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2. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IX. de la disposition. — proportions, digressions, transitions, variété  » pp. 118-130

La seconde règle, c’est que les diverses parties d’un écrit aient entre elles une juste proportion. […] En la relisant avec attention, vous sentirez que si le point culminant du morceau est en effet l’exclamation terrible : Paraissez maintenant, justes ! […] Restera-t-il seulement dix justes, vainement cherchés autrefois par le Seigneur dans cinq villes entières ? […] croyez-vous qu’il s’y trouvât seulement dix justes, que le Seigneur ne put trouver autrefois en cinq villes tout entières ? […] Retranchez ces quatre sortes de pécheurs de cette assemblée sainte, car ils en sont retranchés au grand jour : paraissez maintenant, justes !

3. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre IV. Beautés morales et philosophiques. »

» ……………………………………………………… » Un cœur juste, un cœur saint, voilà ce qu’il demande. […] Où serait donc le prix de la vertu, et que deviendraient les espérances du juste, si ce triomphe momentané du méchant n’était pas déjà un dédommagement pour l’homme vertueux, qui n’y voit autre chose que la certitude d’un avenir où tout rentrera à sa place ? […] Avec tout cela, on peut tenir un rang distingué parmi les poètes ; mais il faut plus pour briller parmi les philosophes ; il faut un esprit essentiellement juste, un coup d’œil pénétrant, et c’est ce qu’Horace possédait dans un degré supérieur. […] Il place et laisse son sage à ce point central, à ce juste milieu, qu’il est aussi rare d’atteindre, que difficile de conserver, et qui n’est après tout, que le froid repos de l’égoïsme philosophique. […] C’est le plaisir du juste, et le plus digne usage Des fragiles trésors qu’il reçut en partage.

4. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

Cette marque d’honneur qu’il met dans ma famille Montre à tous qu’il est juste, et fait connaître assez Qu’il sait récompenser les services passés. […] car il est temps que ma douleur éclate4, Et qu’un juste reproche accable une âme ingrate ; Est-ce là ce beau feu ? […] Enfin ma bonté cède à ma juste fureur : Adore-les, ou meurs. […] Voyez notre espérance, est le contraire de ce qu’elle entend ; car elle entend ; voyez la juste terreur qui nous reste, voyez où vous nous réduisez, vous, d’une si grande naissance, vous qui avez tant de pouvoir !  […] cet hélas prouve qu’elle a touché juste.

5. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

Ce jugement est celui de tous les bons juges en littérature, et de M. de La Harpe entre autres, que nous nous faisons d’autant plus un mérite de suivre ici, qu’il serait difficile de penser plus juste et de s’exprimer mieux. […] Un homme, dont la belle âme avait plus d’un rapport avec celle de Massillon, et à qui la religion, les mœurs et les lettres doivent tant, Fénelon, a parlé aussi de la prière, et en a donné la définition la plus juste, la plus conforme au génie du christianisme et à l’esprit de son divin auteur. […] « Plus je rentre en moi, dit-il, plus je me consulte, et plus je lis ces mots écrits dans mon âme : Sois juste, et tu seras heureux. […] Le méchant prospère, et le juste reste opprimé. […] Quand je n’aurais d’autre preuve de l’immortalité de l’âme, que le triomphe du méchant, et l’oppression du juste en ce monde, cela seul m’empêcherait d’en douter.

6. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

Il n’est pas moins juste de rappeler l’obligeance amicale avec laquelle M.  […] La tragédie doit avoir une juste proportion (συμμετρίαν) de terreur. […] C’est pour cela que l’action juste, la justice, est une chose belle. […] L’équitable, c’est le juste, pris indépendamment de la loi écrite. […] Nous dirons aussi que le juge est comme le dispensateur du juste ; et que, par conséquent, il ne doit pas considérer le fait même de la convention, mais ce qui est le plus juste ; — que le juste ne peut être perverti ni par la fraude, ni par la contrainte, car il est fondé sur la nature.

7. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Montesquieu. (1689-1755.) » pp. 130-139

Un peuple si juste devait être chéri des dieux. […] Non ; nous sommes justes, et nous craignons les dieux. […] Ils convinrent qu’il fallait déférer la couronne à celui qui était le plus juste, et ils jetèrent tous les yeux sur un vieillard vénérable par son âge et par une longue vertu. […] Lorsqu’on lui envoya des députés pour lui apprendre le choix qu’on avait fait de lui : « A Dieu ne plaise, dit-il, que je fasse ce tort aux Troglodites, que l’on puisse croire qu’il n’y a personne parmi eux de plus juste que moi ! […] Les mauvais succès des Perses dans les invasions qu’ils firent de la Grèce, les conquêtes d’Agésilas et la retraite des Dix mille avaient fait connaître au juste la supériorité des Grecs dans leur manière de combattre et dans le genre de leurs armes ; et l’on savait bien que les Perses étaient trop grands pour se corriger.

8. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 185-195

Quand Platon peint son juste imaginaire couvert de tout l’opprobre du crime et digne de tous les prix de la vertu, il peint trait pour trait Jésus-Christ ; la ressemblance en est si frappante, que tous les Pères l’ont senti, et qu’il n’est pas possible de s’y tromper2. […] Aristide1 avait été juste avant que Socrate eût dit ce que c’était que la justice. […] Appliquée à Rousseau, l’analyse et juste. […] Ce trait est spirituel et juste. […] Aristide, surnommé le Juste par les Athéniens, fut banni en 483 avant Jésus-Christ.

9. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre Ier. Des éléments du style. » pp. 22-78

La pensée est donc juste quand elle représente l’objet avec précision et dans toute son étendue ; c’est une pensée vraie sous quelque face qu’on la considère. […] On dit aussi qu’une pensée est juste quand elle est bien liée au sujet que l’on traite, et qu’elle n’offre rien de discordant, de disparate. — La justesse des pensées est plus ou moins frappante, selon le choix des expressions, qui doivent être justes elles-mêmes, c’est-à-dire convenir parfaitement à la pensée. […] F… Lamartine, pour expliquer les peines et les combats du juste, prête à Dieu ces paroles sublimes : Tu n’as qu’un jour pour être juste ; J’ai l’éternité devant moi. […] Quand les images sont-elles justes et claires ? […] La précision demande donc l’emploi des expressions les plus justes, et la suppression de tout ce qui n’ajoute rien à la pensée.

10. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre V. Analyse de l’éloge de Marc-Aurèle, par Thomas. »

Mais celui qui a été soixante ans vertueux, et qui, vingt ans de suite, a été utile aux hommes ; celui qui, dans tout le cours de sa vie n’a point eu d’erreur, et qui, sur le trône, n’a point eu de faiblesse ; celui qui a toujours été bon, juste, bienfaisant, généreux, pourquoi le plaindre ? Romains, la pompe funèbre de l’homme juste est le triomphe de la vertu qui retourne à l’Être-Suprême ». […] Recevez-moi, disait-il, parmi vous ; éclairez mon esprit, élevez mes sentiments ; que j’apprenne à n’aimer que ce qui est vrai, à ne faire que ce qui est juste. » Je m’arrêterai un moment aussi, avec l’orateur philosophe, à ce mot de philosophie, pour applaudir à la définition aussi juste que sublime, que nous en donne Apollonius, et au portrait qu’il nous en trace. […] Destiné à régner, il faut que tu sois ou le plus juste ou le plus coupable des hommes : le fils de Marc-Aurèle aurait-il à choisir ? […] Si tu dois être juste, puissé-je vivre encore assez pour contempler tes vertus !

11. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Pascal. (1623-1662.) » pp. 35-39

Mais les hommes s’en rendent si indignes, qu’il est juste que Dieu refuse à quelques-uns, à cause de leur endurcissement, ce qu’il accorde aux autres par une miséricorde qui ne leur est pas due. […] Il n’était donc pas juste qu’il parût d’une manière manifestement divine et absolument capable de convaincre tous les hommes ; mais il n’était pas juste aussi qu’il vînt d’une manière si cachée, qu’il ne pût être reconnu de ceux qui le chercheraient sincèrement. […] Cousin, qui parle ainsi dans son remarquable ouvrage sur les Pensées de Pascal : « Il est venu à cette heureuse époque de la littérature et de la langue où l’art se joignait à la nature dans une juste mesure pour produire des œuvres accomplies.

12. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Guizot. Né en 1787. » pp. 469-478

Dès que la querelle s’éleva, Washington fut convaincu que la cause de son pays était juste, et qu’à une cause si juste, dans un pays déjà si grand, le succès ne pouvait manquer. […] Condamnation de Strafford 3 Ce n’est pas tout qu’une condamnation soit juste, il faut être juste envers le condamné. […] Sans doute, il portait sur les droits et les intérêts de l’Angleterre un jugement bien moins pur, bien moins juste que Falkland et Hampden1 ; cependant il ne faut pas croire que tout fût erreur dans sa pensée politique : bien des choses, et de très-importantes, le frappaient, qui échappaient à ses rivaux ; il connaissait des besoins publics, des conditions de liberté publique dont Hollis et Pym2 avaient tort de ne point tenir compte ; il prévoyait, au train de la révolution, mille conséquences dont ils ne voulaient pas plus que lui, mais qu’ils ne savaient point démêler.

13. (1811) Cours complet de rhétorique « Notes. »

Ce sont des noms devenus classiques parmi nous, et que nos jeunes gens doivent s’accoutumer à ne prononcer qu’avec respect ; mais il faut, pour cela, qu’ils aient une idée juste de leur mérite respectif, et c’est l’objet spécial des notes suivantes. […] Comment discerner, entre deux extrêmes aussi opposés, le point juste d’où l’on peut apprécier cet homme vraiment célèbre, qui a rendu de grands services à notre littérature, et qui s’est distingué surtout par une justesse de principes et une sûreté de goût, qui ont placé pour toujours son nom à côté de celui de Quintilien ? […] Au reste, M. de La Harpe paraît avoir réduit cette portion de ses œuvres à sa juste valeur, puisqu’il n’a conservé, dans l’édition actuelle, que quatre de ces discours en vers. […] Il eût été seulement à désirer que l’auteur vécût assez pour en voir une seconde édition : il eût sans doute élagué bien des superfluités, donné une juste étendue aux articles faits pour tenir dans son ouvrage un rang distingué, et rédigé le tout sur un meilleur plan. […] Il était plus juste et plus simple en même temps de ne voir dans cette traduction qu’un beau poème français, sur le même sujet qui avait inspiré à Virgile un beau poème latin.

14. (1839) Manuel pratique de rhétorique

suffisait-il que l’expression fût juste, aisée, naturelle ? […] Juste indignation. […] Juste, parce qu’elle est excitée par un motif légitime. […] Il suffit que l’expression soit juste, aisée, naturelle. […] Bossuet est grand, mais juste et naturel ; on sent qu’il s’élève sans effort.

15. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Villemain. Né en 1790. » pp. 479-491

Alors il sera juste, et sa justice accroîtra ses lumières. […] Il se montre vaillant, laborieux, ami de la justice et de la gloire, et lorsque l’ambition l’entraîne à la guerre, ses armes heureuses et rapides paraissent justes à la France éblouie. […] Mais si le règne de Louis XIV favorisait particulièrement ce genre d’éloquence, son goût juste et noble3, son amour naturel du grand et du beau, ne devaient pas exercer moins d’influence sur toutes les formes que prit alors le génie littéraire. […] L’Académie l’avait prévu : elle était sûre, en vous nommant, d’être juste et populaire. […] On ne saurait être plus courtois, plus juste et plus sévère dans l’art de dire toutes les vérités, celles qui flattent et celles qui inquiètent l’amour propre.

16. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Nicole, 1625-1695 » pp. 72-75

C’est nourrissant, pratique, juste, clair et proportionné. […] Car comme il est impossible de rendre tous ceux avec qui on vit justes, modérés et sans défauts, il faudrait désespérer de pouvoir conserver la tranquillité de son âme si on l’attachait à ce moyen. […] Souvent même il arrive qu’on nous aime plus pour nos défauts que pour nos qualités. — Les défauts qui rendent un homme ridicule ne le rendent guère odieux ; de sorte qu’on échappe à l’odieux par le ridicule. — Il faut se faire aimer, car les hommes ne sont justes qu’envers ceux qu’ils aiment. » La Bruyère disait avec autant de sens : « Il y a de petits défauts que l’on abandonne volontiers à la censure, et dont nous ne haïssons pas à être raillés ; ce sont de pareils défauts que nous devons choisir pour railler les autres. — L’on ne peut aller loin dans l’amitié si l’on n’est pas disposé à se pardonner les uns aux autres les petits défauts. — Si vous observez qui sont les gens qui ne sont contents de personne, vous reconnaîtrez que ce sont ceux mêmes dont personne n’est content. »

17. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

Tout ce que je pourrais en dire, en donnerait une bien moins juste idée que les exemples. […] « Ô Dieu terrible, mais juste en vos conseils sur les enfants des hommes, vous disposez et des vainqueurs et des victoires. […] Cependant pour en donner une idée encore plus claire et plus juste, je vais rapporter la traduction littérale du texte sacré qui a fourni à Racine la matière des beaux vers que j’ai cités. […] L’univers tomberait sur la tête du juste ; son âme serait tranquille dans le temps même de sa chute. L’idée de cette tranquillité comparée avec le fracas du monde entier qui se brise, est une image sublime, et la tranquillité du juste un sentiment sublime.

18. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IV. Genre didactique. »

Il faut, en un mot, que dans un traité tout soit proportionné à la capacité des esprits médiocres, et n’ait que sa juste étendue. […] Ce n’est pas tout d’avoir lu l’ouvrage ; il faut le bien comprendre, et, avant de porter un jugement sur ce qu’il contient, avoir au moins une idée juste des choses dont on veut parler. […] La critique est judicieuse quand elle fait une application juste et convenable des règles de l’art ; car on ne doit pas exiger toujours, et impérieusement, l’étroite et rigoureuse observation de ces règles. […] Un bon mot, quelque agréable et piquant qu’il soit, une plaisanterie, quelque bien tournée qu’on la suppose, ne feront jamais apprécier un ouvrage à sa juste valeur. […] Chez nous, Fontenelle s’est fait une juste réputation par ses Dialogues des morts publiés en 1683.

19. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Lettre. A un ancien Elève de l’Ecole Militaire de Paris. » pp. 375-399

J E ne saurois trop m’empresser, mon cher ancien élève, de répondre à votre demande si juste et si digne d’éloges. […] Ce n’est pas assez d’être juste à l’égard des autres : il faut l’être encore à l’égard de soi-même, en ne faisant jamais rien contre sa propre conscience. […] Tous les préceptes y sont fondés sur des principes sages et justes, sur des notions exactes de l’utile et de l’honnête, dont les vertus morales sont la base et la substance. […] Il ne nous reste plus qu’à en faire de justes applications. […] Mais la raison et la conscience leur crient sans cesse qu’il existe un être, seul éternel, seul indépendant, seul principe de tous les êtres, et dont ils se sentent forcés de reconnoître la nécessité, que Voltaire a si bien exprimée dans ces vers : C’est le sacré lien de la société, Le premier fondement de la sainte équité, Le frein du scélérat, l’espérance du juste.

20. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Je crois leur offrir ainsi cette rhétorique « française, sensée, juste, naturelle » que demandait Sainte-Beuve. […] Leur règle n’est pas de parler juste, mais de faire des figures justes. […] Les esprits justes, et qui aiment à faire des images qui soient précises, donnent naturellement dans la comparaison et la métaphore. […] Il ne les trouvera pas si justes et si ornées qu’il les aurait trouvées à loisir dans son cabinet. […] Croyez-vous que le nombre des justes fût au moins égal à celui des pécheurs ?

21. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

On instruit par des pensées justes, par des raisonnemens bien enchaînés, par des preuves solides. […] Souvent on les détermine en leur présentant vivement ce qu’il y a de juste, d’honnête, de noble à faire. […] Un juste mélange d’éloges et de morale fait la perfection du panégyrique. […] Rien n’est plus juste que l’idée de Zénon, qui comparait la dialectique au poing fermé et l’éloquence à la main étendue. […] Il est donc juste, ô mon Dieu !

22. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

Ô Dieu clément et juste ! […] Dieu est juste et équitable. […] Les esprits justes, et qui aiment à faire des images qui soient précises, donnent naturellement dans la comparaison et la métaphore. […] croyez-vous qu’il s’y trouvât seulement dix justes, que le Seigneur ne put trouver autrefois en cinq villes tout entières ? […] Paraissez, maintenant, justes ; où êtes-vous ?

23. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — Chapitre II. Du genre pastoral » pp. 96-112

Ce repos renferme une vie régulière et paisible passée au milieu des scènes riantes de la nature, une juste abondance, une douce gaieté, des mœurs simples et pures ; il admet des passions douces et modérées qui peuvent produire des chansons, des récits intéressants, des combats de flûte ou de chant. […] Le poète doit tenir un juste milieu entre ces extrêmes. […] Après tout ce que nous avons dit sur la nature de la pastorale, et sur les mœurs et le langage des bergers, il est facile de se former une idée juste du ton et du style que demande ce genre de poésie. […] Enfin l’idylle, comme l’églogue, constitue un poème ; or, tout poème demande un plan ; il faut ici une image, une pensée, un sentiment ou une passion qui se développe dans de justes proportions.

24. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gilbert. (1751-1780.) » pp. 297-303

J’ai vu l’enfant gâté de nos penseurs sublimes, La Harpe, dans Rousseau trouver de belles rimes ; Boileau, correct auteur de libelles amers1, Boileau, dit Marmontel, tourne assez bien un vers : Et tous ces demi-dieux, que l’Europe en délire A depuis cent hivers l’indulgence de lire, Vont dans un juste oubli retomber désormais, Comme de vains auteurs qui ne pensent jamais ! […] La Harpe lui-même, fort maltraité dans ces pièces, n’a pu s’empêcher de rendre un juste hommage au talent poétique dont elles portent l’empreinte. […] Ils feront excuser chez lui ce que le style, encore trop peu assoupli par l’exercice, a parfois de forcé et d’inégal, ce que sa pensée aussi (car il est homme de parti et de passion) présente de peu mesuré et de peu juste.

25. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

Si cette espèce de néologisme se bornait à dénaturer le langage seulement, la contagion serait moins rapide, et ses effets moins multipliés ; les esprits justes et les personnes instruites seraient à l’abri du ravage, ou échapperaient sans effort à la séduction. […] Nous ne serons obligés de recourir ni à des tournures bizarres, ni à des expressions nouvelles, parce que nous n’aurons jamais à rendre qu’une certaine suite d’idées, dans un ordre simple et lumineux ; et notre style sera clair, notre langage pur, parce que nos idées seront justes et nos sentiments vrais. […] Quant aux mots que la mode ou le besoin ont introduits dans le discours et que l’usage a consacrés, nous les réduirons à leur juste valeur, en ne les plaçant qu’à propos, et en les rapprochant toujours le plus qu’il sera possible de leur véritable origine. […] Voilà, je crois, des beautés réelles, des beautés qui seront de tous les temps, mais dont il est juste de rapporter, en partie du moins, l’honneur aux sources qui les ont fournies. […] Appliquant un cristal sur ses yeux obscurcis, Et du jeune lecteur dirigeant les récits, Le vieillard lui disait : Lisez ces pages saintes ; Abel, le juste Abel, de son sang les a teintes.

26. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Chapitre » pp. 169-193

Cette marque d’honneur qu’il met dans ma famille Montre à tous qu’il est juste, et fait connaître assez Qu’il sait récompenser les services passés. […] Fais lire au prince, en dépit de l’envie, Pour son instruction l’histoire de ta vie : D’un insolent discours ce juste châtiment Ne lui servira pas d’un petit ornement. […] Pour la juste vengeance il n’est point de supplice. […] Il est juste, grand roi, qu’un meurtrier périsse. […] Il y a un peu de déclamation dans ce vers, qui nuit d’ailleurs au juste rapport des mots et à l’accord des images que le suivant présente ; car si l’on peut dire l’éclat d’une dignité, on ne saurait dire de même l’éclat d’un précipice. — Dans ses monologues, Corneille n’évite pas en général avec assez de soin le faste et l’exagération des paroles.

27. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre premier. Apologie de Socrate par Platon. »

Il était juste que le plus vertueux des hommes trouvât dans Platon le plus éloquent des panégyristes ; et la forme, le ton et le style de l’éloge, tout est aussi neuf ici, que les vertus mêmes qui l’inspiraient. […] Ces trois discours forment un véritable drame, dont chaque scène est une leçon de courage et de grandeur d’âme ; et le dénouement, ce que l’on pouvait offrir de plus pathétique et de plus attendrissant, la mort du juste assassiné juridiquement, et avalant le breuvage mortel, en pardonnant à ses ennemis, en formant des vœux pour la prospérité de ses concitoyens. […] Socrate conclut : « Ayez donc des idées plus justes sur la mort, et soyez bien convaincus d’une vérité : c’est que l’homme de bien n’a rien à redouter pendant sa vie, ni après sa mort ; l’œil des immortels est constamment ouvert sur lui. — Il ne me reste qu’une grâce à demander à mes accusateurs, c’est de traiter un jour mes fils comme moi, s’ils vous donnent les mêmes sujets de plainte ; c’est de ne les point épargner, si vous les voyez préférer à la vertu les richesses ou quelque chose au monde que ce soit. — C’est un trait de justice que Socrate et ses enfants ont peut-être quelque droit d’attendre de vous.

28. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Rien de plus vrai, de plus juste, mais en même temps de plus simple et de plus commun que cette pensée, la mort n’épargne personne. […] L’abbé d’Olivet, dans ses remarques sur Racine, fait une observation bien juste et bien solide sur ce vers de la tragédie d’Andromaque : Sans espoir de pardon, m’avez-vous condamnée ? […] Mais il faut que cette liaison soit juste, fondée sur la véritable signification de ces mots, et, ce qui est bien à remarquer, nécessitée par le besoin réel d’exprimer une belle pensée, qui, sans cela, ne serait pas bien entendue. […] Pour éviter l’enflure et l’excès qui lui est opposé, il faut faire un juste emploi des images et des ornements. […] Elle emploie des mots, qui pris à la lettre, vont beaucoup au-delà de la vérité, mais qui sont réduits à leur juste valeur par ceux qui nous entendent.

29. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

Sans cesser d’être juste et bon, le goût peut donc s’exercer sur une grande variété d’objets. […] Le seul goût que l’on doive regarder comme juste et vrai, est celui qui coïncide avec le sentiment de tous les hommes. […] C’est en le comparant au goût général, qu’on peut reconnaître que le goût d’un individu est juste et naturel. […] À cet égard, comme en toute autre chose, il est un juste milieu. […] Pour varier les tons, il faut un organe juste et très exercé, et les auteurs qui savent y réussir sont extrêmement rares.

30. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

Dès que la querelle s’éleva, Washington fut convaincu que la cause de son pays était juste, et qu’à une cause si juste, dans un pays déjà si grand, le succès ne pouvait manquer. […] Les absurdes institutions de la vieille monarchie avaient blessé des esprits justes et indigné des cœurs droits ; mais il n’était pas possible qu’elles n’eussent froissé quelque âme ardente et irrité de grandes passions. […] Ne plaignons pas le sort du juste qui succombe, Sa force et sa vertu renaissent de la tombe. […] Il est beau de mourir pour une juste cause. […] Enfin ma bonté cède à ma juste fureur : Adore-les, ou meurs.

31. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre II. Des différentes espèces de Discours Oratoires. »

On l’a placé avec juste raison parmi les prédicateurs du premier ordre. […] Ses Sermons étincelants d’esprit, pleins de pensées justes et profondes, de raisonnements solides, et de portraits finis de nos mœurs, abondent en images et en sentiments. […] Il ne peut remplir ce double objet, qu’en joignant l’instruction au récit de ces vertus : un juste mélange des éloges et de la morale, fait la première perfection du Panégyrique. […] L’application des passages de l’Écriture Sainte, y est quelquefois peu juste, et l’usage de l’antithèse, quelquefois trop fréquent. […] Celui-ci avait une grande élévation dans le génie et un discernement si sûr, qu’on disait de lui qu’il devinait la loi, et qu’il devinait juste.

32. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

Car comment distinguerez-vous ce qui est juste et utile d’avec ce qui ne l’est pas, s’il n’y a rien de vrai et si les choses ne sont que ce qu’elles nous paraissent ? […] Distinction que les critiques ont résumée après lui en cette formule : plaire, convaincre et toucher, et qu’il serait plus juste de résumer en celle-ci : plaire et toucher pour convaincre. […] Encore ces divisions sont-elles justes, si elles n’ont rien de bien mystérieux. Mais est-il juste de nous donner la narration pour un élément nécessaire du discours ? […] Au barreau, où c’est la fortune qui noue l’intrigue et où l’orateur reçoit de sa main les rôles tout faits, le seul moyen de frapper fort c’est de frapper juste.

33. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

Tous tendent à prouver qu’une chose est ou vraie, ou juste, ou avantageuse. […] Il faut ici, comme en tout, savoir garder un juste milieu. […] Cette observation est juste et à sa place, mais la forme en est abstraite et philosophique. […] Entre ces deux extrêmes il est un juste milieu qu’elle peut encore occuper avec succès. […] Rousseau jouissent d’une très grande et d’une très juste célébrité.

34. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre V. Ouvrages historiques. »

Non, sans doute ; il y a un choix à faire, et ce choix dépend d’un esprit sage et judicieux, d’un discernement aussi fin que juste. […] Son esprit, toujours juste, malgré son étendue, n’alla que par degrés au projet de la domination ; et, quelque éclatantes qu’aient été depuis ses victoires, elles ne doivent passer pour de grandes actions que parce qu’elles furent toujours la suite et l’effet de grands desseins. […] Quelque génie que je reconnaisse dans l’invention d’une arme meurtrière, j’exciterais une juste indignation si je disais que tel homme ou telle nation eut la gloire de l’avoir inventée. […] Mais cet empire formidable qu’il avait conquis ne dura pas plus longtemps que. sa vie, qui fut courte ; à l’âge de trente-trois ans, au milieu des plus vastes desseins qu’un homme eût jamais conçus, et avec les plus justes espérances d’un heureux succès, il mourut sans avoir eu le loisir d’établir ses affaires, laissant un frère imbécile et des enfants en bas âge, incapables de soutenir un si grand poids. […] Un discernement juste pour le choix des événements est donc nécessaire à celui qui veut faire un bon abrégé d’histoire.

35. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Boileau 1636-1711 » pp. 401-414

En vain, pour le dompter, le plus juste des rois Fit régler le chaos des ténébreuses lois : Ses griffes, vainement par Pussort accourcies8, Se rallongent déjà, toujours d’encre noircies9 ; Et ses ruses, perçant et digues et remparts, Par cent brèches déjà rentrent de toutes parts10. […] Ce n’est pas que leurs sons, agréables, nombreux, Soient toujours à l’oreille également heureux ; Qu’en plus d’un lieu le sens n’y gêne la mesure, Et qu’un mot quelquefois n’y brave la césure4 : Mais c’est qu’en eux le vrai, du mensonge vainqueur, Partout se montre aux yeux et va saisir le cœur ; Que le bien et le mal y sont prisés au juste ; Que jamais un faquin n’y tint un rang auguste, Et que mon cœur, toujours conduisant mon esprit, Ne dit rien aux lecteurs qu’à soi-même il n’ait dit. […] Enfin5 Malherbe vint, et le premier en France Fit sentir dans les vers une juste cadence ; D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir, Et réduisit la muse aux règles du devoir. […] Ennuyeux, joint à loisir, forme une alliance de mots juste et piquante.

36. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre IV. Des Ouvrages Didactiques. »

Il faut, en un mot, que dans un ouvrage didactique, tout soit proportionné à la capacité des esprits médiocres, et traité dans une juste étendue. […] Cette qualité consiste dans une application juste et convenable des règles de l’art. […] Un bon mot, quelque agréable et piquant qu’il paraisse ; une plaisanterie, quelque bien tournée qu’elle soit, ne fera jamais apprécier un ouvrage à sa juste valeur.

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