Ensemble et détails, but et moyens, actions et caractères, décors même, machines, ornements, costumes, tout lui est matière à contraste, à batteries et à cliquetis de mots.
On s’en sert pour annoncer la matière que l’on va traiter.
Ses manières y répondaient dans la même proportion, avec une aisance qui en donnait aux autres, et cet air et ce bon goût qu’on ne tient que de l’usage de la meilleure compagnie et du grand monde, qui se trouvait répandu de soi-même dans toutes ses conversations : avec cela une éloquence naturelle, douce, fleurie ; une politesse insinuante, mais noble et proportionnée ; une élocution facile, nette, agréable ; un air de clarté et de netteté pour se faire entendre dans les matières les plus embarrassées et les plus dures ; avec cela un homme qui ne voulait jamais avoir plus d’esprit que ceux à qui il parlait, qui se mettait à la portée de chacun sans le faire jamais sentir, qui les mettait à l’aise et qui semblait enchanté ; de façon qu’on ne pouvait le quitter, ni s’en défendre, ni ne pas chercher à le retrouver.
« Il est des esprits méditatifs et difficiles qui sont distraits dans leurs travaux par des perspect ves immenses et les lointains du beau céleste, dont ils voudraient mettre partout quelque image ou quelque rayon, parce qu’ils l’ont toujours devant la vue, même alors qu’ils n’ont rien devant les yeux ; esprits amis de la lumière, qui, lorsqu’il leur vient une idée à mettre en œuvre, la considèrent longuement et attendent qu’elle reluise, comme le prescrivait Buffon, quand il définissait le génie l’aptitude à la patience ; esprits qui ont éprouvé que la plus aride matière et les mots même les plus ternes renferment en leur sein le principe et l’amorce de quelque éclat, comme ces noisettes des fées, où l’on trouvait des diamants, quand on en brisait l’enveloppe, et qu’on avait des mains heureuses ; esprits qui sont persuadés que ce beau dont ils sont épris, le beau élémentaire et pur, est répandu dans tous les points que peut atteindre la pensée, comme le feu dans tous les corps ; esprits attentifs et perçants qui voient ce feu dans les cailloux de toute la littérature, et ne peuvent se détacher de ceux qui tombent en leurs mains qu’après avoir cherché longtemps la veine qui le recélait, et l’en avoir fait soudainement jaillir ; esprits qui ont aussi leurs systèmes, et qui prétendent par exemple, que voir en beau et embellir, c’est voir et montrer chaque chose telle qu’elle est réellement dans les recoins de son essence, et non pas telle qu’elle existe aux regards des inattentifs, qui ne considèrent que les surfaces ; esprits qui se contentent peu, à cause d’une perspicacité qui leur fait voir trop clairement et les modèles qu’il faut suivre et ceux que l’on doit éviter ; esprits actifs, quoique songeurs, qui ne peuvent se reposer que sur des vérités solides, ni être heureux que par le beau, ou du moins par ces agréments divers qui en sont des parcelles menues et de légères étincelles ; esprits bien moins amoureux de gloire que de perfection, qui paraissent oisifs et qui sont les plus occupés, mais qui, parce que leur art est long et que la vie est toujours courte, si quelque hasard fortuné ne met à leur disposition un sujet où se trouve en surabondance l’élément dont il ont besoin et l’espace qu’il faut à leurs idées, vivent peu connus sur la terre, et y meurent sans monument, n’ayant obtenu en partage, parmi les esprits excellents, qu’une fécondité interne et qui n’eut que peu de confidents. » 1.
Elle prend le singulier pour le pluriel : — Le Français, né malin, forma le vaudeville24 ; Le nom de la matière pour celui de la chose qui en est faite : Le bronze tonne.
En voici un exemple pris au hasard dans l’excellent Ouvrage de l’abbé Girard sur cette matière. […] La matière dont la chose est faite, pour la chose même ; comme fer, pour épée : airain, pour canons.
C’est, en effet, une règle générale, dit Rollin, qu’il faut penser selon la matière que l’on traite ; et rien n’est moins raisonnable que d’avoir des pensées sublimes dans un sujet qui n’en demande que de médiocres, ou des pensées délicates et gracieuses quand on a pour but d’effrayer. […] On dit que l’âme s’élève, que les idées s’étendent, que le génie étincelle, que Dieu vole sur les ailes des vents, que son souffle anime la matière, que sa voix commande au néant.
Ou le tout pour la partie : lorsqu’on désigne, par exemple, un instrument ou un objet par le nom de la matière dont il est fait : le fer, pour l’épée ou les chaînes, et en combinant encore la synecdoque avec la métonymie, pour l’esclavage, Tu dors, Brutus, et Rome est dans les fers ; l’airain, pour les trompettes, les cloches, le canon, etc. ; la fougère, pour le verre fait avec la cendre de fougère ; un castor pour un chapeau de poils de castor ; L’ivoire trop hâté deux fois rompt sur sa tête, etc.
Ce qui fournit ordinairement la matière des chansons satiriques ou vaudevilles, ce sont les actions répréhensibles, les mœurs irrégulières et les événements remarquables par leur singularité ou par leur importance.
Nous sommes un peu grecs sur ces matières-là ; Qui pourra m’attraper bien habile sera.
La matière de l’épigramme est très étendue : elle s’élève à ce qu’il y a de plus noble dans tous les genres, elle s’abaisse à ce qu’il a de plus petit ; elle loue la vertu, censure les vices et les abus, fronde les ridicules, venge le public des impertinences d’un fat, d’un sot, etc.
Il en a été suffisamment parlé dans les ouvrages qu’on a publiés sur cette matière. […] On trouve ce qui regarde les pensées dans nos livres sur la rhétorique, à qui cette matière appartient.
Alors il s’élèvera à mesure que la matière s’élèvera elle-même ; et si le ton est constamment élevé, si chaque idée est brillamment rendue, si le génie de l’écrivain peut la rendre avec enthousiasme, le ton s’élèvera jusqu’au sublime. […] Le ton du philosophe pourra devenir sublime toutes les fois qu’il parlera des lois de la nature, de l’être en général, de l’espace, de la matière, du mouvement et du temps, de l’âme, de l’esprit humain, des sentiments, des passions ; dans le reste, il suffira qu’il soit noble et élevé.
D’autres propos, chez vous, récompensent ce point1, Propos, agréables commerces, Où le hasard fournit cent matières diverses, Jusque-là qu’en votre entretien La bagatelle a part ; le monde n’en croit rien. […] Le simple bon sens qui a dicté cette fable est supérieur à toutes les subtilités philosophiques qui remplissent des milliers de volumes sur des matières impénétrables à l’esprit humain. — La citrouille est de la famille des cucurbitacèes, des gourdes.
On a beaucoup écrit sur cette matière depuis Longin jusqu’à nous ; mais nul que je sache ne s’est avisé de traiter de l’art du sublime ; entreprendre un tel sujet serait avouer qu’on ne le comprend pas.
En réfléchissant sur ce que le fond a de frivole, on ne peut que s’étonner davantage de la variété, du mouvement et de la grâce que l’auteur a su répandre sur sa matière.
C’étaient de belles fêtes pour l’esprit que ces leçons où l’exposition la plus lucide mettait sous nos yeux les quatre systèmes élémentaires nés des premières réflexions de l’homme sur lui-même, sensualisme, idéalisme, scepticisme, mysticisme4 ; où la dialectique la plus pénétrante démêlait le vrai d’avec le faux dans chaque système, et combattait les erreurs de l’un par les vérités de l’autre ; où l’éloquence inspirée du seul intérêt de ces hautes matières nous rendait quelque chose de l’ampleur de Descartes et de l’éclat de Malebranche ; où, charmés et persuadés, nous sentions notre nature morale s’élever et s’améliorer par les mêmes plaisirs d’esprit qui formaient notre goût.
Descartes avait ouvert un abîme qu’il ne put combler entre la matière et l’esprit. […] Ces scélérats, et particulièrement celui qui avait apostasié, commencèrent à s’égayer sur la matière. […] C’est qu’il avait travaillé quelquefois jusqu’à six, sept et huit heures du matin, emporté par son abondance et par sa matière. […] Ne voyons-nous pas que dans l’homme la matière est conduite par l’esprit ? […] Je n’ai jamais observé la simple corolle de la plus petite fleur, que je ne l’aie vue composée d’une matière admirable, demi-transparente, parsemée de brillants, et teinte des plus vives couleurs.
Tel que nous l’avons composé, notre recueil peut, ce semble, offrir au maître, dans la classe, la matière des leçons qu’il donne à apprendre et à réciter, et des lectures qu’il peut désirer faire en les accompagnant de commentaires qui les éclaircissent ; à l’élève, en dehors de la classe, la matière de lectures personnelles, que l’on ne saurait trop provoquer. […] Nisard, « la matière même, la méthode et la langue. » Il a donné dans la langue populaire, sur un sujet théologique, le premier exemple d’une vaste composition méditée, mûrie et ordonnée, monument sévère à-côté de la fantastique épopée de Rabelais et des capricieux Essais de Montaigne. […] Il les fault arracher de là, et mettre en place marchande : comme ce sien mot126, « Que les habitants d’Asie servoient à un seul, pour ne sçavoir prononcer une seule syllabe, qui est, Non, » donna peult estre la matière et l’occasion à La Boëtie de sa Servitude Volontaire. […] Ceulx qui ont le corps graile, le grossissent d’embourrures ; ceulx qui ont la matière exile, l’enflent de paroles. […] Le mouvement d’un esprit qui s’occupe seul à l’examen de quelque matière est d’ordinaire trop froid et trop languissant ; il a besoin d’une certaine chaleur qui l’excite et qui réveille ses idées ; et c’est d’ordinaire par les diverses oppositions qu’on nous fait que l’on découvre où consiste la difficulté de la persuasion et l’obscurité ; ce qui nous donne lieu de faire effort pour la vaincre.
Il serait ridicule de chercher des pensées gracieuses quand on veut effrayer, ou des pensées majestueuses et sublimes dans une matière enjouée. […] C’est le résumé des conseils qu’Horace a donnés sur cette matière. […] 4º Le nom de la matière pour la chose qui en est faite. […] Au lieu d’entrer en matière et d’aborder promptement leur sujet, ils hésitent et se tournent en tous sens. […] Avant d’entrer en matière et de commencer son récit, le poète place ordinairement l’exposition du sujet qu’on appelle début.
La théorie des topiques consiste en trois points : Études générales pour préparer aux spécialités ; Lieux externes, comprenant tout ce qui, en dehors du sujet, peut cependant s’y rapporter : témoignages, autorités, pièces et ouvrages sur la matière à traiter.
Grand Dieu qui vis les cieux se former sans matière, A ta voix seulement Tu séparas les eaux, leur marquas pour barrière Le vaste firmament.
Moule, signifiant une matière creusée, et propre à donner une forme précise à une autre matière que l’on y verse toute fondue et liquide, est masculin : = un beau moule ; un moule bien fait.
Certains arbres, comme les ormeaux et une infinité d’autres, renferment leurs semences dans des matières légères que le vent emporte ; la race s’étend bien loin par ce moyen, et peuple les montagnes voisines.
Pour moi, je vous l’avoue, j’ai les sentiments sur cette matière un peu plus délicats.
Florian en prend occasion d’entrer en matière par quelques réflexions sur la nature et le charme de ce sentiment ; réflexions qui seraient froides et arides sous la plume d’un autre, ou sèchement sentencieuses, et qui prennent naturellement ici le ton et la couleur du sujet.
Auguste Barbier : Il est, il est sur terre une infernale cuve, On la nomme Paris ; c’est une large étuve, Une fosse de pierre aux immenses contours, Qu’une eau jaune et terreuse enferme à triples tours ; C’est un volcan fumeux et toujours en haleine Qui remue à longs flots de la matière humaine… etc.
Des Chansons satiriques Ce qui fournit ordinairement la matière des Chansons satiriques ou vaudevilles, ce sont les actions répréhensibles, les mœurs irrégulières, et les événements remarquables par leur singularité, ou par leur importance.
C’était un douloureux spectacle que celui de cette intelligence et de cette volonté si énergique luttant en vain contre la matière.
1° Exorde L’exorde (en latin exordium, du verbe exordiri, commencer) est la partie du discours par laquelle l’orateur entre en matière et cherche à se concilier la bienveillance de ses auditeurs. […] 5° la matière pour l’objet qui en est fait. […] Quant au merveilleux chrétien, bien que Chateaubriand ait brillamment soutenu dans son Génie du christianisme une opinion contraire à celle de Boileau, il ne semble pas devoir fournir aux poètes épiques de l’avenir une matière nouvelle et féconde.
« Hécatée, dit-il de lui-même, Hécatée de Milet fait ce narré : j’écris ces choses selon que je les estime vraies ; car les Grecs débitent des contes sans fin et ridicules à ce qu’ils paraissent1. » C’est là assurément une façon fort simple d’entrer en matière et qui peut sembler quelque peu embarrassée. […] Quelque sujet qu’il traite l’écrivain a une triple tâche à remplir : la première, de chercher et de trouver les arguments qui doivent faire valoir la matière qu’il s’est choisie ; la deuxième, de les classer, de les disposer dans l’ordre qui convient à chacun d’eux ; la troisième de les embellir, de les relever de tous les ornements dont ils sont susceptibles, et, s’il s’agit d’un discours qui doit être lu en public, l’orateur aura une quatrième tâche à remplir, c’est de le prononcer avec le ton, la décence, la gravité, les convenances, en un mot, que réclament le sujet, le lieu et l’auditoire. […] Il y a des circonstances où, sûr de l’attention et de la bienveillance de l’auditoire, l’orateur n’a rien de mieux à faire que d’entrer promptement en matière, sans préparation comme sans précautions oratoires, lesquelles deviennent inutiles et même déplacées. […] En voici un exemple tiré d’une épître de Boileau : Je veux que la valeur de ses aïeux antiques Ait servi de matière aux plus vieilles chroniques, Et que l’un des Capets, pour honorer son nom, Ait de trois fleurs de lys doté leur écusson ; Que sert ce vain amas d’une inutile gloire, Si, de tant de héros célèbres dans l’histoire, Il ne peut rien offrir aux yeux de l’univers. […] 4º La matière pour la chose qui en est faite.
La matière, autrement dit, le sujet.
Avant donc La naissance du monde et sa création, Le monde, l’univers, tout, la nature entière Était ensevelie au fond de la matière.
Il n’y a que les peuples en voie de finir qui n’en connaissent plus le prix, parce que, plaçant la matière au-dessus des idées, ils ne voient plus ce qui éclaire et ne sentent plus ce qui émeut.