L’ordre est une condition essentielle de la beauté : la nature nous en offre le modèle et l’exemple ; les anciens étaient tellement frappés de cette vérité, qu’ils ont donné à l’univers le nom de Cosmos, qui signifie ordre. Les arts, qui imitent la nature, doivent aspirer comme elle à l’ordre, à l’harmonie. […] C’est l’ordre : si les objets y étaient confus, déplacés, pêle-mêle, l’œil les repousserait avec dégoût. […] L’univers ne se maintient que par l’ordre ; si cet ordre venait à se troubler, tout périrait. » § I. […] Si j’interromps cet ordre de mon discours, pardonnez un peu de confusion dans un sujet qui nous a causé tant de troubles.
L'ordre grammatical serait : Oportebat jampridem te, Catilina, duci ad mortem, jussu consulis. […] L'ordre naturel demandait qu’on mît : In duas partes divisam esse. […] Mais des raisons d’intérêt et d’harmonie prescrivaient à l’orateur un ordre différent. […] Voilà l’ordre d’intérêt. […] Que l’on pourrait appeler aussi ordre analytique, parce qu’il suit en tout point l’analyse de la pensée.
L’ordre. […] C’est la division générale ; mais telle pensée peut être puisée dans l’ordre moral, telle autre dans l’ordre métaphysique, etc. […] Son talent sera de les arranger dans l’ordre le plus propre à obtenir l’effet qu’il désire. […] Lorsque l’ordre des pensées est établi, on examine quelle marche on doit suivre dans leur exposition. […] En descendant vous retrouvez les mêmes beautés dans un ordre différent.
Il est sans doute des idiomes où l’on est libre de renverser cet ordre, mais alors on doit le remplacer en indiquant les rapports par des inflexions ou désinences qui modifient les vocables eux-mêmes. Et comment déterminer ces désinences, si l’esprit n’a préalablement arrêté les relations entre les idées dans l’ordre que je viens d’énoncer118 ? […] Pathétique, c’est à l’âme qu’elle parle ; elle se conforme non plus à l’ordre des faits ni à l’ordre logique, mais à celui des impressions que ressent ou veut exciter l’écrivain ; celle-ci est plus familière à l’orateur et donne au style l’énergie, la vivacité, l’entrainement. […] On voit que cette liberté de changer l’ordre analytique et de faire du premier vers le second et du second le premier ajoute à l’élégance et à l’harmonie. […] Il y a plus, les esprits sévères ont voulu conserver cet ordre naturel même dans les langues synthétiques ou transpositives.
Dieu n’a pas créé le chaos, il a créé le monde, qu’un ancien définissait : l’ordre dans la grandeur. […] « L’ordre, dit Fénelon, est ce qu’il y a de plus rare dans les opérations de l’esprit. […] Le style n’est, selon Condillac, que la liaison des idées ; selon Buffon, que l’ordre et le mouvement qu’on met dans ses pensées. […] D’où vient que l’ordre sera la source de la chaleur, facundia, et de la lumière, lucidus ? […] Cet ordre s’applique à tout.
Pour traiter avec charme un sujet sérieux, l’auteur doit rechercher trois qualités essentielles : l’intérêt du sujet même, l’ordre, la beauté de l’élocution. […] L’ordre est surtout nécessaire dans une composition où la raison a la plus grande part. Pourtant cet ordre ne doit pas être trop apparent, trop rigoureux : il en résulterait une sécheresse pédantesque et rebutante. […] Ce genre est le plus facile, parce qu’il ne demande ni invention, ni ordre, ni ensemble, ni disposition de parties ; il présente une succession de tableaux dont chacun séparément peut avoir du mérite, mais dont la réunion offre une fastidieuse monotonie.
La disposition, qui met dans les idées l’ordre et l’enchaînement nécessaires pour que chacune soit à sa place et produise son effet, n’est pas moins indispensable que l’invention. […] Pour argumenter, il s’agit d’abord de déterminer à quel ordre de vérités appartient la thèse à démontrer. Il y a trois ordres de vérités susceptibles de démonstration : Les vérités d’évidence, Les vérités d’expérience, Les vérités de témoignage. […] La construction est simple ou naturelle quand elle suit rigoureusement un ordre analytique. Mais la construction usuelle s’éloigne parfois de cet ordre, Soit pour flatter l’oreille, et alors elle est euphonique ; Soit pour obéir à l’ordre chronologique des faits, et alors elle est historique ; Soit pour rendre plus vivement la passion, et alors elle est pathétique ou figurée.
L’ordre moral et l’ordre physique sont ainsi confondus par les mots. […] L’hyperbate est une figure par laquelle on renverse l’ordre naturel des mots. […] La métaphore unit très souvent l’ordre physique à l’ordre moral : Rayons (ordre physique) de la gloire de Dieu (ordre moral). La catachrèse ne sort pas ordinairement du même ordre de choses. […] Eloigne toi, voilà un serpent ; sans doute je suis l’ordre naturel dans mon esprit : car cet ordre me représente la fuite comme la première chose nécessaire, et le serpent comme le motif qui doit engager à fuir, mais pour mon ami, cet ordre n’est pas le même.
Les vers suivis ou égaux sont des vers de même mesure ; les vers sont croisés quand des vers de mesure inégale reviennent à tour de rôle et avec symétrie ; ils sont mêlés quand on admet des mètres inégaux sans s’astreindre à conserver entre eux un ordre régulier. […] Les rimes croisées s’entrelacent dans un certain ordre et avec une certaine symétrie qu’on voit régner ensuite dans toute la pièce. Les rimes mêlées sont celles qui se succèdent sans aucun ordre, sauf toutefois la règle qui fait alterner les rimes masculines et les rimes féminines. […] Les stances sont des groupes composés de vers semblables, revenant dans le même nombre et dans le même ordre, présentant un sens complet, et coupés à l’intérieur par des repos semblablement espacés. […] En effet, chez les Grecs et les Romains, les groupes dont les odes se composaient étaient formés de vers d’une mesure déterminée qui revenaient toujours dans le même ordre ; c’est ce que signifie le mot grec strophe, en français tour.
Abondant et méthodique, il tenait avant tout à l’enchaînement du discours, et à l’ordre d’un plan suivi. […] Les pierres et les métaux polis par notre art ne sont pas comparables à ce bijou de la nature : elle l’a placé dans l’ordre des oiseaux au dernier degré de l’échelle de grandeur. […] Ordre et mouvement. […] « Tout auteur qui ne donne point cet ordre à son discours ne possède pas assez sa matière ; il n’a qu’un goût imparfait et un demi-génie. L’ordre est ce qu’il y a de plus rare dans les opérations de l’esprit : quand l’ordre, la justesse, la force et la véhémence se trouvent réunis, le discours est parfait.
L’ordre y est presque toujours le même, et l’on peut dire que cet ordre est fondé sur ta raison : dans toute proposition, on énonce d’abord le nom de la personne ou de la chose qui agit, ensuite l’action, puis l’objet sur lequel tombe l’action, en sorte que les idées se classent, non d’après l’importance que l’imagination donne à chaque objet, mais suivant l’ordre indiqué par la raison et par la succession des faits. […] Cet ordre fut, dit-on, le fruit des premiers vers. […] Marius et de plusieurs citoyens distingués, battus de verges par l’ordre des magistrats romains. […] Les arts, dont une des lois suprêmes est l’imitation de la nature, ne vivent, comme elle, que par l’ordre et la disposition. […] Enfin, elles doivent se succéder dans un ordre tel, que l’intérêt aille toujours croissant.
Par quel ordre, ô soleil, viens-tu du sein de l’onde Nous rendre les rayons de ta clarté féconde ? […] Mais pour lui, que jamais ces miracles n’étonnent, Stupide spectateur des biens qui t’environnent, O toi qui follement fais ton Dieu du hasard, Viens me développer ce nid qu’avec tant d’art, Au même ordre toujours architecte fidèle, A l’aide de son bec maçonne l’hirondelle3. […] Une attentive adresse Tous les jours m’en découvre et l’ordre et la sagesse. De cet ordre secret reconnaissons l’auteur : Fut-il jamais des lois sans un législateur ? […] L’auteur a entrepris de développer cette pensée de Pascal : « A ceux qui ont de la répugnance pour la religion, il faut commencer par montrer qu’elle n’est pas contraire à la raison ; puis, qu’elle est vénérable ; faire souhaiter qu’elle soit vraie et montrer ensuite qu’elle est vraie, et enfin qu’elle est aimable. » Le plan, dit La Harpe, est parfaitement tracé ; les preuves sont bien choisies, fortifiées par leur enchaînement et déduites dans un ordre lumineux.
C’est un corps animé d’une infinité de passions différentes qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie ; c’est une troupe d’hommes armés qui suivent aveuglément les ordres d’un chef dont ils ne savent pas les intentions ; c’est une multitude d’âmes pour la plupart viles et mercenaires, qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants ; c’est un assemblage confus de libertins qu’il faut assujettir à l’obéissance, de lâches qu’il faut mener au combat, de téméraires qu’il faut retenir, d’impatients qu’il faut accoutumer à la confiance. » Vous pressentez la conclusion, et vous voyez comment la définition de l’idée armée sert de développement à cette proposition : le commandement est chose difficile. […] L’énumération, dans un ordre régulier, de tous les éléments dont se compose l’objet défini. […] On sent, comme le philosophe, que pour avoir une connaissance de cette campagne, il faut arrêter ses regards successivement d’un objet sur un autre, observant d’abord ceux qui appellent plus particulièrement l’attention, qui sont plus frappants, qui dominent, autour desquels et pour lesquels les autres semblent s’arranger ; ensuite, quand on a la situation respective des premiers, passant successivement à tous ceux qui remplissent les intervalles ; enfin, ne décomposant ainsi que pour recomposer, afin qu’une fois les connaissances acquises, les choses, au lieu d’être successives, aient dans l’esprit le même ordre simultané qu’elles ont au dehors. […] On décompose de même ; on se retrace les parties de sa pensée dans un ordre successif pour les rétablir dans un ordre simultané ; on fait cette décomposition et cette recomposition en se conformant aux rapports qui sont entre les choses, comme principales et comme subordonnées, et parce qu’on n’analyserait pas une campagne, si la vue ne l’embrassait pas tout entière, on n’analyserait pas sa pensée, si l’esprit ne l’embrassait pas tout entière également. » Analyser n’est donc autre chose qu’exposer dans un ordre successif les parties dont se compose une idée, et leur rendre ensuite l’ordre simultané dans lequel elles coexistent dans l’esprit.
D’autres découvertes précoces et restées célèbres prouvèrent qu’en tout ordre de connaissances son regard avait une intuition divinatrice. […] Et alors, si l’ordre de Dieu les oblige d’abandonner au supplice le corps de ces misérables, le même ordre de Dieu les oblige de prendre soin de leurs âmes criminelles ; et c’est même parce qu’elles sont criminelles qu’ils sont plus obligés à en prendre soin : de sorte qu’on ne les envoie à la mort qu’après leur avoir donné moyen de pourvoir à leur conscience. […] La nature les instruit à mesure que la nécessité les presse ; mais cette science fragile se perd avec les besoins qu’ils en ont : comme ils la reçoivent sans étude, ils n’ont pas le bonheur de la conserver ; et toutes les fois qu’elle leur est donnée, elle leur est nouvelle, puisque la nature n’ayant pour objet que de maintenir les animaux dans un ordre de perfection bornée, elle leur inspire cette science nécessaire, toujours égale, de peur qu’ils ne tombent dans le dépérissement, et ne permet pas qu’ils y ajoutent, de peur qu’ils ne passent les limites qu’elle leur a prescrites3. […] L’homme est visiblement fait pour penser : c’est toute sa dignité et tout son mérite ; et tout son devoir est de penser comme il faut : or l’ordre de la pensée est de commencer par soi, et par son auteur et sa fin. […] Ce second empire me paroît même d’un ordre d’autant plus élevé que les esprits sont d’un ordre plus élevé que les corps ; et d’autant plus équitable qu’il ne peut être départi et conservé que par le mérite, au lieu que l’autre peut l’être par la naissance ou par la fortune.
Il y a une autre espèce de mobilité, qui est d’un bon secours pour déterminer l’ordre à suivre dans la description, ordre souvent si difficile à trouver, à cause de la simultanéité des différentes parties du tableau : cette mobilité est celle que l’on remarque dans les combats, les incendies, les naufrages, etc. Les divers changements qu’ils présentent indiquent l’ordre à suivre, ordre pour lequel, dans d’autres cas, il faut souvent se contenter d’un examen sur l’ensemble, suivi d’une revue des détails. […] Le fond du poème indique assez souvent alors l’ordre qu’il importe de suivre dans la description. […] Ils donnent lieu à des beautés de premier ordre, qui laissent dans l’esprit des impressions aussi délicieuses que profondes. […] Ce fait n’est point raconté dans ses détails suivant l’ordre des temps, comme dans la narration historique.
Ordre de ces parties. — 5. […] Ordre de ces parties. […] Ordre des preuves. […] Éviter avec soin l’ordre de gradation décroissante. […] Cet ordre même est l’ordre de leur importance et de leur énergie pour traduire la pensée et l’émotion.
L’ordre est la première nécessité dans un poème didactique. […] Il est assurément permis au poète de se jeter dans quelques écarts, d’obéir à son génie, de négliger l’ordre jusqu’à un certain point. […] Ainsi, malgré ce dérangement, l’idée d’ordre domine toujours ; et si le poète a pu tirer de là quelque agrément de plus pour son poème, personne ne songera à l’en blâmer. […] La beauté de l’élocution n’est pas moins nécessaire au poète didactique que l’ordre et la méthode. […] Cet ordre fut, dit-on, le fruit des premiers vers.
Mais lorsqu’il se sera fait un plan, lorsqu’une fois il aura rassemblé toutes les pensées essentielles de son sujet, il n’aura pas de peine à les mettre en ordre et à les rendre en style naturel, facile, intéressant et lumineux. Pour bien écrire, il faut donc posséder d’abord pleinement son sujet ; il faut y réfléchir assez pour voir clairement quel est l’ordre qu’on doit mettre dans ses pensées et en faire une chaîne continue, ce qui est le propre de la disposition, comme nous le verrons bientôt. […] Le narrateur, quelque soit l’ordre de choses où il puise ses faits, est soumis aux mêmes lois, en fait d’invention. […] Outre les mœurs qu’il doit posséder, l’orateur doit considérer un autre ordre de mœurs dans ses auditeurs. […] Mais si, dans les luttes judiciaires, les moyens de l’invention se présentent dans cet ordre, il est vrai de dire que, dans l’éloquence sacrée, dans les grands débats parlementaires, l’ordre contraire se présentera plus ordinairement.
Mais existe-t-il un ordre normal pour disposer les principaux groupes d’idées selon les divers genres d’écrits ? […] Mais dans les livres didactiques, dans l’éloquence démonstrative, délibérative et judiciaire, la dépendance réciproque des idées, comme on a pu le conclure de tout ce qui précède, ne s’accommode guère d’un ordre rigoureux, et varie au gré d’une foule de circonstances. […] L’auteur a-t-il à exposer deux opinions contraires, deux ordres de faits opposés, qui amènent, pour s’y absorber, une opinion éclectique ou un fait conciliateur, il présentera, l’une après l’autre, la thèse, l’antithèse et la synthèse. […] Ce sont là presque toujours les trois membres principaux de tout corps d’ouvrage et l’ordre dans lequel ils doivent se présenter. Rien d’absolu cependant, pas plus dans cet ordre que dans aucun autre ; et les anciens le reconnaissaient aussi.
Voilà trois ordres d’assentiment auxquels on peut rapporter les propositions de toute nature. On remarquera que les trois ordres se rencontrent en un point : poser des universaux et en déduire l’hypothèse à établir ; seulement, dans les deux derniers, la déduction est précédée d’une analyse, d’un examen, d’une induction dont le premier se passe ; il n’a pas besoin d’amener ses prémisses ; il lui suffit de les énoncer. […] Bien déterminer d’abord à quel ordre de vérités appartient la proposition à démontrer, et celle-ci une fois classée, arriver à l’idée générale dont il déduira l’hypothèse avec netteté et précision. […] Que son syllogisme dérive le plus souvent à l’épichérème de Cicéron ou à l’enthymème de Démosthène ; que la majeure ne soit pas invariablemen suivie de la mineure, et de concert avec elle n’amène pas invariablement la conclusion ; qu’il supprime certains membres de l’argumentation faciles à suppléer, ou que, en les développant, il en intervertisse l’ordre normal. […] C’est à l’écrivain à comparer, à peser les preuves, à se déterminer dans leur ordre et leur choix d’après son propre discernement, à se mouvoir, en un mot, en sens divers selon les vicissitudes du sujet.
L’ordre est-il nécessaire au poème didactique ? […] Or, il n’est guère possible qu’il y ait de la raison où il n’y a ni ordre ni méthode. […] L’ordre requis pour le poème didactique exclut-il les épisodes et les descriptions ? L’ordre que demande le poème didactique n’exclut pas cependant les épisodes et les descriptions. […] Or, le poème descriptif est loin de briller par l’ordre et l’ensemble, puisqu’il se compose de morceaux détachés.
C’est le consul qui donne à un ennemi l’ordre de sortir de Rome. […] L’ordre est exécuté : on l’arrache du doigt de L. […] Tout s’est fait par ordre du magistrat Sopater. […] On exécute cet ordre sans délai. […] Il ordonne de les arrêter : qui ne tremblerait à cet ordre ?
Quant aux preuves, il faut les disposer dans un ordre rigoureux. […] Quand on sait choisir entre ses idées et les disposer en bon ordre, on peut tout dire en moitié moins d’espace. […] L’art dont ils se servent est moins apparent et par là même il est d’un ordre plus relevé. […] Les travers de Philaminte et le bon sens d’Henriette sont d’un ordre plus relevé, comme aussi leur langage. […] Si les idées se rencontrent tumultueusement, sans ordre, la question restera toujours dans l’obscurité.
En effet, avec ce que je nomme l’intelligence, on démêle bien le vrai du faux ; on ne se laisse pas tromper par les vaines traditions ou les faux bruits de l’histoire ; on a de la critique, on saisit bien le caractère des hommes et des temps ; on n’exagère rien, on ne fait rien trop grand ou trop petit, on donne à chaque personnage ses traits véritables ; on écarte le fard, de tous les ornements le plus malséant en histoire, on peint juste ; on entre dans les secrets ressorts des choses, on comprend et on fait comprendre comment elles se sont accomplies ; diplomatie, administration, guerre, marine, on met ces objets si divers à la portée de la plupart des esprits, parce qu’on a su les saisir dans leur généralité intelligible à tous ; et quand on est arrivé ainsi à s’emparer des nombreux éléments dont un vaste récit doit se composer, l’ordre dans lequel il faut les présenter, on le trouve dans l’enchaînement même des événements ; car celui qui a su saisir le lien mystérieux qui les unit, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres, a découvert l’ordre de narration le plus beau, parce que c’est le plus naturel ; et si, de plus, il n’est pas de glace devant les grandes scènes de la vie des nations, il mêle fortement le tout ensemble, le fait succéder avec aisance et vivacité ; il laisse au fleuve du temps sa fluidité, sa puissance, sa grâce même, en ne forçant aucun de ses mouvements, en n’altérant aucun de ses heureux contours ; enfin, dernière et suprême condition, il est équitable, parce que rien ne calme, n’abat les passions comme la connaissance profonde des hommes. […] L’intelligence est donc, selon moi, la facilité heureuse qui, en histoire, enseigne à démêler le vrai du faux, à peindre les hommes avec justesse, à éclaircir les secrets de la politique et de la guerre, à narrer avec un ordre lumineux, à être équitable enfin, en un mot à être un véritable narrateur. […] Les partis se suivent, se poussent à l’échafaud, jusqu’au terme que Dieu a marqué aux passions humaines ; et de ce chaos sanglant sort tout à coup un génie extraordinaire qui saisit cette société agitée, l’arrête, lui donne à la fois l’ordre, la gloire, réalise le plus vrai de ses besoins, l’égalité civile, ajourne la liberté qui l’eût gêné dans sa marche, et court porter à travers le monde les vérités puissantes de la révolution française. […] On lui envoie une seconde armée sous les ordres de Wurmser ; il ne peut la battre qu’en se concentrant rapidement, et en frappant alternativement chacune de ces masses isolées ; en homme résolu, il sacrifie le blocus de Mantoue, écrase Wurmser à Lonato, à Castiglione, et le rejette dans le Tyrol ; Wurmser est renforcé de nouveau, comme l’avait été Beaulieu ; Bonaparte le prévient dans le Tyrol, remonte l’Adige, culbute tout devant lui à Roveredo, se jette à travers la vallée de la Brenta, coupe Wurmser qui croyait le couper lui-même, le terrasse à Bassano, et l’enferme dans Mantoue.
À peine les états-généraux furent-ils assemblés, que l’on vit éclater une funeste mésintelligence entre les trois ordres convoqués pour travailler de concert au bien commun, et à la régénération de toutes les parties de l’administration publique. Trop d’avidité d’une part à tout détruire, trop d’obstination peut-être de l’autre à vouloir tout conserver, firent éclore, entre les deux premiers ordres de l’état et les représentants des communes, une lutte qui affligea sensiblement le monarque, et déconcerta, dès cet instant, toutes les espérances d’amélioration que l’on avait cru pouvoir raisonnablement fonder sur cette célèbre convocation. Mais cette lutte même, quelque affligeante qu’elle fût pour les vrais amis de l’ordre et du repos des états, n’en servit que mieux la cause de l’éloquence, en mettant toutes les passions, tous les intérêts aux prises, dans le sein d’une assemblée, qui n’offrit plus qu’un champ de bataille, et dont chaque séance était un combat opiniâtre, au lieu d’une discussion sage et paisible des opinions contraires ; et la nation vit avec douleur ses représentants partagés en deux corps d’armée, également décidés à ne rien rabattre de leurs prétentions, à ne rien abandonner de leurs droits. […] Aussi, rentre-t-elle insensiblement dans le silence, à proportion que se calme l’effervescence des passions, que les choses rentrent dans l’ordre, et que les hommes reprennent leur place.
S’il est un genre de composition où l’ordre et la clarté soient nécessaires, c’est surtout l’histoire. […] L’ordre chronologique est nécessaire à l’histoire ; mais on est parfois obligé de s’en écarter, pour ne pas couper un récit et disloquer l’enchaînement des faits. […] La chronique est l’enfance de l’histoire : elle est naïve et de bonne foi ; elle raconte pour raconter ; elle ne se pique pas d’ordre ni de science, mais elle plait, elle intéresse par sa simplicité même et son abandon33. […] Les mémoires ne sont pas astreints à l’ordre, à la dignité sévère de l’histoire.
Après avoir recueilli les faits intéressants et vrais dont l’historien doit composer son ouvrage, il les arrangera dans l’ordre le plus convenable pour son dessein. […] Dans quel ordre faut-il placer alors ces événements ? […] Si les événements sont, au contraire, tout à fait indépendants, l’écrivain les met dans l’ordre qui lui semble le plus avantageux pour son sujet. […] Ils se regardèrent sans oser rien répondre ; enfin, étonnés d’avoir un tel roi, et honteux d’espérer moins que lui, ils reçurent avec admiration ses ordres pour la guerre. […] Réduit à l’ordre purement chronologique, il n’est pas exempt d’une certaine sécheresse, sous laquelle on reconnaît cependant avec plaisir un grand nombre de faits classés avec ordre et clarté ; des portrait^, des remarques et des réflexions qui donnent à cet ouvrage un nouveau prix.
La méthode n’est autre chose que l’ordre dans l’enseignement. […] Son premier soin sera donc de mettre l’ordre le plus clair, le plus précisât le plus exact dans la distribution et l’arrangement des matières. […] Mais, en général, un principe doit être assez bien développé pour qu’il puisse être saisi sans le secours d’un autre, qui doit le suivre dans l’ordre naturel des matières. […] Son style est vif et élégant ; mais il y a peu d’ordre dans son traité. […] Eu égard à l’ordre et à la méthode, la rhétorique de M.
En quoi consiste l’ordre ? […] On arrange ces preuves dans l’ordre le plus propre à frapper les esprits. […] L’hyperbate est une figure par laquelle on renverse l’ordre naturel des mots. […] On est obligé d’y recourir lorsqu’on veut faire passer une idée de l’ordre moral dans l’ordre physique. […] La métaphore unit le plus souvent, dans ses termes de comparaison, l’ordre physique à l’ordre moral, et, lorsque ces termes sont renfermés dans l’ordre physique seul, il y a toujours comparaison saillante et figure hardie ; la catachrèse, au contraire, ne sort pas de l’ordre physique, et n’est que l’imitation d’un autre objet.
Dans l’exposition des principes de la rhétorique, j’ai suivi l’ordre consacré par Aristote, Cicéron et Quintilien. […] Souvent ils présentent les trois propositions dans un ordre différent de celui des logiciens. […] Il se décharge sur eux du soin des faibles et des petits ; c’est par là qu’ils entrent dans l’ordre des conseils de sa sagesse éternelle. […] C’est le vrai moyen de mettre de la clarté dans ses idées, de l’ordre dans ses raisonnemens, de la suite et de la justesse dans ses pensées. […] L’obscurité nuit la confusion fatigue ; l’ordre, la clarté, la variété, la grâce charment l’esprit en l’éclairant.
Elle y introduit l’ordre, et met les choses dans leur véritable point de vue, chacune à la place où elle doit produire le plus d’impression et d’effet. […] L’ordre des preuves dépend des convenances du sujet. […] l’horreur de souscrire à cet ordre inhumain N’a pas, en le traçant, arrêté votre main ? […] Mes ordres n’ont encore assassiné personne. […] L’Hyperbate ou inversion, renverse l’ordre des mots.
L’ordre est ce qu’il y a de plus rare dans les opérations de l’esprit. Quand l’ordre, la justesse, la force et la véhémence se trouvent réunis, le discours est parfait. […] Sa dépense, qui était grande, se faisait avec tant d’ordre, qu’elle ne l’empêchait pas de dégager tout son domaine. […] L’ordre est à l’arrangement ce que l’âme est au corps, ce que l’esprit est à la matière. L’arrangement sans ordre est un corps sans âme.
En effet, si le sentiment de l’unité, de l’ordre, de la symétrie, des proportions exactes, est dans notre nature, elle comporte également et à un aussi haut degré celui de la variété, des contrastes, de la surprise. […] L’âme, comme le corps, ne supporte ni une longue inertie, ni une longue tension de force ; l’une et l’autre en usent les ressorts ; qu’au repos succède le mouvement, ou encore à un mouvement énergique un mouvement plus doux, pourvu toutefois que tous deux appartiennent au même ordre d’idées et se développent sur le même terrain. […] Sans prescrire les plaisirs de la surprise, qui compte aussi parmi les jouissances intellectuelles, sans nier ce besoin du nouveau, du piquant, de l’imprévu, qui doit nous réveiller par intervalles, qu’en général le passage d’un sentiment à un autre, d’un ordre d’idées à un ordre opposé, soit habilement ménagé et les grands effets amenés par une préparation et une gradation savantes. […] « Une longue uniformité, dit Montesquieu, rend tout insupportable : le même ordre de périodes longtemps continué accable dans une harangue, les mêmes nombres et les mêmes chutes mettent de l’ennui dans un long poème.
Pour conserver la charité qui est un bien d’un ordre supérieur. […] On l’a placé avec juste raison parmi les prédicateurs du premier ordre. […] Jaloux par piété d’y maintenir le bon ordre, il sut se faire obéir, craindre et aimer. […] Mais il faut bien prendre garde de ne point étaler ces ornements avec profusion et sans choix ; de ne point négliger le plan et la conduite du discours, l’ordre et la liaison des idées, la convenance et la clarté du style. […] L’écrivain ne devant parler qu’à la raison pour instruire, s’attache principalement au fond des choses, et à la manière de les présenter, c’est-à-dire, à l’ordre et à la méthode.