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127. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Évidemment il hait les hommes plus par humeur que par raison. […] Le pauvre homme ! […] Le pauvre homme ! […] Le pauvre homme ! […] Non, ce qu’il met réellement en scène, c’est l’homme, l’homme de toutes les conditions, de tous les temps, de tous les pays.

128. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Mignet Né en 1796 » pp. 261-264

Leur forte culture est devenue plus nécessaire aujourd’hui qu’autrefois, aux hommes publics obligés de faire prévaloir leurs pensées par la parole, et de donner les raisons de leurs actes. […] Mais peut-être appartient-il à l’Académie française, le jour où elle reçoit un homme d’État aussi éclairé dans ses rangs, de rappeler à la France que c’est l’esprit des nations qui fait leur grandeur, et sert de mesure à leur durée. […] Ce siècle dont le début a été si éclatant, qui a déjà vu tant de grandeurs mortelles passer devant lui, qui a produit la plus vaste des révolutions et le plus merveilleux des hommes, ouvre à l’intelligence humaine une carrière sans bornes. […] Revenant sur la surface de tous côtés visitées et déjà presque trop étroite du globe, les hommes de notre siècle la resserrent, et, pour ainsi dire, la transforment par les prodiges de leurs inventions. […] Rendons hommage aux hommes qui par leur travaux nous ont ouvert ces voies glorieuses.

129. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre II. Des qualités essentielles du poète » pp. 16-21

Or, quel est l’état où l’homme est disposé à prêter une âme, du mouvement et de la vie aux objets qui l’entourent, si ce n’est l’état d’émotion et de passion ? L’homme froid et impassible juge froidement toutes choses ; l’homme passionné s’imagine que tout prend part à ses transports ; la terreur crée autour d’elle des fantômes ; l’homme affligé prête sa tristesse à la nature ; celui qui est agité de remords s’imagine que tout va prendre une voix pour l’accuser. […] C’est comme un souffle divin, une vie supérieure que le poète reçoit d’en haut, comme une flamme divine qui le domine, le transporte, l’élève jusqu’au beau idéal, et produit dans les autres hommes cette espèce de vénération, ce sentiment inconnu d’une ravissante surprise ; c’est enfin l’état d’une âme qui prend son essor au-dessus des intelligences vulgaires, et qui semble recueillir, dans une sphère supérieure et dans la communication de quelque être surnaturel, des idées, des images, des sentiments plus grands et plus purs que ne le sont ceux des hommes dans leur état ordinaire. […] Une nature déserte, muette, où l’homme n’a jamais passé, pourra inspirer le poète en lui parlant de la puissance du Créateur et de l’immensité de l’univers ; mais, à coup sûr, les pays illustrés par les grands événements antiques, qui ont vu passer le flot des générations humaines, prêteront davantage à la poésie. […] Laurentie, un certain mouvement d’enthousiasme qui pousse l’homme vers le ciel ; elle exprime admirablement l’amour et la reconnaissance, elle célèbre les merveilles ; et Dieu dut toujours se montrer à elle comme le principal objet vers lequel pouvaient le mieux s’élever ses aspirations.

130. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre premier. De l’invention. »

Ainsi ne faites pas un impie d’un homme qui fut vertueux, un homme humble d’un orgueilleux, un héros tranquille, quand il a été emporté et violent. […] Chacun sait bien qu’il est d’une importance extrême de représenter fidèlement les hommes, et que tout ce qui est hors nature est forcé et blâmable. […] L’utilité doit être le principal but d’un écrivain, et tout ouvrage, pour être utile, doit contenir une morale instructive, conforme aux principes des hommes vertueux. […] Il faut s’oublier soi-même, ne point parler de sa personne, et ne s’occuper que de son sujet : la vanité déplaît aux hommes. […] Un jeune homme sera touché par d’autres considérations qu’un vieillard ; 3° le caractère des hommes.

131. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre I. — Rhétorique »

Que faut-il pour ébranler la plupart même des autres hommes et les persuader ? […] Tout le peuple, enflammé par ce glorieux souvenir, suivit en foule ce grand homme. […] Dieu seul est permanent Que sont les hommes sur la terre ? […] Et en effet, on doit reconnaître qu’elle élève au-dessus de tous les autres hommes celui qu’elle s’est plu à enrichir de ses dons. […] Mais la mission d’un orateur habile est une des plus belles qui aient jamais été confiées à l’homme.

132. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voiture, 1598-1648 » pp. 21-25

Ne haïssez pas plus longtemps un homme qui est si heureux à se venger de ses ennemis ; et cessez de vouloir du mal à celui qui sait tourner le sien à sa gloire et qui le porte si courageusement. […] Il voit qu’il n’y a pas tant de sujet de louange à étendre de cent lieues les bornes d’un royaume qu’à diminuer un sou de la taille1, et qu’il y a moins de grandeur et de véritable gloire à défaire cent mille hommes qu’à en mettre vingt millions à leur aise et en sûreté. Aussi ce grand esprit qui n’a été occupé jusqu’à présent qu’à songer aux moyens de fournir aux frais de la guerre, à lever de l’argent et des hommes, à prendre des villes et à gagner des batailles, ne s’occupera désormais qu’à rétablir le repos, la richesse et l’abondance. […] Pour les dames, elles sont ravies d’apprendre que celui qu’elles ont vu dans le bal défaire tous les autres hommes opère de plus glorieuses défaites dans les armées, et que la plus belle tête de France soit aussi la meilleure et la plus ferme. […] Ils naissent instruits, et ils sont plus tôt des hommes parfaits que le commun des hommes ne sort de l’enfance. » Belle phrase !

133. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

Toi seule, donnée à l’homme, rendis la mesure de ses biens plus grande que celle de ses maux. […] Bienfaitrice de tous les hommes, tu leur donnes des jouissances que le remords et la crainte ne viennent point empoisonner. […] Tuer un homme est un crime ; Mineure. Or, un meurtrier est un homme : Concl. […] Un homme tel qu’Aman, lorsqu’on l’ose irriter, Dans sa juste fureur ne peut trop éclater.

134. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Prosper Mérimée. Né en 1803. » pp. 558-565

Il y a en lui un archéologue et un artiste, un érudit et un homme du monde, un polyglotte et un poëte. […] Un homme ne doit jamais sortir sans ses armes. […] En ce moment, la cloche du village tinta lentement, car un homme était mort dans la nuit. […] Les actions et les mots, les discours et les exemples, tout concourt dans les livres latins à former des hommes publics. […] Concluons que, si on ne peut rendre les hommes plus vertueux, il est possible de les rendre plus disciplinés, plus attentifs à leurs intérêts.

135. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre V. De la disposition. »

Un effort de douleur rompant enfin ce long et morne silence, d’une voix entrecoupée de sanglots que formaient dans leurs cœurs la tristesse, la pitié, la crainte, ils s’écrièrent : comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël ? À ces cris, Jérusalem redoubla ses pleurs ; les voûtes du temple s’ébranlèrent ; le Jourdain se troubla, et tous ses rivages retentirent du son de ces lugubres paroles : comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël ?  […] Où peut-on trouver tant et de si puissants exemples que dans les actions d’un homme sage, modeste, libéral, désintéressé, dévoué au service du prince et de la patrie ; grand dans l’adversité par son courage, dans la prospérité par sa modestie, dans les difficultés par sa prudence, dans les périls par sa valeur, dans la religion par sa piété ? […] « Retenons nos plaintes, Messieurs, il est temps de commencer son éloge, et de vous faire voir comment cet homme puissant triomphe des ennemis de l’État par sa valeur, des passions de l’âme par sa sagesse, des erreurs et des vanités du siècle par sa piété. […] Où en sommes-nous, grand Dieu, si avec de pareils motifs les hommes peuvent faire périr un de leurs semblables ?

136. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Molière, 1622-1673 » pp. 43-55

On connaîtra, sans doute, que n’étant autre chose qu’un poëme ingénieux, qui, par des leçons agréables, reprend les défauts des hommes, on ne saurait la censurer sans injustice. […] Les choses mêmes les plus saintes ne sont point à couvert de la corruption des hommes, et nous voyons des scélérats qui, tous les jours, abusent de la piété et la font servir méchamment aux crimes les plus grands. […] Crois-tu qu’il ait épuisé dans ses comédies tout le ridicule des hommes ? […] Vous êtes l’homme du monde que je révère le plus. […] C’est justement comme un homme qui aurait trouvé une sauce excellente, et qui voudrait examiner si elle est bonne sur les préceptes du Cuisinier français.

137. (1886) Recueil des sujets de composition française donnés à la Sorbonne aux examens du baccalauréat ès lettres (première partie), de 1881 à 1885

L’homme n’est pas si accessible à la passion qu’il n’ait besoin d’être préparé à la recevoir. […] Il est vrai qu’il est à la fois juge et partie en cette question, et qu’il se juge lui-même en homme qui se défie de la critique. […] En un mot, l’image de l’homme et les travers d’un siècle s’aperçoivent à travers les peintures de la nature et du règne animal. […] L’unité fait la perfection des œuvres de la nature ; elle doit faire aussi le prix des œuvres de l’homme. […] Qui sera cet homme ?

138. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section I. De l’Art d’écrire correctement. — Chapitre I. De la nature des mots. » pp. 11-86

Tel est le mot homme, qui convient à tous les hommes en général. […] = c’est grand-pitié de voir souffrir cet homme. […] Il l’est aussi, employé comme adjectif : = un homme esclave, une femme esclave. […] Celui est substantif, parce qu’il signifie l’homme qui. […] Ne dites donc pas, avec deux écrivains modernes : combien de grands hommes, dont le nom a resté dans l’oubli !

139. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XIV. Genre historique. »

Non, certes ; l’historien est homme, et il parle à des hommes ; rien de ce qui est humain ne lui est étranger : son âme doit palpiter d’admiration devant le bien, s’indigner et frémir à la vue du mal. […] Si elle peint les hommes et les choses sous des couleurs vraies et saisissantes, si elle dessine avec justesse et originalité les caractères, si dans un récit simple et clair elle mêle une certaine chaleur tempérée de dignité et de noblesse, elle ne peut manquer d’intéresser le lecteur. […] La biographie renferme la vie d’un homme remarquable et qui a joué un rôle dans la société. Si l’on veut faire l’histoire d’un homme, on le représente principalement dans son existence publique ; si l’on veut raconter surtout sa vie, c’est plutôt l’homme privé que l’on considère ; mais on peut embrasser simultanément l’un et l’autre point de vue (les Vies des hommes illustres, par Plutarque ; la Vie d’Agricola, par Tacite, etc.). […] Quand cette synthèse est faite par un homme de talent, par un philosophe aux idées larges, élevées, morales et religieuses, elle offre un des enseignements les plus utiles à l’humanité (Montesquieu, Guizot)34.

140. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Chapitre » pp. 169-193

Et qu’un long âge apprête aux hommes généreux, Au bout de leur carrière, un destin malheureux ! […] est-il tache plus noire, Plus indigne d’un homme élevé pour la gloire ? […] De quel front cependant faut-il que je confesse Que ton effronterie a surpris ma vieillesse, Qu’un homme de mon âge a cru légèrement Ce qu’un homme du tien débite impudemment ? […] Nisard, etc., pourront encore être consultés avec intérêt sur ce grand homme. […] Nous ne verrons là, pour nous, que de simples jeux d’esprit qui attestent la célébrité même des vers de Corneille, et qui pouvaient se concilier avec la plus sincère admiration de ce grand homme.

141. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VIII. de la disposition. — unité, enchainement des idées  » pp. 98-117

Sans doute, car il est le premier écueil de tous les hommes : emploi du lieu genre. […] 2° La licence du commun des hommes est retenue par la crainte des diseours publies. […] 3° L’ambition et l’amour de la fortune dans les autres hommes partagent l’amour du plaisir. […] La crainte du public est un autre frein pour la licence du commun des hommes. […] Enfin, l’ambition et l’amour de la fortune dans les autres hommes partagent l’amour du plaisir.

142. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Joubert, 1754-1824 » pp. 388-398

Maillet-Lacoste, vrai métromane en prose, et l’homme du monde le plus capable de bien écrire, si, ne voulant pas écrire trop bien, il pouvait quelquefois s’occuper d’autre chose que de ce qu’il écrit ; M. […] Si la poésie et la philosophie peuvent lui ramener l’homme une fois, elle s’en sera bientôt réemparée, car elle a ses séductions et ses puissances, qui sont grandes. […] Le difficile est de rendre aujourd’hui aux hommes l’envie d’y revenir. […] Sans moi, il n’y aurait pas dans votre cour un homme libre, ou qui du moins, vu l’intimité et la familiarité invétérées, pût, comme moi, sans offenser les bienséances, le paraître hautement et publiquement. […] Et remarquez ceci, Monseigneur : celui qui sait rire avec vous de ses occupations et des vôtres est un homme grave, et même austère ; celui qui se joue avec vos dignités est l’homme qui attache le plus d’importance à votre rang, à vos fonctions, et qui les respecte le plus dans son esprit et dans son cœur ; enfin l’homme qui vous contredit le plus souvent est celui qui a pour vous, en secret, le faible le plus décidé ; l’homme qui vous est le moins asservi est aussi celui qui vous est le plus dévoué.

143. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XV. » pp. 109-111

« Les poëtes, dans la peinture des mœurs de la vieillesse, font reconnoître la foiblesse de l’âge, et celle du sexe dans la peinture des mœurs des femmes : elles sont moins propres que les hommes, soit à cause de la délicatesse des fibres, soit à cause de la frivole éducation qu’on leur donne, à soutenir des inclinations fortes et égales. C’est apparemment ce qu’a entendu Aristote quand il a dit dans sa Poétique que « les femmes sont communément plus mauvaises que les hommes ». […] Racine paraît avoir deviné ce qu’Aristote lui-même écrit dans un passage de ses Problèmes (XXIX, 11) où il appelle la femme un être inférieur (πολὺ ἦττον) et plus faible (ἀσθενέστερον) que l’homme. […] Morale Nicom., VIII, 13, où il fonde sur des considérations analogues la supériorité de l’homme dans le mariage. […] « Ainsi, le poëte, en représentant un homme colère ou un homme patient, ou de quelque autre caractère que ce puisse être, doit non-seulement les représenter tels qu’ils étaient, mais il les doit représenter dans un tel degré d’excellence, qu’ils puissent servir de modèle ou de colère, ou de douceur ou d’autre chose. » (Trad. de Racine.) — « « Ce qui est rare et parfait en son espèce, ne peut manquer d’attirer l’attention.

144. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Rochefoucauld 1613-1680 » pp. 18-21

Aigri par ses souffrances, il voit dans toutes les actions humaines l’amour-propre, le calcul, le déguisement : pas une vertu ne trouve grâce devant son humeur chagrine qui désenchante la vie, calomnie l’homme et Dieu. […] Né avec des instincts chevaleresques, auxquels les événements infligèrent de cruelles déceptions, galant homme, modèle de politesse, de bravoure et de probité, La Rochefoucauld réfuta lui-même ses Maximes par son caractère ; et au lieu de juger l’homme d’après le philosophe, il est plus sûr de s’en rapporter au témoignage de madame de Sévigné qui lui prouva son estime par son amitié. […] Les hommes et les animaux. Il y a autant de diverses espèces d’hommes qu’il y a de diverses espèces d’animaux… Il y a des oiseaux qui ne sont recommandables que par leur ramage et par leurs couleurs. […] Parmi les hommes comme parmi les enfants.

145. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XVI. Genre du roman. »

Voilà l’origine véritable du roman ; c’est le monde de la fantaisie et de l’idéal ; il a sa source dans les rêves de l’imagination : il est donc aussi ancien que l’homme lui-même. […] Il peint l’homme comme le théâtre ; avec moins de force et de vivacité sans doute, mais avec plus de liberté. […] De nos jours, les romanciers sont souvent des hommes sans conscience, qui font de leur talent un honteux trafic ; ils veulent le succès, et, pour l’atteindre, tous les moyens leur sont bons. […] Les Grecs, hommes d’action avant tout, étaient moins portés que les Asiatiques à faire et à entendre ces longs récits qui supposent les doux loisirs d’une vie somnolente et contemplative. […] Cette croyance devait suffire aux imaginations les plus vives ; elle satisfaisait ce besoin de fables et de merveilleux si naturel à l’homme.

146. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XI. Grands poèmes. »

Delille, dans l’Homme des champs, montre que les soirées d’hiver peuvent se passer très agréablement à la campagne. […] Tel est, par exemple, la Prise de Troie pour les Grecs ; telle est la Chute du premier homme pour le monde entier. […] Tantôt ce sont des dieux, des maîtres souverains, des arbitres qui règlent entre eux et despotiquement le sort des hommes ; tantôt ils se mêlent aux actions humaines, comme hommes eux-mêmes ou en prenant un visage humain ; tantôt ils opèrent seulement par des songes, des visions nocturnes, etc. […] L’action de l’épopée est l’action d’un seul homme ou de plusieurs, ou même de tout un peuple. […] Palissot feint qu’il a reçu de Merlin une lorgnette au moyen de laquelle il voit les objets, et les hommes surtout, tels qu’ils sont.

147. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — La Fontaine 1622-1695 » pp. 339-378

Florian a fait du lapin un homme sensible, élégiaque, le plus tendre des amis. […] Il a la foi du paysan chicaneur dans l’homme de loi ; c’est pour lui l’oracle. […] La Bruyère, De l’homme, édit. […] Tant il est vrai que l’homme ne sent que ce qu’il s’approprie et ce qu’il touche. Où son moi n’est pas en action, soit pour jouir, soit pour souffrir, l’homme n’est pas.La terre ne me dit tout ce qu’elle peut dire à l’homme que là où je la possède ;la mort ne se révèle tout entière à mon âme que lorsqu’elle me frappe dans les miens.

148. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre V. des topiques ou lieux. — lieux applicables aux parties du sujet  » pp. 64-74

Les grands sont une espèce relativement au genre humain ; il établit d’abord que le plaisir est le premier piége tendu par le démon aux hommes en général. […] Accuserez-vous un coupable, exalterez-vous un grand homme, sans expliquer les raisons qui ont déterminé les crimes de l’un, les vertus de l’autre ? […] Bernardin de Saint-Pierre, dans les Études de la nature, cherche-t-il à prouver que le sentiment de la Divinité est nécessaire à l’homme ? […] Voulez-vous amplifier cette pensée : « Les hommes doivent croire en un Dieu rémunérateur et vengeur » ? […] L’athée, fourbe, ingrat, calomniateur, brigand, sanguinaire, raisonne et agit conséquemment, s’il est sûr de l’impunité de la part des hommes.

149. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Buffon, 1707-1788 » pp. 175-184

Aux avantages de la nature, le cygne réunit ceux de la liberté ; il n’est pas du nombre de ces esclaves que nous puissions contraindre ou renfermer ; libre sur nos eaux, il n’y séjourne, et ne s’y établit qu’en jouissant d’assez d’indépendance pour exclure tout sentiment de servitude et de captivité ; il veut à son gré parcourir les eaux, débarquer au rivage, s’éloigner au large, ou venir, longeant la rive, s’abriter sous les bords, sc cacher dans les joncs, s’enfoncer. dans les anses les plus écartées ; puis, quittant sa solitude, revenir à la société, et jouir du plaisir qu’il paraît prendre et goûter en s’approchant de l’homme, pourvu qu’il trouve en nous ses hôtes et ses amis, et non ses maîtres et ses tyrans1. Le blé Le blé est une plante que l’homme a changée au point qu’elle n’existe nulle part à l’état de nature : on voit bien qu’il a quelque rapport avec l’ivraie, avec les gramens et quelques autres herbes des prairies, mais on ignore à laquelle on doit le rapporter ; et comme il se renouvelle tous les ans ; comme, servant do nourriture à l’homme, il est de toutes les plantes celle qu’il a le plus travaillée, il est aussi de toutes celle dont la nature est le plus altérée. L’homme peut donc non-seulement faire servir à ses besoins tous les individus de l’univers, mais, avec le temps, changer, modifier et perfectionner les espèces : c’est le plus beau droit qu’il ait sur la nature. […] Nos grands hommes sont trop délicats, et les petits ont la vie si dure qu’on les écorche sans les faire souffrir. » 2. […] Il convient de lire après cette page celle de Bossuet que voici : « L’homme a presque changé la face du monde ; il a su dompter par l’esprit les animaux qui le surmontaient par la force ; il a su discipliner leur humeur brutale, et contraindre leur liberté indocile ; il a même fléchi par adresse les créatures inanimées : la terre n’a-t-elle pas été forcée par son industrie à lui donner des aliments plus convenables, les plantes à corriger en sa faveur leur aigreur sauvage, les venins même à se tourner en remèdes pour l’amour de lui ?

150. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre II. — Choix des Pensées »

Pour nous faire apprécier combien on doit être heureux et fier de posséder l’estime d’un homme vertueux, l’un de nos poètes français a traduit ainsi sa pensée : L’amitié d’un grand homme est un bienfait des dieux. […] Sujets, amis, parents, tout deviendra stérile ; Et dans ce jour fatal, l’homme, à l’homme inutile, Ne paîra point à Dieu le prix de sa rançon. […] L’espérance soutient l’homme jusqu’au tombeau. […] L’homme est dans ses écarts un étrange problème. […] Ainsi tout le royaume pleure la mort de son défenseur, et la perte d’un homme seul est une calamité publique.

151. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

si la violence a quelque prise contre l’homme de bien ? […] Tremblez donc devant moi, hommes superbes et dédaigneux qui m’écoutez ! […] Le grand homme mourant a je ne sais quoi d’imposant et d’auguste. […] L’homme que Dieu a fait à son image, n’est-il qu’une ombre ? […] c’est un si bon homme.

152. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « PRÉFACE. » pp. -12

L’édition a été rapidement épuisée ; un jury composé des hommes les plus compétents lui a décerné le prix quinquennal de littérature française, et le conseil de perfectionnement de l’enseignement moyen l’a adopté comme livre classique. […] Combien de fois n’ai-je pas retrouvé, dans la vie, d’anciens élèves, devenus hommes, qui se rappelaient et me rappelaient avec délices non pas les récréations et les plaisirs, mais les leçons et les travaux de la rhétorique ? […] Je comprends par moralité celle du citoyen, de l’homme d’honneur, de l’homme actif et pratique destiné à vivre et à communiquer avec les autres hommes, celle qui nous donne une idée saine de nos droits comme de nos devoirs, qui inspire l’amour de la vérité, de la justice, de l’humanité, et cette dignité de bon goût qui repousse également la pruderie hypocrite et les sophismes de l’impudeur. Je n’ai point reculé devant certaines idées, certains faits et certains hommes. […] En définitive, le jeune homme sortira-t-il de cette lecture avec de meilleurs sentiments et un plus vif désir d’être homme de bien ?

153. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VIII. Des Figures en général. »

Tous les hommes meurent également : voilà une idée bien commune. […] Il en fit part à l’homme ; et la race mortelle De l’esprit qui meut tout obtint quelqu’étincelle. […] C’est une allusion aux sujets de plainte que ces deux hommes avaient donnés à Agrippine. […] (L’Homme des Champs, ch. 2). […] L’homme fortement ému d’une passion quelconque sera nécessairement inégal dans son style.

154. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Le caractère des jeunes gens n'est pas celui de l'homme fait ; et le caractère de l'homme fait n'est pas celui des vieillards. […] L'homme puissant est humain, sensible, ou dur, intraitable ; il est juste, ou il se met au-dessus des lois. […] Par exemple, l'esprit ne conçoit la justesse de ces expressions : un homme enflammé de colère ; les préceptes éclairent, que parce qu'il peut facilement comparer les transports d'un homme irrité à des flammes dévorantes, etc. […] L'homme signifie tous les hommes, etc. […] Prions : heureux l'homme qui prie !

155. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Voltaire, 1694-1778 » pp. 158-174

Si vous voulez que je vous cite des hommes, voyez avec quelle clarté, quelle simplicité notre Racine s’exprime toujours. […] On n’a jamais sculpté un pauvre homme dans cet état ; M. […] Qu’importe, après tout, à la postérité, qu’un bloc de marbre ressemble à un tel homme ou à un autre ? […] Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes (1753). […] Il dit ailleurs : « Otez aux hommes l’opinion d’un Dieu rémunérateur et vengeur.

156. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIV. de la fin  » pp. 189-202

Cependant qu’ils cherchent le point de clore le pas, ils s’en vont balivernant et traînant, comme des hommes qui défaillent de foiblesse. » Quelques remarques donc sur le dénoûment. […] Il est appuyé sur son fils, William Pitt, qui devait être un si grand homme. […] Car, dans cette grande circonstance, l’homme excitait aussi puissamment que la question même l’attention et les sympathies de l’assemblée. […] Les esprits élevés savent démêler les fils les plus déliés d’un événement à travers la trame Je l’ensemble des choses, et les rattachent peut-être aux limites les plus reculées de l’avenir et de la destinée, tandis que le commun des hommes ne sait voir là qu’un fait Isolé au milieu du libre espace de l’univers. Mais l’artiste travaille pour la vue restreinte des hommes qu’il veut Instruire, et non pas pour la toute-puissance clairvoyante qu’il cherche à connaître. » Schiller, Die Verschwôrung des Fresco zu Genua ; Vorrede.

157. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XV. de l’élocution  » pp. 203-216

Voilà le sens du mot de Buffon : Le style est l’homme. […] Encore une fois le style est l’homme, et non pas la matière. […] La poésie la peint et l’embellit, elle peint aussi les hommes ; elle les agrandit, elle les exagère, elle crée les héros et les dieux. L’histoire ne peint que l’homme, elle le peint tel qu’il est : ainsi le ton de l’historien ne deviendra sublime que quand il fera le portrait des plus grands hommes, quand il exposera les plus grandes actions, les plus grands mouvements, les plus grandes révolutions, et partout ailleurs, il suffira qu’il soit majestueux et grave. […] La pensée est, pour ainsi dire, générale et impersonnelle, elle relève de l’humanité ; le style relève de l’homme seul et l’exprime.

158. (1867) Rhétorique nouvelle « Tableau des figures » pp. 324-354

Malheur à qui ne seconderait pas de toute son influence les propositions et les projets de l’homme que la nation elle-même semble avoir appelé à la dictature !  […] C’est un homme d’honneur, de piété profonde, Et qui veut rendre à Dieu ce qu’il a pris au monde. […] Le peuple dit d’un homme qui sort du bagne qu’il a eu des malheurs. […] Frappez, immolez sans pitié ces tristes victimes, précipitez-les dans l’abîme : il va se refermer… Vous reculez d’horreur… hommes inconséquents ! hommes pusillanimes !

159. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — D’Aguesseau. (1668-1751.) » pp. 124-129

Non-seulement cette étude affermit et fortifie notre foi, mais elle nous remplit d’une juste reconnaissance envers Dieu, qui a fait tant de profiges, et dans l’ancienne loi et dans la nouvelle, soit pour révéler aux hommes la véritable manière de l’adorer et de le servir, soit pour les convaincre de la vérité et de la certitude de cette révélation. […] Il n’y a rien que l’homme connaisse moins que le bonheur de sa condition. […] L’homme est presque toujours également malheureux, et par ce qu’il désire, et par ce qu’il possède. […] Tel est le caractère dominant des mœurs de notre siècle : une inquiétude généralement répandue dans toutes les professions, une agitation que rien ne peut fixer, ennemie du repos, incapable du travail, portant partout le poids d’une inquiète et ambitieuse oisiveté ; un soulèvement universel de tous les hommes contre leur condition, une espèce de conspiration générale dans laquelle ils semblent être tous convenus de sortir de leur caractère ; toutes les professions confondues, les dignités avilies, les bienséances violées ; la plupart des hommes hors de leur place, méprisant leur état et le rendant méprisable. […] Revoir plus haut le morceau de Pascal, intitulé : Du véritable bien de l’homme.

160. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fléchier 1632-1710 » pp. 84-88

C’est un corps animé d’une infinité de passions différentes, qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie ; c’est une troupe d’hommes armés qui suivent aveuglément les ordres d’un chef, dont ils ne savent pas les intentions1 ; c’est une multitude d’âmes ; pour la plupart mercenaires2, qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants ; c’est un assemblage confus de libertins3 qu’il faut assujettir à l’obéissance, de lâches qu’il faut mener au combat, de téméraires qu’il faut retenir, d’impatients qu’il faut accoutumer à la constance. […] Ces foudres de bronze que l’enfer a inventés pour la destruction des hommes tonnaient de tous côtés pour favoriser et pour précipiter cette retraite ; et la France en suspens attendait le succès d’une entreprise qui, selon toutes les règles de la guerre, était infaillible. […] O Dieu terrible, mais juste en vos conseils sur les enfants des hommes, vous disposez et des vainqueurs et des victoires ! […] Ainsi tout le royaume pleure la mort de son défenseur ; et la perte d’un homme seul est une calamité publique2. […] Ensuite, oubliant l’intérêt général, on n’était sensible qu’à la perte de ce grand homme.

161. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Retz, 1614-1679 » pp. 38-42

Il était homme de parole où un grand intérêt ne l’obligeait pas au contraire, et en ce cas il n’oubliait rien pour sauver les apparences de la bonne foi. […] Il distinguait plus judicieusement qu’homme du monde entre le mal et le pis, entre le bien et le mieux, ce qui est une très-grande qualité pour un ministre. […] Il n’a jamais été bon homme de parti, quoique toute sa vie il y ait été engagé. […] Le président Hénault peint ainsi le cardinal de Retz : « On a de la peine à comprendre comment un homme qui passa sa vie à cabaler n’eut jamais de véritable objet. […] « Ses Mémoires sont très-agréables à lire ; mais conçoit-on qu’un homme ait le courage, ou plutôt la folie de dire de lui-même plus de mal que n’en eût pu dire son plus grand ennemi ?

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