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116. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Préface. »

La méthode a été poussée si loin, on a tellement divisé et subdivisé les préceptes de l’art oratoire, qu’il en résulte une confusion réelle, et l’élève a fort à faire pour se sortir avec honneur du dédale de chapitres et de paragraphes qu’on lui fait parcourir. […] C’est ce qui fait que nous rencontrons souvent dans la décomposition des choses fort belles auxquelles les auteurs ne pensaient peut-être guères, et que leur talent a produites, pour ainsi dire, d’instinct.

117. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Molière 1622-1673. » pp. 27-43

Je vous commets3 au soin de nettoyer partout ; et surtout, prenez garde de frotter les meubles trop fort, de peur de les user. […] Je ne vous dirai point qu’ils sont sur la litière : les pauvres bêtes n’en ont point1, et ce serait fort mal parler ; mais vous leur faites observer des jeûnes si austères, que ce ne sont plus rien que des idées ou des fantômes, des façons de chevaux. […] Il est ferme dans la dispute, fort comme un Turc sur ses principes, ne démord jamais de son opinion, et poursuit un raisonnement jusque dans les derniers recoins de la logique. […] Je vois bien que je vous embarrasse, et que vous vous passeriez fort aisément de ma vue.

118. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Descartes s’était fort peu préoccupé des questions de l’ordre moral et social. […] En un mot, on peut être quelquefois plus fort ou plus heureux que ses ennemis ; mais qu’il est grand d’être toujours plus fort que soi-même ! […] Effiat secoua fort la sienne de côté et d’autre. […] Cependant ce qui est sain est sain, ce qui est fort est fort. […] A plus forte raison, si j’eusse écrit l’histoire de mon fraisier, il eût fallu en tenir compte.

119. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Rassembler un trop grand nombre de raisons frivoles et vulgaires, c’est donner lieu de penser qu’on n’en a point de fortes et de frappantes. […] Insistez sur les preuves fortes et convaincantes, montrez-les séparément, de peur qu’elles ne soient obscurcies et confondues dans la foule. […] La dernière pensée est fort belle, et conduit naturellement du premier motif au second. […] Mes vers sont durs, d’accord, mais forts de choses. […] Non seulement il n’en est rien, mais il a eu, après avoir perdu sa cause, une forte amende à payer.

120. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre II. Du genre didactique. » pp. 161-205

Il faut que tout y tende à porter la plus vive lumière et la plus forte conviction dans les esprits. […] En second lieu, il convient de s’attacher aux circonstances les plus propres à caractériser l’objet décrit, à en marquer les traits d’une manière forte et prononcée. […] Quelques auteurs placent ces pièces poétiques parmi les dithyrambes, parce qu’elles respirent un sentiment très fort ; mais elles trouvent plus naturellement place ici à cause de leur titre, et surtout à cause de leur ardente énergie. […] Ainsi Lamotte, pour avoir l’air naturel, tombe dans le style trop familier ou plutôt dans le style bas, quand il parle du couple en cage qui ne s’aime plus si fort, du lynx qui, attendant le gibier, prépare ses dents à l’ouvrage, de Morphée qui fait litière de pavots, etc. […] Ou enfin lorsqu’elles seront fortes : Un renard qui cajole un corbeau sur sa voix.

121. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — La Fontaine 1622-1695 » pp. 339-378

  Faites-nous avoir triple haleine,   Jambes de fer, naturel fort ;   Ou nous donnez une campagne   Qui n’ait plus ni mont, ni montagne. […]   Je le crois fort sympathisant Avec messieurs les rats ; car10 il a des oreilles   En figure aux nôtres pareilles. […] Ceci ressemble fort aux débats qu’ont parfois Les petits souverains se rapportants6 aux rois. […] Ce discours un peu fort, Doit commencer à vous déplaire. […] Je les réprimandai fort, et leur dis que de telles paroles n’étaient ni bonnes ni belles, et qu’ils avaient bien vite oublié leur compagnon.

122. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre III. Du Sublime dans les Compositions littéraires. »

Il ne suffit pas d’ailleurs que le sujet soit sublime, il faut encore qu’il soit présenté de la manière la plus propre à faire une impression frappante : l’expression sera forte, concise et simple. Tout cela dépend principalement de l’impression plus ou moins forte qu’aura faite sur le poète ou sur l’orateur l’objet qu’il décrit. […] Ton esprit qui se livre à des frayeurs si fortes, Se les reprocherait s’il savait qui tu portes.

123. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXI. des figures  » pp. 289-300

Cette nomenclature par similitude s’est étendue à plus forte raison aux idées abstraites ; les mots consacrés à leur expression ont été dérivés du nom des choses sensibles avec lesquelles on leur trouvait quelque analogie. Le courage de l’homme a rappelé celui du lion, et l’on a donné à l’homme brave et fort le nom de lion ; on a été enflammé de colère, quand on s’est aperçu que cette passion produisait dans tout notre être quelque chose d’analogue à la sensation physique éprouvée au contact de la flamme. […] Le dernier écrivain qui s’est occupé des figures, celui dont le livre présente le plus de méthode et de développements, car il ne renferme guère moins de trois forts volumes in-12, M.

124. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — La Bruyère. (1646-1696.) » pp. 91-100

Il y a parler bien, parler aisément, parler juste, parler a propos : c’est pécher contre ce dernier genre que de s’étendre sur un repas magnifique, que l’on vient de faire, devant des gens qui sont réduits à épargner leur pain ; de dire merveilles de sa santé devant des infirmes ; d’entretenir de ses richesses, de ses revenus et de ses ameublements un homme qui n’a ni rentes ni domicile ; en un mot, de parler de son bonheur devant des misérables : cette conversation est trop forte pour eux, et la comparaison qu’ils font alors de leur état au vôtre est odieuse2. […] Comment résister à une si forte et si générale conjuration4 ? […] Je m’affaiblis moi-même, continue-t-elle, et je ne suis ni si forte ni si saine3 que j’ai été : C’est, dit le dieu, que vous vieillissez.

125. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Regnard. (1655-1709.) » pp. 242-253

Mais enfin j’ai tant fait, avec un peu d’adresse, Qu’elle m’a reconduit d’un air fort obligeant ; Et vous aurez, je crois, au plus tôt votre argent. […] ) Par votre ordre, monsieur, j’ai vu monsieur Géronte1, Qui de notre mémoire a fait fort peu de compte : Sa monnaie est frappée avec un vilain coin ; Et de pareil argent nous n’avons pas besoin2. […] Je suis fort content de l’ouvrage : (Bas à Hector.

126. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — L. Racine. (1692-1763.) » pp. 267-276

On peut la rapprocher surtout du poëme de laReligion vengée, par le cardinal de Bernis, qui est d’ailleurs demeuré fort au-dessous de L.  […] Un contemporain de Louis Racine, Saint-Lambert, l’auteur du poëme des Saisons, a développé fort heureusement des pensées analogues, en peignant dans une brillante description les désastres causés par un orage (l’Eté). […] Ce trait rappelle quelques vers charmants de Bertaut, fort aimés et très-souvent répétés par nos pères : Félicité passée, Qui ne peux revenir, Tourment de ma pensée, Que n’ai-je, en te perdant, perdu le souvenir ?

127. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Principes généraux des belles-lettres. » pp. 1-374

Mais on y admirera toujours une poésie riche, brillante, forte et vraiment pittoresque. […] Mais on y trouve de fort jolis tableaux. […] Il faut par conséquent qu’il soit peint avec de plus fortes couleurs que les autres. […] Il prend soin d’y servir des mets fort délicats. […] Elle part d’une âme forte, courageuse, élevée au-dessus des âmes vulgaires.

128. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Saint-Simon 1625-1695 » pp. 144-147

Le président du Harlay 3 M. de Harlay était un petit homme, vigoureux et maigre, un visage en losange4, un nez grand et aquilin, des yeux beaux, parlants perçants, qui ne regardaient qu’à la dérobée, mais qui, fixés sur un client ou sur un magistrat, étaient pour5 le faire rentrer en terre ; un habit peu ample, un rabat presque ecclésiastique, et des manchettes plates comme eux, une perruque fort brune et fort mêlée de blanc, touffue, mais courte, avec une grande calotte par dessus.

129. (1854) Éléments de rhétorique française

Aujourd’hui, dans ce fort, nous enterrons la hache, et nous plantons l’arbre de paix. […] Ce point est fort important, car supposez les mots les plus sonores et les mieux choisis : s’ils sont mal arrangés, la phrase sera désagréable à l’oreille. […] Racine et Massillon offrent un grand nombre de périodes, où la multiplicité des accessoires, loin d’obscurcir la phrase, la rend, au contraire, plus vive et plus forte. […] 2° On prend le tout pour la partie, ce qui est fort rare, comme lorsqu’on dit un castor pour désigner un chapeau fait de poils de castor. […] Une narration pourrait être claire, vraisemblable, complète, et en même temps fort ennuyeuse.

130. (1862) Cours complet et gradué de versions latines adaptées à la méthode de M. Burnouf… à l’usage des classes de grammaire (sixième, cinquième, quatrième) pp. -368

La singularité, l’indépendance de leur style, nous a obligé à ne leur donner, qu’une place fort restreinte. […] Ac tum forte in diem Paschæ omnis multitudo ex agris aliisque Judæ æ oppidis (divino nimirum consilio) convenerat. […] Quin tu surgis, et tuum in hoc temporis articulo deum invocas, si quis forte existat, qui præsens nobis auxilietur ? […] Cetera in vestrā potestate sunt : audete modo vincere, famamque, infirmissimum adversus fortes viros telum, contemnite. […] Per idem tempus Uticæ forte C.

131. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Staël 1766-1817 » pp. 218-221

. — Fort peu, répondit-il ; mais je sais seulement qu’il n’y a point d’homme dans toute la cour d’Espagne aussi pénétré de respect pour le pouvoir. […] La figure de Mme de Staël a été fort discutée.

132. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce second volume. »

L Landau, ville très forte de France, et l’une des plus fortes de toute l’Europe, à l’extrémité septentrionale de l’Alsace, sur la rivière de Queich. […] Comme elle était fort élevée, les poètes anciens la prenaient pour le ciel. […] Il termina glorieusement plusieurs guerres importantes en Afrique et en Asie, où périt le célèbre Mithridate, roi de Pont ; subjugua un grand nombre de nations ; prit une infinité de villes ; fut trois fois honoré du triomphe, et trois fois du consulat ; établit plusieurs lois fort sages, et vit dans Rome une statue équestre s’élever en son honneur. […] Rocroi, ville forte de France en Champagne, sur les confins du Hainaut, à deux lieues de la Meuse, dans une plaine environnée de forêts. […] Celle-ci s’étend au-delà du cercle polaire, et se trouve fort exposée aux vents du nord.

133. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

Vois, pour te faire vaincre un si fort adversaire, Quels efforts à moi-même il a fallu me faire ; Quels combats j’ai donnés pour te donner un cœur Si justement acquis à son premier vainqueur6 : Et si l’ingratitude en ton cœur ne domine, Fais quelque effort sur toi pour te rendre à Pauline7 Apprends d’elle à forcer ton propre sentiment ; Prends sa vertu pour guide en ton aveuglement ; Souffre que de toi-même elle obtienne ta vie, Pour vivre sous tes lois à jamais asservie8. […] mon père3, son crime à peine est pardonnable ; Mais s’il est insensé, vous êtes raisonnable : La nature est trop forte, et ses aimables traits Imprimés dans le sang ne s’effacent jamais ; Un père est toujours père, et sur cette assurance J’ose appuyer encore un reste d’espérance. […] — La Croix m’est un repos qui m’est fort agréable. […] Dans Géronte, comme dans don Diègue et dans le vieil Horace, l’amour paternel se montre mêlé de tendresse et de fermeté, de force et de faiblesse, tel qu’il est enfin ; mais, dans ce mélange, Corneille a toujours soin de soumettre le sentiment fort au sentiment faible, la tendresse au devoir, et la loi morale reste supérieure à l’homme, dont elle contient le cœur sans l’étouffer. […] Pauline a la tête forte, elle raisonne serré.

134. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Notions préliminaires. »

Mais guerre, terre, tonnerre, ne peuvent pas rimer avec père, hémisphère, colère, la convenance des sons ne se trouvant pas dans l’avant-dernière syllabe de ces mots, non pas précisément parce que les premiers ont deux rr, et que les autres n’en ont qu’un ; mais parce que dans les mots guerre, terre, tonnerre, le premier e est fort ouvert, et que dans les autres il est seulement un peu ouvert. […] Mais ils font rimer ensemble instant et attend, accord et fort, etc. […] Le cardinal de Richelieu entendant la lecture que lui faisait Colletet d’une de ses comédies, lui donna six cents livres pour six vers seulement qu’il trouvait fort beaux. […] Celle qui est assez commune et fort belle consiste à faire rimer les deux premiers vers, et à terminer le sens après le troisième, qui doit rimer avec le dernier.

135. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Montesquieu, 1689-1755 » pp. 235-252

C’est un homme qui n’est bon à rien, et qui nous devient fort à charge, parce qu’il ne travaille point pour le couvent. […] Je voulus l’attraper, et je me dis en moi-même : Il faut que je me mette dans mon fort ; je vais me réfugier dans mon pays. […] La plupart de ces peuples ne s’étaient pas d’abord fort souciés du droit de bourgeoisie chez les Romains, et quelques-uns aimèrent mieux garder leurs usages3. […] Cette invocation est fort belle ; en définissant la raison comme le plus parfait, le plus noble, le plus exquis de nos sens, Montesquieu s’y élève jusqu’à la poésie.

136. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VI. des mœurs  » pp. 75-88

Ce qui dérive de la faiblesse et de l’irritabilité des organes : la finesse de perception, la délicatesse de sentiment, la mobilité des idées, la docilité de l’imagination, les caprices de la volonté, la crédulité superstitieuse, les craintes vaines, les fantaisies et tous les vices des enfants ; ce qui dérive du besoin naturel d’apprivoiser un être sauvage, fier et fort, par lequel on est dominé : la modestie, la candeur, la simple et timide innocence, ou, à leur place, la dissimulation, l’adresse, l’artifice, la souplesse, la complaisance, tous les raffinements de l’art de séduire et d’intéresser ; enfin, ce qui dérive d’un état de dépendance et de contrainte, quand la passion se révolte et rompt les liens qui l’enchaînent : la violence, l’emportement, et l’audace du désespoir : voilà le fond des mœurs du côté du sexe le plus faible, et par là le plus susceptible de mouvements passionnés. « Du côté de l’homme, un fond de rudesse, d’âpreté, de férocité même, vices naturels de la force ; plus de courage habituel, plus d’égalité, de constance ; les premiers mouvements de la franchise et de la droiture, parce que, se sentant plus libre, il est moins craintif et moins dissimulé ; un orgueil plus allier, plus impérieux, plus ouvertement despotique, mais un amour-propre moins attentif et moins adroit à ménager ses avantages ; un plus grand nombre de passions, et chacune moins violente, parce que, moins captive et moins contrariée, elle n’a point, comme dans les femmes, le ressort que donne la contrainte aux passions qu’elle retient : voilà le fond des mœurs du sexe le plus fort. » La plupart de ces remarques sont d’une vérité évidente. […] Calvin le Picard ressemble plus à Jérôme de Prague, et le due de Richelieu à Buckingham, qu’un huguenot farouche et républicain du xvie  siècle au grand seigneur esprit fort et libertin de la cour de Louis XV.

137. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XII. Abrégé des règles de la versification française. »

Dépourvu de mètre et de forte accentuation, le vers français est un peu monotone ; il cherche à racheter ce défaut par la coupe qu’on appelle césure, et par la rime. […] Un vers chargé de syllabes fortes et accentuées est en réalité beaucoup plus long que celui qui en a moins, fussent-ils composés du même nombre de syllabes. […] La poésie admet de fortes ellipses : Je t’aimais inconstant, qu’aurais-je fait fidèle ?

138. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Racine, 1639-1699 » pp. 150-154

Parmi tout cela, une magnificence d’expression proportionnée aux maîtres du monde qu’il fait souvent parler ; capable néanmoins de s’abaisser quand il veut, et de descendre jusqu’aux plus simples naïvetés du comique, où il est encore inimitable ; enfin, ce qui lui est surtout particulier, une certaine force, une certaine élévation, qui surprend, enlève, et qui rend jusqu’à ses défauts, si on lui en peut trouver quelques-uns, beaucoup plus estimables que les vertus des autres : personnage véritablement né pour la gloire de son pays ; comparable, je ne dis pas à tout ce que l’ancienne Rome a eu d’excellents tragiques, puisqu’elle confesse elle-même qu’en ce genre elle n’a pas été fort heureuse, mais aux Eschyle, aux Sophocle, aux Euripide, dont la fameuse Athènes ne s’honore pas moins que des Thémistocle, des Périclès, des Alcibiade, qui vivaient en même temps qu’eux. […] Je veux croire que vous avez écrit fort vite les deux lettres que j’ai reçues de vous, car le caractère en paraît beaucoup négligé.

139. (1853) Exercices de composition et de style ou sujets de descriptions, de narrations de dialogues et de discours

Le propriétaire était un ancien marin dont le caractère était brusque et qui était alors de fort mauvaise humeur. Il reçoit fort mal le jeune homme et lui refuse sa demande. […] L’autre était envoyé de France, par sa famille, auprès d’un oncle fort riche dont la succession lui était promise. […] Instruit de son secret, le brave comte de Devon assemble de nouvelles forces dans Exeter, ville forte, capitale du comté. […] Les colons français bâtirent un fort qu’en l’honneur du roi ils appelèrent la Caroline, et commencèrent à défricher le terrain.

140. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

Le sauvage est une machine fort simple, que deux ou trois rouages tout au plus mettent en branle : l’orgueil national, la haine de la tribu voisine, l’instinct de la vengeance, du pillage et de la destruction. […] D’un autre côté, ces rois ont en apparence un pouvoir fort étendu : en effet, ils gouvernent par la lance et par le sceptre, ils ont le prestige du guerrier, l’autorité du juge, la majesté du prêtre ; ils descendent de Jupiter, source de toute souveraineté. […] Devant eux se pressent les fortes générations qui ont repoussé les Mèdes, rempli les îles et la Chersonèse de leurs colonies, conquis l’empire de la mer et la prééminence sur toute la Grèce. […] Un homme peut avoir du caractère, être fort estimable, et manquer de l’éloquence nécessaire à un orateur. […] Parce qu’une conviction forte et sincère a un accent passionné qui entraîne, et qu’il est impossible qu’un orateur bien plein de son sujet et bien pénétré de ce qu’il dit ne soit pas éloquent.

141. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

La pensée est forte, lorsque l’objet qu’elle représente, fait une profonde impression dans l’esprit. […] Ces deux derniers vers renferment une pensée très forte, parce que l’objet qu’elle représente, fait une impression des plus vives et des plus profondes. […] Les mots sonores et brillants affaibliraient souvent une pensée forte. […] Dans celle-ci, elle est forte, vive, rapide : dans l’autre, elle est douce, mais en même temps majestueuse. […] Elle est trop forte : elle est gigantesque.

142. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre Ier. Des éléments du style. » pp. 22-78

Qu’est-ce que la pensée forte ou énergique ? La pensée forte ou énergique est celle qui renferme un grand sens en peu de paroles, et qui fait dans l’esprit une impression profonde. […] Faites connaître le sentiment fort ou énergique. Le sentiment fort ou énergique éclate avec une grande vigueur, et laisse dans l’âme des traces profondes. […] Les images, comme les pensées et les sentiments, sont quelquefois sublimes, c’est-à-dire qu’elles représentent de grands objets avec des couleurs si vraies, si vives et si fortes, que l’âme est ravie d’admiration.

143. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur les extraits des problèmes » pp. -144

Un son plus fort.] […] Au reste le sens de tout ce passage est fort incertain.

144. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Molière. (1622-1673.) » pp. 29-34

Je vous commets au soin de nettoyer partout ; et surtout prenez garde de frotter les meubles trop fort, de peur de les user. […] Je ne vous dirai point qu’ils sont sur la litière : les pauvres bêtes n’en ont point, et ce serait fort mal parler ; mais vous leur faites observer des jeûnes si austères, que ce ne sont plus rien que des idées ou des fantômes, des façons de chevaux.

145. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voiture, 1598-1648 » pp. 21-25

Cependant, Monseigneur, laissant la conscience à part, et politiquement parlant, je me réjouis avec Votre Altesse de ce que j’entends dire qu’Elle a gagné la plus belle victoire et de la plus grande importance que nous ayons vue de notre siècle, et de ce que, sans être Important 4, Elle sait faire des actions qui le soient si fort. […] Le prince de Condé qui eut l’humeur fort railleuse n’avait point ménagé cette personne ; elle s’en vengea par des propos malins.

146. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre V. Analyse de l’éloge de Marc-Aurèle, par Thomas. »

On reprocha dans le temps, et avec raison, au panégyriste de ce dernier de s’être mêlé fort mal à propos de discussions théologiques, étrangères à l’éloquence, et au-dessus de la portée de l’écrivain ; et d’avoir, en général, moins fait l’éloge de Fénelon, que la satire de Bossuet. […] Cette mâle philosophie fut faite de tout temps pour les âmes fortes. […] Le sujet même de l’ouvrage, le cadre très heureux sous certains rapports, que l’orateur avait adopté, le personnage principal du tableau, tout amenait naturellement ici, ce qui eût été fort déplacé partout ailleurs ; mais l’auteur n’abuse-t-il pas quelquefois des facilités même que lui donnait son plan à cet égard ; et n’y trouve-t-on pas encore sur la liberté, l’égalité, la propriété, la vie et la mort, beaucoup trop de ces tirades ambitieuses et déclamatoires, où percent à travers le masque d’Apollonius la véritable intention de propager les idées nouvelles et d’opérer, dans les têtes, la révolution qui ne tarda pas à se manifester dans les choses ?

147. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IX. Poésies fugitives. »

Domairon réunit sous le nom de poésies fugitives un certain nombre d’ouvrages en vers, souvent fort différents de genre et de caractère, et qui ne se ressemblent à peu près en rien, sinon en ce qu’ils sont de très petite dimension, savoir, les énigmes, logogriphes et charades ; les épigrammes, madrigaux et sonnets ; le rondeau, le triolet, l’épitaphe, l’inscription, l’épithalame et la chanson. […] — Et c’est, dit-il, le diable, oyez-vous bien, Ouvrir sa bourse et ne voir rien dedans. » Tel est aussi ce petit conte de Baraton, sur un mot de Caton, rapporté par saint Augustin : Autrefois, un Romain s’en vint fort affligé Raconter à Caton que la nuit précédente Son soulier des souris avait été rongé, Chose qui lui semblait tout à fait effrayante. […] cria-t-il hautement, De me baigner si désormais l’envie Me revenait, daignez me la changer ; Oncques dans l’eau n’entrerai de ma vie Qu’auparavant je ne sache nager. » Le sel de ces récits consiste en ce que l’esprit suit paisiblement le récit, croyant arriver à quelque suite, naturelle en pareil cas, de ce qui avait été dit d’abord, mais que tout à coup il se sent rejeté brusquement sur une autre idée dont il était fort éloigné75.

148. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre IV. Continuation du même sujet. Historiens latins. »

Mais ce défaut (si c’en est un) est si heureusement compensé par des beautés du premier ordre, par ces développements profonds du cœur humain, par cette abondance de pensées fortes ou sublimes qui mettent le héros tout entier sous les yeux du lecteur, que l’on pardonne volontiers à l’historien de prendre la parole, et de se mettre à la place d’un personnage qui n’eût pas toujours été capable de parler aussi bien. […] Sed, quia multis et magnis tempestatibus vos cognovi fortes, fidosque mihi, eo animus ausus est maxumum atque pulcherrumum facinus incipere. […] Partout sa diction est forte, et sa pensée grande comme son âme. […] J’ai toujours cru voir mes forces augmenter avec le nombre de mes années, en sorte que, dans ma vieillesse même, je ne me suis senti ni moins fort, ni moins vigoureux qu’aux jours même de ma jeunesse.

149. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IV. Genre dramatique. »

La Chine a un théâtre aussi fort ancien : Voltaire en a tiré l’Orphelin de la Chine. […] Il faut une volonté forte et un vertu solide pour résister à cette séduction. […] D’un attrait naturel de l’homme pour les émotions fortes, et en même temps de la satisfaction intime qu’il éprouve de se sentir à l’abri des malheurs dont on lui représente le tableau. […] Le théâtre antique, avec ce caractère religieux et la pompe solennelle de ses représentations, avait quelque chose de plus simple et de plus grandiose que le nôtre ; la lutte était forte et pathétique.

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