Que la vanité de leurs adeptes fasse une vertu de ce vice, on le conçoit ; le renom de comprendre seul ce qui est inintelligible au reste du monde chatouille l’amour-propre. […] J’ouvre l’Encyclopédie du xviiie siècle au mot Jargon, et je lis : « Jargon se dit : 1° d’un langage corrompu, tel qu’il se parle dans nos provinces ; 2° d’une langue factice dont quelques personnes conviennent pour se parler en compagnie, sans être entendues des autres ; 3° d’un certain ramage de société qui a quelquefois son agrément et sa finesse, et qui supplée à l’esprit véritable, au bon sens et aux connaissances, dans les personnes qui ont un grand usage du monde. […] Les meilleures idées du monde, affublées de sociantisme, de garantisme, de simpliste et de passionéité, rebuteront les esprits délicats. […] Parlerai-je du jargon d’Almack que nous ont fait connaître Byron et les romans de la haute vie anglaise, ou de celui des savants dont Sterne a dit : « De tous les jargons jargonnés dans ce monde jargonnant, le plus assommant, sans contredit, est le jargon du pédantisme ?
Charles se croyait le maître du monde dans les déserts de la Pologne, où il errait, et dans lesquels la Suède était comme répandue1, pendant que son principal ennemi se fortifiait contre lui, le serrait, s’établissait sur la mer Baltique, détruisait ou prenait la Livonie. […] Un empire cultivé par la nation du monde la plus industrieuse, et qui travaillait les terres par principe de religion, fertile et abondant en toutes choses, donnait à un ennemi toutes sortes de facilités pour y subsister. […] Villemain une page d’excellente critique sur cet épisode : « Ces trois périodes, dit l’éminent écrivain, présentent tout le tableau de l’histoire du monde. […] Walckenaer : « Seul il eût suffi à la gloire de cet écrivain, et il a donné seul la mesure de la force et de la grandeur de son génie. » Voici en quels termes Rivarol, ce grand improvisateur, a parlé aussi de Montesquieu (voy. la Revue des deux mondes, 1er juin 1849) : « Son regard d’aigle pénètre à fond les objets, et les traverse en y jetant la lumière.
Jupiter appelle cela gouverner le monde, et il a tort. […] — Ma foi, je l’ignore… Des inquisiteurs, d’eux-mêmes. — Outre que ce conseil est le plus secret qu’il y ait au monde, cet homme n’est pas fait pour en approcher. — Mais c’est peut-être un des espions qu’ils emploient. — A d’autres3 ! […] Bien que Diderot ait eu de graves écarts de doctrine, il a rendu plus d’un hommage aux vérités religieuses ; n’a-t-il pas écrit un jour, sous l’influence d’une profonde tristesse : « Ce fut alors que je sentis la supériorité de la religion chrétienne sur toutes les religions du monde, et quelle profonde sagesse il y avait dans ce que l’aveugle philosophe appelle la folie de la croix. […] On dit encore : un homme très-répandu dans le monde.
Il rentra ensuite dans le monde, et par une excellente comédie, l’une des pièces dont la réputation s’est maintenue au premier rang après celles de Molière2, il montra combien il avait étudié avec fruit la société de son temps, combien il en savait reproduire les mœurs et parler le langage. […] …………………………………………………………………………… Dans maint auteur de science profonde J’ai lu qu’on perd à trop courir le monde ; Très-rarement en devient-on meilleur4 : Un sort errant ne conduit qu’à l’erreur. […] Quand il avait débité sa science, Serrant le bec et parlant en cadence, Il s’inclinait d’un air sanctifié Et laissait là son monde édifié.
Lisez la vie de saint Louis ; vous verrez combien les grandeurs de ce monde sont au-dessous des désirs du cœur de l’homme5 ; il n’y a que Dieu qui puisse le rassasier. […] Personne au monde n’a autant besoin d’aide que moi. Ne me parlez jamais des obligations que vous m’avez, et regardez-moi comme dépouillée de tout ce qui m’environne, attachée au monde, mais voulant me donner à Dieu.
Voyez la naissance du monde ; Voyez… » Les spectateurs, dans une nuit profonde, Écarquillaient leurs yeux, et ne pouvaient rien voir : L’appartement, le mur, tout était noir. […] La vie Florian fut un homme heureux, un talent facile et riant que tout favorisa, dès son entrée dans le monde et dans la vie ; mais il écrivit ces vers en 1793, sous la terreur, en prison, un an avant sa mort. […] Florian fut un homme heureux, un talent facile et riant que tout favorisa, dès son entrée dans le monde et dans la vie ; mais il écrivit ces vers en 1793, sous la terreur, en prison, un an avant sa mort.
Ô race en promesses féconde, Paraissez, bienfaiteurs du monde ! […] Va, le monde n’est pas injuste ; le tort reste à celui qui l’a (sentence). […] La poésie a trois principaux caractères : 1° Elle idéalise le monde réel en le dégageant des imperfections accidentelles et passagères, en peignant non-seulement ce qui est, mais encore ce qui pourrait être, (beau idéal) ; 2° Elle spiritualise le monde physique en prêtant à la nature, même insensible, la pensée, le sentiment et la vie ; 3° Elle matérialise le monde moral en donnant des formes visibles aux êtres spirituels. […] Sur l’appui du monde Que faut-il qu’on fonde D’espoir ? […] Sur l’appui du monde Que faut-il qu’on fonde D’espoir ?
Quelle partie du monde habitable n’a pas ouï les victoires du prince de Condé et les merveilles de sa vie ? […] « Certes, s’il y a une occasion au monde où l’âme pleine d’elle-même soit en danger d’oublier son Dieu, c’est dans ces postes éclatants où un homme, par la sagesse de sa conduite, par la grandeur de son courage, par la force de son bras, et par le nombre de ses soldats, devient comme le dieu des autres hommes, et rempli de gloire en lui-même, remplit tout le reste du monde d’amour, d’admiration ou de frayeur.
Lisez la vie de saint Louis, vous verrez combien les grandeurs de ce monde sont au-dessous des désirs du cœur de l’homme. […] Ne me parlez jamais des obligations que vous m’avez : regardez-moi comme dépouillée de tout ce qui m’environne ; attachée au monde, mais voulant me donner à Dieu. […] Soyez délicat sur le choix de vos amis ; votre fortune et votre salut dépendent également des premiers pas que vous ferez dans le monde.
Tout en regrettant qu’il ait troublé la paix du monde chrétien, bornons-nous à dire quelques mots de l’homme et de l’écrivain. […] Toutes fois jamais on n’ouït aultre complainte d’elle qu’en priant Dieu qu’il eust pitié et qu’il la delivrast de ce monde, luy faisant grace de perseverer tousjours en la foy qu’il luy avoit donnee. […] Après qu’elle eust ouy fort patiemment la doctrine que je luy proposay, selon que le temps le requeroit, elle dict : « l’heure approche, il fault que je parte du monde ; ceste chair ne demande que de s’en aller en pourriture, mais je me tiens certaine que mon Dieu se tient en son roiaume.
Mais il n’y a plus de ces choses-là dans le monde : les riches mêmes sont vagabonds3 comme les autres. […] Faisons du moins une amitié éternelle au milieu de ce monde où il ne reste rien de durable et d’immobile. […] Il ne dédaigne pas les lettres ; car les lettres, il le sait, c’est la suprématie de l’esprit ; c’est, avec l’éloquence et le goût, l’histoire du monde, la science des tyrannies et des libertés, la lumière reçue des temps, l’ombre de tous les grands hommes descendant de leur gloire dans l’âme qui veut leur ressembler, et lui apportant, avec la majesté de leur souvenir, le courage de faire comme eux.
Un poëte qui n’a pas fait beaucoup le bruit dans le monde ; car il pratiquait volontiers cette maxime d’un sage : Le bruit ne fait pas de bien, le bien ne fait pas de bruit. — Esprit vraiment démocratique, dans le sens le plus pur et le plus sincère de ce mot, ami des choses simples, des vertus cachées, des existences laborieuses, esprit indépendant s’il en fut, il n’a jamais flatté personne, ni les grands, ni les petits. » 1. […] En changeant de destin aux mains de l’industrie, Le Fer, du monde entier changea l’antique sort : Il féconda la terre, et fit fleurir la vie Où jadis il semait la mort. […] Ainsi toujours fidèle à la voix des poëtes, Qu’il s’épande en bienfaits sur la création ; Au domaine de l’homme, accru par ses conquêtes, Que chaque année ajoute un plus large sillon ; Pour que l’histoire, un jour, en déroulant ses fastes, Apprenne, avec orgueil, à la postérité, Que le règne du Fer n’eut point de jours néfastes, Mais qu’il fut l’âge d’or du monde racheté !
Le grand livre du monde, où les sages, les fous Également figurent tous, À nos réflexions de lui-même se prête. […] Non, ce n’est plus à vous qu’il faut que j’en réponde : Ce n’est plus votre fils ; c’est le Maître du monde. […] « Les hautes montagnes de Thraceb, qui de leurs fronts couverts de neige et de glace depuis l’origine du monde, fendent les nues, seraient renversées de leurs fondements posés au centre de la terre, que les cœurs de ces hommes justes ne pourraient pas même être émus : seulement ils ont pitié des misères qui accablent les hommes vivants dans le monde ; mais c’est une pitié douce et paisible, qui n’altère en rien leur immuable félicité. […] Fier d’être le flambeau du monde, Il contemple du haut des airs L’olympe, la terre et les mers Remplis de sa clarté féconde, Et jusques au fond des enfers Il fait rentrer la nuit profonde, Qui lui disputait l’univers. […] « Un homme s’est rencontré d’une profondeur d’esprit incroyable ; hypocrite raffiné autant qu’habile politique ; capable de tout entreprendre et de tout cacher ; également actif et infatigable dans la paix et dans la guerre ; qui ne laissait rien à la fortune de ce qu’il pouvait lui ôter par conseil et par prévoyance ; mais au reste si vigilant et si prêt à tout, qu’il n’a jamais manqué les occasions qu’elle lui a présentées ; enfin un de ces esprits remuants et audacieux, qui semblent être nés pour changer le monde. » Les Poètes font très souvent usage de cette figure, en donnant eux-mêmes un caractère à leurs personnages, ou en embellissant celui que l’histoire leur donne.
Voilà l’origine véritable du roman ; c’est le monde de la fantaisie et de l’idéal ; il a sa source dans les rêves de l’imagination : il est donc aussi ancien que l’homme lui-même. […] La lecture des romans, même les plus innocents en apparence, peut fausser l’esprit et troubler le cœur où règnent la candeur et la simplicité de la vertu ; car ils peignent un monde idéal et factice qui diffère toujours du monde réel.
Bernardon de Saint-Pierre 1737-1814 [Notice] D’abord ingénieur et officier, Bernardin de Saint-Pierre eut une jeunesse fort aventureuse ; il promena longtemps à travers le monde, en Pologne, en Russie, à l’Ile de France, sa mélancolie inquiète et son imagination éprise de rêveries philanthropiques. […] Mais tout à coup cet appareil fantastique, ces montagnes surmontées de palmiers, ces orages qui grondaient sur leurs sommets, ce fleuve, ce pont, tout se fondit et disparut à l’arrivée de la nuit, comme les illusions du monde aux approches de la mort. […] La vue de mon pays, de ce pays si chéri, où des torrents de plaisirs avaient inondé mon cœur, l’air des Alpes, si salutaire et si pur : le doux air de la patrie, plus suave que les parfums de l’Orient ; cette terre riche et fertile, ce paysage unique, le plus beau dont l’œil humain fût jamais frappé ; ce séjour charmant auquel je n’avais rien trouvé d’égal dans le tour du monde ; l’aspect d’un peuple heureux et libre ; la douceur de la saison, la sérénité du climat ; mille souvenirs délicieux qui réveillaient tous les sentiments que j’avais goûtés ; tout cela me jetait dans des transports que je ne puis décrire, et semblait me rendre à la fois la jouissance de ma vie entière. »
On connaît l’apologue d’Ésope servant des langues à son maître Xantus, comme la meilleure et la pire chose qui soit au monde. […] C’est un paralogisme fréquent dans le monde et dans la conversation. […] Ses conseils s’adressent surtout aux prédicateurs ; mais les écrivains et les hommes du monde peuvent en profiter. […] Le monde et la civilisation modernes sont moins capables que les âges précédents de traits et d’œuvres sublimes. […] Ainsi passent dans le monde ces grandes puissances, qui font si grand bruit, qui paraissent avec tant d’ostentation.
— J’ai du monde. — Et quand le monde est parti ? […] De même qu’est-ce qu’un pauvre selon le monde ? […] Soignez celle du pauvre selon le monde. […] Mais j’ai perdu beaucoup de monde dans le dernier combat ? […] J’ai perdu du monde, mais quel général n’en perd pas ?
. — unité, enchainement des idées Les Grecs n’avaient qu’un seul mot, ϰόσμος, pour signifier le monde et l’ordre, c’est-à-dire la création et l’organisation. […] Sans la disposition, qui établit dans les idées l’enchaînement nécessaire pour que chacune soit à sa place et produise son effet, l’invention n’est rien ; ce n’est plus le monde, c’est le chaos. Dieu n’a pas créé le chaos, il a créé le monde, qu’un ancien définissait : l’ordre dans la grandeur. […] Enfin, je vous donnerai les royaumes du monde et toute leur gloire : Il finit par l’ambition, et c’est la dernière et la plus sûre ressource qu’il emploie pour triompher de leur faiblesse. […] Quelque corrompues que soient nos mœurs, le vice n’a pas encore perdu parmi nous toute sa honte, Il reste encore une sorte de pudeur publique qui nous force à le cacher, et le monde lui-même, qui semble s’en faire honneur, lui attache pourtant encore une espèce de flétrissure et d’opprobre.
Il n’occupe point de lieu, il ne tient point de place ; il va les épaules serrées, le chapeau abaissé sur ses yeux pour n’être point vu ; il se replie et se renferme dans son manteau ; il n’y a point de galeries si embarrassées et si remplies de monde où il ne trouve moyen de passer sans effort, et de se couler sans être aperçu. […] Il n’y a qu’une chose qu’il oublie de la meilleure foi du monde : ce sont ses plaintes d’hier sur la condition que la société fait aux pauvres, sur l’injustice et la dureté des riches. […] Surtout il est frondeur, envieux des grands et des riches ; il dit sans cesse que, de son temps, tout allait mieux ; que les rangs n’étaient point bouleversés ; que les heureux du monde étaient charitables ; qu’aujourd’hui chacun ne pense qu’à soi. […] Bossuet a dit : « Ces terres et ces seigneuries qu’il avait ramassées comme une province, avec tant de soins et de travail, se partageront en plusieurs mais, et tous ceux qui verront ce grand changement diront, en levant les épaules et en regardant avec étonnement les restes de cette fortune ruinée : Est ce là que devait aboutir toute cette grandeur formidable au monde ? […] Il dit ailleurs : « Dans cent ans, le monde subsistera encore dans son entier : ce sera le même théâtre et les mêmes décorations ; ce ne seront plus les mêmes acteurs.
Mais c’est un jeune fou qui se croit tout permis, Et qui pour un bon mot va perdre vingt amis1 Il ne pardonne pas aux vers de la Pucelle, Et croit régler le monde au gré de sa cervelle. […] J’ai peu lu ces auteurs ; mais tout n’irait que mieux, Quand de ces médisants l’engeance tout entière Irait, la tête en bas, rimer dans la rivière. » Voilà comme on vous traite : et le monde effrayé Vous regarde déjà comme un homme noyé. […] Si l’on vient à chercher pour quel secret mystère Alidor, à ses frais, bâtit un monastère : « Alidor, dit un fourbe, il est de mes amis, Je l’ai connu laquais, avant qu’il fût commis ; C’est un homme d’honneur, de piété profonde, Et qui veut rendre à Dieu ce qu’il a pris au monde. » Voilà jouer d’adresse et médire avec art ; Et c’est avec respect enfoncer le poignard1. […] Ce qui nous portera à les excuser, c’est qu’au rapport de Saint-Simon, Boileau, bien qu’il ait excellé dans la satire, était cependant l’un des meilleurs hommes du monde.
Est-il vrai que plus d’un auditeur de la Sorbonne, sous le charme de tant de belles paroles sur Dieu, l’homme, le monde et leurs rapports, s’achemina vers Notre-Dame2 plus qu’à demi conquis aux vérités religieuses qu’enseignaient, du haut de la chaire chrétienne, des prédicateurs plus éloignés des voies des grands sermonnaires que le philosophe ne l’était des voies de Descartes ? […] Le maître du chien n’a ni âge, ni condition, ni fortune ; le faible est pour le chien le seul puissant de ce monde ; le vieillard lui est un enfant aux fraîches couleurs ; le pauvre lui est roi. […] Oui, la morale a dans le monde, non pas deux principes, mais deux procédés différents. […] Pas le moins du monde.
Trop parler nuit Les autres passions et maladies de l’ame, comme l’avarice, l’ambition ont à tout le moins aucunefois1 jouissance de ce qu’elles desirent, mais c’est ce qui plus tourmente ces grands babillards, qu’ils cherchent par tout qui les veuille ouir, et n’en2 peuvent trouver : car soit ou que lon devise assis3, ou que lon se promene en compagnie, chascun s’enfuit grand’erre4 si tost que lon voit approcher quelqu’un de ces grands causeurs : vous diriez proprement que lon a sonné la retraite, si viste chascun se retire5… de maniere que les pieds font la bien besoing, comme disoit Archilochus6, ou plus tost7 le sage Aristote8, lequel respondit à un tel9 importun causeur qui le faschoit10 et luy rompoit la teste, en luy faisant des plus estranges11 contes du monde, et luy repetoit souvent. « Mais n’est-ce pas une merveilleuse chose, Aristote ? […] Ce qu’entendans certains espions qui estoient dedans la ville, l’allerent rapporter à Sylla, lequel incontinent sur la minuict10 approcha son armée de ce costé là, par où il entra dedans, et peu s’en falut qu’il ne la rasast toute11 ; mais au moins l’emplit il de meurtre, et fut la rue que l’on appeloit Ceramique12 toute arrosée de sang, estant Sylla plus indigné1 contre ceux de la ville pour certaines paroles injurieuses, que pour autre offense qu’ils luy eussent faitte : car pour se mocquer de Sylla et de sa femme Metella2, ils venoient sur la muraille et disoient : « Sylla est une meure3 aspergée de farine », et un tas d’autres telles mocqueries ; et par ainsi4 pour la plus legere chose du monde, comme dit Platon5, c’est à sçavoir pour des paroles, ils payerent une très griefve6 et très cruelle amende. […] On dirait : des contes les plus étranges du monde.
Tant y a que nous sommes au fin fond de la botte, dans le plus beau pays du monde, et assez tranquilles, n’étaient la fièvre et les insurrections. […] En voyant ces rochers, partout couronnés de myrtes et d’aloès, et ces palmiers dans les vallées, vous vous croyez au bord du Gange ou sur le Nil, hors qu’il n’y a ni pyramides ni éléphants ; mais les buffles en tiennent lieu, et figurent fort bien parmi les végétaux africains avec le teint des habitants, qui n’est pas non plus de notre monde. […] On s’y rendait autrefois, comme vous savez, de tous les pays du monde.
Nos auteurs montrèrent, durant plusieurs siècles, une espèce d’émulation, pour célébrer la bravoure et la générosité des chevaliers, qui couraient le monde dans la vue de redresser les torts, c’est-à-dire, pour défendre l’honneur, la justice, la veuve, l’orphelin et les Dames. […] Ceux qu’on met au nombre des meilleurs, sont Zaïde et la princesse de Clèves par madame de La Fayette ; faits avec goût, écrits avec décence, et bien propres à entretenir dans les cœurs l’amour de la vertu : Les Mémoires d’un homme de qualité, le Doyen de Killerine, et autres de l’abbé Prévost ; pleins des situations les plus attendrissantes ou les plus terribles, et qui décèlent l’imagination la plus féconde ; mais où quelquefois les événements ne s’accordent pas assez avec la vraisemblance : Gil Blas 130, le Diable boiteux et autres de Lesage 131 ; ils offrent un tableau de tous les états de la vie, le portrait ou la satire du monde : Le Paysan parvenu de Marivaux, très plaisant.
Revenons à notre comparaison de l’âge du monde avec l’âge d’un homme, et disons que si le monde en vieillissant a acquis plus de science et d’expérience, le génie déployait dans sa jeunesse plus de vigueur, plus de feu, plus d’enthousiasme. […] Le monde, comme je l’ai déjà dit, était plus difficile à explorer pour eux qu’il ne l’est pour nous. […] Le génie des Orientaux, particulièrement, se plut aux fictions dès les premiers âges du monde. […] Gil-Blas, par Le Sage, est un livre plein de bon sens, qui nous apprend à connaître le monde. […] Quiconque ouvre Homère doit songer qu’il va lire le plus ancien livre du monde après la Bible.
Dieu, l’architecte et l’ouvrier du monde, est éternel. — 2. […] Le monde a la forme d’une sphère. […] Ops en effet, l’ayant mis au monde, déroba cet enfant à son père. […] Le monde créé, Dieu fit l’homme. — 2. […] Le monde obéit à Dieu, et la terre et la mer lui sont soumises. — 2.
Rousseau, fait un rapprochement habile et plein d’effet entre ce poète et Orphée : Quand le premier chantre du monde Expira sur les bords glacés Où l’Hèbre, effrayé, dans son onde Reçut ses membres dispersés, Le Thrace, errant sur les montagnes, Remplit les bois et les campagnes Du cri perçant de ses douleurs ; Les champs de l’air en retentirent, Et dans les antres qui gémirent Le lion répandit des pleurs. […] Considérez dans le monde un homme bien élevé : son ton est parfait, ses manières simples, naturelles ; il est aimable sans prétention, agréable sans fadeur. […] Les jeunes gens que le contact du monde n’a pas encore corrompus, sont animés naturellement de passions nobles et généreuses ; leurs sentiments sont purs ; ils aiment le bien et la justice par instinct, par goût ; le mal leur répugne, l’injustice les irrite.
C’est là ce qui m’a donné cet air de philosophie, qu’on dit que je conserve encore ; car je devins stoïcien de la meilleure foi du monde, mais stoïcien à lier ; j’aurais voulu qu’il m’arrivât quelque infortune remarquable, pour déchirer mes entrailles, comme ce fou de Caton qui fut si fidèle à sa secte3. […] Il avait l’esprit sûr et judicieux dans sa sphère, mais sans finesse et sans profondeur ; le goût des détails, une assez longue expérience des choses du monde, la mémoire prompte, fidèle, et un coup d’œil assez vif, mais au delà duquel il ne voyait plus. […] Mais il rachetait ces défauts par les qualités qui donnent le succès ; il était enjoué, plaisant, laborieux, d’une conversation légère et agréable, d’une repartie vive, quoiqu’il parlât sans feu et sans énergie ; enfin, à cette sagesse spécieuse qui plaît aux esprits modérés, il joignait les agréments variés qui usurpent si souvent la place des talents solides, et leur enlèvent la faveur du monde et les récompenses des princes1.
Le tumulte du monde empêche qu’on ne réfléchisse sur ces tentations secrètes. […] Je voudrais quelquefois aborder ces solitaires, pour leur donner mes consolations ; mais ils craignent d’être arrachés à leurs pensées, et ils se détournent de moi. — Je plains ces misères cachées que la crainte d’êtres connues rend plus pesantes1 Un homme aimable Étes-vous bien aise de savoir, mon cher ami, ce que le monde appelle quelquefois un homme aimable ?
Bientôt sa marche féconde Embrasse le tour du monde Dans le cercle qu’il décrit2 ; Et, par sa chaleur puissante, La nature languissante Se ranime et se nourrit. […] Tant que sa faveur vous seconde, Vous êtes les maîtres du monde ; Votre gloire nous éblouit : Mais, au moindre revers funeste, Le masque tombe, l’homme reste, Et le héros s’évanouit1. […] Que deviendront alors, répondez, grands du monde, Que deviendront ces biens où votre espoir se fonde, Et dont vous étalez l’orgueilleuse moisson ?
Pour vous, messieurs, le monde n’est point une arène, mais un spectacle en face duquel le poëte s’inspire, l’historien observe, le philosophe médite. […] Les partis se suivent, se poussent à l’échafaud, jusqu’au terme que Dieu a marqué aux passions humaines ; et de ce chaos sanglant sort tout à coup un génie extraordinaire qui saisit cette société agitée, l’arrête, lui donne à la fois l’ordre, la gloire, réalise le plus vrai de ses besoins, l’égalité civile, ajourne la liberté qui l’eût gêné dans sa marche, et court porter à travers le monde les vérités puissantes de la révolution française. […] Il tombe enfin, laissant le monde rempli de ses œuvres, l’esprit humain plein de son image, et le plus actif des mortels va mourir, mourir d’inaction, dans une île du grand Océan !
« Nous sommes tous hommes, sire ; nous avons tous failli, nous avons tous désiré d’être considérés dans le monde ; nous avons vu que sans bien on ne l’était pas ; il nous a semblé que sans lui toutes les portes nous étaient fermées, que sans lui nous ne pouvions pas même montrer notre talent et notre mérite, si Dieu nous en avait donné, non pas même pour servir votre majesté, quelque zèle que nous eussions pour son service. […] « Votre majesté, sire, vient de donner au monde un siècle nouveau (et cela était vrai sous tous les rapports), où ses exemples plus que ses lois même et que ses châtiments commencent à nous changer.
Voltaire avait trop de goût et le tact trop sûr, pour ne pas sentir que les plus beaux vers du monde resteraient infailliblement au-dessous d’une pareille prose. […] vous allez entreprendre une conquête dont les effets sur la civilisation et le commerce du monde sont incalculables.
Les événements les plus importants de son existence furent des tendresses dévouées, des regrets fidèles, et des pensées dignes d’être achevées dans le monde des purs esprits. […] Il y a, Madame, dans le monde, un vilain petit mal bien singulier : c’est une invisible vapeur, qui semble ne toucher à rien, et qui pénètre jusqu’aux os.