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139. (1892) La composition française aux examens du baccalauréat de l’enseignement secondaire moderne, d’après les programmes de 1891, aux examens de l’enseignement secondaire des jeunes filles et aux concours d’admission aux écoles spéciales pp. -503

Il ose croire qu’il y a réussi. […] Il ne croit ni à l’humanité comme les anciens, ni à la vie future comme Pascal. […] On peut croire qu’il eût hésité à se jeter dans la guerre de Trente ans, mais on peut croire aussi que Richelieu se fût tiré moins habilement des complications de la Fronde. […] N’allez pas croire que je veuille plaider pour ma maison, ni que je réclame pour moi-même. […] On croit aussi que sa santé, toujours chancelante, le détourna de la prédication.

140. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre II. Application du chapitre précédent au discours de Cicéron pour Milon. »

« Si je croyais ces mesures dirigées contre Milon, je céderais aux circonstances, bien convaincu que l’orateur doit se taire au milieu du tumulte des armes. […] Que Milon, ce défenseur intrépide des bons, cet irréconciliable ennemi des méchants, ait été constamment en butte aux orages, aux tempêtes soulevées, dans ces assemblées tumultueuses, par le vent des différentes factions, c’est ce que j’avais facilement prévu ; mais j’étais bien loin de croire que dans un jugement, dans un tribunal où siégent les principaux personnages des premiers ordres de l’état, les ennemis de Milon pussent concevoir l’espérance, je ne dis pas de consommer sa ruine, mais de porter la plus légère atteinte à sa gloire, par le ministère de juges tels que vous ». […] Ceux qui suivaient Clodius se partagent ; les uns enveloppent la voiture et attaquent Milon par derrière ; les autres le croient déjà mort, et se mettent à égorger les esclaves qui arrivaient les derniers. […] Tout ce que je vous demande, Messieurs, c’est d’oser, en donnant votre suffrage, n’en croire que vos sentiments. Croyez que celui qui a choisi pour juges les hommes les plus justes et les plus fermes, s’est engagé d’avance plus particulièrement que personne, à approuver ce que vous auront dicté la justice, la patrie et la vertu ».

141. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Massillon. (1663-1742.). » pp. 120-123

Dieu seul est grand2, mes frères, et dans ces derniers moments surtout où il préside à la mort des rois de la terre ; plus leur gloire et leur puissance ont éclaté, plus, en s’évanouissant alors, elles rendent hommage à sa grandeur suprême : Dieu paraît tout ce qu’il est, et l’homme n’est plus rien de tout ce qu’il croyait être. […] Ses trésors pouvaient à peine suffire à ses pieuses largesses ; et tout roi qu’il était, il se croyait les dépenses les moins superflues interdites, tandis qu’il lui restait encore des misères à soulager. A la tête des armées, ce n’était plus ce roi pacifique, accessible à ses sujets, assis sous le bois de Vincennes avec une affabilité que la simplicité du lieu rendait encore plus respectable ; réglant les intérêts des familles, réconciliant les pères avec les enfants, démêlant les passions de l’équité, assurant les droits de la veuve et de l’orphelin, paraissant plutôt un père au milieu de sa famille qu’un roi à la tête de ses sujets, entrant dans des détails dont des subalternes se seraient crus déshonorés, et ne trouvant indigne d’un prince et indécent à la majesté des rois que d’ignorer les besoins de leurs peuples.

142. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Villemain 1790-1870 » pp. 251-256

En le lisant, on croit l’écouter. […] Il se croira chargé des intérêts de tout bon ouvrage qui paraît sous la recommandation d’un nom déjà célèbre1 ; à travers les fautes, il suivra curieusement la trace du talent, et, lorsque le talent n’est encore qu’à-demi développé, il louera l’espérance. […] Je sais que cette pureté, et en même temps cette indépendance de goût supposent une supériorité de connaissances et de lumières qui ne peut exister sans un talent distingué ; mais je crois aussi que la perfection du goût dans l’absence du talent4, serait une contradiction et une chimère.

143. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

L’incendie augmente ; l’orient paraît tout en flammes ; à leur éclat, on attend l’astre longtemps avant qu’il se montre ; à chaque instant on croit le voir paraître ; on le voit enfin. […] Il était enivré de sa puissance et de son bonheur ; il croyait que tout devait céder ses désira fougueux ; la moindre résistance enflammait sa colère. […] Cette précieuse faculté qui anime tout ce qui n’existe pas ou qui n’existe plus, qui invente une foule de circonstances plus ou moins vraies, qui aime à errer librement dans un champ, qui se plaît à se plonger dans de charmantes rêveries, cette faculté qu’un de nos écrivains a surnommée la folle du logis et que Delille nous a si gracieusement dépeinte dans un de ses poèmes, l’Imagination, nous peint les objets absents, chimériques même, comme présents à l’esprit ; nous croyons les voir en réalité, nous croyons les toucher. […] Je crois voir de tes mains tomber l’urne terrible ; Je crois te voir, cherchant un supplice nouveau, Toi-même de ton sang devenir le bourreau. […] fallait-il en croire une amante insensée ?

144. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Étude littéraire et philologique sur la langue du XVIe siècle » pp. -

Ils crurent l’enrichir et l’anoblir en s’ingéniant à transvaser dans son vocabulaire si expressif et sa syntaxe jusqu’alors si logique, non-seulement toute la poésie et toute la science des anciens, mais tous les vocables de Rome et d’Athènes, tous les procédés qui ne pouvaient convenir qu’à une langue née de la synthèse. […] Mais pourtant, les grammairiens commençaient à perdre le sens de ces locutions ; car quelques-uns usaient déjà de l’apostrophe pour marquer par ce signe la chute de l’e qu’ils croyaient supprimé. […] Ce fut postérieurement que, l’assimilant à la seconde personne, caractérisée par l’s final, on écrivit je crois, je rends, je dis, au lieu de je croi, je ren, je dy, etc. […] Jusqu’alors l’instinct avait tout fait ; or, à partir de la Renaissance, la réflexion se crut en droit d’intervenir. […] Tout imbus de l’antiquité qu’ils traduisaient avec enthousiasme, ils crurent lui rendre hommage, en calquant les mots sur le latin savant.

145. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Diderot, 1713-1784 » pp. 303-312

J’ai un masque qui trompe l’artiste : soit qu’il y ait trop de choses fondues ensemble, soit que, les impressions de mon âme se succédant très-rapidement et se peignant toutes sur mon visage, l’œil d’un peintre ne me retrouvant pas le même d’un instant à l’autre, sa tâche devienne beaucoup plus difficile qu’il ne la croyait. […] Il y a vingt ans que je vis ici ; mais j’ai toujours gardé de l’amitié pour les Français, et je me suis cru quelquefois trop heureux de trouver l’occasion de les servir, comme il m’arrive aujourd’hui avec vous. […] Si vous me rencontrez dans les rues, je vous demande, pour toute récompense d’un service que je crois de quelque importance, de ne me pas reconnaître, et si par hasard il était trop tard pour vous sauver, et qu’on vous prît, de ne me pas dénoncer. » Cela dit, mon homme disparut, et laissa le président de Montesquieu dans la plus grande consternation. […] oh oui, je crois le savoir à présent… Si cet homme vous avait été envoyé par… — Épargnez, s’il vous plaît ! 

146. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

Il est à croire que chez les Grecs l’ accusateur n’était pas admis à la réplique. […] Personne, à ne pas le connaître, n’aurait cru devoir redouter un concurrent si dénué des fortes armes de l’éloquence. Mais lorsque son adversaire l’avait échauffé en le réfutant, et croyait l’avoir terrassé, tout-à-coup il se relevait avec une force effrayante. […] Chaque soldat va se croire un héros et se persuadera que son nom passera à la postérité. […] Le désir de savoir. — Et qui peut vous faire croire ?....

147. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Supplément aux exemples. »

Puis, croyez aux discours de ces vieilles personnes Qui trompent la jeunesse ! […] Mais du temple voisin, quand la cloche sacrée Annonça qu’un mortel avait quitté le jour, Chaque son retentit dans mon âme navrée,          Et je crus mourir à mon tour. […] Dieu submergea, Je travaillais dans l’ombre, — et je songeais déjà, Tandis que j’écrivais — sans peur, mais sans système, Versant le barbarisme à grands flots sur le thème, Inventant aux auteurs des sens inattendus, Le dos courbé, le front touchant presqu’au Gradus, Je croyais, car toujours l’esprit de l’enfant veille, Ouïr, confusément, tout près de mon oreille.

148. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gresset. (1709-1777.) » pp. 291-296

Il était beau, brillant, leste et voltage, Aimable et franc, comme on l’est au bel âge, Né tendre et vif, mais encore innocent : Bref, digne oiseau d’une si sainte cage, Par son caquet digne d’être en couvent…     Admis partout, si l’on en croit l’histoire, L’oiseau chéri mangeait au réfectoire : Là tout s’offrait à ses friands désirs ; Outre qu’encor pour ses menus plaisirs, Pour occuper son ventre infatigable, Pendant le temps qu’il passait hors de table, Mille bonbons, mille exquises douceurs, Chargeaient toujours les poches de nos sœurs. […] Eloge unique et difficile à croire Pour tout parleur qui dit publiquement, Nul ne dormait dans tout son auditoire : Quel orateur en pourrait dire autant ? […] Sur cet exemple on peut ici m’en croire : Trop de talents, trop de succès flatteurs, Traînent souvent la ruine des mœurs.

149. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Descartes, 1596-1650 » pp. 9-14

Toutefois je ne trouve pas fort étrange qu’un esprit grand et généreux comme le vôtre ne se puisse accommoder à ces contraintes serviles auxquelles on est obligé dans la cour ; et puisque vous m’assurez tout de bon que Dieu vous a inspiré de quitter le monde, je croirais pécher contre le Saint-Esprit si je tâchais à vous détourner d’une si sainte résolution1 ; même vous devez pardonner à mon zèle, si je vous convie de choisir Amsterdam pour votre retraite, et de préférer cette ville, je ne dirai pas seulement à tous les couvents des capucins et des chartreux, mais aussi à toutes les plus belles demeures de France et d’Italie2. […] Ainsi je m’assure que vous me souffrirez mieux si je ne m’oppose point à vos larmes, que si j’entreprenais de vous détourner d’un ressentiment2 que je crois juste ; mais il doit néanmoins y avoir quelque mesure, et comme ce serait être barbare de ne se point affliger du tout lorsqu’on en a du sujet, aussi serait-ce être trop lâche de s’abandonner entièrement au déplaisir. […] Je sais bien que je ne vous apprends ici rien de nouveau ; mais on ne doit pas mépriser les bons remèdes pour être vulgaires, et m’étant servi de celui-ci avec fruit, j’ai cru être obligé de vous l’écrire ; car je suis votre très-humble et très-obéissant serviteur.

150. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fléchier 1632-1710 » pp. 84-88

Si l’on vous annonce que je suis noyé, n’en croyez rien, et laissez demander mon évêché à ceux qui le croiront vacant. […] On croit d’abord qu’on ne peut ni penser ni dire autrement ; mais après qu’on y a fait réflexion, on voit bien qu’il n’est pas facile de penser ou de dire ainsi.

151. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Florian 1755-1794 » pp. 473-479

Si le chat n’avait rien dit, tous auraient cru voir ces merveilles. […] Beaucoup de personnes pourtant, cherchant à se faire illusion, ou ne pouvant pas croire au mal, par je ne sais quelle mollesse de caractère qui croit anéantir le danger qu’elle se dissimule, beaucoup de personnes s’obstinaient à dire : « Ce n’est rien. » 2.

152. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Retz, 1614-1679 » pp. 38-42

Il ne considérait l’État que pour sa vie4 ; mais jamais ministre n’a eu plus d’application à faire croire qu’il en ménageait l’avenir. […] Cet air de honte et de timidité que vous lui voyez dans la vie civile s’était tourné dans les affaires en air d’apologie1 ; il croyait toujours en avoir besoin : ce qui, joint à ses Maximes qui ne marquent pas assez de foi à la vertu2, et à sa pratique, qui a toujours été de chercher à sortir des affaires avec autant d’impatience qu’il y était entré, me fait conclure qu’il eût beaucoup mieux fait de se connaître et de se réduire à passer, comme il l’eût pu, pour le courtisan le plus poli et pour le plus honnête homme, à l’égard de la vie commune, qui eût paru dans son siècle. […] Il veut dire qu’il croyait nécessaire de se défendre, d’excuser ses raisons d’agir. — Ce portrait est d’un ennemi, maître expert dans l’art de piquer un amour-propre, de déchirer le patient, même quand il a l’air de le caresser.

153. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre X. Petits poèmes. »

Phèdre, le plus remarquable des deux et le meilleur auteur de fables qu’aient eu les Latins, crut ce genre d’écrire susceptible d’embellissement. […] J’ai, je crois, mon affaire :         Celle-ci ne pèse pas tant. […] Elle s’adresse à tous ceux que trompe le nom de la liberté, et qui croient qu’elle consiste à se révolter contre les lois, à secouer le joug d’un devoir. […] Ce serait une erreur de croire qu’il suffit au poète d’effleurer les choses ; il doit les creuser et les approfondir. […] Mais on croit que les Amphion, les Orphée le faisaient.

154. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Avertissement de l’auteur sur la seconde édition. » pp. -

Je n’ai pas manqué depuis de le faire, pour contribuer de plus en plus à la saine instruction de la jeunesse ; et je crois devoir dire ici que j’ai été encouragé à continuer ce travail, par les suffrages dont les bons instituteurs ont honoré la première Édition ; par le jugement favorable qu’en ont rendu les journalistes français ; par la mention flatteuse qu’en a faite l’auteur de la Bibliothèque (allemande) des Sciences et des Arts, et par l’annonce de la Traduction qui en a été publiée en cette langue à Léipsick, avec des additions sur la littérature allemande. […] Mais j’ai ajouté un assez grand nombre d’articles ; j’en ai développé bien d’autres avec beaucoup plus d’étendue, et je crois n’avoir rien omis, pour offrir, dans cette nouvelle Édition, un petit Cours complet des Belles-Lettres, où l’on pourra puiser les notions essentielles de toutes les parties de la littérature, depuis les premiers éléments de notre langue, jusqu’aux règles du Poème épique.

155. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XV. de l’élocution  » pp. 203-216

Tout ceci ne signifie pas que les anciens aient eu tort d’établir ces distinctions ; mais je crois que ceux qui les ont interprétés les ont parfois mal compris. […] Je me crois donc autorisé à appliquer ces différents préceptes au ton. […] Villemain : « Il ne faut pas croire que le style soit une chose à part, qu’on puisse en quelque sorte enlever et remettre, et qui ne tienne pas à toute la pensée. » D’où je conclus qu’il ne faut rien faire pour l’amour des mots, puisque les mots ne sont faits que pour les choses ; que la meilleure méthode pour avoir un style, c’est de songer beaucoup plus à ce qu’on dira qu’à la façon dont on le dira ; la pensée, comme parlait Zénon, teindra l’expression, verba sensu tincta esse oportet. […] L’antiquité se raille avec raison de ceux qui se croyaient des Salluste, quand ils avaient saupoudré un chapitre d’une pincée d’archaïsmes, ou des Cicéron, quand ils avaient clos une période par un ronflant esse videatur.

156. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Chateaubriand 1768-1848 » pp. 222-233

On croit y entendre retentir cette malédiction du prophète : « Venient tibi duo hœc subito in die una, sterilitas et viduitas. […] Souvent, dans une grande plaine, j’ai cru voir de riches moissons4 ; je m’en approchais : des herbes flétries avaient trompé mes yeux. […] Ces nues ployant et déployant leurs voiles, se déroulaient en zones diaphanes de satin blanc, se dispersaient en légers flocons d’écume, ou formaient dans les cieux des bancs d’une ouate éblouissante, si doux à l’œil, qu’on croyait ressentir leur mollesse et leur élasticité2. […] Ma conviction est sortie du cœur ; j’ai pleuré et j’ai cru. » 1.

157. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Saint-Simon, 1675-1755 » pp. 223-233

Le duc de Beauvilliers2, debout auprès d’eux, l’air tranquille et froid, comme à chose non avenue ou à spectacle ordinaire, donnait ses ordres pour le soulagement des princes, pour que peu de gens entrassent, quoique les portes fussent ouvertes à chacun, en un mot pour tout ce qu’il était besoin, sans empressement, sans se méprendre en quoi que ce soit ni aux gens ni aux choses ; vous l’auriez cru au lever ou au petit couvert servant à l’ordinaire. […] Je voulais douter encore, quoique tout me montrât ce qui était ; mais je ne pus me résoudre à m’abandonner à le croire que le mot ne m’en fût prononcé par quelqu’un à qui on pût ajouter foi1. […] Je ne sais pas trop si je réussis bien ; mais au moins est-il vrai que ni joie ni douleur n’émoussèrent ma curiosité, et qu’en prenant bien garde à conserver toute bienséance, je ne me crus pas engagé par rien au personnage douloureux. […] « Fénelon eut le fiel de la colombe, dont ses reproches les plus aigres imitaient les gémissements ; et parce que Bossuet parlait plus haut, ou le croyait plus emporté.

158. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Pascal, 1623-1662 » pp. 56-71

Et croyez-vous qu’un seul suffise pour condamner un homme à mort ? […] Je laisse aux personnes judicieuses à remarquer l’importance de cet abus qui pervertit l’ordre des sciences avec tant d’injustice ; et je crois qu’il y en aura peu qui ne souhaitent que cette liberté 3 s’applique à d’autres objets, puisque les inventions nouvelles sont infailliblement des erreurs dans les matières1 que l’on profane impunément, et qu’elles sont absolument nécessaires pour la perfection de tant d’autres sujets incomparablement plus bas, que toutefois on n’oserait toucher. […] Qui se considérera de la sorte s’effrayera de soi-même, et, se considérant soutenu dans la masse que la nature lui a donnée entre ces deux abîmes de l’infini et du néant, il tremblera dans la vue de ces merveilles ; et je crois que sa curiosité se changeant en admiration, il sera plus disposé à les contempler en silence qu’à les rechercher avec présomption. […] Et ceux qui méprisent le plus les hommes, et qui les égalent aux bêtes, encore veulent-ils en être admirés et crus, et se contredisent à eux-mêmes par leur propre sentiment, leur nature, qui est plus forte que tout, les convainquant de la grandeur de l’homme plus fortement que la raison ne les convainc de leur bassesse. […] Il ne faut pas que l’homme croie qu’il est égal aux bêtes, ni aux anges3, ni qu’il ignore l’un et l’autre, mais qu’il sache l’un et l’autre.

159. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

Je crois que je n’irai pas emprunter celle de mon voisin. […] Il faut bien se garder de croire que la noblesse ne convienne qu’à un certain genre d’ouvrages ou de compositions. […] Ce que Jésus-Christ est venu chercher du ciel en ferre, ce qu’il a cru pouvoir, sans se ravilir, racheter de son sang, n’est-ce qu’un rien ? […] Si vous croyez, ma fille, que cette invention soit bonne pour vendre votre terre, vous pouvez vous en servir. […] Nous croyons même qu’il y a d’autres passions plus nobles et plus fécondes.

160. (1827) Résumé de rhétorique et d’art oratoire

Ils fondèrent ce système sur les analogies qu’ils aperçurent ou crurent apercevoir entre les divers objets. […] Ceux qui l’ont vu plaider, ajouta-t-il, ne croient pas qu’aucun orateur ait été plus accompli. […] Croyez-vous que les choses du moins fussent égales ? […] et vous croyez être ce seul heureux dans le grand nombre qui périra ? vous qui avez moins sujet de le croire que tout autre ; vous sur qui seul la sentence de mort devrait tomber !

161. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VII. des passions  » pp. 89-97

Et cependant de deux choses l’une : ou vous croyez qu’il éprouve à la fois des passions exclusives l’une de l’autre, puisqu’il les exprime également bien, et alors vous admettez l’impossible ; ou vous ne croyez pas qu’il les éprouve, quoiqu’il les exprime également bien, et alors votre précepte est obscur ou vide. […] N’employez que la raison, vos auditeurs ou vos lecteurs pourront approuver votre opinion ; mais arrivez à exciter la passion, ils voudront que votre opinion soit vraie, et ce qu’on veut, on le croit aisément.

162. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Molière, (1622-1673.) » pp. 205-211

Bref c’est une merveille ; Et j’en ai refusé cent pistoles, crois-moi, Au retour 8 d’un cheval amené pour le roi. […] Je crois qu’enfin je perdrai patience. […] « S’il nous était enjoint de désigner précisément, observe un de nos critiques, le jour, le lieu et l’heure où Molière se révéla en quelque sorte à Louis XIV, et reçut de lui sa mission de poursuivre les ridicules du siècle, nous ne croirions pas nous tromper en disant que ce fut à Vaux, lorsque l’imprudent Fouquet voulut étaler devant le monarque les splendeurs de sa magnifique demeure. » Néanmoins, dans la comédie qui fut jouée à cette occasion, la scène que nous offrons ici ne se trouvait pas d’abord : ce fut après la représentation que le roi, félicitant l’auteur, lui indiqua un personnage de fâcheux qu’il avait oublié, celui du courtisan chasseur ; et il paraît assez certain que l’original de ce caractère était le marquis de Soyecourt, qui obtint en effet, un peut plus tard, la charge de grand veneur, pour laquelle il avait dès longtemps une vocation très-marquée.

163. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Béranger 1780-1859 » pp. 488-497

toujours enclin ; Mais je me crus des droits au nom de sage, Lorsqu’on m’apprit le métier de Franklin4. […]   Longtemps aucun ne l’a cru ;   On disait : Il va paraître ;   Par mer il est accouru ;   L’étranger va voir son maître. […] On croit entendre la voix chevrotante de l’aïeule.

164. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Trajan, parvenu à l’empire, refusa pendant longtemps ce titre, et ne le prit, que quand il crut l’avoir mérité. […] Et dans ce temps guerrier et fécond en Achilles, Croit que l’on fait les vers comme l’on prend les villes. […] Croiriez-vous par là montrer de la finesse, de la profondeur, de l’esprit ? […] Déceler, c’est nommer celui qui a fait la chose, mais qui ne veut pas en être cru l’auteur. […] Quant aux figures de pensées, il y a un si grand rapport entre elles et les différentes espèces de style, que je crois devoir en parler conjointement.

165. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXIII. des figures. — tropes d’invention et tropes d’usage  » pp. 323-338

Vous vous dites le plus malheureux des hommes, celle que vous aimez est la plus belle des femmes ; personne ne le croit que vous ; et cependant, non-seulement on vous pardonne de l’affirmer, mais que cette infortune soit réellement étrange, cette beauté réellement extraordinaire, la vertu de votre bonne foi peut aller jusqu’à vaincre notre incrédulité. […] croyez-vous ce que vous affirmez ? […] Il était impossible à Malherbe lui-même de s’imaginer de pareils résultats, et dès que nous ne le croyons pas convaincu, nous l’estimons ridicule. […] Chimène ne peut mieux faire comprendre son amour à Rodrigue qu’en lui disant toute en larmes : Va, je ne te hais point… des dénégations répétées de la Fontaine : Ce n’était pas un sol, non, non, et croyez-m’en, Que le chien de Jean de Nivelle, je conclus la haute sagacité du prudent animal qui ne venait pas quand on l’appelait ; « Nec sum adeo informis… je ne suis pas si laid, » dit le berger de Virgile qui se croyait sans doute un fort beau berger.

166. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre IV. Beautés morales et philosophiques. »

Quelle est donc la compensation que trouve l’Ecclésiaste pour remplacer, dans un cœur fatigué de tout, le vide qu’y a laissé la jouissance de tout ce qu’il croyait capable de le remplir ? […] Je me crus philosophe en cessant d’être sage. […] Sottement abusé, tu les crois tes amis, Ces convives nombreux à tes festins admis : Ce flatteur assidu de tes vagues caprices, Qui, l’encensoir en main, courbé devant tes vices, Caresse tes erreurs, et se croit trop heureux, Quand lu laisses sur lui d’un regard dédaigneux S’échapper, au hasard, la faveur passagère. […] Crois-tu la conserver sans soins ?

167. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Notions préliminaires. »

Si ce sont des actions, il faut que dans leur espèce, elles soient aussi belles qu’on puisse l’imaginer, et qu’on ait quelque raison de croire qu’elles ont été ou qu’elles ont pu être réellement faites. Si ce sont des sentiments, il faut que dans leur espèce, ils soient aussi beaux qu’on puisse l’imaginer, et que l’on ait quelque raison de croire qu’un homme en aurait ou pourrait en avoir de pareils dans une semblable circonstance. Si ce sont des images, il faut que dans leur espèce, elles soient aussi belles qu’on puisse l’imaginer, et qu’on ait quelque raison de croire que les objets dont elles sont les copies exactes, existent ou peuvent exister. […] Qu’on suppose une action accompagnée des plus favorables circonstances qui puissent la relever ; un homme vertueux parfait dans son genre ; un scélérat qui le soit aussi dans le sien : on verra que ces diverses circonstances, ces différentes vertus, ces différents vices existent, ou peuvent exister ; qu’ils existent, parce qu’on en trouve des exemples dans les temps passés, ou dans le siècle présent ; qu’ils peuvent exister, parce qu’ils ne choquent nullement notre raison, et que bien plus, nous avons quelque sujet de croire à leur existence réelle. […] On croirait que rien ne peut les ennoblir.

168. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XIII. » pp. 104-105

« Si Corneille en avait cru Aristote, il se serait interdit le dénoûment de Rodogune  et, si nous en croyons Dacier, ce dénoûment est un des plus mauvais, car il est d’une espèce inconnue aux anciens et rejetée par Aristote.

169. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — André de Chénier 1762-1794 » pp. 480-487

Une plaie ardente, envenimée, Me ronge ; avec effort je respire, et je crois Chaque fois respirer pour la dernière fois. […] Le critique imprudent, qui se croit bien habile, Donnera sur ma joue un soufflet à Virgile. […] Vauvenargues disait : « Il ne faut pas croire que le caractère original doive exclure l’art d’imiter.

170. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Le Sage, 1668-1747 » pp. 216-222

Vous croyez qu’il est temps que je songe à la retraite. — Je n’aurais pas été assez hardi, lui dis-je, pour vous parler si librement, si Votre Grandeur ne me l’eût ordonné. […] Il suffit que le poëte croie s’entendre. — Tu te moques de moi, interrompis-je, mon ami. […] Notons aussi ce portrait de La Bruyère : « Je le sais, Théobalde, vous êtes vieilli ; mais voudriez-vous que je crusse que vous êtes baissé, que vous n’êtes plus poëte ni bel esprit, que vous êtes aussi mauvais juge de tout genre d’ouvrage que méchant auteur, que vous n’avez plus rien de naïf et de délicat dans la conversation ?

171. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre IV. — Du Style. »

Je dirai : J’étais là ; telle chose m’avint :     Vous y croirez être vous-même. […] On croirait que la pierre docile s’est ployée sous le doigt de l’architecte ; elle paraît, si l’on peut le dire, pétrie selon les caprices de son imagination. […] Il ne faut pas croire cependant que la Noblesse du style rejette les idées les plus simples, celles qui ne représentent que les choses les plus ordinaires. […] César devait remporter sur Pompée ; il combattait ou paraissait combattre pour l’égalité des droits ; il attaque cette égalité lorsqu’il se croit le maître : il est immolé. […] Ton globe, qui brillait dans la droite profonde, Soleil éblouissant, qui faisait croire au monde Que le jour désormais se levait à Madrid, Maintenant, astre mort, dans l’ombre s’amoindrit, Lune aux trois quarts rongée et qui décroît encore, Et que d’un autre peuple effacera l’aurore !

172. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIX. des qualités accidentelles du style. — noblesse, richesse, énergie, sublime  » pp. 257-273

D’autres, au contraire, redoutant par-dessus tout le reproche de pédantisme, affectent le langage badin dans les plus graves questions, croient de bon ton de traiter toutes choses d’une façon leste et dégagée, ou sèment les fleurs et les paillettes sur la pourpre et les robes de deuil. […] Or supposons, ce que je ne crois pas d’ailleurs, que la dignité du barreau défendit en effet à d’Aguesseau d’employer ce terme, il est évident qu’il n’eût été nullement déplacé, dans un autre ouvrage, par exemple, dans un livre de critique sur la Comédie italienne. […] J’appellerai également riches ou fécondes ces phrases de Florus que loue Montesquieu : Florus nous représente en peu de paroles toutes les fautes d’Annibal : « Lorsqu’il pouvait, dit-il, se servir de la victoire, il aima mieux en jouir ; quum victoria posset uti, frui maluit. » Il nous donne une idée de toute la guerre de Macédoine, quand il dit : « Ce fut vaincre que d’y entrer ; introisse victoria fuit. » Il nous donne tout le spectacle de la vie de Scipion, quand il dit de sa jeunesse : « C’est le Scipion qui croît pour la destruction de l’Afrique ; hic crit Scipio qui in exitium Africæ crescit. » Vous croyez voir un enfant qui croit et s’élève comme un géant.

173. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Boileau 1636-1711 » pp. 401-414

Vainement, offusqué5 de ses pensers épais, Loin du trouble et du bruit il croit trouver la paix. […] Ils croiraient s’abaisser dans leurs vers monstrueux, S’ils pensaient ce qu’un autre a pu penser comme eux. […] » Nous lisons dans Régnier : Maints fascheux accidents surprennent sa vieillesse : Soit qu’avec du soucy gaignant de la richesse, Il s’en deffend l’usage, et craint de s’en servir, Que tant plus il en a, moins s’en peut assouvir ; Ou soit qu’avec froideur il face toute chose, Imbécile, douteux, qui voudroit et qui n’ose, Dilayant, qui tousjours a l’œil sur l’avenir, De léger il n’espère et croit au souvenir : Il parle de son temps, difficile et sévère ; Censurant la jeunesse, use des droits d’un père Il corrige, il reprend, hargneux en ses façons, Et veut que tous ses mots soient autant de leçons. […] Je veux un sublime si familier, si doux et si simple, que chacun soit d’abord tenté de croire qu’il l’aurait trouvé sans peine, quoique peu d’hommes soient capables de le trouver.

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