau tiré d’une scène pleine de portraits finis.