Tracez l’image d’un Canning, d’un Guizot, d’un Robert Peel, je le conçois ; mais à quoi bon m’arrêter sur tous les comparses ministériels que le système représentatif a fait naître et mourir à chaque session ? […] Une fois le modèle posé avec aisance, sans roideur, sans luxe inutile, que le peintre saisisse l’ensemble de la physionomie, arrête bien les contours, n’accuse que les masses, négligeant les détails et les accessoires, à moins qu’ils ne soient éminemment caractéristiques. […] Ne vous semble-t-il pas d’ailleurs que ces portraits exprofesso où l’auteur arrête le personnage dans sa marche pour le faire poser, en quelque sorte, ont presque toujours je ne sais quoi d’apprêté et de déclamatoire, et qu’il est un moyen bien plus naturel de faire apprécier le héros, c’est l’action et le dialogue ? […] Quant au genre en lui-même, les motifs énoncés au commencement du précédent chapitre me dispensent de m’y arrêter. […] Ainsi donc, sans nous arrêter sur l’épistolographie, terminons ce que nous avons à dire de la narration et des formes qui s’y rattachent, par quelques remarques sur un mode de développement qui peut s’appliquer non-seulement à cette partie de l’ensemble, mais à toutes les autres ; je veux parler de l’ amplification.
En même temps, l’homme et le cheval, au lieu de s’amuser à être roués et estropiés, se relèvent miraculeusement, remontent l’un sur l’autre, s’enfuient, et courent encore, pendant que les laquais de l’archevêque, et le cocher, et l’archevêque même, se mettent à crier : Arrête, arrête ce coquin ! […] Il monta à cheval le samedi à deux heures, après avoir mangé ; et, comme il avait bien des gens avec lui, il les laissa tous à trente pas de la hauteur où il voulait aller, et dit au petit d’Elbeuf : « Mon neveu, demeurez là : vous ne faites que tourner autour de moi, vous me feriez reconnaître. » M. d’Hamilton, qui se trouva près de l’endroit où il allait, lui dit : « Monsieur, venez par ici ; on tire du côté où vous allez. — Monsieur, lui dit-il, vous avez raison ; je ne veux point du tout être tué aujourd’hui, cela sera le mieux du monde. » Il eut à peine tourné son cheval qu’il aperçut Saint-Hilaire, le chapeau à la main, qui lui dit : « Monsieur, jetez les yeux sur cette batterie que je viens de faire placer là2. » M. de Turenne revint, et dans l’instant, sans être arrêté, il eut le bras et le corps fracassés du même coup qui emporta le bras et la main qui tenaient le chapeau de Saint-Hilaire. […] Dans ce moment, le cheval s’arrête, le héros tombe entre les bras de ses gens ; il ouvre deux fois de grands yeux et la bouche, et demeure tranquille pour jamais : songez qu’il était mort, et qu’il avait une partie du cœur emportée. […] Madame de Sévigné raconte ainsi les mêmes détails dans une autre lettre (9 août 1675) : « Saint-Hilaire, lieutenant général de l’artillerie, fit arrêter M. de Turenne, qui avait toujours galopé, pour lui faire voir une batterie ; c’était comme s’il lui eût dit : Monsieur, arrêtez-vous un peu, car c’est ici que vous devez être tué.
Frangeret ad saxum ; le bruit des os fracassés est dans frangeret, et le vers s’arrête avec la masse qui reste immobile sur le pavé de l’antre. […] Nous nous arrêterons à quelques exemples seulement, car il faut mettre des bornes, même au plaisir de citer Homère et Virgile. […] Et comme le vers s’arrête un moment avec la pierre, pour retomber ensuite avec plus de fracas ! […] Quel plaisir de nous arrêter un moment avec lui dans ce joli bocage : Quâ pinus ingens, albaque populus Umbram hospitalem consociare amant Ramis, et obliquo laborat Lympha fugax trepidare rivo. […] Le trait part, siffle, vole, et s’arrête en tremblant ; La masse est ébranlée ; et, dans son vaste flanc, De ses concavités les profondeurs gémirent.
Cependant que fais-je, quand vous êtes arrêté ? […] Il monta à cheval le samedi à deux heures, après avoir mangé, et, comme il avait bien des gens avec lui, il les laissa tous à trente pas de la hauteur où il vouloit aller, et dit au petit d’Elbeuf : « Mon neveu, demeurez là : vous ne faites que tourner autour de moi, vous me feriez reconnoître. » M. d’Hamilton, qui se trouva près de l’endroit où il alloit, lui dit : « Monsieur, venez par ici ; on tire du côté où vous allez. — Monsieur, lui dit-il, vous avez raison ; je ne veux point du tout être tué aujourd’hui, cela sera le mieux du monde. » Il eut à peine tourné son cheval qu’il aperçut Saint-Hilaire, le chapeau à la main, qui lui dit : « Monsieur, jetez les yeux sur cette batterie que je viens de faire placer là4. » M. de Turenne revint, et dans l’instant, sans être arrêté, il eut le bras et le corps fracassés du même coup qui emporta le bras et la main qui tenoient le chapeau de Saint-Hilaire. […] Dans ce moment, le cheval s’arrête, le héros tombe entre les bras de ses gens ; il ouvre deux fois de grands yeux et la bouche, et demeure tranquille pour jamais : songez qu’il étoit mort, et qu’il avoit une partie du cœur emportée. […] Il ne put y pénétrer, mais il s’arrêta sur le seuil, ses pleurs coulèrent avec amertume, et « sans la nuit, on n’aurait pu, dit-il, l’arracher de cet endroit ». […] « Saint-Hilaire, lieutenant général de l’artillerie, fit arrêter M. de Turenne, qui avait toujours galopé, pour lui faire voir une batterie ; c’était comme s’il lui eût dit : Monsieur, arrêtez-vous un peu, car c’est ici que vous devez être tué.
de la fin En lisant certains prosateurs et surtout certains poëtes contemporains, on remarque quelques pièces terminées brusquement, sans que le sujet soit achevé, ni l’idée principale complétement développée, sans qu’on puisse imaginer même quel motif les détermine à s’arrêter. […] A leur dernière ligne, vous êtes tenté de tourner la page pour chercher la suite ; l’esprit est dérouté, désappointé, comme le serait l’oreille, si un compositeur s’avisait de s’arrêter sur un accord dissonant dont il n’aurait pas fait entendre la résolution. […] Vous voyez par-là que je ne demande pas non plus, comme en musique, des finale, des coda, pour toute sorte d’ouvrage ; j’exige seulement qu’on ne s’arrête que lorsqu’on a touehé le but. […] Tout le reste, la visite à l’île, la colonisation de l’île, les combats contre les sauvages, les voyages en Chine et en Tartarie, c’est-à-dire au moins la moitié du livre, ne présente plus ni intérêt, ni originalité, ni rapport avec l’idée fondamentale ; et quand enfin l’auteur s’arrête, on ne sait pas pourquoi il le fait ; il n’a aucun motif pour ne pas continuer, pour ne pas ajouter autant de volumes qu’en peut admettre un voyage autour du monde. […] Tout le plan de l’entreprise est définitivement arrêté, tous les conjurés à leur poste ; armes, vaisseaux, mots de ralliement, esprits et courages, tout est prêt ; on n’attend plus que le signal, et le signal va être donné au lever du jour.
Nous voilà arrêtés par un héros, appuyez, grand orateur, sur ses qualités guerrières ; nommez-le plusieurs fois, essayez le fracas de son nom sur notre valeur et notre courage. […] La narration paraît arrêtée dans ces mouvements tout comme l’armée ; deux phrases sans figures, après toutes celles qui précèdent ! […] La narration s’arrête, la transition est brusque, la phrase se meurt lentement, devient courte et hérissée de noms propres. […] Dans la poésie, il ne faut point avoir égard aux hémistiches et s’y arrêter comme à une place marquée par le rhythme. […] Nous nous arrêterions sur ce mot avec intérêt, et nous comprendrions à merveille toute son énergie.
Le riche territoire de Pescia, dans le val de Nievole, entre Lucques, Pistoïa et Florence, arrêta ses regards par la beauté et la variété de ses cultures. […] Les mers sont traversées par des vaisseaux sans voiles que n’arrêtent plus les tempêtes, et les terres sont parcourues par des chars dont la force et la vélocité ne semblent plus dépendre que de la volonté humaine. […] Lorsque ce siècle aura réglé sa curiosité et tempéré sa fougue, personne ne peut prévoir sa grandeur, comme rien ne peut arrêter son génie.
Il s’arrêta près du cerceuil, le regarda tristement ; et tout à coup élevant sa voix : « Romains, dit-il, vous avez perdu un grand homme, et moi j’ai perdu un ami. […] Apollonius poursuit : il apprend aux Romains que c’est à la philosophie seule que Marc-Aurèle est redevable du caractère qui le distingue essentiellement entre tous les empereurs ; transition un peu forcée, pour amener le morceau suivant, « À ce mot de philosophie, je m’arrête. […] Recevez-moi, disait-il, parmi vous ; éclairez mon esprit, élevez mes sentiments ; que j’apprenne à n’aimer que ce qui est vrai, à ne faire que ce qui est juste. » Je m’arrêterai un moment aussi, avec l’orateur philosophe, à ce mot de philosophie, pour applaudir à la définition aussi juste que sublime, que nous en donne Apollonius, et au portrait qu’il nous en trace. […] Que ne s’arrêtait-il à cette belle phrase : « La philosophie sur le trône a fait vingt ans le bonheur du monde ; c’est en essuyant les larmes des nations qu’elle a réfuté les calomnies des tyrans ». […] Dans ce moment, je délibérai si je ne renoncerais pas à ce pouvoir dangereux et terrible ; et je fus un instant résolu : oui, je fus résolu d’abdiquer l’empire… » Je ne m’arrêtai pas longtemps à ce projet de renoncer à l’empire.
Là, entre autres plusieurs choses, nous avons arrêté nos yeux sur une galère turque, assez bien équipée. […] C’est ainsi qu’on doit s’arrêter à temps. […] On voudrait arrêter ; marche, marche. […] Charles, au milieu d’un groupe d’officiers, criait en vain : « Arrêtez ! arrêtez !
Arrêtons-nous à cette souveraine unité. […] Une fois le plan bien arrêté, il n’y a pas d’inconvénient à traiter tantôt une partie, tantôt l’autre, selon la fantaisie et l’attrait du moment. […] Mais ici elle s’offre sous les deux faces : la passion arrêtée d’une part et modérée en dépit d’elle-même29 ; et de l’autre, s’abandonnant à tous ses caprices, sans frein comme sans crainte30. Arrêtons-nous au31. […] Mais n’oubliant pas qu’il s’adresse spécialement ici aux hautes classes de la société ; que, s’il parle des autres hommes, ce n’est que d’une façon accessoire et pour faire ressortir la position des grands, l’orateur s’arrête plus longtemps sur ces derniers ; il explique quel résultat produit chez eux, dans le domaine de la passion, ce privilége de la naissance qui, leur ayant donné tout le reste, leur permet de s’occuper exclusivement du plaisir, sans en être distraits par les soins de la fortune.
Alexandre, ce conquérant rapide que Daniel dépeint comme ne touchant pas la terre de ses pieds, lui qui fut si jaloux de subjuguer le monde entier, s’arrêta bien loin en deçà de vous ; mais la charité va plus loin que l’orgueil. Ni les sables brûlants, ni les déserts, ni les montagnes, ni la distance des lieux, ni les tempêtes, ni les écueils de tant de mers, ni l’intempérie de l’air, ni le milieu fatal de la ligne où l’on découvre un ciel nouveau, ni les flottes ennemies, ni les côtes barbares ne peuvent arrêter ceux que Dieu envoie. […] « Une fatale révolution, une rapidité que rien n’arrête, entraîne tout dans les abîmes de l’éternité ; les siècles, les générations, les empires, tout va se perdre dans ce gouffre ; tout y entre et rien n’en sort : nos ancêtres nous en ont frayé le chemin et nous allons le frayer dans un moment à ceux qui viennent après nous : ainsi les âges se renouvellent, ainsi la figure du monde change sans cesse : ainsi les morts et les vivants se succèdent et se remplacent continuellement : rien ne demeure, tout s’use, tout s’éteint. […] Cependant en avançant dans ces hautes régions du style, nous voici tout près du sublime ; arrêtons-nous. […] Longin, qui fait mal à propos rentrer dans le sublime tant de choses qui ne lui appartiennent pas, et jusqu’à l’ode de Sapho, la plus brûlante expression de l’amour sensuel, Longin cite, comme modèle de ce qu’il nomme sublime d’image, ce passage d’Euripide, où Phébus cherche à guider, dans son téméraire voyage, Phaéton déjà lancé dans les cieux : Le père cependant, plein d’un trouble funeste, Le voit rouler de loin sur la plaine céleste, Lui montre encor sa route, et du plus haut des cieux Le suit autant qu’il peut, de la voix et des yeux : « Va par là, lui dit-il, reviens, détourne, arrête… » « Ne vous semble-t-il pas, ajoute Longin, que l’âme du poëte monte sur le char avec Phaéton, partage tous ses périls et vole dans l’air avec les chevaux ?
Tous ses personnages ont des traits nets, précis et arrêtés. […] A un demi-mille du village, après bien des détours, Colomba s’arrêta tout à coup dans un endroit où le chemin faisait un coude. […] Colomba s’arrêta devant ce tas de feuillage, et, arrachant un branche d’arbousier, l’ajouta à la pyramide. « Orso, dit-elle, c’est ici que notre père est mort.
L’homme qui bouleverse la terre, voit son pouvoir s’arrêter Sur tes bords. […] Le premier s’arrête devant le billot et le regarde avec mépris. […] Arrêtons-nous. […] Il allait, quand il a été arrêté, implorer pour eux le secours des incas. […] Motifs qui déterminent l’un à s’arrêter, l’autre à poursuivre sa route.
Nous nous sommes arrêtés à celui de tous les discours qui pouvait le mieux remplir notre objet : le plaidoyer de Cicéron pour Milon, que l’on peut regarder comme le chef-d’œuvre de l’éloquence latine, et peut-être de tout le genre judiciaire. […] Vous voyez par quelle éloquente gradation l’orateur s’élève insensiblement au-dessus des considérations qui semblaient devoir l’arrêter, il n’y a qu’un moment. […] Arrêtons-nous un moment à la belle prosopopée, dans laquelle l’orateur introduit Milon lui-même se glorifiant de la mort de Clodius, et s’écriant : 118« Occidi, occidi, non Sp. […] Aussitôt une foule d’hommes armés fondent sur lui d’un lieu élevé, arrêtent la litière, en tuent le conducteur. […] Je m’arrête ; mes larmes m’empêchent de poursuivre, et Milon ne veut pas être défendu par des larmes.
Il est venu arrêter les pensées vagues de l’esprit humain : par son moyen, nous savons ce qu’Aristote, ce que le maître d’Aristote5, ce que les disciples d’Aristote ont ignoré. […] Il a été affermi dans son pouvoir par une force étrangère et qui n’était pas de lui, par une force qui appuie la faiblesse, qui anime la lâcheté, qui arrête les chutes de ceux qui se précipitent, qui n’a que faire des bonnes maximes pour produire les bons succès. […] Il pensait exercer ses passions : il exécutait les arrêtés du ciel.
Les minuties apparentes qui se rencontrent dans ce travail ne nuisent, comme le remarque Quintilien, qu’à ceux qui s’y arrêtent, et non à ceux qui les traversent pour aller plus loin. […] Non pas qu’il doive s’arrêter là, et que je bannisse les grammaires généralement adoptées ; je veux seulement que ces ouvrages synthétiques ne viennent que lorsque l’étude analytique en aura bien fait comprendre la signification réelle. […] A l’imitation de ces habiles professeurs, le maître fera saisir les applications des règles précédemment formulées, et les détails philologiques qui seront, à leur tour, les éléments de nouvelles synthèses ; il s’arrêtera sur les homonymes, sur les homographes, sur toutes les difficultés de l’orthographe usuelle et raisonnée, sur toutes les variétés de la proposition grammaticale et de la proposition logique, faisant toujours précéder la théorie de la pratique, proscrivant les cacographies, détestable méthode, qui apprend à la jeunesse des fautes dont elle ne se doutait pas. […] où s’arrête le gaulois ?
Ces coups de bas en haut ne m’arrêteront pas dans ma carrière. […] Les deux armées s’arrêtent. […] La mêlée s’échauffe : un tourbillon de poussière rougie s’élève et s’arrête au-dessus des combattants. […] Lorsque la légion s’avança dans la plaine, les Francs se sentirent arrêtés au milieu de leur victoire. […] Au premier abord nul trait ne fait saillie et n’arrête le regard.
À quoi vous arrêterez-vous d’abord ; et ne vous vois-je pas hésiter, incertain et embarrassé par l’abondance même de la matière ? […] Archias insiste ; on va pour saisir Démosthène : « Arrête, dit-il, et ne profane pas la demeure des Dieux : laisse-moi remercier Neptune de l’asile qu’il m’a accordé, et je te suis ».
Je m’arrêtai donc un peu à considérer le spectacle de ces différentes pièces de ce vaste et tumultueux appartement. […] Il expire : cette nouvelle, publiée à la porte du palais devant laquelle le conquérant fit proclamer tant de funérailles, n’arrête ni n’étonne le passant : qu’avaient à pleurer les citoyens ? […] Lorsque ce siècle aura réglé sa curiosité et tempéré sa fougue, personne ne peut prévoir sa grandeur, comme rien ne peut arrêter son génie. […] Il occupe à table et à la promenade plus de place qu’un autre : il tient le milieu en se promenant avec ses égaux ; il s’arrête, et l’on s’arrête ; il continue de marcher, et l’on marche ; tous se règlent sur lui ; il interrompt, il redresse ceux qui ont la parole ; on ne l’interrompt pas, on l’écoute aussi longtemps qu’il veut parler, on est de son avis, on croit les nouvelles qu’il débite. […] Déjà pour la saisir Calchas lève le bras : « Arrête, a-t-elle dit, et ne m’approche pas.
Seuls nous ne pourrions jamais écarter nos misères, mais Dieu leur a donné une mesure telle qu’elles n’arrêtent jamais ceux qui vivent dans la crainte de Dieu, qui s’aiment entre eux et se soulagent mutuellement. […] Choisissez vos détails ; rejetez ce qui est vulgaire, insignifiant ; arrêtez-vous aux traits caractéristiques, originaux. […] Simple narrateur, historien, vous vous contenterez de quelques traits saillants ; orateur, vous présenterez plus de détails ; mais vous vous arrêterez dès que vous jugerez votre but atteint. […] En même temps l’homme et le cheval, au lieu de s’amuser à être roués, se lèvent miraculeusement, remontent l’un sur l’autre, et s’enfuient ; ils courent encore, pendant que les laquais et le cocher de l’archevêque, et l’archevêque même, se mettent à crier : Arrête, arrête ce coquin ! […] Toute l’armée s’arrête pour regarder le combat des deux chefs.
Tous ses personnages ont je ne sais quoi de net, de précis, d’arrêté qui burine profondément leurs traits. […] À un demi-mille du village, après bien des détours, Colomba s’arrêta tout à coup dans un endroit où le chemin faisait un coude. […] Colomba s’arrêta devant ce tas de feuillage, et, arrachant une branche d’arbousier, l’ajouta à la pyramide. « Orso, dit-elle, c’est ici que notre père est mort.
Nous distinguerons d’abord, dans les écrivains sacrés, l’emploi judicieux des figures qui contribuent le plus à rendre la diction vraiment poétique ; et nous nous arrêterons spécialement à celles que nous avons fait connaître dans le cours de notre ouvrage, et que nous avons appuyées des exemples les plus célèbres dans les poètes anciens. […] Tout ce morceau est charmant, respire la plus douce sensibilité, et le trait implumes qui complète le tableau et arrête si délicieusement le cœur sur l’image la plus intéressante, nous paraît au-dessus de l’éloge. […] quand t’arrêteras-tu ? Rentre dans le fourreau, et restes-y en silence. — Comment le glaive s’arrêterait-il quand Jéhova lui a commandé de marcher, quand il a dévoué à sa fureur Ascalon et le rivage des mers » !
Mais nous nous arrêterons de préférence à celle du discours pour Milon, lorsque, dans le résumé qui va suivre ces notions générales, nous chercherons dans ce magnifique plaidoyer les preuves de ce que nous avançons ici, et de l’incontestable supériorité du plus grand des orateurs. […] Pour y parvenir, il ne s’arrêtera point indistinctement à la foule d’arguments qui se présentent quelquefois, au premier coup d’œil, pour appuyer ou développer une preuve : mais il choisira, et son choix ne se déterminera que pour ceux qui vont directement au but ; et il aura soin d’observer, dans leur disposition, la gradation qu’indique la nature elle-même. […] Mais dans l’un ou l’autre cas, il faut savoir s’arrêter à propos, et dans le dernier principalement ; car, suivant la remarque du rhéteur Apollonius, citée par Cicéron et Quintilien, rien ne sèche si vite que les larmes : nec sine causâ dictum est nihil faciliùs quàm lacrymas inarescere .
Enfin l’on fit si bien, que l’on se fit arrêter au Louvre par Guitaut, capitaine des gardes de la reine. […] Le marquis de Nangis, mestre de camp2 du régiment de Navarre ou de Picardie, je ne me ressouviens pas précisément, et enragé contre la reine et contre le cardinal pour un sujet que je vous dirai incontinent, fut fort tenté d’entrer dans la cabale des Importants, cinq ou six jours devant que M. de Beaufort fût arrêté ; et je le détournai de cette pensée, en lui disant que la mode, qui a du pouvoir en toutes choses, ne l’a si sensible en aucune qu’à être ou bien ou mal à la cour. […] Quand l’on vit que le cardinal avait arrêté celui qui, cinq ou six semaines devant, avait ramené le roi à Paris avec un faste inconcevable, l’imagination de tous les hommes fut saisie d’un étonnement respectueux ; et je me souviens que Chapelain, qui enfin avait de l’esprit2, ne pouvait se lasser d’admirer ce grand événement.
Qui leur eût dit qu’il y avait une sorte de navigation incomparablement plus parfaite ; qu’on pouvait traverser cette étendue infinie d’eaux, de tel côté et de tel sens qu’on voulait ; qu’on s’y pouvait arrêter sans mouvement au milieu des flots émus ; qu’on était maître de la vitesse avec laquelle on allait ; qu’enfin cette mer, quelque vaste qu’elle fût, n’était point un obstacle à la communication des peuples, pourvu seulement qu’il y eût des peuples au delà : vous pouvez compter qu’ils ne l’eussent jamais cru. […] Entretenir perpétuellement dans une ville telle que Paris une consommation immense dont une infinité d’accidents peuvent toujours tarir quelques sources ; réprimer la tyrannie des marchands à l’égard du public, et en même temps animer leur commerce ; empêcher les usurpations mutuelles des uns sur les autres, souvent difficiles à démêler ; reconnaître dans une foule infinie tous ceux qui peuvent si aisément y cacher une industrie pernicieuse et en purger la société ; ignorer ce qu’il vaut mieux ignorer que punir, et ne punir que rarement et utilement ; être présent partout sans être vu ; enfin mouvoir ou arrêter à son gré une multitude immense et tumultueuse, et être l’âme toujours agissante et presque inconnue de ce grand corps : voilà quelles sont en général les fonctions du magistrat de la police. […] d’Argenson le franchit le premier, et se fit suivre des plus braves, et l’incendie fut arrêté.
Les partis se suivent, se poussent à l’échafaud, jusqu’au terme que Dieu a marqué aux passions humaines ; et de ce chaos sanglant sort tout à coup un génie extraordinaire qui saisit cette société agitée, l’arrête, lui donne à la fois l’ordre, la gloire, réalise le plus vrai de ses besoins, l’égalité civile, ajourne la liberté qui l’eût gêné dans sa marche, et court porter à travers le monde les vérités puissantes de la révolution française. […] Entré en Italie avec trente et quelques mille hommes, Bonaparte sépare d’abord les Piémontais des Autrichiens à Montenotte et Millesimo, achève de détruire les premiers à Mondovi, puis court après les seconds, passe devant eux le Pô à Plaisance, l’Adda à Lodi, s’empare de la Lombardie, s’y arrête un instant, se remet bientôt en marche, trouve les Autrichiens renforcés sur le Mincio, et achève de les détruire à la bataille de Borghetto. […] Il est vainqueur encore à Arcole ; mais l’ennemi est arrêté, il n’est pas détruit ; il revient une dernière fois et plus puissant que les premières.
On dirait, tant elles sont étrangement posées et inclinées vers la chute, qu’un géant s’est amusé un jour à les faire rouler du haut de la côte, et qu’elles se sont arrêtées là où elles ont rencontré un obstacle, les unes à quelques pas du point de départ, les autres à mi-côte ; mais ces obstacles semblent les avoir plutôt suspendues qu’arrêtées dans leur course ; car elles paraissent toujours prêtes à rouler. […] « Tous les bruits de la nature : les vents, ces haleines formidables qui mettent en jeu les innombrables instruments disposés dans les plaines, sur les montagnes, dans le creux des vallées, ou réunis en masse dans les forêts ; les eaux, qui possèdent une échelle de voix d’une étendue si démesurée, à partir du bruissement d’une fontaine dans la mousse jusqu’aux immenses harmonies de l’Océan ; le tonnerre, voix de cette mer qui flotte sur nos têtes ; le frôlement des feuilles sèches, s’il vient à passer un homme ou un vent follet ; enfin, car il faut bien s’arrêter dans cette énumération qui serait infinie, cette émission continuelle de bruits, cette rumeur des éléments toujours flottante, dilatent ma pensée en d’étranges rêveries et me jettent en des étonnements dont je ne puis revenir.
Il y vient, il est arrêté, et au moment où il allait être égorgé par sa sœur, il est reconnu par elle ; soit comme chez Euripide, ou plutôt comme chez Polyidus, parce qu’il s’écrie : Ma sœur a été sacrifiée, je vais donc l’être aussi : et cette exclamation le sauve. » Après cela on remet les noms, on fait les détails qui doivent tous être propres au sujet, comme dans l’Oreste, sa fureur maniaque, qui le fait prendre, et son expiation qui le sauve. […] Du genre à l’espèce, comme dans Homère, mon vaisseau s’est arrêté ici : car être dans le port est une des manières d’être arrêté. […] On verrait d’un côté les Grecs immobiles, et de l’autre Achille leur faisant signe de s’arrêter ; mais, dans un récit, cela ne s’aperçoit point. […] Ainsi quand Homère a dit, le javelot resta à la lame d’or , pour dire qu’il s’y arrêta : ce mot peut avoir plusieurs sens dans cet endroit, mais le plus naturel est qu’il s’y arrêta sans la percer. […] On entend ici par articulation la modification donnée aux sons par l’impression de la langue, du palais, des dents, des lèvres, en un mot des organes de la parole, qui pressent le son ou l’arrêtent en son passage.
Égaré dans ses propres champs, il s’arrête et ne reconnaît plus sa route : il voit de nouvelles collines se former, et la campagne bouleversée lui prédite un aspect informe. […] La crainte arrête ses pas incertains ; ses forces l’abandonnent ; il tombe au pied d’un monceau de neige mouvante ; il sent toute l’amertume de la mort, et son agonie est mêlée des angoisses cruelles dont la nature perce le cœur du malheureux expirant sans secours, loin de sa femme, de ses enfants, de ses amis. […] Un froid mortel glace ses sens, roidit ses nerfs, et, pénétrant jusqu’à son cœur, en arrête le mouvement ; il n’est plus qu’un cadavre étendu sur la neige et blanchissant au souille du nord. […] Les têtes de colonnes, en se rencontrant à Martigny, s’arrêtent, étonnées, aux pieds de ces gigantesques boulevards. […] Viennet a faits pour essayer d’arrêter les progrès de cette épidémie littéraire, et nous croyons que ses efforts ont été couronnés de quelque succès.
Nous nous y sommes arrêtés de préférence, parce qu’il offre des rapprochements précieux, des vérités de tous les temps, et qu’il montre à la fois, dans Cicéron, l’homme d’état, le grand orateur et le vrai citoyen. […] Vérité incontestable, vérité de tous les temps ; vérité si sensible, enfin, qu’il sembleront inutile de s’y arrêter, s’il n’était devenu nécessaire de ne perdre aucune des occasions qui peuvent y ramener ; si nous ne frémissions encore de la dissolution affreuse qui a été la conséquence indispensable de l’oubli de ses droits, du mépris et de la négligence de ses maximes. […] Comme ses ennemis le voyaient étendu par terre, percé de coups et respirant à peine, ils s’arrêtèrent enfin, moins par pitié et par modération que par erreur, et parce qu’ils étaient las de frapper.
Je m’arrêtai sur le bord d’un lac, puis je m’assis dans un bosquet. […] Étonnement général ; toutes les danses s’arrêtent. […] Le Cosaque s’arrête auprès d’un vaste château, et demande si l’on veut y recevoir le blessé ; on y consent. […] Tout ce que nous avons fait jusqu’à ce jour n’est donc rien si nous nous arrêtons ici. […] La liste des rois fainéants commence à eux et ne s’arrête plus qu’à l’avènement de la seconde dynastie.
Pour dire que l’homme vertueux n’a rien à redouter sur la terre, Racine fait ainsi parler Joab : Celui qui met un frein à la fureur des flots, Sait aussi des méchants arrêter les complots. […] La prose, du mot latin prosa, dérivé de prorsa ou prorsus, direct, droit, qui va en avant, est le discours qui n’est pas soumis à une mesure régulière ou langage libre ; et le vers, de versus, tourné, qui retourne en arrière, parce que le vers s’arrête pour recommencer les mêmes rythmes, est le langage mesuré ou assujéti aux lois de la versification. […] D’ailleurs, ils s’emploient rarement seuls ; ils sont presque toujours entremêlés avec d’autres de différentes mesures : Ta justice paraît, de feux étincelante ; Et la terre tremblante S’arrête à ton aspect. […] sto, je m’arrête, un nombre déterminé de vers qui forment ordinairement un sens complet. […] voit-on, revêtu de l’étole sacrée Le prêtre de l’autel s’arrêter à l’entrée ?
La gloire et la vertu La paix et l’affection ne sont pas le terme où s’arrête l’efficacité de la vertu agissant sur l’âme et y créant son règne. […] La vertu seule continue son règne au travers des âges, et ni tyrans ni mensonges n’arrêtent le fleuve qui la porte à l’admiration de la terre. […] La nature même de mon auditoire, composé d’âmes jeunes, entraîne la mienne ; je me rajeunis sans cesse au feu de leur contact, et, toute préparation arrêtée m’étant impossible, je ne puis jamais répondre de m’asservir à une prudence qui me glacerait. […] Les uns pensent que leur renommée va au moins jusqu’aux barrières de Paris : elle ne passe pas la Seine et s’arrête sur la rive gauche.
Il est à peu près inutile de s’y arrêter. […] Ne faites point parler vos acteurs au hasard, Un vieillard en jeune homme, un jeune homme en vieillard. » Les théoriciens ne se sont pas aussi généralement arrêtés sur l’influence du sexe. […] Arrêtez-vous tour à tour sur la grâce artistique et chevaleresque du contemporain de François Ier, sur l’ampleur grave et quelque peu emphatique du costume de Louis XIV, sur les oripeaux et l’élégant débraillé du siècle suivant.